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Louis SUAREZ De Février à Juin 1945

130 jours Otage de Staline

Camps d’internement : Vilnius et Odessa

dimanche 14 février 2010, par Frederic Praud

Après mes différents récits relatant ma période étalée de 1938 à 1945 ( Service militaire – Débâcle des Armées – Captivité et retour dans la Société ) avec pour différents titres : « Sept Années volées à ma Jeunesse – La Déroute de l’invincible Armée Française et Strengverboten ( Strictement Interdit ) » dans lesquels sont énumérées les différentes étapes durant ces sept années, les pages qui suivent, ont pour bût de relater et de décrire ces « 130 Jours » vécus, de Février à Juin 1945, durant lesquels, j’ai eu comme d’ailleurs tant d’autres, l’impression, sinon la certitude d’avoir été : « Otage de Staline » et cela, après avoir attendu avec impatience et espoir de « libération » les troupes Soviétiques, refoulant depuis Stalingrad, l’armée Allemande, jusque dans la région de ma captivité en Prusse-Orientale.

L’aventure débuta le 26 Janvier 1945, suivant ordre des autorités allemandes, dans un exode par une température de moins 20°, où civils allemands et prisonniers français ( de ces derniers, nous étions un groupe de 65 hommes ) prirent la route vers une destination inconnue, suivis de près par les troupes soviétiques d’avant- garde.

Après trois jours et deux nuits d’errance sur des routes verglacées, au bord desquelles la cohorte abandonnait vieillards et enfants morts de froid ( dans l’impossibilité de creusement de sépulture dans un sol gelé à un mètre de profondeur et la hâte de fuir devant l’envahisseur déjà sur les talons ) ayant ainsi parcouru une trentaine de kilomètres et atteint la première ville, il fut décidé la halte pour la nuit suivante, dans des locaux agricoles, à la périphérie de la ville. Etables et écuries vides de leurs bêtes, furent considérées lieux de refuge sinon de repos.

Ce fut au petit matin du 31 janvier, alors que pointaient les premières lueurs de l’aube et sous la neige qui tombait drue depuis une partie de la nuit, que comme mes autres compagnons de captivité, je pris contact avec mes « libérateurs » auprès desquels, je devais à plusieurs reprises, trembler pour ma vie et aussi pour ma liberté. A dater de ce 31 janvier 1945 et jusqu’au 8 juin de cette même année, où je mis les pieds sur le pont d’un navire anglais, n’en déplaise à certains esprits nostalgiques du « Paradis Soviétique et du Petit Père des peuples », je me suis considéré : « Otage de Staline ».

Avant d’en arriver cependant à l’essentiel du sujet portant ce titre, les 6 chapitres qui y précèdent sont le récit préliminaire du parcours imposé par les différents événements et étalés de juin 1938 à janvier 1945 et qui furent : ( service militaire – guerre et captivité ) le tout relevant en premier lieu, de ma décision volontaire, par changement de nationalité, en second lieu, par une lamentable situation politique et militaire dans la France de ces années, entraînant le pays dans une guerre perdue d’avance.

Cela me valut ( comme pour tant d’autres ) captivité en Allemagne et comme pour tant d’autres aussi, après cinq années passées sous régime « Nazi », j’étais pris « dans les Griffes de Staline » et à titre d’otage monnaie d’échange afin de permettre en premier lieu ( et lavé de toutes sanctions ), le retour en France du communiste Maurice Thorez, passible normalement du conseil de guerre pour désertion devant l’ennemi dès Septembre 1939 et réfugié à Moscou. Il devait en second lieu, être réintégré avec les honneurs et participer au nouveau gouvernement de la France, qui devait s’avérer à majorité communiste.

Telle fut ma situation, de février à juin 1945 soit 130 jours !
« Otage et monnaie d’échange » !

En attendant qu’un jour soient « déballés les Secrets-d’Etat et qu’enfin apparaisse la vérité, cela reste : « mon opinion ! »

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1 - AU TOURNANT D’UNE VIE

Juin 1938 ! Entré dans ma 21me. année, la fête foraine annuelle de mon quartier bat son plein. Parmi les attractions diverses et baraques de foire, se trouve celle d’une cartomancienne ( grande fille brune aux yeux noirs et au regard envoûtant ). Elle attire mon attention, en me proposant de lire mon avenir dans les lignes de ma main !

M’étant par curiosité et amusement, prêté à sa demande, elle me déclara après examen, voir dans le tracé de mes lignes : « un long voyage en préparation ». Lui ayant payé son dû, je repris avec mes camarades le cours des distractions offertes dans les différentes attractions, commentant avec scepticisme les pronostics de la belle voyante.

Né en Espagne et exilé en France sur décision de mon Père, à l’âge de 18 mois, j’avais obtenu l’année d’avant ( 1937 ) et après demande faite, mon « acte de naturalisation ». Ainsi déclaré « citoyen français », je fus appelé en mai 1938 à l’examen du « conseil de révision », lequel me déclara : « Bon Service Armé ». J’étais donc en attente d’incorporation pour l’accomplissement de mon service militaire, qui était fixé pour une durée de deux ans.
« En ce mois de juin 1938, aucun long voyage n’était pour moi en vue » !

Oubliant très vite ce pronostic et sans préoccupations de cet ordre, je laissais s’écouler l’été et l’automne de cette même année, consacrant mon temps à m’occuper des affaires administratives dans l’entreprise qu’avait développée mon Père en 1937 ( à l’époque, entreprise du bâtiment à petite échelle, occupant quatre salariés ), mais présentant pour moi, avec une simple instruction élémentaire ( certificat d’études en 1930 ), un travail de tous les instants. Mon Père, dans son pays d’origine, n’ayant jamais fréquenté l’école était illettré. ( tout l’administratif était donc à ma charge ) !

Encore, loin des préoccupations concernant les problèmes internationaux, en ignorant même leur importance, ainsi que leurs conséquences et les dangers à venir, j’entrais sans le savoir encore, dans le « tournant de ma vie » !

Concernant les problèmes internationaux, depuis deux ans déjà, une atroce guerre-civile ravageait l’Espagne, dans laquelle intervenaient les aides militaires de différentes nation, à savoir : l’Allemagne ( sous régime Nazi ), l’Italie ( sous régime Fasciste ) ces dernières, intervenant en faveur des troupes Franquistes ! En faveur des troupes républicaines, intervenait l’Union Soviétique ( sous régime communiste ) ! Deux idéologies s’affrontaient là, militairement dans ce « champ de bataille » y testant leurs nouvelles armes, sous prétexte d’aide à leur camp politique, mais surtout en vue de leurs ambitions hégémoniques. ( En Afrique pour l’Italie de Mussolini et dans les territoires Européens pour l’Allemagne de Hitler et pour l’Union Soviétique de Staline ) !

La France, quoique voisine limitrophe, restait elle, dans un semblant de neutralité, malgré sa situation politique du moment, avec un gouvernement de coalition : Socialo-Communiste dit : « Front Populaire » ! Les français dans leur ensemble, vivaient dans l’euphorie des avantages sociaux accordés par leur gouvernement et décrétés par les ( Accords de Matignon ) en juin 1936 et portant : sur de larges augmentations de salaires, avec temps de travail réduit à 40 heures par semaine et surtout, octroi de deux semaines de congés annuels, pour tout salarié et à charge de l’employeur !

Comme la majorité des français, tout à la joie d’avoir obtenu ces acquis et d’en profiter, je ne me souciais pas de ce qui se tramait par de-là les frontières du pays ! En France pouvait-on dire, « tout allait pour le mieux » ! A ce titre, il était même une chanson en vogue, attestant de l’optimisme général, dont le refrain était : « Tout va très bien Madame la Marquise » et que j’avais moi même inscrit dans le répertoire de mes chansons à jouer sur ma mandoline.

Les « nuages noirs » cependant s’élevaient aux limites des frontières du pays ! En Allemagne, le dirigeant Hitler, nanti des pleins pouvoirs, haranguait son peuple par des discours tonitruants, l’appelant à la force armée, dans le but de venger la défaite de 1918 et de bannir le « Traité de Versailles » qui en découlait, jugé honteux pour le peuple Allemand ! Il lui clamait en plus : l’extension territoriale élargissant ses frontières par annexion sur les pays voisins, appelant cela : « le Lebensraum » avec pour slogan : « Deutschland Überalles » ( l’Allemagne au dessus de tous ), accompagné pour cela de cet autre slogan : « Ein Reich, ein Volk, ein Führer » ( Une nation, un peuple, un chef ) !

Il s’était allié pour cela, à l’autre dirigeant dictateur Mussolini, qui lui aussi, pour l’Italie étendait son hégémonie sur les pays d’Afrique : Ethiopie et Libye, clamant lui aussi avec de grands mouvements de menton : « Conquista per il populo Italiano » ! Ces deux voisins, testant dans ces buts leurs armes modernes, dans les airs et sur les champs de batailles espagnols, en soutien à leur homologue Franco, J’arrivais sans m’en soucier des conséquences futures, au mois de novembre 1938 !..

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2 – LE CITOYEN AU SERVICE DE LA France
( SOLDAT DE LA REPUBLIQUE )

Octobre 1938 : mois anniversaire de mes 21 ans, je recevais l’ordre d’incorporation mentionnant : « 22me. Bataillon de Chasseurs Alpins, caserne des Diables-Bleus à Nice » à intégrer le 12 novembre avant 24 heures, sous peine de sanctions !

Aussitôt lecture faite de l’ordre reçu, je ne pus cacher ma joie, d’être à la fois incorporé dans une « unité d’élite » et en même temps, cantonnée dans la « Perle de la Riviera », la ville de Nice ! Je rêvais déjà de ces deux années à passer dans ce cadre de la Côte d’Azur, totalement inconnu de moi, situant seulement ce lieu à travers mes livres scolaires de géographie.

Avec la hâte d’y être et à devoir attendre la date fixée, les jours s’écoulaient pour moi, trop lentement. Pendant ce temps, je ne cessais d’en informer tout mon entourage, me voyant déjà revêtu de l’uniforme particulier des Chasseurs-Alpins et m’imaginant les manœuvres en haute montagne !

