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Sarcelles : Paco né en 1982

vous faites l’addition de ces expériences personnelles pour avoir un constat.

On est chrétien orthodoxe, mais on se tourne vers la terre mère l’Afrique, l’Ethiopie.

jeudi 1er juillet 2010, par Frederic Praud

Les qualités de banlieue en termes concrets, c’est la fraternité, la solidarité… entre jeunes issus des mêmes endroits ; parce qu’en banlieue on se rend vite compte que l’on est des individus. Pour être fort il faut que l’on soit des groupes, et vite fait on commence à se regrouper. C’est ce qui mène à pas mal de frictions entre quartiers, entre groupes. On suit l’exemple des plus grands, mais on se rend vite compte que quand on est plusieurs, on est plus apte à surmonter certains obstacles.

Paco

Les origines manjak, du Sénégal

On m’appelle Paco. Mon nom de scène est : the mask ou accidentzone. Je suis né en 1982, à Paris 12e. On est arrivé à ma naissance. Mes parents venaient du Sénégal. Ma mère de Ziguinchor en Casamance et mon père de Dakar. Les Manjak sont en Casamance juste à côté de la Guinée-Bissau. Les Manjak sont des pêcheurs puisqu’ils sont de l’autre côté du fleuve. C’est un peuple chrétien à la base, une colonie portugaise. Dakar c’est vraiment sous influence musulmane ; les Manjak sont chrétiens et animistes. A la base, ils étaient animistes du côté de ma mère. Mon père vient de Dakar mais il a aussi des origines de Casamance. Il était manjak également. J’ai été baptisé chrétien.

Rasta…

Par la suite, j’ai fait mon chemin spirituel aussi. Je suis d’idéologie rastafarienne. On est chrétien orthodoxe, mais on se tourne vers la terre mère l’Afrique, l’Ethiopie. Sachant que le premier livre est descendu en Ethiopie, ça se rapproche avec tout ce qui a rapporte au roi Salomon. C’est une façon d’être, un état d’esprit, mais certains considèrent aussi ça comme une religion dans le sens où l’on prie beaucoup. C’est vraiment spirituel. On essaye de suivre au maximum les écritures…la Bible, tout ça ! Par conséquent c’est aussi une religion.
Esprit positif…

Ma musique c’est le reggae, j’écris mes chansons en français et en anglais. J’ai des morceaux totalement profanes et d’autres plus spirituels. A Sarcelles, je n’ai pas toujours été rasta. Souvent on catalogue un peu les jeunes qui portent des locks ; il y a un amalgame avec ceux qui font des choses pas bien. Logiquement lorsqu’on est rasta, on est censé avancer dans un sens spirituel. Comme tout chrétien, tout musulman, tout religieux ; qu’importe la religion on est censé faire des choses positives !

Dans mes chansons j’essaye de véhiculer un message positif. Je travaille pour que les jeunes prennent conscience de pas mal de choses. Pas spécialement au niveau religieux. On essaye d’aider les jeunes. Mieux vaut faire des choses positives ici, pour qu’ils se prennent en main. J’ai un peu de mal à m’expliquer là-dessus. Les jeunes qui tiennent les murs, les jeunes les plus concernés par ce genre de réunion ne sont pas là aujourd’hui ! C’est un message pour que les jeunes prennent conscience de pas mal de choses, au lieu de se morfondre, de se lamenter, de revendiquer, de revendiquer sans même réagir, sans même essayer d’obtenir ce qu’ils demandent. Ils restent les bras croisés ! Ils attendent que les choses se passent et quand ça ne se passe pas, ils râlent ! C’est : « tel maire est arrivé et il y a rien ! », alors qu’eux-mêmes n’essayent pas de faire avancer les choses !

Développement individuel…

À Sarcelles, j’ai commencé comme tout jeune. Je ne prétends pas être à un niveau beaucoup plus élevé qu’eux, je suis à peu près au même niveau, mais quand même, je suis passé par différents chemins. J’ai ouvert une entreprise, j’ai fait une famille, j’ai une expérience qui n’est pas de mon âge. Je vis de ce que je fais. Mis à part la musique, je suis dans l’audio-visuel au sens large, je suis réalisateur, je filme des mariages. Je fais des clips vidéo, des courts-métrages. D’ailleurs on est sur un long métrage…

Dans le long métrage, ce ne sont que des cas de figure que l’on retrouve dans les quartiers assez difficiles, et des solutions pour que les jeunes s’identifient plus ou moins aux personnages joués, et essaient de suive ce que l’on veut mettre en avant.

Les jeunes et la cité

J’ai vécu ici, j’ai grandi ici, je suis passé par pas mal d’étapes. J’ai fait des bêtises… comme tout le monde… j’étais jeune, inconscient. Mais j’ai fait pas mal de choses que je ne regrette pas, que je ne renie pas. Ça fait partie de mon histoire et ça fait ce que je suis aujourd’hui. Je suis toujours jeune !

