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Sarcelles : Abdel Begdhad né en 1975

On s’adapte, on a une double culture.

Mes parents ont fait des choses extraordinaires, jamais je ne pourrais leur rendre.

mardi 29 juin 2010, par Frederic Praud

J’habitais à Erik Satie. Le soir, on traînait tous dans les bâtiments. Je me posais des questions. Les CRS étaient toujours plantés en bas de mon porche. Les gens ne savent pas que Sarcelles est une fausse ville calme. Une personne qui vient de l’extérieur, même maintenant, vous lui faites faire une visite guidée dans tous les quartiers, il va dire « mais c’est joli ». C’est impressionnant les tours, mais quand ça pète, ça pète ! Les bagarres étaient rares. C’était les plus jeunes.

Abdel Begdhdad

Je suis né en 1975 à Villiers le Bel juste à côté. Je suis le dernier de la famille. Mes parents ont emménagé à Erik Satie, à Sarcelles, le jour de ma naissance. Nous sommes trois, mon grand frère, ma grande sœur et moi. Mes parents viennent d’Algérie, à cinq kilomètres d’Oran, à Mohammedia, à coté de Mascara. Ma mère est née en 1950 et mon père en 1933.

Le lien maternel

Ma mère me raconte souvent comment ça s’est passé pendant la guerre d’Algérie ; elle a vécu un peu la guerre. Elle s’en rappelle un peu. Je n’ai jamais connu mes grands-parents paternels. Mes grands-parents maternels, je les ai connus un peu. Mon grand-père était meunier. C’était un ancien du village. Ma grand-mère maternelle était mère au foyer. Ma mère est née pendant la colonisation en Algérie, elle est donc toujours restée française. Mon père n’a jamais fait l’armée. Il a bossé dès l’âge de seize ans comme ouvrier peinture.

Mon père est décédé en 2004, je n’en parlais pas beaucoup avec lui. Culturellement, je parlais plus avec ma mère. On parlait avec le père, mais la mère est maternelle, on a plus d’affection. On a aussi de l’affection pour le père, mais quand vous avez un papa dans une famille, c’est toujours le chef de famille. C’est ce que je voyais en lui depuis que j’étais tout petit jusqu’à être adulte. Il était gentil, tranquille, mais plus autoritaire. Toujours droit, il nous a bien élevé. Ma mère me racontait des anecdotes. J’ai toujours été intéressé. Je voulais savoir d’où je venais. C’est important.

La guerre d’Algérie, OAS et FLN

Il y a un mot qui me marque beaucoup, c’est l’OAS. On m’a toujours parlé de cela. Ma mère quand elle me raconte la guerre d’Algérie, c’était terrible, terrifiant ! Certains se faisaient tuer du jour au lendemain ! Des personnes travaillant avec l’Etat français pendant la colonisation se faisaient démasquer. Du jour au lendemain on ne les voyait plus. Ou bien c’était le contraire, des personnes algériennes travaillant avec la résistance algérienne, le FLN, se faisaient également démasquer. Du jour au lendemain on venait les prendre et ils se faisaient abattre ! Ma mère habitait la région de Mascara. C’est elle qui racontait le plus.

Appel à la main d’œuvre

A l’époque, après la guerre d’Algérie, on avait besoin de main-d’œuvre. La discrimination n’existait pas, au contraire ! Maintenant que les bâtiments sont construits, on n’a plus besoin d’eux et c’est là où ça se joue. Cette discrimination était plutôt hypocrite. Vous êtes en France, vous n’avez pas d’ennemis, rien du tout ; mon père ma dit dans les années soixante dix, il y avait du taf ! Il a travaillé dans une société qu’il n’a pas lâchée pendant des années et des années. Il a travaillé plus de quarante ans, cinquante ans. Son patron, le fils de son patron a même dit : « La France, elle donne tout à celui qui veut prendre ». Si quelqu’un ne veut pas prendre, il ne prend pas.
Vacances en Algérie

Mes parents nous emmenaient tous les ans en Algérie. Il n’y avait pas une année où on n’y allait pas, pour découvrir la langue, pour savoir d’où on venait, la culture etc. A partir de vingt et un ans, j’y allais une fois sur deux mais auparavant tous les ans. Soit on prenait le bateau à Marseille, soit on y allait en voiture par l’Espagne. Nous y allions un mois parce que papa travaillait.

Les gens de là-bas nous voient autrement, le fait de bien savoir parler la langue, le fait de nous voir plus souvent au pays. Mohammedia est devenue une grande ville. Au début on allait chez ma grand-mère maternelle, parce que c’était plus convivial là-bas avec les tantes. Mon père nous a ensuite construit une maison. Je devais avoir quatorze ans. Il a construit une maison pour être tranquilles, sans que l’on aille chez personne.