Cela m’attirait d’autant plus, que j’avais durant mes premières années, vécu dans les hauts sommets Pyrénéens, en pleine montagne, loin même de tout village. Habitué à ce cadre, je m’y revoyais déjà, dans cette autre région des Alpes ! Dans cette attente fébrile, arriva la date du 12 novembre. Depuis déjà plusieurs jours, ma valise était bouclée, avec son contenu minutieusement préparé par les soins de ma Mère, qui elle ne cachait pas sa tristesse à voir venir trop vite la date de mon départ !

Fils aîné, avec un frère et une sœur, je n’avais encore jamais quitté le foyer familial. Aussi, ce premier départ constituait pour ma Mère, un vide dans la famille, avec ce chagrin qui se manifeste chez toutes les Mères dans ces cas ! Au jour du 12, fin de matinée, je quittais les miens, avec les longues embrassades et les larmes de ma Mère, pour prendre l’autobus qui reliait ma ville de Castres à l’autre ville : Castelnaudary, distante de 40 kilomètres, où là, je devais prendre le train rapide : « Bordeaux-Vintimille » aux environs de 13 heures !

« Sans m’en douter encore, en ce12 novembre 1938 débutait pour moi la première étape du long voyage, vu par ma Cartomancienne et qui devait me conduire via les pays d’Europe de l’Est, jusqu’aux rives de la Mer Noire, pour se terminer, avec le retour à Castres, 15 juin 1945, après débarquement à Marseille »

En attendant ce jour, dans ce train rapide et dans ce compartiment de 2me. classe conforme à mon titre de transport, Castres –Nice, installé sur la banquette dans le sens de marche, contre la vitre de la fenêtre, je regardais défiler le paysage et le flux des voyageurs aux arrêts dans les grandes gares, quittant ce train ou y accédant !

C’était là, mon premier long voyage et je ne voulais rien perdre de l’occasion. Aussi, passé la gare de Toulon et longeant la côte Méditerranéenne, j’étais émerveillé par les paysages de cette région, dont je ne connaissais que les noms : « Côte d’Azur ou Riviera ». A me trouver ainsi dans ces lieux, je m’estimais privilégié et heureux, tel l’enfant à qui l’on vient d’offrir le jouet de ses rêves.

Sans avoir vu passer le temps et l’estimant même trop court, le train entrait en gare de Nice ! Descendu sur le quai, ma valise à la main, me demandant naïvement, de quel coté m’orienter, il suffit d’une minute à peine, pour que je fus abordé par l’un des militaires ( Chasseur Alpin ) se trouvant sur ces quais, avec la question : « affecté au 22me ? » Ayant répondu par l’affirmative, je fus prié de me diriger vers la salle d’attente !

Arrivé là, à ma grande surprise et sans le savoir, je me trouvais avec trois autres « Castrais » descendus du même train, qu’ils avaient pris eux, en gare de Toulouse ! Le rassemblement terminé, pour ce contingent arrivé par ce train, ( une quinzaine d’hommes ) ce fut en camion militaire, que l’on quitta la gare. Un quart d’heure environ à travers la ville dans le jour déclinant et le véhicule franchissait le portail d’accès à cette « Caserne des Diables Bleus 22me. B.C.A.” Nom que je pus lire sur le fronton de l’entrée !

Descendu du camion, je découvrais une vaste cour entourée de bâtiments et agrémentée par deux rangées de palmiers. J’étais dans un autre monde, loin des platanes et autres chênes châtaigniers et hêtres des forêts Tarnaises ! Dans la pénombre du soir en cette mi-novembre, un des militaires, dont j’ignorais encore le grade ( j’appris le lendemain qu’il était : Caporal-Chef ) accompagna les nouveaux venus ( désignés les Bleus ) dans la chambrée, au premier étage d’un des bâtiments et situé dans l’axe de la cour ! A la sonnerie du clairon pour la « soupe », ordre de se rendre au réfectoire, pour le premier repas du militaire !

Ce premier repas terminé, après les premiers contacts établis autour des tables, je me joignais dans la cour aux groupes des nouveaux venus, encore en tenue civile et appelés : « la Bleusaille » par les anciens ! Je fis là, plus ample connaissance avec les originaires de mon département et principalement avec les trois autres, originaires aussi de Castres ( Monssarat, Lavigne et Gallo ) Je devais au cours des jours suivants, y rencontrer, avec le grade de « Sergent-Chef » le nommé (Yvan Viala) engagé volontaire depuis trois ans, ainsi que (Jean Clarenson) « Aspirant officier », qui bientôt devait quitter le bataillon pour l’école des officiers !

Avant la sonnerie : « extinction des feux », ordre à tous, de regagner la chambrée et de s’y mettre au lit, que nombre d’entre-nous trouvâmes : « en portefeuille », les anciens déjà étaient passés par-là, soumettant « les Bleus » aux brimades et aux règles du « Bizutage ». Sans lumière, je tâchais de remettre ma literie en ordre afin d’y passer au mieux cette première nuit, dans l’attente de la sonnerie du réveil fixé à 6 heures du matin. Sans trop avoir dormi, dès les premières notes du clairon, je descendis aux lavabos situés au rez-de-chaussée !

Ayant fait toilette et avalé le quart de « café », ou plutôt le « breuvage » ainsi désigné, je m’exerçais à refaire « mon lit au carré », avant l’inspection par le « Caporal de chambrée », qui par zèle déjà, trouvait des imperfections à corriger avant application de sanctions !

Au même titre que les autres ( nouveaux venus ), je fus au cours de cette matinée, transformé « en soldat de l’armée française ». En échange, de mon uniforme, je rangeais mes effets civils dans la valise, y inscrivant sur étiquette : mon nom, prénom et adresse de mon domicile civil, avant de la remettre au « sous officier fourrier du bataillon » chargé de son rangement jusqu’au jour venu de : « la Quille », où chacun devions quitter ce lieu, comme nous y étions entrés : « En tenue civile » !..

Avec la naïveté de mes 21 ans, comment aurais-je pu voir les « gros nuages Noirs », qui cependant apparaissaient déjà à l’horizon, amenant avec eux, « l’orage et le cataclysme dévastateur », qui devait m’y entraîner pour cinq années ? D’ailleurs, en cette fin d’année 1938, quel était le français, qui pensait à la guerre ? On laissait cela, à la charge des diplomates, qualifiés disait-on pour résoudre ces problèmes entre nations et ainsi, permettre aux français de profiter de leurs acquis et aux anglais, de s’assoupir dans leur flegme !

En attendant, comme les autres, « dans la béatitude », au service de l’armée française, j’étais non seulement affecté à une unité d’élite, mais aussi recruté en son sein, à la « compagnie hors rang, service transmissions, groupe téléphoniste » ! Paradoxe bien militaire, affublé que j’étais d’une difficulté d’élocution depuis l’âge de cinq ans, suite à un gros traumatisme nerveux, je me voyais très mal adapté à devoir assurer un entretien téléphonique avec un interlocuteur à l’autre bout du fil !

Faisant part de cela, à mon chef de section, il me déclara n’y voir aucun inconvénient. De fait, je ne tardais pas à m’apercevoir, que mon rôle ne devait se limiter qu’aux installations des lignes téléphoniques en campagne. Le sous-officier recruteur, savait donc, que le fait de dérouler et de retirer des câbles reliant les différents postes entre eux, ne présentait pour ma difficulté d’élocution, la moindre difficulté ! Tout était donc pour le mieux et pour l’instant !

En journées d’instruction, marches d’endurance et défilés musique en tête à la cadence rapide des chasseurs ( 160 pas à la minute ), sous les ovations d’un public enthousiaste, fier de ses « Diables bleus », le temps pour moi, s’écoulait dans ce somptueux décor de la Côte d’Azur et de son climat idéal, dont sans cela, je n’aurai pu bénéficier ! Sans me soucier de l’avenir proche, que d’ailleurs comme tant d’autres, j’ignorais, j’étais le plus heureux des jeunes de mon âge !

Après retour en caserne de ma première permission ( 10 jours dans ma famille )à l’occasion des fêtes de Pâques, arriva le mois de juillet marquant le départ du bataillon afin d’effectuer les manœuvres annuelles en haute montagne ( altitude : 2000 et 2500 mètres ) durée normalement prévue : 15 juillet au 15 septembre ! Ayant passé les premières années de mon enfance au sein même des montagnes Pyrénéennes, un séjour dans ces montagnes des Alpes, n’était pas pour me déplaire. Dans ce bût, je m’étais même porté candidat pour affectation à la section des « Eclaireur-Skieurs » . Je rêvais déjà de dévaler les pentes enneigées, avec bivouac pour la nuit dans les refuges !

« Je n’imaginais pas encore, que les prochains événements, devaient me réserver d’autres genres de bivouacs ! »

En effet, au cours de la première quinzaine du mois d’août, ordre fut donné au bataillon de devoir rejoindre ses « quartiers » de Nice ! Motif : notre turbulent voisin à l’Est, manifestait des signes de menaces et d’agression ! Tous les efforts diplomatiques déployés par la France et l’Angleterre afin de calmer sinon de museler le Maître du Reich dans ses ambitions hégémoniques, s’étaient avérés sans succès pour le maintien de la Paix ! « La Pologne, Danzig et son couloir, devenaient des menaces de Guerre, par celui qui les convoitait ! »

De retour en caserne, je déposais à tout hasard, une demande de permission, qui me fut accordée pour dix jours !

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3 - LES SOMBRES PERSPECTIVES

Au cours de cette permission, rendu dans ma ville, au contact de l’opinion publique, je ne constatais encore auprès de cette dernière, la moindre préoccupation sur l’aggravation de la situation internationale ! Contrairement aux mesures prises militairement, partout régnait l’euphorie des vacances en ce mois d’août ! J’en avais d’ailleurs eu la confirmation au cours de mon voyage par train dans les deux sens, longeant les côtes Méditérannéennes, sur lesquelles je pouvais voir la foule des estivants !

En Allemagne, la Rhénanie réoccupée par son armée sur décision de son « Führer », dénonçant le « Traité de Versailles », ne tracassait guère les français ! Ils n’étaient pas davantage préoccupés par la « Pologne », connue principalement par ses polonais venus dans les régions houillères du Nord, extraire le charbon du fond des puits des mines ( Travail jugé trop pénible pour les français ) ! Même insouciance était manifestée, pour « Danzig et son couloir » ! D’ailleurs, pour un grand nombre, où cela se trouvait-il ? J’avoue avoir eu moi-même du mal à les situer exactement sur une carte géographique !