Il faut avoir un esprit assez ouvert pour pouvoir s’en sortir dans les quartiers difficiles, car lorsqu’on reste fermé, c’est-à-dire entre nous dans le quartier. Il y a souvent des frictions entre chaque quartier. Quand on reste entre nous, quand on n’essaye pas de dialoguer avec les municipalités, on est amené inévitablement à tourner dans le côté négatif, à faire les bêtises, on ne se sent pas aidés par la municipalité de Sarcelles.

Des choses se font, mais je peux comprendre les jeunes qui ne se sentent pas intéressés par ce genre de réunion. Ça nous concerne tous, mais en étant de l’autre côté de la barrière, j’ai du mal à voir ce que ce genre de réunion peut leur apporter réellement dans l’immédiat. Dans l’immédiat ça ne leur rapporte rien du tout ! A long terme ça peut changer les choses, c’est le message. Dans l’immédiat cela ne va rien changer de leur quotidien ! Si leur quotidien c’est la misère, demain, une heure après cette réunion, ce sera toujours la misère ! Il ne faut pas le prendre mal, mais le « oui », c’est pour se débarrasser ! Après, dans l’action, ils ne sont pas là. En disant oui, on les laisse tranquilles. Si je vois un gamin : « …demain il y a une réunion avec les gens du quartier, tu rappelles tes potes….Tu leur dis ça…à quinze heures… - T’inquiète, on sera là ! », le fait qu’ils me disent « t’inquiète on sera là », je ne leur prendrai pas la tête ! Voilà, final ! Par contre aller voir mes potes : « Pourquoi vous n’étiez pas là ? Parce qu’on avait un truc à faire ! D’accord… Mais n’oubliez pas que ce qu’on fait c’est pour vous ! ». C’est tout simple, comme il dit : parler, parler, parler, ils ne veulent plus de ça ! Ils veulent du cash ! Du concret ! Du tout cuit !

Le message transmis aux enfants, sur dix enfants, ça va peut-être en toucher deux. Si on en aide deux, c’est déjà bien ! Mais les huit autres pourquoi ça ne va pas les toucher ? Parce qu’on vit dans une société qui refuse totalement la vérité, qui vit de superflu, de choses que l’on peut palper, mais ne pas mettre dans sa poche après. C’est juste le rêve ! Voilà comment vit la société. On vit le rêve d’un gamin. Ils ont vingt ans, ce ne sont plus des gamins, mais dans la tête ils le sont.

En parlant de crem…

Lui est né en 1980. A vingt-cinq ans, les épreuves qu’il a vécues ! ce sont des épreuves que l’on doit vivre à trente cinq ans ! Créer son entreprise etc. À dix-neuf ans, il a créé sa société ! Faut le faire ! À dix-neuf ans, à part jouer au foot, draguer les filles, aller en soirée… Lui, il a dû être touché par le message qu’un grand frère lui a transmis. Sur les dix enfants, il a du être dans les deux.

L’internat …

J’ai quitté Sarcelles pendant quatre ans, pas de gré… plus de force ! J’ai été placé dans un pensionnat, un internat, de quatorze à dix-huit ans. Quand je suis sorti, directement, je savais ce que je voulais faire. Il a suffi de deux ans. Comme j’obtenais des résultats assez prometteurs, ma mère a prolongé mon séjour là-bas. J’y ai passé pratiquement toute mon adolescence. Quand je suis sorti, j’avais déjà pas mal mûri. J’étais intéressé par tout ce qui touchait aux arts quels qu’ils soient : arts appliqués, musique, et autres.... Dans l’audio-visuel, dans les films, dans tout ce qui est réalisation ou autre. Je me suis lancé…

J’ai commencé le lycée près du Mans. C’était un endroit totalement isolé. Le premier c’était vers La Flèche. Le second c’était un patelin à côté du Mans, Parigne. C’est vrai que ça change pas mal de choses lorsque l’on se retrouve là-bas, au milieu des vaches, des pâturages. L’encadrement est complètement différent. Même au niveau de l’éducation scolaire, c’est différent. Le soir, il y a deux études ! Dès que l’on sort de l’école, c’est encore l’école ! Ensuite, on monte, c’est un dortoir. C’est l’internat. Pas d’éducation religieuse particulière. Ils nous laissaient une certaine liberté à ce niveau là, ce que je trouve vraiment bien aussi.

On m’a imposé l’internat, je l’ai rejeté pendant les quatre ans où j’y suis resté mais, c’était un mal pour un bien. Je m’en rends compte aujourd’hui, et ma mère aussi puisqu’elle m’a élevé seule, du moins pour ma part. Mon père est décédé lorsque j’avais trois ans. Ma mère a pris la relève, seule ; j’étais l’aîné de la famille, elle a beaucoup misé sur moi. Je suis le seul qu’elle a envoyé à l’internat, j’étais le seul aussi turbulent !