Identité, Français et Algérien

Mon père travaillait déjà ici quand ma mère est venue, donc nous sommes tous nés ici. Mohamed, mon frère aîné a un an de plus que moi. On a tous un an d’écart. Ma mère a dû arriver en 1972 à l’âge de vingt deux ans.

Vous êtes né sur le sol français, mais vous êtes d’origine maghrébine. Vous allez en Algérie, on vous prend pour un Français. En France, on vous prend pour un Arabe. Je savais que mon père et ma mère étaient d’origine pure algérienne et que moi j’étais d’origine algérienne. Bon, je suis né en France, mais je me sentais de là-bas, quoiqu’il arrive, quoique que l’on me dise, je me sentais algérien. Même jeune on le ressent vis-à-vis des autres. Malheureusement avec l’âge quand on commence à avoir vingt-six, vingt-sept ans, même un peu plus jeune vingt-cinq ans, là on relativise sa vision des choses.

Bilinguisme arabe et français

Chez moi, au quotidien à la maison, quand on était jeune, on parlait arabe et français. Je parlais les deux. C’est instinctif. On vous parle en français, vous allez répondre en français. On vous parle arabe, vous répondez en arabe. Mais c’était le plus souvent l’arabe la langue pour se faire rouspéter ! Avec mes frères et sœur, je parlais plus souvent français.

Si j’ai des enfants, je ferai la même chose. Je leur parlerai en arabe, quitte à les inscrire aux cours d’arabe, vu qu’ils n’auront pas souvent l’occasion d’aller dans leur pays ; parce qu’un mois dans l’année c’est peu.

Mes parents m’avaient inscrit au cours d’arabe ici, aux Vignes Blanches. J’ai gardé des notions d’arabe littéraire. On apprenait à lire l’arabe mais franchement sans être méchant, j’étais un cancre. Le kabyle est une langue à part. L’arabe se parle avec des petites différences entre l’algérois et l’oranais. C’est comme le français à Paris et au Pays basque. C’est la même chose. J’avais toutes ces nuances dans ma langue. L’arabe littéraire est la langue principale, le Maghreb, le Moyen-Orient utilisent cette langue là.

Ma Mère, parlait très bien le français puisqu’elle est née en France, en Algérie pendant la colonisation. Elle est allée à l’école. Mon père a quitté l’école tôt, parce qu’il devait travailler. Là-bas, c’est le travail. Mon père parlait super bien le français ; même ma grand-mère maternelle, qui n’est jamais venue en France, parlait comme vous le français, sans aucun accent ! Elle a été française jusqu’à cinquante, soixante ans. Dans la région d’Oran, ils parlaient un français mélangé d’espagnol. L’espagnol est très répandu dans cette partie de l’Algérie.

Nationalité

À seize ans j’avais déjà ma carte d’identité française, vu que j’étais né ici. Mes parents n’ont jamais eu de carte d’identité française. Ma mère née en 1950, est donc considérée comme française. Dernièrement elle a commencé à mettre un dossier auprès de la préfecture pour récupérer la carte d’identité française, pour être réintégrée. Elle est née sur le sol français en Algérie. J’espère que cela ne mettra pas trop de temps.

Logement

La première fois que ma mère est venue en France, elle n’a pas aimé, mais pas aimé du tout ! Changer d’un monde à l’autre, c’est autre chose. Elle voulait carrément repartir vu l’exigüité du logement. Nous n’avons pas connu le problème des bidonvilles. Ils me disaient qu’ils étaient toujours dans les petites chambres de bonnes sur Paris, et petit à petit ils ont commencé à déménager.

J’ai atterri à Erik Satie, mais avant ils étaient aux Rosiers. Mon père était dans le bâtiment. C’était peut-être un coup de chance. Quand je suis arrivé on était trois, on a eu droit à un F3. Nous avons toujours eu de l’espace.

J’ai trente et un ans, dix ans en arrière, à vingt et un ans il n’y avait pas de problèmes de logements. C’était vide. Les gens n’osaient pas prendre leur indépendance ; surtout notre génération. En Afrique du Nord, on est trop collé aux parents. On a du mal à décoller, peut être parce que nous n’étions pas nombreux dans la famille.

La vie en communauté

J’ai vu ma famille réunie comme ça sur trois générations dans la même maison. C’était la vie en communauté. C’était convivial. Il y avait la belle-mère avec la fille. J’ai toujours trouvé bien que les différentes générations vivent ensemble. Ils s’entendaient bien ensemble. Là-bas, il n’y a aucun problème hormis la santé. Vous n’avez pas de problèmes de justice, d’impôts, pas d’huissiers, vous n’avez que de la convivialité. Ils ne se plaignent pas. Ils ne travaillent pas, ils arrivent à vivre. Ils ont le soleil, la plage, ils ont tout.