En effet, ce « maudit couloir » inventé par le zèle des vainqueurs de 1918 et imposé au vaincu par le traité de Versailles, avait pour bût, de séparer la « Prusse Orientale », territoire allemand, du reste de la nation et permettre ainsi, à la Pologne, un accès à la Mer Baltique et à son port de Dantzig ! Par les erreurs de ce traité, causes en grande partie de ce conflit mondial « en préparation », j’étais comme d’ailleurs tant et tant d’autres désigné pour en payer le prix !

Dans cet imbroglio du moment, qui était prêt à mourir pour la « Ruhr », pour la « Pologne », pour « Danzig et son couloir » ? Personne !.. Français et Anglais, laissaient ces préoccupations à leurs ministres et à leurs diplomates, multipliant les contacts et les rencontres auprès des deux dirigeants alliés, « Hitler pour l’Allemagne, Mussolini pour l’Italie » ! On laissa même entendre qu’un accord avait été trouvé à « Munich » ! Ouf ! Les français pouvaient tranquillement jouir de leurs acquis sociaux, chantant en cœur les couplets et refrain de la chanson en vogue : « Tout va très Bien Madame la Marquise » ! D’ailleurs, je pus le constater ma permission terminée, sur la voie du retour en caserne, où mon train longeant la côte et ses plages, me faisait découvrir ces français, se dorant au soleil sur le sable, ou les pieds dans l’eau !

Changement total de situation constatée, dès mon entrée à la caserne. Il y régnait en effet, un « grand chambardement général ! » Aucune permission n’était plus accordée ! On battait le rappel avant terme de ceux qui venaient d’en bénéficier ! J’étais juste « passé par mailles » ayant bénéficié de la mienne au complet ! Le bataillon était déjà pouvait-on dire « en état de guerre ! » On y battait le rappel en hommes, des classes de réserve ! Au cours des deux à trois jours qui suivirent, l’effectif augmenté des hommes ayant répondu à l’appel, se trouva plus que triplé dans cette caserne !

L’Etat-major, procéda alors, à la formation de nouvelles unités. C’est ainsi que je fus affecté au 65me. bataillon, formé avec des effectifs du 22me., du 24me. et des rappelés dans les « Classes de Réserve ! » Cette nouvelle unité, fut rattachée à la 29me. Division, sous commandement du « Général Girodias », qui devait être affectée à la défense des frontières des Alpes en cas d’agression de l’Italie ! Pour moi, dans tous ces changements, rien n’avait vraiment changé, j’étais toujours affecté à la section des transmissions, groupe téléphoniste !

Dans cette nouvelle situation, qui s’avérait « alarmante », on procéda au remplacement des uniformes particuliers « chasseurs Alpins », par des tenues de drap « kaki » ! Un nouvel équipement fit aussi son apparition : ( double sac à dos, gamelle et quart en aluminium, musette à masque à gaz et casque nouveau modèle ). Ainsi nouvellement équipé, le bataillon n’eut plus qu’à attendre le déroulement des événements désormais en marche ! Ils ne tardèrent d’ailleurs pas, à se précipiter de l’autre coté du Rhin !

Derniers jours du mois d’août fut proclamé en France, l’ordre de « mobilisation générale » ! L’Allemagne en effet, sans préavis franchissait la frontière Polonaise, attaquant ce pays sur son territoire. Sur ce prétexte, le 3 septembre, la France et l’Angleterre, « au secours » de la Pologne attaquée, déclaraient la guerre à l’Allemagne et à l’Italie, son alliée !

« Le coup de gong était donné ! Pouvais-je alors, regretter mon choix de nationalité pour la France ? Pas encore !… »

De ce nouveau conflit dans lequel j’étais entraîné, je revoyais seulement mes livres scolaires d’histoire. Ils me relataient cette guerre 1914 – 1918, qui disait-on, devait être la dernière et dans laquelle figuraient les grandes batailles : « la Marne, la Somme, Verdun » ainsi que plusieurs autres, non moins importantes, avec les millions d’hommes qui s’y sacrifièrent pour enfin la victoire !

Me remettant tout cela en mémoire, ce nouvel état de guerre, ne pouvait être que synonyme de batailles, entraînant avec elles, des hécatombes de victimes : « blessées ou mortes » ! Me venait alors la question : « Quel allait être mon sort ? »

Dans cette incertitude, ( sans réponse ), s’écoulèrent les mois d’octobre et de novembre sans engagements de batailles. Mon unité, « l’arme au pied » était toujours maintenue dans cette région « Côte d’Azur » laissant s’écouler la saison automnale, pour arriver au début de l’hiver ! Ce secteur en charge de cette 29me. division, n’étant pas en danger d’attaque imminente par le voisin italien, il fut décidé de son transfert dans un autre secteur ! Ainsi donc, au cours de la deuxième quinzaine de décembre, l’unité au complet fut embarquée dans des trains, en gare de « Cagnes sur Mer » !

« Destination ? – Inconnue pour le simple troupier ! »

Les différents convois, « wagons de marchandises portant mentions : chevaux en long, 8 – hommes 40 » passant sans s’y arrêter la gare de Lyon, remontant la vallée du Rhône, aucun doute ! La destination ne pouvait être que les frontières de l’Est, avec sans aucun doute aussi, « attaque de l’Allemagne ! »

Débarqués dans la nuit en rase campagne, par une température « Sibérienne », nous faisant regretter le climat encore idéal que nous avions quitté la veille, ce fut par marches successives, vent glacial de face, que mon unité 62me. B.C.A., installa son cantonnement dans le village de « Morsbach » face à la ville frontière de « Forbach »
( département de la Moselle ) !

Secteur calme pouvait-on dire ! Aucun signe d’attaque en vue ! Cette 29me. division, n’avait pour mission immédiate, que la relève des unités en poste, essentiellement formées de troupes coloniales, venues d’Afrique et ne pouvant supporter les rigueurs de cet hiver. Déjà en effet, le thermomètre dans cette région, marquait de très fortes baisses de température ! Cela me valut d’ailleurs le fait de contracter une violente sinusite, suivie d’une bronchite, qui pour la première fois, me valurent visite à l’infirmerie !

Des cachets en « fumigations » donnés par le Major, vinrent à bout de la sinusite ! Les bronches par contre, malgré un traitement suivi, se montrèrent plus rebelles, entraînant des quintes de toux, surtout au cours des nuits, m’interrompant le sommeil déjà précaire ! Ce village de « Morsbach » , totalement évacué par ses habitants, en vue du conflit, avait été avant l’arrivée de notre unité, entièrement dévasté et pillé dans ses habitations, par ces hommes des troupes coloniales !

Au constat d’une telle situation, je me fis là, une piètre opinion de cette armée française et de ses officiers, pouvant ainsi tolérer de leurs hommes, de tels saccages d’habitations abandonnées certainement sur ordre et sans délais par leurs habitants, y laissant tout leurs biens qu’ils ne pouvaient emporter ! Pour ces gens, la destruction sans la guerre, était déjà accomplie et cela, par des hommes chargés de défendre leurs biens, « des hommes de cette armée française ! »

Autre paradoxe dans cet état de guerre, la ville frontalière de « Forbach », ville française, était occupée par des troupes allemandes et cela, sans les moindres ripostes du coté Français ! Afin d’en « découdre et reprendre pied » dans cette ville, l’état-major de la division, décida d’une incursion dans la cité ! L’opération fut confiée au « groupe corps-franc » du 62me., sous commandement du « lieutenant Agnely et du sous lieutenant Darnan » !

Ces deux officiers, à la tête d’une vingtaine d’hommes, entreprirent l’opération, au petit matin du 8 février 1940 ! Elle se solda par un échec, avec contrainte de replis précipité, laissant sur le terrain, huit hommes ainsi que leur lieutenant ! Ce dernier, à première vue considéré blessé, fut ramené à dos dans nos lignes par son subordonné, le sous lieutenant « Darnan » , qui hélas ne ramena au péril de sa vie, qu’un cadavre !

Pour ce geste estimé héroïque, il fut élevé au grade de Capitaine et décoré par le général, à l’occasion d’une prise d’armes ! Cité en héros, avec photo sur toute la page de couverture de l’hebdomadaire « Match », ce même homme, devait cinq années plus tard, être jugé « Traître à la Patrie » et condamné à mort devant un peloton d’exécution !

« Dans les méandres de l’histoire, comment alors, pouvait-on savoir ?.. Et comment d’ailleurs pouvais-je juger de mon sort ?.. »

Cette première tentative à affronter l’ennemi, à l’initiative de notre unité et malheureusement suivie d’un échec, on pouvait se poser la question : « Où en était cette guerre en ce mois de mars 1940 ? » Réponse : « Depuis septembre 1939, la Pologne écrasée sous les bombes, était sous occupation de son agresseur : l’Allemagne, avec partie cédée à l’Union Soviétique, en compensation du pacte Germano-Soviétique conclu fin août entre les deux belligérants : Hitler et Staline ! Le couloir de Dantzig, était rayé de la carte par ce même Hitler et le port du même nom sur la Baltique était occupé lui aussi, par ses troupes ! » Voilà, pour la situation de cette guerre !

Depuis ce 3 septembre ( déclaration de guerre ), à ce mois de mars 1940 ( sept mois après ) autres questions étaient à se poser : « Où était l’armée Française et que faisait-elle ? » Réponse : « Eh bien, elle était tout simplement disséminée dans différents cantonnements, dans lesquels ses hommes s’installaient le plus confortablement possible, passant leur temps à battre les cartes, à jouer aux boules et divers autres jeux de société, chacun se foutant pas mal de la Pologne, de Dantzig et de son couloir ! Pour comble, le gouvernement, avec accord de l’état-major, avait même décidé, contre les risques d’ennui de ses soldats en faction, l’envoi dans leurs cantonnements des vedettes de la chanson, venant là, pousser la chansonnette, avec bien entendu, l’incontournable : Tout va très bien Madame la Marquise ! Afin de compléter les distractions de ces hommes, il leur fut même trouvé le Théâtre aux armées ! »

Dans une telle ambiance, à la question posée sur la situation de la guerre, on pouvait répondre : « Mais quelle guerre ? » Elle prit même le nom de : « La drôle de guerre ! » D’un autre coté, sournoisement s’infiltrait dans les rangs, l’esprit de « subversion » alimenté par les « communistes », appelant au refus de combattre les Soviétiques, alliés de l’Allemagne et « peuple des travailleurs ». Dans ce but de déstabilisation, ils mirent en action les actes de sabotages du matériel et armement dans les usines !