L’environnement était catholique, je vivais ma religion là-bas. Dans mes convictions l’église c’est l’homme, c’est nous-mêmes. Ce n’est pas un lieu, pour se recueillir, c’est être en harmonie avec soi-même. Décemment, on n’a pas besoin de se rendre dans un lieu-dit pour louer Dieu. Il suffit que je me recueille, et je suis à l’église en communion directe avec Dieu. C’est la conviction que j’ai.

Dès que l’on arrivait, il y avait quand même des préjugés, souvent fondés d’ailleurs ! Venant de Sarcelles, « des gars de la zone » ! Sarcelles est mondialement connu ! J’ai été en Sicile. Ils connaissaient Sarcelles. Ce sont les premiers grands ensembles. Quand je suis arrivé là-bas, j’étais extrêmement solitaire ; cela a approfondit ce côté de mon tempérament. Au départ je ne me mêlais pas trop. J’étais dans mon coin, les gens venaient à moi. Ils ont appris à me connaître. Mais ils connaissaient Sarcelles, ils connaissaient la banlieue par les dires des autres ; je n’étais pas le seul venant de banlieue. Il y avait beaucoup de jeunes comme moi de banlieue.

Qualités de banlieusards aux Chardo…

A la base, l’homme est bon et la nature le change, c’est un fait. Si j’avais vécu toute ma vie là-bas, je n’aurais jamais été la personne que j’étais avant d’y être. J’ai appris à connaître d’autres personnes, ça m’a ouvert sur des qualités qui n’étaient pas spécialement des qualités de banlieusards.

Quand on vit dans un milieu assez défavorisé, des qualités en soi se développent, c’est-à-dire l’instinct de survie ; on est amené à faire des choses que l’on n’aurait jamais faites si on avait toujours tout eu. Quand on est beaucoup plus jeune c’est l’insouciance, quand on grandit, on arrive à un certain âge où dans les banlieues, c’est plus paraître plutôt que être. Tant pis ! Je vais dire les choses telles qu’elles sont ! On voit les grands frères tomber dans des trafics, commencer à avoir de l’argent. On se demande d’où il sort, cet argent ! Comment ils font pour avoir cet argent ! On croit comprendre qu’ils sont bien, c’est le fruit d’un mal-être. Mais on ne le voit pas comme tel étant beaucoup plus jeune. On voit ce qui brille. Le grand frère, c’est ça ! On s’identifie rapidement. Ces grands frères deviennent des exemples. On rentre dans une spirale, dans un cycle infernal se perpétuant de génération en génération. Les qualités banlieusardes, c’était la mode des Lacoste, parce que c’était une marque assez chère ici, pas là-bas.

Moi, je suis arrivé avec mon style. Je suis typé. Je n’étais pas dans ma religion comme aujourd’hui. J’arrivais, j’avais des bagues, c’était vraiment l’apparence. En banlieue, c’est malheureux à dire, mais c’est l’apparence. Ce qui saute aux yeux, ça représente ce que tu es. Si tu as du matériel en banlieue, c’est que tu as réussi ! C’est une idée reçue, que tous les jeunes de banlieue reçoivent. Aujourd’hui je ne porte pas de bijoux. C’est la source de tous les conflits, donc je n’en porte pas. C’est volontaire. J’essaye de m’habiller le plus simplement possible. C’est pour rejeter cette image que j’ai longtemps eue.

Les qualités de banlieue en termes concrets, c’est la fraternité, la solidarité… entre jeunes issus des mêmes endroits ; parce qu’en banlieue on se rend vite compte que l’on est des individus. Pour être fort il faut que l’on soit des groupes, et vite fait on commence à se regrouper. C’est ce qui mène à pas mal de frictions entre quartiers, entre groupes. On suit l’exemple des plus grands, mais on se rend vite compte que quand on est plusieurs, on est plus apte à surmonter certains obstacles. On s’entraide, on essaie de s’organiser, une organisation interne. L’entraide, c’est vraiment entre groupes parce que dans le quartier il y a une fraternité du quartier ; on représente une localité. On la revendique et on la défend. Je trouve cela complètement stupide mais, bon. J’ai fait partie de ces jeunes là, défendant le quartier. Moi, c’est les Chardo. Il n’y a aucune distinction, aucune, entre les Chardo du haut et du bas, c’est un tout, même dans les pavillons HLM, les lotissements.

S’identifier

On est arrivé aux Chardo à ma naissance. Les premiers à avoir foulé le bitume des Chardo, ce sont mes grands frères. Les anciens de Sarcelles. A l’époque, c’était l’époque des Gangs. C’était vraiment les anciens. Des grands de mon quartier reviennent, ils m’ont vu tout petit, petit. Comme quoi, quand je suis arrivé, je venais de naître. Puisque le quartier a mon âge, ça fait vingt-cinq ans. Je ne suis pas l’aîné de ma famille. Au contraire, je suis le dernier. Les anciens aujourd’hui ont quarante ans. Ce sont eux les anciens de Sarcelles.