L’Algérie entre 1992 et 1995

J’y allais quand même, c’était la guerre ; c’était un passage très douloureux. Mon coin n’était pas trop atteint. En Kabylie, c’était chaud. C’était un peu touché vers Mascara. C’était un peu tendu, mais on y allait quand même. J’avais un peu peur. Il y a eu beaucoup trop de faux barrages, surtout du côté d’Alger. Il y en avait peu chez moi, mais il y en avait quand même. Mes parents y allaient quand même. Les parents faisaient un peu ça pour nous. Ils n’allaient pas nous laisser seuls ici.

Généralement la peur venait sur le chemin du retour. La parano était du côté des civils et du côté des policiers et des militaires. On ne savait jamais. Tout le pays avait des instructions fixes par rapport aux barrages : Arriver au barrage, rester calme, montrer ses mains, la nuit allumer la lumière, parce que ceux qui étaient dans le barrage avaient aussi peur. Beaucoup sont mort bêtement, excusez-moi du terme. Un geste pour rien et hop !

Sarcelles –Paris – Algérie

Petit, j’y retournais systématiquement tous les ans. J’ai connu ça pendant vingt ans, Sarcelles, Paris, et l’Algérie. Je suis une seule fois allé en Espagne avec des amis, mais on n’avait pas envie d’aller ailleurs qu’en Algérie. J’étais tellement intéressé par mon pays. J’ai trente et un ans et je n’ai pas fini de le découvrir. On n’avait qu’un mois dans l’année c’est peu. Le peu de temps que j’ai, je le consacre à mon pays, comme ça j’espère que d’ici là, mes enfants connaitront aussi leur pays.

Avec mes parents, on visitait toujours les mêmes endroits. C’était une sorte de pèlerinage par rapport à nos ancêtres. Tous les ans, on faisait une dot pour donner aux habitants un peu d’argent. Mon père me disait : « il y a ton arrière grand-père qui est enterré, ici ». On gardait beaucoup de photos et on allait tous les ans dans cet endroit là.

Les courses à sarcelles

Avec nos parents le week-end on faisait les courses. Courses le samedi, dimanche le marché. Même si on jouait, quand ils revenaient des courses, il fallait porter, il fallait être de la manœuvre, parce que si on nous appelait et qu’on n’était pas là ! C’était chaud ! L’ascenseur tombait souvent en panne.

L’amour des parents

C’est très, très dur. Les parents poussent au maximum et vous ramènent au boulot. Mes parents ont fait des choses extraordinaires, jamais je ne pourrais leur rendre. Ils m’ont donné tout l’amour que tout le monde voudrait avoir. Ils m’ont donné trop d’amour, trop d’amour, trop d’amour. C’est pour ça que j’ai un trop grand cœur, c’est pour ça que je suis comme ça. On m’a tout donné même quand je faisais des bêtises ! C’est ça qui m’a fait ouvrir les yeux d’un seul coup. C’est vrai que je n’écoutais pas mais quand j’ai ouvert les yeux ça m’a explosé au nez.

Les bêtises

J’en ai fait des bêtises, comme la plupart des jeunes. Ce n’est pas ce que l’on aurait voulu faire, mais on ne regrette pas. Je ne vais pas vous mentir. Les gens qui n’ont pas fait ce genre de bêtises là, sont à se demander avec le temps comment faire de l’argent vite, comment ci, comment ça, « donne moi un coup de main ». Franchement, j’aurais aimé ne pas connaître ce genre de choses. Mais en vrai, ça m’a beaucoup aidé de les connaître. Si je vais vers là-bas, je sais où je vais aller. Je sais ce qu’il faut éviter.

Viré de l’école

J’ai fait sixième, cinquième, après je suis parti en BEP maintenance des systèmes automatisés à Fernand Léger. J’ai redoublé deux, trois fois. Comme j’ai raté mon BEP, je me suis pris en main. J’ai commencé à accélérer mes études. Mes parents étaient satisfaits de moi. J’ai eu mon BEP et j’ai eu des bonnes notes pour continuer en bac Pro à Eaubonne. J’ai raté mon bac une première fois et je l’ai raté une seconde fois parce que j’ai eu des problèmes de santé, des problèmes de dos. Je suis resté à l’hôpital un bon moment, je ne pouvais pas reprendre les études. Je n’ai pas pu repasser mon bac. J’ai gardé une attestation qui prouve que je l’ai passé.

En BEP, j’étais dans une classe de malades ! Je ne comprenais pas. Je devais entrer dans une classe exprès pour ceux qui n’avaient pas le niveau d’étude, mais étaient sérieux. C’était tout le contraire dans cette classe là ! Ils ont pris tous les cas sociaux de Garges les Gonesse, de Villiers le Bel et de Sarcelles, et ils ont fait une classe avec.

J’en ai gardé de très bons souvenirs. Je rigolais beaucoup. Je ne peux pas tout raconter. Il y en a qui me reconnaissent encore. On était tous solidaires. On faisait de grosses bêtises, mais il n’y avait jamais ni d’avertissements ni de blâmes, ni rien du tout. Il y avait de tout, des Africains, des Français, des Arabes, mais tout le monde était solidaire. On était une classe de fouteurs de merde. On a même triché le jour de l’examen. Après ils voulaient me virer de l’école.