Déjà dès septembre au moment de la déclaration de guerre, l’un de leurs « leader » et non des moindres « à savoir : Maurice Thorez », avait déserté devant l’ennemi, pour trouver refuge à Moscou, auprès de Staline et s’y maintenir durant toute la guerre ! Non content de cela : « la Cinquième colonne » s’infiltra au sein même des unités, renseignant l’ennemi sur la situation des troupes et le moral des hommes !

Ainsi « gangrenée », après sept mois de déclaration de guerre, cette armée française restait : « L’arme au pied, dans un calme immuable » ! D’ailleurs, nos politiques n’avaient-ils pas dès le 3 septembre rassuré les français, par les slogans lancés sur toutes les ondes et à savoir : « Nous vaincrons parce que, nous sommes les plus forts – La route du fer est coupée pour l’Allemagne – Notre armée, bien commandée et bien équipée est invincible – Notre ligne Maginot est un rempart inviolable ! » Forts de tout cela, que pouvaient craindre les Français ?..

Incontestablement, à y réfléchir, il apparaissait dans l’esprit des Français et de son armée, que cette Allemagne, informée d’une telle situation de défense, ne pouvait se hasarder à attaquer une « telle forteresse » ! Cette France, n’était pas la Pologne, ( dont les Français d’ailleurs, n’avaient que faire !) Ils étaient même prêts, pour leur tranquillité et leur bien-être, à traiter la paix avec cette Allemagne, qui vue son attitude : « elle non plus, ne voulait pas de cette guerre déclarée contre elle ! »

C’est dans ce climat d’ambiance, en ce mois de mars 1940, que cette 29me. division, quittait ces frontières de l’Est, pour un temps de repos, fixé dans la région du Juras. Mon unité, reçut cantonnement dans un village ( j’en ai oublié le nom ), avoisinant de grandes forêts de hêtres, où dès le mois d’avril commença à y fleurir le muguet !

Installé là, après avoir marqué ma place et posé mon barda de campagne je tentais une demande de permission. Elle me fut accordée pour dix jours. Mon titre en poche, avec d’autres partants comme moi, conduits en camion jusqu’à la gare de Montbéliard, je pris là mon train direction Paris, où je devais opérer un changement, en direction de Toulouse et de là, direction Castres ! Arrivé à destination, je retrouvais ma famille, à l’exception de mon frère, qui à l’âge de 19 ans, avait contracté un engagement volontaire pour la durée de la guerre !

Incorporé dans un régiment d’artillerie coloniale, il se trouvait en garnison à Nîmes, avec déjà la grade de : « Brigadier-Chef » ! Toujours au stade de : « deuxième classe », je n’aspirais moi, à aucun grade dans la hiérarchie militaire ! J’étais simplement parti par obligation et pour accomplir mon temps normal de service ( 2 ans)comme prévu ! « A moins que ! N’étions-nous pas en guerre ?

Etrangement, je ne constatais au cours de cette permission, aucun changement dans la vie quotidienne parmi les habitants de ma cité ! Mise à part les manquants mobilisés, rien n’apparaissait être en situation de guerre en ce printemps de 1940 ! Narquoisement, les « Anciens de la dernière » me demandaient même : « Combien de Boches as-tu vu ? » A une telle question dénonçant la moquerie de la situation « ubuesque » : Que pouvais-je répondre ? Sinon, un simple haussement d’épaules !

Durant ces dix jours, ma Mère s’ingénia surtout à soigner mes quintes de toux qu’elle entendait au cours des nuits, si bien qu’il n’en resta plus trace à mon départ, ce qui dans sa tristesse à me voir repartir, la laissa rassurée sur mon état de santé ! Ce jour hélas venu et contre ma volonté, elle s’obstina à vouloir m’accompagner jusqu’au lieu de départ du car, qui devait me conduire à Toulouse ! Là, il me fallut tous les efforts possibles pour me détacher de ses bras, avant de monter à bord, où sans me retourner, je gagnais les places du fond, la laissant là, en larmes, un mouchoir à la main !

Dès le départ, j’imaginais sans le voir, ce mouchoir agité dans un signe d’adieu, jusqu’au premier tournant de la route ! « Avait-elle eu ce jour là, une intuition de longue séparation ? » Car je la quittais sans le savoir pour cinq années, avant de la revoir !

« Plus que le long voyage, le périple était déjà bien engagé ! »

Par train depuis Toulouse, avec transit par la gare de triage de Palaiseau, « Plaque tournante et tour de Babel » de cette armée Française « en vadrouille », où se mêlaient les hommes des différentes unités cherchant leur train en partance pour leur lieu de destination et cela, dans une « grande pagaille », je regagnais mon unité dans ce cantonnement du Juras ! Arrivé là, j’y croisais les partants en permission, que d’ailleurs et hélas, nombre d’entre eux, ne devaient pas terminer !

« Nous étions au début de ce mois Mai ! Et encore une fois, pour ma permission, j’étais passé par mailles ! »

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4 – LE COQ GAULOIS DANS LES SERRES
DE L’AIGLE GERMANIQUE

Le Printemps en ce mois de « Marie », s’annonçait magnifique. Dans les différents cantonnements, les militaires pour certains, battaient les cartes en divers jeux. Pour d’autres on faisait rouler les boules de pétanque, pendant que certains autres, s’ingéniaient à courtiser les filles du lieu ! En somme, pour cette armée en campagne, « Tout allait très bien Madame la Marquise ! »

Hélas, arriva le 9 Mai qui tel le réveil du matin, sortit le dormeur de son profond sommeil et de son rêve ! Les trépidants bruits de bottes, battaient le « branle-bas » aux frontières de la Hollande et de la Belgique, sortant brutalement l’armée Française de son « apathie indolente », dans laquelle elle s’était endormie durant huit mois !

« Alors, panique générale ! L’Allemagne venait d’ouvrir le Ban ! Le gong avait retenti sur le ring ! Le Match était engagé ! Cette fois, c’était vraiment la vraie guerre !..

Alerte dans cette 29me. division ! Embarquement précipité dans les cars de la « R.A.T.P. »( Régie Autonome des Transports parisiens )Réquisitionnés d’urgence par l’état-major ! « 50 hommes par véhicule » et mise en convoi sur les routes, tel le déplacement « d’un cirque ambulant » constituant sans la moindre protection, une cible parfaite pour une attaque aérienne ! Preuve incontestable, de l’état de panique et de l’incompétence des chefs militaires !

Effectif heureusement au complet, débarqué dans ce département de « la Marne » déjà marqué d’un nom historique, allait-on y réitérer les mêmes exploits, que ceux qui s’y trouvèrent en 1914,Face à ce même ennemi ? Pour cela, on ignorait encore, que ces hommes de la « dernière », se trouvèrent sous le commandement de :« Joffre » ( Général stratège ), alors que cette nouvelle armée de 1940était sous commandement de « Gamelin » ( Général de Salon ! )
Camouflée dans les sous-bois pendant le jour, cette unité « déambulait » de position en position pendant la nuit ! Même avec ces précautions « stratégiques », elle était régulièrement survolée par les avions ennemis, larguant leurs bombes dans les bois, avec une certaine précision, faisant déjà des victimes dans les rangs ! On pouvait alors, se poser les questions : « par qui et comment étaient renseignés ces pilotes ? » Incontestablement, les espions étaient infiltrés au sein même de cette armée et au service de l’ennemi, le renseignant sur les mouvements des troupes et des unités !

« Déambulant » ainsi, conformément à des ordres reçus, semblant contradictoires, les informations et les communiqués qui nous parvenaient, laissaient déjà entendre, une situation préoccupante sinon même dramatique ! Les forces Allemandes, occupaient la Hollande, avec une forte pénétration disait-on en Belgique, obligeant les troupes Françaises à des replis ! Les communiqués officiels cependant, ne cessaient de se montrer rassurants ! Les divisions blindées Allemandes disaient-ils devaient se heurter au rempart naturel constitué par les forêts des Ardennes !

Dans cet optimisme aveugle, cette 29me. reçut ordre de mouvement vers le département de la Somme ! C’est là disait-on que par concentration des forces, devait s’organiser le moyen de défense, sur lequel viendrait se briser cette offensive Allemande, jugée par les communiqués, trop engagée et démunie des moyens nécessaires pour poursuivre dans sa percée ! « Pourquoi, ne pas y croire ! »

En attendant, et en application de ces directives, le 62me. bataillon prit position dans le village de : « Liancourt-Fosse » situé au Sud du fleuve de la Somme, sur la R.N. 17 et à environ 100 km. De Paris ! Ma section « transmissions » s’installa dans des locaux d’exploitation agricole, d’où habitants et bétail avaient été évacués ! Aussitôt installés, le groupe téléphoniste ( dont j’étais ), reçut mission de déployer les lignes téléphoniques reliant les P.C. des différentes unités, au P.C. de l’état-major ! « Nous étions donc bien là, en position défensive sur cette route de Paris ! Il n’y avait plus qu’à attendre la suite des événements ! Ce qui ne tarda pas ! »

Quotidiennement à l’écoute des différents communiqués, donnés par les hommes politiques et ceux de l’état-major des armées sur la situation, il apparaissait bien, que dans tous les secteurs des différents fronts, en cette deuxième quinzaine du mois de mai, l’armée Française, face à la poussée des « Panzerdivisionen » Allemandes, « battaient en retraite » !

Ces formations : ( Unités de chars ) avec à leur tête des « Chefs de Guerre » formés au combat moderne et parfaitement reliées entre elles, refoulaient dans leur avance, une armée Française : « archaïque et en retard d’une guerre ! » Ayant franchi les forêts des Ardennes, ( au dire de nos stratèges, inaccessibles par ces engins ), leurs vagues déferlaient sur les territoires du Nord, coupant les routes de replis aux unités évacuant la Belgique et dont un grand nombre se trouvèrent encerclées dans : « la poche de Dunkerque », avec pour seule issue : « évacuation par mer, destination les côtes Anglaises » !