C’était beaucoup plus chaud à l’époque. C’est pour cela que Sarcelles a la réputation qu’elle a aujourd’hui. C’était organisé entre eux. C’était différent. Aujourd’hui les gens ont toujours le cliché de Sarcelles. J’ai grandi dans cette ambiance là, avec cet exemple là. Les plus jeunes grandissent plus avec notre exemple à nous. Ceux qui ont treize, quatorze ans aujourd’hui. On a plus de dix ans de différence avec eux. Les plus jeunes des Chardo s’identifient plus à nous. C’est pour cela qu’il est très important que nous prenions nous mêmes conscience de toutes ces erreurs, pour que l’on donne un exemple complètement différent à la jeunesse.

Marques…respect… paraître…

A chaque rentrée il fallait que l’on soit en neuf. A cet âge là, il fallait avoir des marques, même à dix, onze ans, en CM1, CM2. On demandait à nos parents : « Il faut une paire de…- toi aussi ?! ». A l’époque c’était beaucoup plus dur qu’aujourd’hui. Aujourd’hui on est dans le monde un peu fashion, on s’habille un peu comme on veut, ça fait du style quand même. Mais avant, c’était les marques pour être respecté. Il fallait que je sois en Levis. On appelait ça le 4/16 lorsqu’on avait quelque chose de pas de marque ; c’était dur, cette époque. On se chambrait énormément. On était la risée des gens quand on n’était pas habillé en marques. On demandait gentiment à nos parents, on gardait les paires un peu usées, mais il fallait que l’on soit en marque. Aujourd’hui, c’est encore plus tôt en CP, CE1. A l’époque en CM1 CM2, il fallait ma paire de Nike.

Quand les parents n’ont pas les moyens, malheureusement on en vient à se procurer nous-mêmes ces accessoires qui nous donnent le respect aux yeux de tous. On arrive dans le cycle infernal et les tombées de camions. C’était du vrai, le faux c’était pire ! C’était dur, à cette époque là les jeunes commençaient à vendre ci ou ça, à voler pour avoir un peu d’argent pour paraître. C’est pareil après, c’est inscrit partout les mêmes idées, c’est vraiment type banlieusard.

Ça a changé. Il faut être mode, fashion, mais pas marques. Aujourd’hui même les personnes qui étaient dans cet engrenage, parce que c’est un engrenage, on est obligé ; on ne peut pas arriver à changer les règles. Si tu veux t’habiller autrement, tu seras la risée des gens. Même aujourd’hui, des jeunes qui, avant étaient dans cet engrenage là, s’habillent fashion. Il n’y a pas de soucis. Mais avant, je me souviens bien, quitte à garder une paire longtemps, même si elle était déchirée, du moment que c’était de la marque ! Sinon ça n’allait pas !

Souvent on représente deux entités distinctes. On peut être d’une certaine façon à l’extérieur et d’une toute autre à l’intérieur. Nos parents pensent nous connaître mais en réalité loin de là. Ils sont loin de s’imaginer jusqu’où on peut aller réellement, et ce que l’on est ; le paraître est ce qui importe plus ! Souvent quand on fait une bêtise, on se fait attraper, on nie. On nous croit sur parole, parce que les parents se disent : « ce n’est pas possible… je connais mon enfant, je sais comment il est… », alors qu’à l’extérieur on n’est pas du tout le même genre de personnage. Moi j’étais en placement familial. J’avais un esprit assez fougueux !

Le collège, le groupe, les grands

J’étais au collège Voltaire. Au collège on passe d’une école à une autre. C’est un peu comme passer de la maternelle au primaire. On se sent plus grand. On sort de l’école élémentaire, on est des grands. On essaye de se comporter comme tel aussi. C’est réellement à ce moment là que l’on se regroupe et que l’on commence à former des groupes. On commence à se procurer nos affaires tout seul, puisque les parents ne peuvent pas forcément suivre. La troisième, c’est pire ! L’exemple est devant nous, avant il était dans la rue. L’exemple est là, devant nous, tous les jours ! On voit comment les grands se comportent, avec les filles, ou avec leurs potes, au moment où ça tourne mal entre un groupe et un autre. On s’identifie, puisque ce sont nos grands frères. Ça empire là, en fait ; on est à un âge où l’on devient adolescent, ce n’est plus la petite enfance. On est à la recherche de repères, pas des repères internes familiaux, des repères « famille » au sens très large…la rue etc. Ça s’intensifie, on est plus exigeant, il faut que l’on ait encore plus. Il faut paraître encore plus, il faut faire comme les grands. Il y a une grosse marge entre le collégien entrant et le collégien sortant. Il y a une différence d’âge et c’est plus eux nos repères. Ils ont une maturité autre, ils ont une façon de penser autre, une façon d’agir autre.