A l’époque, j’étais apparemment calme. Je ne faisais rien d’idiot. Je ne me montrais pas, mais c’était moi le cerveau et ils ne voulaient plus de moi. Je suis allé au dernier entretien pour me faire virer. Mon père était venu avec moi ce jour-là. Il avait insisté pour venir, après il avait parlé avec la proviseure. On m’a mis dans une classe que je ne connaissais pas, autant se dire « je suis tout seul, autant taffer ». J’ai eu mon BEP, meilleures notes, encouragements, félicitations, la totale ! J’avais le niveau pour continuer en bac pro.

Les années lycée, jusqu’au Bac pro

Maintenant, je suis animateur, je m’occupe de jeunes… Je regrette ce que j’ai fait. Un prof et un animateur ça se rejoint. Là je fais à peu près le même travail, mais je regrette beaucoup. Je sais que c’est dur, dur.

J’en ai croisé quelques-uns. Ils m’ont reconnu. On était dix-sept et c’était tous les jours des faits divers. La police venait en cours. Ça allait trop loin, trop, trop loin. Le lycée J.J. Rousseau nous connaissait de réputation. Ils nous appelaient la classe X en Z… Mais jamais personne n’a pu se faire virer parce que nous étions tous solidaires. Quand on séchait, toute la classe séchait en même temps, pas un ! Un dans ma classe menaçait tout le monde : « demain je te vois… Si tu ne sèches pas demain tu vas voir ». Il le faisait. Le prof ne pouvait pas nous marquer absent parce qu’il trouvait cela bizarre. Il ne pouvait pas aller voir la proviseure en disant « toute la classe a séché ».

Des fois il faisait froid, on n’avait pas envie d’y aller, on faisait de fausses grèves. On a bien rigolé, mais l’ironie du sort, c’est que personne n’a continué. Moi j’ai eu la chance de redoubler. J’ai pu me remettre en question. J’ai pu me stabiliser. Franchement j’étais étonné. Mon père connaissait bien le conseiller d’éducation, c’était un ami à lui. Alors là, c’était cuit mais il ne savait pas que c’était moi ! Parfois des profs pétaient un plomb. On mettait des remplaçants.

J’ai continué. Les autres n’avaient pas le niveau pour continuer vers le bac. Il n’y avait pas trop d’écoles de Bac pro maintenance robotique que j’avais choisi. Il y avait Eaubonne, Aulnay sous bois et Bezons. Bezons n’était pas terrible ; Aulnay, c’est un autre département, donc dur d’accès ; Eaubonne c’était pour nous les Sarcellois. Mais il y a beaucoup de BEP et un seul Bac pro ! J’étais le deuxième sur la liste d’attente, j’ai eu de la chance.

Je sortais d’une zone sensible, mais je me faisais tout petit parce que j’avais peur que l’on me dise d’un côté : « Ah ! T’es de Sarcelles » ; toujours les préjugés. je voyais les autres les gars d’Ermont, Franconville, qui faisaient trop de bruit. Ils se montraient, agression et tout ça. Je les regardais et je me disais : « ils se prennent pour des durs alors qu’ils ne savent pas c’est quoi la vraie vie ! ». Quand je compare Ermont, Eaubonne, Franconville à Sarcelles, c’étaient deux zones différentes. Sarcelles c’est une zone extra sensible. Ils étaient à l’école, mais moi j’avais tout vu. Dans le quartier, on a tout vu… des choses…

En 1988 avec le premier mort des Rosiers, les jeunes étaient choqués mais pas étonnés. J’avais treize ans, je vivais dans une zone sensible. Comme ce drame en 1994 au quartier… Dans le quartier où j’habitais il y en a eu deux, dont Hervé, paix à son âme. Ce quartier était un peu sensible à un point où tout le monde disait la même chose : « il y aura un mort ! ». On se disait tout le temps ça.

On aimait ça !

En dehors du lycée, je vivais dans un environnement un peu « extra-sensible ». Là-bas, il y avait de tout. Pendant la journée, vous voyiez des courses poursuites, des fusillades, beaucoup de fusillades ; on voyait des agressions. Ça c’étaient les points négatifs. Mais il y avait de la convivialité, dans le sens où l’on était toujours ensemble. On rigolait entre jeunes. Les gens, malheureusement, avaient peur. Ils voyaient ça. Je les comprends. En fait ils voyaient des rassemblements, ils se demandaient si c’était une bagarre, ils discutaient entre eux. Vous aviez des courses poursuites…. On aimait ça !