« Tout cela, à considérer déjà comme une défaite, ne devait être, qu’un début ! Le pire, était encore à venir ! »

En cette fin du mois de mai, j’étais alors dans mon cantonnement : « le spectateur malgré moi », du lamentable exode des populations, fuyant par cette route nationale, les zones des combats ! Par colonnes interminables, « femmes, enfants, vieillards de toutes conditions, en voitures, en carrioles, à pied, traînant baluchons ou valises, fuyaient vers le Sud, sans destination précise, avec pour certains, la mort sur le chemin ! »

Dans cette cohorte, lamentable, hétérogène mais compréhensible par les événements, se trouvait aussi, paradoxalement des militaires , soldats Français, sans arme ni barda, fuyant eux aussi, devant l’ennemi, nous criant au passage dans le cantonnement : « Sauvez-vous ! Les Boches arrivent ! » Ils étaient déjà, les « vestiges représentatifs de cette invincible armée Française, sur laquelle ( à en croire les slogans des politiques ), la France pouvait compter face à une armée Allemande sans envergure ! »

Confrontez à cette guerre, qu’ils ne voulaient pas faire, tous ces fuyards, « déserteurs devant l’ennemi », se revoyaient déjà en ce début d’été, sous un magnifique soleil, se « dorant » sur le sable des plages méridionales ! Les nouveaux acquis sociaux, les ayant ainsi formés, que pouvait-on leur demander de plus ?

« La déception était encore à venir ! Hitler avait préparé pour ces français ( dont j’étais ), d’autres stations balnéaires un peu partout en Allemagne, jusqu’en Prusse Orientale et cela, pour un long séjour de cinq années ! »

En attendant ce moment « fatidique et hélas inexorable », devant une situation alarmante et dans une panique certaine, le gouvernement Français, estimant le « Général Gamelin incapable », jugea bon de le remplacer à la tête de l’état-major, par : « le Général Weygand », rappelé en toute urgence de « Syrie » ! Ce dernier, avec un optimisme digne d’un « utopiste », trouva sous son képi, un nouveau slogan, à savoir : « Nous tiendrons ! Et c’est parce que nous tiendrons, que nous vaincrons ! »

Devant un tel argument ( digne de l’un de ces généraux du moment ), on pouvait alors et déjà, se poser la question : « on devait tenir, avec qui et avec quoi ? » Réponse : plus aucun doute ! Toutes les unités se trouvant au Nord de la Somme se trouvaient, ou en situation de repli désorganisé, ou déjà capturées par les troupes ennemies ( ces dernières étaient même le plus grand nombre ) !

Ajouté à cela, dès les premiers jours du mois de juin, la « barrière du fleuve la Somme » était franchie par les blindés Allemands ! Dans Paris alors sous la menace, les membres du gouvernement, ( avec le courage bien connu des hommes politiques en pareilles circonstances ), bouclant à la hâte, malles et valises, prenaient la route, ( exigeant priorité de passage ), afin de franchir la Loire avant que ne sautent les ponts, avec le but, de se réfugier à Bordeaux ! « Dans la foulée, et la trouille aux fesses, ils auraient même franchi les Pyrénées, avec sans scrupules demande d’asile à Franco ! »

Parmi ces personnalités responsables de la situation et déjà de la débâcle fuyant ainsi devant l’ennemi et lui décrétant : « Paris ville ouverte ! », se trouva également un officier supérieur, « colonel dans l’arme blindée élevé au grade de général de brigade » qui lui aussi, abandonnant à son sort cette armée Française en déroute, se réfugia en Angleterre ! « Acte de désertion ? ou de Patriotisme ? » ( Il se nommait : Charles De Gaulle ) « Vingt deux ans plus tard, il devait encore se distinguer pour l’indépendance de l’Algérie, abandonnant à leur sort les Pieds Noirs et laissant massacrer les Harkis après les avoir désarmés » ( Il leur avait cependant clamé à tous : Je vous ai compris ! ) Il était à ce moment là : « Président de la Ve République Française ! »

En attendant, on assistait, non seulement à la désertion des hommes dans certaines unités, mais aussi : à la « débandade » des politiques responsables et même des cadres militaires, responsables eux, de leurs unités et de leurs hommes, qu’ils n’hésitèrent pas à abandonner sur le terrain, face aux blindés ennemis, dans une résistance pour certains sans issue se terminant par la capture pour les uns et sacrifice de leur vie, pour nombre d’autres !

Certains de ces hauts dignitaires, politiques et gradés, retrouveront plus tard, « prestige et honneur ! » sans honte d’abandon ou de désertion ! Pour admettre cela, appliquons l’adage : « suivant que vous serez etc. etc. ! »

En attendant, « Le Coq Gaulois était déjà dans les serres de l’Aigle Germanique ! Il avait perdu à la fois : sa crête et ses ergots !
Et, ses stridents Cocoricos, lui restaient dans la gorge ! »

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5 - POUR UN LONG SEJOUR
A L’EST DE L’EUROPE

Dans cet état de débâcle annoncée, quelle était la situation de cette 29me. division et par conséquent, de la mienne ?..

Les unités ennemies, ayant franchi le fleuve au nord de nos positions dès les premiers jours de juin, cette unité, devait s’attendre à leurs contacts offensifs, avec pour objectif : « la capitale » ! Attaquant le secteur dès le 3 juin, leurs opérations de bombardement par l’artillerie des blindés, eurent pour conséquence immédiate, la destruction du réseau téléphonique installé par câbles dans la nature !

Ainsi, toutes communications rompues entre les différents P. C. au jour du 5 juin, l’officier commandant le groupe téléphoniste, fit appel à cinq volontaires, pour tenter de rétablir les liaisons en campagne, par réparation ou déroulement de nouvelles lignes. Il ne cacha pas le risque quasi certain, pour mener à bien cette opération, de devoir l’effectuer sous les tirs fréquents de l’artillerie ennemie !

Volontaire déjà, par mon changement de nationalité à devoir participer à cette guerre, l’occasion m’était offerte de poursuivre dans le volontariat ! « Aussi, par bravade je pris le risque de l’aventure ! »
Tel que prévu, une partie de l’opération se déroula sous la mitraille, avec position donnée à l’artillerie, par un petit avion de reconnaissance, auquel en rase campagne, dans les blés ou dans les herbes, nous ne pouvions échapper à sa vue !

Deux de mes camarades y furent atteints, dont l’un, mortellement ! Une allée bordée de gros arbres ( tilleuls ), péniblement atteinte, nous mit hors de vue du pilote, qui en s’éloignant du lieu, mit fin aux tirs dirigés ! Les communications rétablies, avec la mort d’un homme sur le terrain, « à quoi cela pouvait-il servir ? » ( Certainement pas à sauver la France du désastre qui s’annonçait ! )

Cet acte de volontariat, me valut : « Citation à l’ordre du régiment et décoration de la Croix de Guerre avec Etoile ! » Pour celui qui, dans ce même acte y avait trouvé la mort, avec au bout du compte, une cause perdue, toute citation et décoration lui serait attribuées à « Titre Posthume » avec mention : « Mort pour la France ! » Son nom, à ce titre, a du être gravé dans le monument aux morts de son village des Pyrénées Orientales, d’où il était originaire et au bas de la longue liste de ceux de la dernière !

Il y recevra, au même titre que les autres et une fois par an, les honneurs lors de la commémoration de l’armistice, avec rassemblement rituel des anciens combattants, discours du Maire, sonnerie aux morts drapeaux inclinés et la Marseillaise pour clôturer !
« La cérémonie terminée, la Patrie reconnaissante, aura fait son devoir ! »

Avant d’anticiper, restons dans la réalité du moment !

Pris au piège, comme tant d’autres, sans presque voir l’ennemi, en ce jour du 6 juin, le secteur occupé par cette 29me., se trouva encerclé ! Toutes tentatives de replis étaient alors impossibles et l’entrée des blindés au sein même du village, ouvrant la voie aux troupes au sol, « sonnait le glas de notre unité » ! Quelques soubresauts isolés de résistance, par des hommes refusant l’abandon, se soldèrent par des pertes inutiles !

Jugeant la situation inextricable, en présence de forces supérieures, le colonel commandant ce 62me. B. C. A. donna ordre d’avoir à déposer les armes ! « Il était 15 heures en ce 6 juin 1940 ! »
Comme pour beaucoup d’autres, la guerre était terminée pour moi, sans même avoir eu à me servir de mon arme ! « Tout pour autant, n’était pas terminé ! De nombreux déboires m’attendaient encore au cours de ce périple ! »

Ignorant cependant, de la suite à venir, je ne pouvais en attendant, que me réjouir d’avoir au moins, dans cette désastreuse armée et dans cette non moins lamentable guerre engagée par des politiques incapables : « sauvé ma peau ! » Encore quelques jours et Paris sous occupation Allemande, mettant la France « à genoux », ce fut au « vieux Maréchal Pétain » que l’on confia la honteuse tâche de demander « piteusement » à l’ennemi vainqueur de bien vouloir accepter l’armistice !

Dans cette France vaincue, le « drapeau à croix Gammée », remplaçant le drapeau tricolore, allait flotter durant quatre années au sommet de le « tour Eiffel », narguant l’orgueil des Parisiens et celui de la France ! « Une telle humiliation, les Français l’avait-ils méritée ? » ( en voici la réponse !)

Durant les cinq années précédentes, la France avait pour ainsi dire : « élevé des veaux, nourris aux mamelles des gouvernements Socialo-Communistes ! » Comment alors, ces politiques pouvaient-ils prétendre s’attaquer : « aux lions d’en face ! » auxquels ils avaient sans complexes et en toutes prétentions d’orgueil et de supériorité déclaré cette guerre ?..

Il faut ajouter à cela, l’immobilisme de cette armée, durant neuf mois, dans l’attente d’une guerre qu’elle ne voyait pas venir et déclarée pour une cause : « la Pologne attaquée » et de toute manière, abandonnée dès le début à son destin, sous la « botte Allemande » ! Dans cet immobilisme, s’installa dans la troupe, un esprit d’abandon, facilitant la main-mise de la subversion contre cette guerre, que les Français ne voulaient plus faire. Persuadés d’ailleurs, que les Allemands non plus ne voulaient pas de la guerre !