Le phénomène de génération

Les embrouilles c’est générationnel, ce n’est pas spécialement de quartier à quartier. Quand je suis arrivé à Voltaire, on ne se mélangeait pas du tout avec les noirs. Les collégiens entrants, on était entre nous. C’était le quartier, certes, mais on était les petits. On ne s’est jamais mélangé. Dans le quartier lui-même, on ne se mélange qu’à partir d’un certain âge. Sinon on ne se mélange pas. Si par hasard on avait des histoires avec tel ou tel quartier, c’était notre génération. Si les petits des Chardo avaient des embrouilles avec des petits des Rosiers, s’ils croisaient par hasard un grand des Rosiers, ils n’allaient pas le toucher. C’était générationnel vraiment. Quand je suis arrivé à Voltaire, nous les petits, on prenait exemple sur les grands de notre quartier et les grands en général : comment ils se comportaient, même leurs jeux. Ils avaient des jeux assez spéciaux dans la cour, comme le « petit pont massacreur ». Nous, on ne connaissait pas cela quand on est arrivé, après quand on a commencé à le faire, on n’a rien inventé. C’était une succession.

Les grands et les petits

Aux Chardo, une des valeurs est le respect, c’est fondamental dans le quartier et c’est souvent la source de tous les conflits aussi. Aux Chardo, même aujourd’hui, pourtant il n’y a plus de différences, je suis un grand bonhomme, ce sont des grands bonhommes, on se mélange mais si un grand de mon quartier me dit : « va m’acheter un truc à Franprix » je vais le prendre et je vais y aller ! Les petits n’ont pas à broncher si je leur dis ça. Parce que c’est comme ça et ça a toujours été ! Mais ce n’est pas un manque de respect, au contraire, s’il me dit : « Non, je ne veux pas y aller » et il tire la tronche, ce n’est pas grave. Je vais y aller mais je vais lui dire : « Attention ! Ce n’est pas bien ce que tu fais ». Ça ne va pas être méchant.

Etant plus jeune on nous envoyait souvent, pour nous rôder. On savait aussi que les petits qui prendraient la relève, on les enverrait aussi. Ça aussi, c’est le respect ! Maintenant je sais que quand on se mélangeait, ils nous laissaient peut-être cinq minutes, après ils nous disaient : « allez ! Bon on va pas se mélanger… allez ! Allez ! ». Et on devait partir. On devait aller dans un autre coin du quartier. On ne se mélangeait pas ; dans le quartier il y avait des coins attribués. On savait que les grands venaient ici, on venait, dès qu’ils arrivaient, on partait ailleurs. C’étaient vraiment des coins attribués depuis toujours.

Par exemple, à St Denis Nation Chardo, au local, ça se mélange, mais les grands n’y viennent plus trop… là ça se mélange ! Avant le local, c’était aux grands. Nous, on allait faire quelques parties de billard, vite fait, mais quand ils nous disaient de partir, on partait ! Maintenant on se mélange plus. Ça a changé. Maintenant on travaille tous. Avant c’était l’époque du lycée. Une fois que l’on sortait de l’école, chacun se regroupait à tel endroit. Les petits continuent, mais nous non, chacun a fait sa vie. Quand les gens vont au local, c’est de passage.

A partir du moment où la génération des anciens est encore là, on ne nous considère pas comme des grands. Quand on parle des grands, on parle des grands ! Quand les grands partiront, ce sera nous les grands. Par contre pour nos petits, on est des grands. Quand ils parlent des grands, ils parlent de nous ou des plus grands.

Les petits et les grands

Nos petits, pour notre part aux Chardo, ont commencé ce que nous avons commencé beaucoup plus tôt ; nous aussi, nous avons commencé ce que nos grands ont commencé beaucoup plus tôt. La délinquance est de plus en plus juvénile. C’est un gros problème. Ils sont protégés par les grands. Faut pas toucher un petit, c’est pour ça ! Ce respect, il faut qu’ils le conservent. Ils ne font pas d’histoire pour aller chercher une canette. C’est juste à côté, on pourrait le faire nous–mêmes. On a quand même un certain impact. Pour ma part j’ai un impact supérieur culturel, parce que je chante. En plus ils me suivent. Ce que je raconte va dans leur sens. C’est pour eux. Mais la valeur du respect n’est plus la même aujourd’hui. Ces jeunes là, de huit, dix ans sont en manque de repères. Ils sont amenés à monter sur les générations d’au-dessus.

Le contrôle est moindre aujourd’hui. II y a différentes raisons : les parents ne sont plus assez actifs auprès d’eux, le progrès, toutes ces bêtises, cette violence… aussi le fait que nous aussi, nous ayons une certaine émancipation de l’influence du quartier. Chacun fait un peu sa route. Des anciens du quartier qui vraiment ont fait des choses, pas forcément positives, et ont eu un grand respect dans le quartier, aujourd’hui reviennent ; des petits qui ne les connaissent pas, essayent de leur marcher dessus ! J’ai parlé aux petits et je leur ai dit : « vous vous rendez compte ! C’est un ancien ! ». Ils ont des repères visuels complètement effacés. Ils sont plus indépendants, beaucoup plus tôt et ils ne respectent plus grand chose. Ils ont tout eu très tôt, Nintendo, PlayStation...
Décalage des générations…

Plein de valeurs essentielles ne sont plus dans l’air du temps. Pour eux c’est terminé, ils n’ont même pas connu la galère, parce qu’il faut connaître ce qu’est réellement la galère pour savoir ce que c’est ; aujourd’hui, on leur parle de galère, ils vont dire des choses… ce n’est pas ce que l’on appelait la galère à l’époque ; on n’est pas de la même génération. Des amis, des proches dont les parents ont de quoi vivre pour eux même et peut-être même pour leur progéniture, me racontent comment c’était avant, j’ai pris conscience de certaines choses ; que je n’aurais jamais soupçonnées. Il y a un décalage énorme.