On aimait quand il y avait de la violence. On aimait quand il y avait des bagarres. Les histoires entre cités, on aimait ça ! Il y avait tellement d’histoires dans mon quartier que l’on ne savait pas d’où cela venait. C’est ça l’inconvénient. Ces histoires, des histoires de bandes. Vous aviez le clos St Lazare, à Stains, les gars de Garges les Gonesse ; c’était mon quartier en guerre avec toutes les cités. Nous étions dans le quartier détesté de la banlieue Nord. Vous aviez les francs voisins à St Denis, Garges les Gonesse, Sarcelles à Koenig. Tous ces quartiers là n’aimaient pas le nôtre.

J’habitais à Erik Satie. Le soir, on traînait tous dans les bâtiments. Je me posais des questions. Les CRS étaient toujours plantés en bas de mon porche. Les gens ne savent pas que Sarcelles est une fausse ville calme. Une personne qui vient de l’extérieur, même maintenant, vous lui faites faire une visite guidée dans tous les quartiers, il va dire « mais c’est joli ». C’est impressionnant les tours, mais quand ça pète, ça pète ! Les bagarres étaient rares. C’était les plus jeunes.

Les fusillades dans les quartiers

Une anecdote, je partais à l’école avec un ami. On se donnait rendez-vous tout le temps en bas de chez moi. On prenait le bus, on allait ensemble à l’école à Aulnay sous bois. C’était là période où j’avais arrêté l’école. Je prenais le bus tous les matins avec lui. Le soir d’avant, j’étais allé faire un petit tour dans le quartier, un quartier collé entre Pierrefitte et Sarcelles (93-95) ; les gens étaient mélangés. On se connaissait tous. On avait tous grandi ensemble. On était tous mélangé. On ne faisait pas la différence. On se baladait dans le quartier, on allait soit à Sarcelles de l’autre côté, on descendait, soit on allait jusqu’à Pierrefitte. Le soir, je suis donc resté avec un groupe de copains. Parmi eux mon pote déconnait avec moi. Il était vingt trois heures trente. Je rentrais chez moi, j’ai entendu une fusillade éclater. J’ai entendu une dizaine de coups de feu, vraiment forts. J’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu des gars courir avec des armes. Ils étaient en train de se sauver, cagoulés. Le truc qui m’a retenu le plus, c’était que le gars qui devait m’accompagner le matin n’est pas venu. Je m’étais renseigné à l’école, le lendemain matin, il n’était pas venu en cours. J’ai eu peur. Après j’ai su qu’il avait été pris pour cible. Il a été touché un petit peu. Ça m’a vraiment choqué. On ne peut rien faire. Si vous voulez riposter allez-y ! Mais le gars était conscient.

J’étais à l’école, mais le plus dur pour moi est que j’avais le cul entre deux chaises. Il fallait réussir dans ses études, et à la fois, on était solidaires. C’était mon ami, son grand frère était un de mes meilleurs amis. Quand on voit nos amis comme ça, on ne peut pas rester les bras croisés. C’était tout le temps comme ça. On ne savait pas d’où ça venait. J’avais peur.

Partir pour s’en sortir

Je voulais m’en sortir, pour que mon père soit fier de moi. Dans un sens, dans ma tête par rapport à tous mes amis, j’étais un des plus mignons, dans le sens où j’essayais de ne pas faire n’importe quoi. La seule chose dont j’avais peur était de décevoir mon père en amenant la police à la maison. J’avais peur soit d’aller en prison, soit d’amener la police à la maison. Cela aurait été un déshonneur pour moi.

J’avoue, j’ai fait des trucs pas bien, mais je faisais toujours attention. On ne peut pas s’arrêter comme cela du jour au lendemain. Le seul moyen de s’arrêter est de partir. Donc j’incitais mes parents à déménager. Ils ne voulaient pas. Ils ne voulaient pas, et pour montrer que je voulais qu’ils partent, j’ai commencé à prendre mon indépendance. En 2000, j’ai pris mon appart. Ils ont vu que j’étais vraiment sérieux. Ils m’ont écouté et ont déménagé.

Les jobs

Après mon bac, pas d’école, rien du tout ! On est confronté au quartier. C’était la période vraiment dure. Il fallait travailler. On avait les petits jobs. A l’époque la SIC nous faisait travailler dans le quartier. On travaillait sur des chantiers avec une association. J’ai eu de la chance, pendant l’école je travaillais comme animateur sportif à la mairie de Sarcelles. J’avais toujours ce lien ; comme le directeur sportif était content de moi, j’ai postulé, et ils m’ont pris. Déjà là, ça allait mieux.

La religion pour se remettre dans le droit chemin

Ce qui m’a remis dans le droit chemin, c’est la religion. Je suis musulman d’origine. Je suis né musulman mais je ne connaissais pas trop ma religion. Je dois dire la vérité. Avant j’étais méchant, pas avec les autres, mais pour moi… ce que je faisais était méchant. Le fait de me rapprocher de ma religion m’a changé du jour au lendemain.