En ce début d’été, avec l’espoir d’un règlement de paix, chacun songeait déjà, aux prochaines vacances à passer sur le sable des plages et à cette joie de vivre acquise au cours des années précédentes !« Oh Dieu ! Que la France était belle ! Et les Français heureux ! » Durant cet immobilisme, même état d’esprit chez les politiques et les états-majors responsables, clamant toujours les slogans de sécurité, prétextant la supériorité de la France en tous domaines, assurant son invulnérabilité face à cette Allemagne déjà vaincue en 1918 !

Non assurait-on ! Aucune crainte à avoir ! Cette Allemagne, malgré son arrogance et les harangues tonitruantes de son dictateur, ne pouvait prendre le risque de s’attaquer au « Bastion invulnérable de la France ! »
« Si haut s’élevait l’espoir, que plus terrible devait être la chute ! »

Après son attaque déclenchée le 9 mai sur les frontières de la Hollande et de la Belgique, il ne fallut à cette Allemagne, à son armée et à son dictateur, que cinq semaines, pour mettre cette France, son orgueil et son invincible armée, à genoux, sous la bannière à croix Gammée, flottant sur Paris au sommet de sa plus haute tour !

« Adieu ! Projets et rêves ! Adieu ! Congés payés ! Adieu belles vacances ! Et l’on pouvait aussi titrer : « Fin des illusions en ce début d’Eté 1940 ! » L’orgueil Français était à terre, confronté à l’addition à payer à ce vainqueur que l’on avait tant décrié et sous-estimé ! Guerre terminée ! Armistice signé ! Tout pour nous militaires devait rentrer dans l’ordre ! Chacun logiquement allait rentrer dans ses foyers, avec reprise de cette vie normale à la Française, « laissée pour compte durant dix mois » !

Cette « Putain de guerre », dont on ne voulait pas et à laquelle on s’était refusé, serait très vite tombée dans l’oubli et la note à payer, ne nous concernait pas ! Elle devait être portée, au compte des politiques responsables et donc à eux seuls d’en assurer le paiement ! « Tels étaient encore les rêves chez les hommes de cette armée vaincue, dont je faisais partie ! »

La voie de mon retour dans ce rêve, en ce mois de juin 1940, était dirigée vers le Sud ! « Ce fut vers le Nord-Est, que le vainqueur traça ma route, comme il la traça pour tant et tant d’autres, au nombre de : 1 900 000 ! » et cela, en plusieurs étapes constituées de marches à pied, sous la canicule ( 20 à 25 km. Par jour ), jusqu’à atteindre « Aix le Chapelle » et cela, le plus souvent sans alimentation réelle et sans eau pour étancher la soif !

Par train ensuite, à 50 hommes bouclés dans des wagons tels du bétail en transit, traversant l’Allemagne, je pus voir défiler : « Berlin – Frankfort – Poztnam, pour ensuite, franchir la Vistule » ! J’étais alors, tout proche de « Dantzig et j’avais franchi son couloir » ( déjà cependant rayé de la carte ), cause de cette guerre et pour lequel : « aucun français ne voulait mourir » !

Aucun doute, ne m’était plus possible ! Le périple en cours, me conduisait dans cette partie de l’Allemagne située au Nord-Est et désignée : « La Prusse-Orientale » ! Encore quelques heures à rouler dans ce train et dans ce wagon où l’atmosphère était irrespirable, tant nos corps étaient crasseux et nos vêtements imprégnés des puanteurs de la : « tinette d’aisance », pleine à ras-bord et débordant même sur le plancher ! Avec cela, relents aussi d’urines, car chacun se soulageant à travers les fentes des planches dans les parois, il en restait, plus à l’intérieur qu’il ne s’en écoulait vers l’extérieur !

Enfin ! En tout début d’après midi, ce convoi s’arrêta ! Etait-ce le terme du voyage ? Nom de cette gare : « Hohenstein », que je notais dans mon carnet de route !

« Descendu là, j’entamais mon séjour à l’Est de l’Europe ! »

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6 - LE TEMPS AU FIL DES ANNEES

Ordre de rassemblement, en colonne par quatre, comptage des hommes et « Marsch » direction la sortie de gare ! Approximativement, encore une dizaine de kilomètres par des chemins poussiéreux et j’apercevais à courte distance : « les silhouettes des miradors », dominant l’enceinte d’un vaste enclos, entouré : « d’une large haie de barbelés à hauteur de trois mètres environ ! »

Arrivé là, je pus lire sur le fronton du large portail d’entrée :
« Stalag 1 B » Le seuil franchi, j’étais rendu à destination, dans ce lieu, que je nommais aussitôt : « l’Univers Concentrationnaire ! » La date au calendrier mentionnait : « 2 juillet 1940 ! »

Formalités d’accueil ! Désinfection du corps et des vêtements ! Marque au dos de la vareuse et de la capote, à la peinture blanche des deux lettres : « K. G. » ( Prisonnier de guerre en allemand ) ! Ration d’un liquide appelé : « soupe » ! Passage au bureau de recensement, y déclinant : « Nom-Prénom –Adresse en France et délivrance de la carte de P. G . mentionnant le numéro de matricule, à savoir le mien ;30 143 ! Désignation ensuite : « du logement en baraque pour cent hommes », à lits superposés par deux, avec paillasse plate et couverture !

Entré là, dans cet « antre »,à peine digne, d’un « abri pour bétail », j’étais à l’extrême limite de mes forces physiques ! Epuisé, par les longues marches sous la canicule, sans alimentation, les longs transports tel du bétail dans des wagons fermés, puant la crasse et les nuits sans sommeil, je m’allongeais, à la limite de la divagation, sur cette paillasse plate étalée dans l’un de ces lits du bas, situé près de la porte !

Dans cette demi inconscience, entre sommeil et réflexion, je méditais alors sur ma situation et en ce lieu, distant d’environ 2 500 km. de mon logis en France et où, j’aurai pu, ne jamais me trouver ! Aussi, me vint à l’esprit et à prononcer presque à voix haute, la qualification de : « Quelle Connerie ! »

Espagnol d’origine, n’ayant aucun lien direct avec : « ces descendants des Gaulois » pourquoi avais-je opté : « devenir citoyen de cette lamentable République Française, fille d’une révolution ayant inventé l’infernale machine à trancher les têtes, décapitant même, un roi et une reine, au chant de la carmagnole ? »

Engagé de la sorte, confronté à cette lamentable guerre, comment n’avais-je pas fait comme tant d’autres : « Gaulois Français de souche », jeté les armes, avant même d’avoir vu l’ennemi et pris la fuite, hors de toute atteinte, « désertant cette invincible armée Française ? » Au lieu de cela, par respect des règles disciplinaires et du devoir militaire, attendant stoïquement l’ordre de mes supérieurs d’avoir à déposer les armes, j’étais pris dans ce piège tendu par les politiques de cette France, depuis le 3 septembre 1939 !

« A l’analyse de tout cela, je ne pouvais que me répéter tardivement : Double Connerie ! »

Ainsi plongé dans ces regrets tardifs, auxquels je ne pouvais que faire face, mes pensées allèrent vers ma Mère ! Je me remémorais ses larmes et son mouchoir agité en guise d’adieu, le jour de mon départ, ma dernière permission terminée ! Depuis cet « adieu prémonitoire », sans nouvelles de moi, je l’imaginais elle aussi : « regrettant au fond d’elle même, mon changement de nationalité », qui ensuite, par obligation et devoir envers cette France, m’avait entraîné dans ce lamentable conflit !

Envahi, par toutes ces pensées et « ruminant les regrets », à la nuit tombée, les membres endoloris, je m’endormis tout de même, d’un sommeil souvent troublé par les jurons et les commentaires de certains dans cette cohue, qui se prétendant irresponsables de cette guerre, clamaient haut et fort : « le droit à leur libération immédiate ! »

Ces « revendicateurs par nature dans cette France Républicaine, » même là, sous l’autorité ennemie, prétendaient encore vouloir exiger des droits, chez ceux qui venaient de leur imposer, une tout autre discipline : « celle d’avoir à se soumettre aux règles du vainqueur et cela, bon gré mal gré ! » En ce lieu, « le cahier des revendications » ne leur était pas ouvert et leurs protestations, « même syndicales », devaient rester : « lettre morte ! »

Cette première nuit écoulée, loin de m’avoir permis un véritable repos, dès l’heure du lever imposée à 6 heures, eurent lieu les formalités de comptage des hommes par les gardes ! Après quoi, je me préoccupais de ma toilette à faire à l’extérieur, prenant place à l’un des robinets fixés sur un tuyau d’alimentation en eau dans la cour ! Je n’eus là, aucune difficulté à trouver un robinet libre, malgré le nombre d’hommes parqués dans cet enclos !

En effet, déjà l’hygiène du corps, n’était pas la préoccupation majeure d’un grand nombre de ces hommes, chez lesquels bientôt, « poux, morpions et autres parasites du corps, proliférant dans la crasse et la saleté, s’en donnèrent à cœur-joie ! » C’était déjà pour un grand nombre, le début : « de la décrépitude physique ! » Il n’était pas question pour moi, de tomber dans ce travers, aussi, un poste d’eau était le bien venu !

Toilette faite, dans les meilleures conditions possibles, pour cette première matinée, j’entrepris de « déambuler » dans l’enceinte du lieu, prenant contact avec quelques hommes, parmi le nombre et s’y trouvant déjà depuis les deux ou trois jours précédents ! Dans ce nombre, j’y cherchais aussi mon frère, dont j’étais sans nouvelles et que je savais engagé dans le secteur d’Amiens ! Je ne pus obtenir là, le moindre renseignement sur son unité, le 81me. d’artillerie coloniale ! Etait-il pris lui aussi dans « la nasse » ? Ou bien avait-il « fait replis » avant encerclement ? A ces questions sans réponse, le pire même restait envisageable !