J’ai un ami, je le considère comme mon frère, un Français ; on a grandi ensemble depuis la maternelle, on est frères ; il est de bonne famille, on n’a pas connu les mêmes galères et souvent ils ont été amenés à m’expliquer leur vécu, quand ils sont descendus de la campagne pour arriver ici pour travailler. Ici, ils n’avaient vraiment rien du tout, donc tout leur acquis, ce n’est pas celui d’une dynastie se succédant et transmettant sa fortune de génération en génération ! Ils ont vraiment commencé de rien. Je les considère aussi comme mes parents, parce que j’étais toujours chez eux. Ils m’ont vu grandir comme ma propre mère. Ces choses m’ont éveillé. Je ne sais pas réellement quel a été le déclic pour que je me lance seul, que j’entreprenne des choses, mais je pense que cela a contribué à des repères que d’autres jeunes n’ont pas.

Rôle, mission

Je tiens vraiment à servir d’exemple étant donné que beaucoup de jeunes me suivent dans ma carrière artistique. Je considère vraiment que je suis en mission, une mission réelle ! J’ai un impact quand je suis sur scène, sur les petits frères de mon quartier ou autre. Je ne représente pas une localité, je fais le plus large possible, justement pour essayer de donner des repères qui ne sont plus visibles aujourd’hui, et que les petits frères prennent conscience que je suis parti de rien également, comme eux et que j’ai monté ma société. Je vis de ce que je fais, je suis réalisateur, je réalise des gros clips pour des artistes, des mariages ou autres. Puisque je le fais, c’est possible de ne pas avoir d’ennemis, de passer d’un quartier à un autre, sans plus avoir d’ennemis, puisque j’en ai eu. Je sais ce que c’est également, avant quatorze ans. On était en friction dans ce quartier aux Rosiers. Ça cesse, ça recommence. Ça cesse, ça recommence.

Il n’y a que depuis quelques années que je vais à Villiers. Parce qu’il y avait une haine entre les Chardo et Villiers ; beaucoup de quartiers de Villiers avaient une haine quasi ancestrale. Les premières générations de jeunes étaient en froid avec Villiers, ça s’est transmis systématiquement aux autres générations. Ça allait jusqu’aux couteaux et aux armes à feux ! Je vais depuis très peu à Villiers. Quelquefois j’y vais et j’entends les petits. Même les anciens qui ne sont plus dedans ont conservé une arme au cas où… vu que les valeurs se perdent, que les jeunes ne respectent plus rien… on peut avoir eu un grand respect, et aujourd’hui c’est perdu ; les petits essayent de nous monter dessus. Je ne parle pas pour ma part, parce que je suis contre les armes à feu.

J’ai même fait un clip vidéo qui a pas mal marché. Ça s’appelle « gun man » (l’homme en armes) ; je mets beaucoup en scène les jeunes d’ici, parce que l’audio-visuel est un lieu. Je fais jouer la comédie à certaines personnes. Je fais jouer des jeunes pour qu’ils prennent conscience. Je sais, je vois les petits du quartier, ils sont dans ces histoires. Des histoires de friction entre quartiers. Je les ai fait jouer : une mère perd son enfant, il se fait tuer ; le sang coule de sa bouche… Cela leur fait découvrir une activité que peut-être ils n’auraient jamais été amenés à découvrir, le théâtre et jouer la comédie. Même moi quand j’ai joué la comédie pour la première fois, je me suis épaté ! Je me suis trouvé une vocation. On est sur un long métrage et c’est né de cette découverte. Le cinéma et moi, on ne fait qu’un ! Je fais jouer pas mal de jeunes, des jeunes qui ne sont pas dedans, pour qu’ils ne prennent pas le risque.

Installation professionnelle à Sarcelles…

Je me suis lancé dans une entreprise individuelle, une société de plus de trois ans, donc elle fonctionne, puisque la majorité des sociétés coule avant trois ans. Je me suis lancé. C’est de l’audio-visuel.

A Sarcelles ou ailleurs, ça doit être le même principe, il faut déjà que les gens comprennent que l’on n’est plus comme avant. On revient dans un environnement qui n’a pas changé, ou qui a même empiré. On est toujours jeune, ce n’est pas comme si j’étais revenu avec la barbe, le costume. Je reviens. Je suis toujours le même. Il faut que les gens comprennent que j’ai laissé pas mal de choses derrière moi. C’est assez difficile aussi parce qu’on filme un peu partout, on est prestataire de services.