On faisait le ramadan. On jeûnait un mois dans l’année ; moi je jeûnais, tout ça… quand on jeûne, on est limité à faire les choses malsaines. On sait qu’après le ramadan on peut récidiver. La chance que j’ai eue pendant ce mois là, je m’en souviens toujours, j’ai pris du recul, j’ai pris beaucoup de recul. La famille à côté de moi me donnait des bons conseils. Je me rappelle toujours de mon père me disant : « Je ne veux jamais que tu achètes quelque chose de volé parce que s’il n’y a pas d’acheteur, il n’y a pas de voleur ». Il disait toujours la même phrase. J’ai toujours retenu ça. C’est un exemple parmi tant d’autres. La dernière chose que j’ai achetée volée, j’avais dix-huit ans maximum.

Depuis dix-huit, dix-neuf ans, j’ai toujours été droit. La religion y est à 99 % et les 1% sont les personnes qui m’ont mis dedans ; ça m’a beaucoup aidé. À travers la religion j’apprends à ne pas boire, parce que quand on boit on est mauvais. Les produits illicites, c’est déconseillé. Voler ce n’est pas bien. Ce sont les règles de vie, les bases.

Le décalage a été fait également avec mes amis. Mes amis qui travaillent avec moi, ont trainé avec moi, ceux qui ont été dans le même cas que moi et ont fait la même chose. On allait ensemble à la mosquée. La religion est la seule chose qui m’a sauvé dans ce quartier. Je ne sais pas ce que je serais devenu autrement. C’était le ramadan, j’avais arrêté mes conneries, je me sentais bien psychologiquement. Vous prenez du recul et vous dites : « mais qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Qu’est-ce que je vais devenir ? ». Déclic. On en prend conscience. Quand vous êtes dans la religion, on vous incite, on vous dit : « faire ça, n’est pas bien » et quand vous le faites vous vous dites : « franchement ce que j’ai fait ce n’est pas bien ». On prend conscience. J’ai changé du jour au lendemain. Certains ne me reconnaissaient même pas et me disaient : « oui ! T’es un traître, tu nous laisses tomber ! ». Je ne me prenais pas la tête. Jusqu’à maintenant je n’ai pas changé, je commence à être fier de moi, c’est plus important.

Bilan par rapport aux parents

J’ai fait le bilan par rapport à mes parents. Quand je vois tout ce qu’ils ont fait depuis qu’ils sont arrivés en France, tout ce qu’ils ont fait pendant toute leur vie, pendant cinquante ans, soixante ans, c’est pour moi, mon frère et ma sœur. C’est ça qui est émotif là dedans. Le problème est que l’on ne voit pas toujours l’amour de la famille. Il y a toujours le soutien familial. J’ai vu des personnes sans aucun soutien familial, aucun, et jusqu’à maintenant, ils ont le même âge que moi, ils sont perdus. Ils sont toujours à Sarcelles ou bien en prison ou ils ont pété un plomb. Pour tout ça, les guides de la famille, ce sont les parents. Le père, on l’écoute, on le suit ; la mère, on s’appuie dessus, c’est la tendresse.

Succession de générations

Sarcelles est une fierté, dans le sens où à trente et un ans, j’ai vu toutes les différentes générations. Sarcelles est une ville où les générations se sont succédées sous différentes formes. A l’époque, c’était les bandes. Avant les personnes qui habitaient dans différents quartiers étaient dans la même bande. Il y avait les TMA, les TAB. Petit à petit ça s’est séparé et les gars qui habitaient dans un quartier faisaient partie de leur quartier. C’était rare si quelqu’un de l’extérieur venait traîner dans le quartier, mais ça le faisait. Maintenant, c’est quartier contre quartier mais avant, ce n’était pas ça. Tu pouvais être un gars de la cité rose, un gars de la secte, dans une bande. J’ai assisté à toutes les générations et j’ai vu beaucoup, beaucoup de choses. Franchement, je suis fier dans le sens où j’ai vécu beaucoup de choses, mentalement et psychologiquement. J’ai un temps d’avance sur certains. C’est ça le point fort.

J’aime Sarcelles c’est pour ça que j’y suis resté. On a tous une fierté. C’est de la solidarité entre jeunes. Sarcelles c’est la jeunesse. Cette jeunesse-là est diversifiée, avec différentes origines, cultures, communautés et religions.

Sarcellois d’abord !

Nous, on ne parle pas de communautés, mais de Sarcellois, parce que notre génération a grandi ensemble. Par exemple Mami est d’origine malienne, moi je suis algérien. J’ai grandi avec cette personne, j’ai grandi avec son oncle, c’est aussi un Maghrébin. Quand on a grandi ensemble, on ne se regarde pas ainsi. On est tous de la même couleur, on est tous pareils, il n’y a aucune différence. Le point commun est que nous sommes tous Sarcellois. Avec Mami, c’est comme si j’étais noir et lui arabe. C’est la même chose, on ne voit pas la différence ; en plus du lien affectif, on était d’origine musulmane donc on se reconnaissait encore plus pendant le mois de Ramadan.