Dès cette première journée passée dans ce « vaste enclos, ceinturé de larges et hautes clôtures, sous surveillance constante de gardes armés, en position dans les hauts miradors dominant l’ensemble du camp » je me fis une opinion, à la fois du lieu, de son état concentrationnaire et aussi, des hommes qui s’y trouvaient ( me situant parmi eux ! ) Qualifiés hier encore : « soldats de l’armée Française » nous n’étions plus là, que des êtres errant dans cet enclos, tel un troupeau de bétail, avec pour chacun : « la marque infâme peinte en blanc sur le dos : K. G. ! »

J’y découvrais aussi, que pour certains dans cette « cohue » d’hommes : « la raison du plus fort y était déjà de règle ! » Sans les moindres scrupules à s’imposer, ils s’octroyaient les meilleures places en tous lieux, n’hésitant pas non plus, à s’approprier les plus grosses parts dans les maigres distributions d’alimentation, alors même, qu’une « double ration », prise pour eux au détriment de l’autre, ne les rassasiait pas pour autant !

Supportant mal, ce genre de « pugilat » pour un croûton de mauvais pain ( même l’estomac vide ), ou pour quelques parcelles de choux baignant dans un liquide appelé « soupe », je me voyais contraint le plus souvent à ne pas bénéficier de ma part de ration ! A la limite de la rancœur, sinon même du mépris, pour ce genre de comportement entre hommes de même nationalité et soumis aux mêmes règles imposées, je me posais les questions : « combien de temps pourrais-je supporter cette situation, à la fois physiquement et moralement ? Et dans cette hantise : comment en sortir ? »

A envisager au plutôt cette dernière question, estimant ne pas être venu là de mon « plein gré », mais avoir été victime d’une lamentable incapacité politique et stratégique, je n’aurai pas les moindres scrupules à user de tous les moyens ( même antipatriotiques et en contradiction avec les règles militaires ), afin de m’extraire à la fois : « de cet enclos et des règles qui s’y instauraient par la seule autorité de certains, au détriment des autres ! »

Je devais pour cela, accepter de « travailler pour l’Allemagne » encore en guerre contre l’Angleterre, que je considérais, responsable de ma situation, au même titre que la France !En effet, cette France vaincue, laissait tous moyens à l’Allemagne afin de concentrer tout son potentiel militaire contre la seule Angleterre, repliée sur elle même et se sentant à l’abri des mers qui l’entourent !

Moins facile donc à atteindre militairement que les territoires Français, le conflit qui m’avait traîné là, n’était pas terminé, pas plus donc que le temps de ma captivité qui en découlerait ! Sortir de là, au plus vite était pour moi impératif ! Il me restait pour cela, l’occasion à saisir sinon même, à provoquer ! Elle se présenta à la porte du camp, le 7 juillet, par un homme venu là, afin d’y recruter certaines catégories de professionnels, dont parmi elles : « un maçon ! »

Me présentant comme tel dans cette profession ( ce qui était la réalité, ayant appris le métier au coté de mon Père, dès l’âge de 14 ans ) je bouclais mon havre-sac et en compagnie des autres professionnels recrutés, je quittais sans me retourner ce lieu sinistre où l’on m’avait introduit cinq jours auparavant !

« Sans le savoir encore, pour les cinq années à venir, je venais de tirer le bon numéro à la tombola du destin ! Il ne me restait plus qu’a compter les jours, les semaines, les mois et les années à passer dans cette région de l’Europe ! »

Mon nouveau « lieu de séjour », était une très grosse exploitation agricole, pour laquelle on avait déjà recruté dans ce même « Stalag » soixante hommes de différentes professions, affectés aux différents travaux agricoles ! Parmi les nouveaux venus, (dont j’étais )se trouvait un « menuisier, un forgeron, un peintre, un conducteur de tracteurs et un jardinier ! » Au même titre que moi et pour les mêmes causes (sortir de cet enclos), tous avions : « choisi la Liberté ! »

Ce mot « Liberté ! » était encore un « mythe », mais ce lieu, n’avait plus rien de commun avec :« cet enclos sinistre », que je venais de quitter ! L’ensemble de l’effectif était logé dans un vaste local parfaitement éclairé et aéré ! Pour « mobilier » : une grande table avec bancs, des lits superposés par deux, avec paillasses, non plus plates, mais bien remplies de paille ! Avec cela, une alimentation correcte et un travail rythmé sur les horaires des ouvriers allemands, ( en majorité, des femmes ! ) Mise à part : « deux hommes en arme », chargés de la garde du groupe, rien ne me rappelait l’uniforme et encore moins les fréquentes vociférations entendues depuis un mois déjà : « Raus !Raus
Schnell ! Schnell ! résonnant sans cesse à mes oreilles ! Ces vociférations dans l’accent guttural allemand, me rappelaient surtout mon enfance en milieu rural, dans ce langage « paysan » adressé au bétail, principalement aux vaches ! « Avec l’étude par la suite, de langue allemande, j’en eus tout de même, une tout autre idée ! »

Ce recrutement dans ma profession, « maçon » avait pour but, l’entretien des différents locaux constituant le domaine ! Aussi : après quelques jours d’adaptation et de reconnaissance dans l’état des lieux en matière de constructions, les travaux à exécuter par ordre d’urgence, furent laissés à ma propre initiative ! Maître des programmes à réaliser, j’allais donc ainsi, laisser patiemment se dérouler les événements ! Surtout : après avoir eu des nouvelles des miens ( le 15 juillet ), m’annonçant le retour de mon frère !

A la lecture de cette nouvelle, ne pouvant contenir ma joie, j’exclamais presque à haute voix : « au moins un, qu’ils n’auront pas eu ! » En définitive, j’avais là, ma revanche ! « Mon frère sorti de la tourmente et moi, travaillant pour cette Allemagne, dans le seul but d’attendre au mieux de ma forme physique et morale, la fin de ce conflit, dont j’allais suivre le déroulement au cours du temps qui me serait imposé par sa durée ! »

« Oui ! Dans ce seul but et sans les moindres scrupules, j’allais entièrement m’y consacrer ! Je devais même, au cours des deux années suivantes, améliorer nettement ma situation ! ( voir : description dans les pages qui suivent ) !

Dans le déroulement des événements, arrivé au terme de cette première année 1940, ( à l’instar de Napoléon en son temps ), Hitler lui même « piaffait d’impatience » lui aussi, avec son armée sur les côtes Françaises, face à cette Angleterre, qu’il ne pouvait atteindre que par des bombardements sur ses villes, n’altérant pas « le flegme de ces Britanniques ! » Il fallait, pour les atteindre sur leur territoire, se mettre à l’eau ! « Il n’y semblait pas préparé ! »

En attendant, j’affrontais le premier hiver nordique et ses basses températures, auxquelles je n’étais pas accoutumé ! Sans atteinte cependant du moindre rhume, cet hiver franchi, arriva le printemps, traversé lui aussi, laissant la place à l’été et avec lui, la date du 21 juin 1941, annonçant sans préavis, l’attaque des troupes allemandes contre l’Union Soviétique ! Ce fut l’extension de cette guerre à l’Est ! ( Dans cette vaste opération, Hitler, à l’instar de Napoléon en 1812, ignorait encore qu’il venait de signer pour la terrible retraite de Russie, entraînant l’anéantissement de l’Allemagne de son armée et de son peuple ! )

Poursuivant dans « cette course destructrice », le 7 décembre de cette même année, l’aviation japonaise, suivant le pacte « tripartite constituant l’axe : Berlin – Rome – Tokyo », attaqua par surprise dans l’Océan Pacifique, la base Américaine de « Pearl- Harbor » y provoquant de très importants dégâts parmi les unités de la flotte au « mouillage » dans le port, ainsi que dans la population militaire et civile ! Ce fut le déclenchement et l’extension du conflit dans le Pacifique et en Extrême Orient !

Arriva ainsi, l’année 1942, durant laquelle, l’armée Allemande « Afrikakorps », engagée auprès de l’armée Italienne en Afrique du Nord, maintenaient ensemble, les troupes Anglaises en difficulté, avant de subir elles mêmes les premiers revers dans cette zone du conflit ! Cette même année, durant sa période estivale de juillet, devait m’apporter un changement total de situation, dans le sens moral !

Déjà favorisé par le sort, ( contrairement à d’autres ), sans soucis de famille et travail peu pénible, organisé à ma guise et dans ma profession, j’entrais « dans les grâces » de la propriétaire du domaine ! Elle avait pour titre : « Baronne » ! Elle dût faire appel à mes services, dans les entretiens de sa demeure ( une grosse maison bourgeoise ) !

Cette personne, de « haute lignée Prussienne », avait à son service, une jeune fille de mon âge, avec laquelle, au cours de mes fréquentes interventions pour travaux, débutèrent très vite des contacts amicaux, qui ne devaient pas tarder à prendre des formes familières, laissant la place libre au bout de quelque temps, à des sentiments amoureux et réciproques, jusqu’à en arriver à l’intimité sexuelle !

Dès ce moment, mon temps de captivité ainsi que sa durée, n’eurent plus pour moi, aucune importance ! Vivant là, ma première passion amoureuse, nous bravions l’un et l’autre, les interdits fixés par les règles allemandes, concernant les rapports des prisonniers avec les femmes Allemandes ! Règles mentionnées par affiches dans les deux langues : « Streng Verboten, pour elles : Strictement interdit, pour nous ! »

Passant outre à ces règles, les lois de l’amour n’ayant ni frontières ni interdits, le temps de ma captivité, s’en trouva profondément amélioré ! ( Au bout du compte cependant, l’idylle interdite, devait connaître la tristesse et le déchirement de la séparation forcé, imposée par le déroulement des événements, avec l’arrivée des troupes Soviétiques dans la région en novembre 1944, telles les hordes d’Attila dévastant tout sur leur passage ! )

L’heure, pas plus que le calendrier, n’étaient encore à ce stade ! En cette fin d’année 1942, l’étendard de la « Croix Gammée » flottait sur tous les édifices des pays de l’Europe centrale ! Aussi : le peuple Allemand, ne pouvait douter de la victoire de ses armées, occupant ces territoires conquis ! Pour autant, tout n’allait pas sans difficultés sur ce front de l’Est, où cette armée Allemande, se heurtait :comme ce fut le cas pour Napoléon au :« Général Hiver » mal préparée qu’elle était, à pouvoir l’affronter ! Aussi : les objectifs fixés : capitales : « Moscou et Leningrad », n’étaient pas atteintes !