Avantages et difficultés de tourner dans les quartiers

Si vous habitez aux Rosiers et que vous nous appelez pour un mariage, on assure la prestation, on filme en DVCAM. Ma première caméra faisait cinq mille euros. On ne peut pas se permettre d’aller dans un quartier et d’être une cible ou une proie, de se faire dépouiller. À chaque fois il faut demander : « vous êtes situé dans quel secteur » et voir si on n’a pas des histoires antérieures avec des personnes ; parce que des personnes changent, et d’autres restent dans le même état d’esprit, toute leur vie malheureusement ! Certains ont des personnes sur une liste et attendent…On peut même avoir trois enfants mais une troisième personne est restée dans le même état d’esprit et nous fait payer. Comme on a fondé une famille, on a tout laissé derrière, on est « clean », c’est la vie malheureusement. Je me méfiais de cela, surtout au début.

Si on me demandait de tourner un clip, les clips c’est souvent pour les jeunes, c’est regroupements, on ne pouvait pas dire oui à n’importe quel quartier. Si on me demande d’aller dans un quartier ennemi avec un autre quartier, on est pris entre deux feux ; ou bien encore il y avait des frictions entre chaque quartier, il y avait une descente dans un quartier ou un autre ; il y a aussi l’appât du gain, il n’y a pas que blesser ou faire du mal. Ils attrapent quelqu’un d’un autre quartier, et ils le passent à tabac. En même temps la casquette part, la sacoche avec son argent, tout part ! Si on se trouve entre eux, c’est quand même assez risqué. Mon matériel, c’est la prunelle de mes yeux ! Je ne pourrais jamais assumer si on me l’enlève ! Je suis obligé de revenir dans « le commun des mortels », travailler pour un autre si on me l’enlève. Je n’ai pas d’ennemis.

Les risques du métier

Une fois on a été amené à filmer à Orléans. Ça a l’air assez calme là-bas, et puis quand on est arrivé dans un quartier, ils ont commencé à sortir leurs armes, leurs fusils à pompe, et tout, pour mettre ça dans le clip ; parce qu’aujourd’hui c’est la mode du rap « hardcore » comme ils disent. Moi, je ne suis pas dans le hip hop, je l’ai été, mais tout ce que je fais doit aller dans un sens positif. C’est ma façon de faire. Maintenant la mode du hip hop, du rap…c’est « hardcore », c’est-à-dire tout ce qui est mauvais : les femmes dénudées, les armes, l’argent, la drogue, tout ce qui est vraiment mauvais. Je suis vraiment contre ça ! Je n’étais au courant du synopsis du clip, ils s’en chargeaient. On était juste là pour assurer la prestation. On est parti, une petite équipe de trois avec deux caméras à cinq mille euros ; on est arrivé. C’était coupe-gorge ! Heureusement qu’on est des gaillards ! Je ne sais pas si vous m’avez vu, debout, je fais deux mètres deux ! On évite de me chercher des histoires ! Je passe même dans des quartiers, plus ou moins sans problèmes. Il y a le nombre aussi. Contre le nombre on ne peut rien faire. On peut être Musclor ou M. Gerbert, ça ne va rien changer face au nombre.

Justement, ils étaient massifs et armés jusqu’aux dents ! On a fait notre travail. On était sur place, on était déjà payé. Il fallait qu’on assure la prestation… heureusement que l’on avait le même aspect qu’eux ! Ils savaient d’où on venait aussi, et que l’on était des jeunes comme eux. En gros, je me suis débrouillé ! Des jeunes regardaient les caméras et discutaient entre eux. On sentait qu’il y avait déjà une petite tension. Mais on était présents ! Celui qui filme avec moi, est plus petit que moi, mais il fait deux fois mon épaisseur. On est quand même assez impressionnants. On reste toujours trois personnes.

Le rap hardcore

Je vous invite à tourner un clip de rap hardcore ! Ils sont vraiment dans une matrice effrayante ! Leur son invite à la violence. Lorsqu’ils mettent le son fort, ça excite les gens. Ils ont leurs chiens, leurs motos. C’est une ambiance ! C’est un monde ! Quand il y a du hardcore ici, c’est pareil. Le même monde participe, le rap violent.

Moi c’est du reggae, c’est vraiment positif. II y a aussi du rap avec des messages, mais le rap hardcore est un environnement dans lequel ils vivent aussi. Connexion impossible, je l’ai tourné. Il est clean. Ce n’est pas violent. Mais ce n’est pas un groupe, c’est un crew, c’est dix-huit personnes, une association. Individuellement il faudrait écouter ce qu’ils font. Ils ne sont pas spécialement violents dans ce qu’ils font, mais les rappeurs français sont trop inspirés des rappeurs américains. Vous voyez bien le genre…ce n’est pas du tout la même vie là-bas et ils s’inspirent beaucoup de ce qui se passe en Amérique.