Les juifs, les arabes et les autres

Dans notre quartier il y avait quelques juifs. Il y en avait deux, trois de la cité même, parce qu’un Juif et un Arabe, c’est des cousins. J’ai connu une famille, elle était super. Ils se mélangeaient bien. Ils parlaient bien avec nous. Mais c’étaient deux quartiers à part. D’abord c’était une résidence privée, nous on était en HLM. A l’époque nos parents ne pensaient pas à acheter. C’est peut-être ça aussi l’erreur. Ils ne pensaient pas rester en France toute leur vie. Ils ne pensaient pas qu’on allait grandir en France. Ils n’osaient ni s’investir dans tout ce qui est société, ni investir dans l’immobilier. Entre le quartier d’ici et de là-bas il n’y avait aucun mélange, à part quelques habitants. Les Assyro-chaldéens sont arrivés après nous aux Canias. Ma génération dans le quartier, c’était Sénégal, Mali, Algérie, Maroc, Tunisie, Français, Espagnols, Portugais. C’était plus l’Afrique.

Identité algérienne, française et sarcelloise

Je mettrais d’abord l’Algérie, la France et Sarcelles après. J’ai la nationalité française. Je sors souvent de Sarcelles maintenant. A un moment, je ne sortais pas du tout. Mais je suis allé en Espagne avec des amis en vacances. Avec le travail, j’ai beaucoup bougé dans la France. Je fais beaucoup de séjours comme animateur. Je pars au ski, et parfois ça me permet de connaître des coins où j’aimerais bien aller après. Ça fait déjà sept ans que je découvre. Avant je ne connaissais pas aussi bien la France que maintenant.

Mais je suis plus focalisé sur l’Algérie, toujours. C’est quelque chose qui nous manque. Je pense souvent à aller y vivre. Le problème est que si vous avez une bonne situation en France, pourquoi allez vivre en Algérie. Qui peut vous affirmer que si vous allez en Algérie ce sera aussi bien qu’ici ? Il faut fonder une famille, mais il faut que la personne avec qui vous vivez accepte de vivre là-bas. C’est pour une femme, pas pour un homme. Si elle ne sait pas, parler, lire et écrire l’arabe, ça va l’handicaper gravement. Pour une Française d’origine française, au début ça peut être dur mais à la longue... On a déjà vu ça.

Vivre en Algérie

En Algérie, c’est comme la France. Les lois algériennes se rapprochent de la France parce qu’avant c’était colonisé par les Français. Vous avez différents coins de l’Algérie où les personnes, je ne veux pas dire « civilisées » parce que je vais être méchant, mais où les gens sont plus libérés. Dans ma ville Mohammedia, vous voyez des couples qui marchent, mais sans plus. Vous pouvez voir des couples marcher ensemble, ça ne gêne personne. Les couples main dans la main, ça ne va pas choquer mais, quand même, on va vous regarder ! Par contre à cinq cents kilomètres, à Oran, on l’appelle le petit Paris, vous allez voir des couples se tenir par la main, marcher, etc.

Juger la culture de l’autre

J’ai rencontré souvent des personnes, qui se permettent de juger les cultures des autres. Une fois, j’étais dans le bureau d’une personne, je parlais avec elle et elle jugeait la culture des autres. Elle trouvait ça gênant qu’une personne soit comme ça, comme ça et comme ça ; mais si la personne a été élevée comme ça depuis qu’elle est toute petite et si elle aime être comme ça, en quoi ça regarde les gens. Si elle est consentante, en quoi ça regarde les gens. Pourquoi se permet-on de juger quand elle-même, elle est bien dans sa peau ? Qu’elle soit voilée, qu’elle ne mange pas de porc, etc.

Double culture

Je suis né en France. On s’adapte, on a une double culture. Nous, on est musulmans. On ne fête pas Noël. Quand il y avait Noël en France, on ne fêtait pas avec le sapin mais on avait quand même un cadeau. Quelque part, on adhérait à la culture française, pas parce que l’on y était obligé, mais parce qu’on en avait envie. Mon père, s’il m’offrait un cadeau le 25 décembre, ce n’était pour pas que j’aille à l’école les mains dans poches. Il savait également que ça faisait plaisir. On fêtait aussi le Nouvel an. J’ai une double culture, c’est vrai. Ma culture principale est ma culture maghrébine parce que pour moi c’est mon sang, mais comme je vis en France, j’aime aussi la culture française.

Double nationalité

J’ai la double nationalité mais je serai obligé de sortir ma carte d’identité française à la douane. Je suis mal vu quand je vais là-bas. On te regarde de travers, on te prend pour un Français. Je sais déjà que si on me reproche d’être français, moi je peux reprocher à l’état algérien d’être sévère au point de vue militaire… Je peux dire ça comme ça. Beaucoup de jeunes de ma génération ne sont pas allés en Algérie à cause de l’armée, du service militaire. J’en connais beaucoup qui sont partis là-bas et qui sont restés deux ans bloqués. Certains sont partis à la douane. Ils étaient en vacances normalement, ils revenaient à l’aéroport, et ils partaient dans le camion. C’est arrivé à un de mes proches. Mon ami m’a raconté. Il était à Alger ; vous êtes français, ils vous demandent vos papiers militaires en pensant que vous êtes algérien ; il est reparti quand même dans le camion. Il a retapé six, sept mois à l’armée. Ils ont réussi à le faire sortir, c’est malheureux.

Crainte pour les jeunes

J’ai peur pour les jeunes, particulièrement pour les jeunes de Sarcelles. Ils savent qu’ils viennent de Sarcelles. Sarcelles c’est une ville réputée. Ils essayent de sauter des étapes, dans le sens où ils essayent de faire comme les anciens, représenter tout ça, alors que là, ils se cassent la gueule complètement. Ils font n’importe quoi. Regardez les faits divers, que ce soit le phénomène de bande ou autres, tout ce qui est négatif en tous cas.

Certaines personnes ont essayé dans la musique, dans le cinéma ou dans les vêtements, c’est bien de représenter Sarcelles comme ça. Certains ne savent pas que Sarcelles, peut être représentée en dehors du point de vue négatif. Ils ne savent pas qu’on peut aussi la représenter dans le football. Le jeune qui a seize, dix-huit ans, dans un autre quartier, va dire : « je viens de Sarcelles ». J’ai trente ans et si je vais dans un autre quartier, dans une autre ville, je ne serais pas vu de la même manière. J’aurais plus d’ancienneté. J’aurais peut-être plus de « valeur » par rapport à l’autre personne par le fait d’avoir vécu.

Situation politique

On n’avait pas la même politique. C’e n’était pas la même justice à l’époque. Aujourd’hui elle est très sévère, vous avez même la double peine pour tous ceux qui ne sont pas de nationalité française. Il a enlevé la double peine, mais pendant les émeutes alors qu’ils étaient français d’origine maghrébine ou autre, j’ai eu un sentiment d’injustice. On se fait interpeller à chaque fois. Il n’y a pas que par rapport à la police. Quand on rentre dans un bureau, on nous dit direct qu’on est con, qu’on ne sait pas parler. »

Animateurs/ éducateurs

Nous les animateurs en tant que professionnels, la chose la plus importante que l’on souhaite, on ne la dit pas, on la fait comprendre : « Vous être des jeunes de Sarcelles, on dit Sarcelles ci, Sarcelles ça… En entrant dans une auberge vous allez montrer comment les jeunes de Sarcelles se comportent : c’est à dire correctement. La première image quand on arrive de Sarcelles est négative. On vient de Sarcelles, on voit des jeunes, des beurs, des blacks. On a peur, mais une fois que l’on apprend à les connaître on s’aperçoit qu’on s’est complètement trompé. Déjà, cette banlieue parisienne a mauvaise réputation ; en plus vous venez de Sarcelles, en plus vous êtes d’origine maghrébine, africaine ou autre, et non vous n’êtes pas obligé d’avoir peur ». Notre rôle en tant qu’animateur est de montrer le contraire.

L’année dernière, je suis parti en séjour avec des jeunes des Sablons, vingt-cinq jeunes sensibles des Sablons, tous réputés. On était sept animateurs. Ils ont voulu se lâcher, se montrer. Tous les jours, on faisait au moins deux réunions pour les recadrer. Au début, c’était dur parce que c’est un travail à faire. Aujourd’hui, on les laisse, on les observe, on note, on veut qu’ils soient comme ça sans les forcer, juste en les sensibilisant. J’étais satisfait de moi. Vous aviez des gens avec l’habitude de fumer, de cracher par terre, rentrant à table avec d’autres groupes, mal élevés. Le dernier jour, vous les voyiez en train d’enlever leur casquette « bonjour Madame », sans qu’on leur dise surtout ! C’est là où ça paye. Pour un animateur, c’est là où ça paye. On s’en fout qu’il aille faire du sport, le plus important, c’est de faire une coéducation avec les parents.

C’est là où on travaille, en sortant de Sarcelles. On ne pourrait jamais faire ce travail là à Sarcelles. Dès qu’il va quitter la maison de quartier, il sera dans son quartier. En séjour il ne peut pas quitter. Vous êtes avec lui pendant une semaine. Vous n’allez pas lui bourrer le crâne, mais vous allez faire un travail éducatif. Sensibiliser, parler en tant qu’ancien du quartier, ça a beaucoup de valeur. Le fait de dire « vous croyez que vous faites des choses bien ? Moi j’ai fait encore pire que toi, et je suis devenu quelqu’un de bien. Toi tu fais rien du tout et du jour au lendemain tu vas devenir quoi ? N’importe quoi ! ».

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