Ils ne sont plus du tout inspirés des artistes de l’époque de la secte, comme Ministère Amer. Ils sont complètement rejetés. Lorsqu’ils font des scènes ici, ça se passe très mal pour eux. Parce qu’ils sont partis et ils ne sont pas revenus. Ils n’ont rien fait pour les jeunes d’ici. Ils n’ont pas à être reconnaissants envers des artistes qui ont réussi, ont palpé un certain nombre de billets et n’ont pas réinvesti pour les jeunes ici. C’est un peu le même système que les noirs américains ; ils ne reviennent pas dans leur ghetto, ça ne plaît pas.

Sarcelles et le ghetto

C‘est un exemple. Ce n’est pas un ghetto, mais après ça dépend de ce que chacun a de la définition du mot ghetto. Je ne l’ai pas employé depuis le début, j’ai employé le mot quartier, mais pour moi c’est du pareil au même ; pour moi la définition du mot ghetto, c’est un regroupement systématique de minorités dans un lieu-dit. C’est ce que l’on appelle ghetto. C’est la définition du dictionnaire. Maintenant ça prend des sens qui sortent un peu du contexte, mais à partir du moment où des minorités sont regroupées dans des quartiers ou des villes, ce sont des ghettos pour moi. Sarcelles c’est un ghetto. Je n’ai pas grandi dans un ghetto, ghetto au sens fort du mot, mais effectivement on est regroupés entre nous. Entre nous, c’est-à-dire un regroupement de minorités.

Les conditions du changement

Ça peut s’arranger à condition que des personnes travaillent vraiment pour que ça change ; parce que les jeunes concernés, dans cet engrenage, ne font pas grand-chose. Ils se complaisent dans un premier temps, puis ceux qui essaient de s’en sortir, finissent par revenir parce qu’ils se ramassent souvent. Et ceux qui s’en sortent, malheureusement, ne reviennent pas. C’est d’eux dont on a réellement besoin ! Ça devient un exemple, un exemple positif. C’est ce dont les jeunes ont besoin.

Un exemple…

Lorsqu’elle sera dans un circuit plus professionnel, elle sera quelqu’un, c’est ce que je lui souhaite, à ce moment là elle aura du poids. Sa parole vaudra beaucoup plus qu’une personne issue de ces mêmes personnes en galère. Il faut vraiment atteindre un certain niveau, où notre parole est écoutée pour pouvoir prétendre travailler pour le changement. Je suis persuadée que si votre fille réussit vraiment, il y a de fortes chances pour qu’elle ne collabore pas, parce que par rapport à son vécu, des roustes qu’elle a reçues, elle aura une certaine réticence à faire des choses pour les jeunes ici. Elle en a reçu et elle en a donné. A mon avis elle ne reviendra certainement pas. A mon avis, c’est çà le problème. Maintenant si elle revient autant pour moi.

Projets…

J’habite toujours aux Chardo. Je ne suis pas parti parce que je n’ai pas terminé ce que j’avais à faire. Je n’ai pas encore atteint les objectifs que je me suis fixé. A près je partirai… pas. Non, je ne pense pas que je partirai…c’est possible …je ne peux pas dire que je ne partirai pas.

La vie est assez aléatoire, mais par contre je vais travailler, je vais faire un maximum de choses. Déjà j’ai l’appui de la mairie sur pas mal de choses, donc je vais essayer d’en profiter un maximum pour essayer de faire des choses pour la ville tant que ça va durer. J’ai pour objectif de faire une télé, Sarcelles TV. Le contenu, ça sera vraiment les jeunes de Sarcelles, et l’objectif est de faire travailler les jeunes de Sarcelles, mais dans le sens artistique, pour qu’ils puissent s’exprimer. Souvent on exprime notre mal-être par la violence, parce qu’il n’y a pas d’autres moyens de s’exprimer. Pas mal de jeunes partent défaitistes, et ne se bougent pas pour eux-mêmes.

L’âme de Sarcelles…

L’âme de Sarcelles… (Blanc) Je ne comprends pas le sens de la question… je dirais les grands ensembles dans le sens où, moi, quand j’entends Sarcelles, je vois vraiment une ville expérimentale. Dans les esprits ça le restera toujours. Quand j’entends Sarcelles, je vois les premiers grands ensembles. Aujourd’hui cinquante ans de grands ensembles…C’est une expérience… mais positive, négative, avec douleur, une grande expérience d’où sont nés d’autres grands ensembles. Je pense que c’est une expérience inachevée, donc c’est toujours une expérience aujourd’hui.

Il reste pas mal de choses à faire. Concrètement la réunion que vous faites aujourd’hui, c’est un peu un compte rendu de cette expérience. En quelques sortes nous sommes des rats de laboratoire. On a tous notre expérience personnelle et vous, vous faites l’addition de ces expériences personnelles pour avoir un constat. C’est une expérience inachevée. Et oui…on est expérimentés !


Voir en ligne : La Bande Dessinée : Les Migrants

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