Aux victoires successives marquées jusque là, devaient succéder les défaites ! Ce fut si vrai, qu’en cette nouvelle année 1943 et le 2 février, la 6me. armée Allemande, capitulait dans « Stalingrad », après des mois de combats acharnés et meurtriers ! Ce revers, devait marquer là, « le tournant de la guerre à l’Est et avec lui, le début de l’interminable et terrible retraite, jusqu’aux frontières du Reich ! »

Année 1944, le 6 juin, fut le jour du débarquement des armées alliées sur les plages françaises de Normandie ! Le 20 juillet, ce fut l’attentat manqué contre Hitler dans son quartier général de « Prusse-Orientale » ! Situé sur les limites du domaine dans lequel je me trouvais, je ne pus manquer d’entendre l’explosion de la bombe aux environs de 12 heures !

Marquant toujours les événements, le 25 août de cette même année, fut la libération de Paris, suivie par le débarquement de troupes françaises sur les côtes de Provence ! A dater de ces moments, sur tous les fronts du conflit, « la pieuvre Nazie perdait un à un ses tentacules visqueux ! » Ainsi : le déroulement de ce « film », commencé en juin 1940, avec parfois de sombres passages, semblait tourner à mon avantage ! En cette fin d’année cependant ( mois de novembre ), une ombre apparaissait au tableau !

L’avance des troupes Soviétiques précipitant le départ des habitants du lieu, entraîna aussi le départ de mes Amours vers une destination qui devait me rester à tout jamais, inconnue !..

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7 - FACE AUX HORDES DE STALINE

Janvier 1945 : Avec à l’horizon l’espoir d’une libération tant attendue, comment pouvais-je seulement supposer, que de nombreux autres risques me restaient encore à affronter ?

Devant l’avance de « l’Armée Rouge » approchant de notre secteur et que j’attendais en « libératrice », le 26 janvier, sur ordre supérieur fut décidée l’évacuation ( exode ) des populations du lieu, civils allemands, prisonniers français et avec eux, un détachement de militaires, arrivés là battant en retraite devant l’ennemi, quelques jours auparavant !

Par une température de moins 25°, toute un colonne, constituée de : cinq carrioles surchargées attelées chacune d’un cheval, hommes, femmes, enfants et vieillards suivis des militaires, prirent le chemin de l’exode imposée, sans la moindre indication de destination précise ! A marche forcée, sans repos, sans sommeil, par chemins et routes encombrées de charrois de toute nature ( y compris hommes et leur matériel lourd militaire, traînant avec eux, les signes de la débâcle ), tout un peuple et partie d’une armée étaient là, luttant contre la fatigue et le froid glacial !

Aux souffrances pour tous, dans cette lamentable « cohorte », s’ajoutait la mort d’enfants en bas âge et de vieillards, terrassés par le froid et abandonnés sur le bord du chemin ! A la fois, la fuite dans la hâte et surtout, le sol gelé à un mètre de profondeur, interdisait toute sépulture immédiate ! Dans ce spectacle « d’Apocalypse, digne d’un tableau de Goya », les lamentations, les pleurs et les cris d’une Mère, abandonnant là son enfant mort, ou le désespoir d’une autre devant laisser aussi sur le bord du chemin un vieux Père ou une vieille Mère y ayant succombé, tout cela, ne changeait rien à la situation !

Ceux qui restaient, devaient sans répit, marcher afin d’éviter la mort ( Tel que cité par V. Hugo dans la retraite de Russie, qui se couchait mourait !) Après cinq jours d’un tel calvaire, fuyant devant « cette armée Rouge, qui à en croire les discours de Göebels, ne devait jamais fouler le sol allemand », toute cette cohorte en un indescriptible désordre, arriva dans la ville de « Falkenau », en début de l’après- midi du 30 janvier ! Notre régisseur du domaine, toujours à la tête de son groupe ( allemands et français ), décida là, d’une halte, dans les locaux de l’une de ses relations, ( un vaste ensemble d’exploitation agricole ! )

Le lieu convoité, avait déjà été occupé et évacué, par des éléments de cette armée allemande, que l’on pouvait considérer : « en situation de fuite, plus qu’en état de retraite ! ) Des blessés y avaient même été amenés, à en juger par les paquets de pansements ensanglantés, laissés dans l’un des locaux ! Deux cadavres d’officiers s’y trouvaient également, gisant là côte à côte, chacun dans son uniforme et raidis par le froid, pour eux, la fuite devant « l’envahisseur » s’était arrêtée là, sans même les honneurs d’une sépulture ! « dans la débâcle et la fuite, même cette armée allemande, n’avait plus le respect pour ses officiers morts au combat ! »

Contrairement aux années précédentes et malgré l’hiver avancé, la neige dans cette région, n’avait pas encore fait son apparition, ( ce qui tout de même, ne tarda pas ! ) Après une investigation rapide des lieux, d’où le bétail avait été préalablement évacué, notre groupe français, porta son choix « d’hébergement » dans un local d’écurie, dans lequel flottait encore, l’odeur des chevaux ! Quelques bottes de paille répandues sur le sol, devaient nous servir de « litière » pour la nuit !

Y ayant marqué ma place avec mon havre-sac, dont les bretelles me rentraient dans les épaules, je me mis en mesure de procéder à une toilette du corps, rasant ma barbe de plusieurs jours et me lavant de pieds en cap ! Restauré, par une boisson chaude servie et un repas frugal, dès la nuit tombée, harassé de fatigue, je m’allongeais sur la couche de paille, songeant déjà à ma libération prochaine, par : « nos amis les Russes », qui n’étaient plus très loin !

« Conscient de cela, je n’avais plus l’intention de continuer cette fuite en avant ! Cette armée Rouge, c’était ma libération ! »
C’était d’ailleurs là, l’opinion et le souhait de tous mes compagnons du groupe : « attendre là, nos libérateurs » ! Comment dans ces conditions, trouver le sommeil ? De temps à autre, s’allumait un briquet, éclairant une montre, afin d’y voir l’heure, qui était annoncée ! Dans le bruit de cet exode qui se poursuivait dans la nuit : ( roulage des carrioles, charrois de toute nature et engins militaires ) passant à proximité, je dus tout de même épuisé de fatigue, m’assoupir quelques instants !

Réveillé dans la nuit noire, sans m’inquiéter de l’heure qu’il pouvait être, je constatais avec stupéfaction, le calme revenu, comme si soudainement, le monde s’était endormi dans la « paix retrouvée » !« Un rêve comme tant d’autres et qui devait être de courte durée » ! Ne pouvant retrouver le sommeil, à l’idée que mes libérateurs ne devaient plus être très loin, mes pensées s’envolaient vers les miens, dont j’étais séparé depuis cinq années, pensant aux retrouvailles, qui ne sauraient tarder !

Ainsi, mon esprit tourné vers la France, dès les premières lueurs de l’aube en ce matin d’hiver, tendant l’oreille aux moindres signes perceptibles dans le calme et le silence, nous parvinrent bientôt des bruits suspects, accompagnés de paroles intraduisibles prononcées à voix basse, mais s’accentuant très vite, par des « vociférations » distinctes avec les mots perceptibles de : « Germanskis ! Germanskis ! plusieurs fois répétées et accompagnées de tirs sporadiques de mitraillettes !

« Plus aucun doute ! Nos amis les Russes étaient enfin là, à l’extérieur de notre local ! Avec eux, sonnait notre libération !

Par les lucarnes hautes de notre local, filtrait déjà le jour ! Tout alla alors très vite, des ordres en russe parvenaient jusqu’à nous, ainsi que les crépitements des tirs par rafales d’armes automatiques ! La question me vint alors : « Y avait-il là encore, des nids de résistance, nous situant au cœur du combat ? » Pour toute réponse, dans un grand bruit de craquement et de vociférations, le portail du local écuries, fut : non pas ouvert mais littéralement enfoncé !

Dans l’ouverture béante, apparurent alors, dans les premières lueurs du jour naissant, des silhouettes d’hommes, mitraillette au poing, vociférant toujours, les paroles déjà vaguement entendues de : « Germanskis ! Germanskis ! » que nous pûmes traduire par : ( des Allemands ! des Allemands ! ) , ce à quoi, les bras en l’air, de toutes nos poitrines jaillirent à haute voix, les cris de : « Franzouskis – Towaristkis ! » plusieurs fois répétés ! ( là, étaient les seuls mots de russe connus de nous ! cela, allait-il être suffisant ? )

Entrant dans le local encore dans une demie pénombre, nous eûmes face à nous, quelques hommes, aux yeux bridés, au faciès aplati, vêtus de blousons molletonnés, chaussés de bottes en feutre et surtout, leur mitraillette pointée, prête à cracher la mort, à la moindre menace et même au moindre geste jugé hostile ou mal interprété ! Toujours les bras levés, prononçant sans arrêt les mots de : « Franzouskis – Towaritchkis », trois des leurs, mitraillette pointée, entreprirent de nous dévisager un par un, palpant même nos corps avec le canon de leur arme !

Dans un silence pesant, seul était perceptible le souffle opprimé, sortant de nos poitrines ! Rassurés peut-être, n’ayant rien trouvé pouvant leur porter atteinte, après quelques instants, qui me semblèrent être une éternité, ces hommes firent place à ce qui nous sembla être un gradé ! S’adressant à nous en russe, voyant que nous ne comprenions pas sa langue, par gestes alors, il nous fit comprendre d’avoir à nous rassembler à l’extérieur, dans la cour !

Avec un certain soulagement, après ces quelques instants jugés critiques pour notre sécurité, chacun de nous, avec son paquetage,
( sac à dos ou même valise pour certains ), se rangea dans la cour, devant le portail du local ! Pour la première fois de cet hiver, et dans cette région, la neige tombait à gros flocons et cela, certainement depuis une bonne partie de la nuit, à en juger par l’épaisseur qui déjà recouvrait le sol gelé ( 10 cm. environ ! )

Là, en situation d’attente des événements à venir, commença alors le scénario de l’incroyable, dont j’allais être témoin, avant d’en être en partie , moi même victime ! Dans les vociférations déjà entendues, que je pouvais considérer : « cris de guerre de cette horde déchaînée », portails et portes des différents locaux, étaient brutalement enfoncées ! Toutes personnes se trouvant à l’intérieur étaient tout aussi brutalement poussées dehors et à devoir se ranger dans la grande cour, à quelques dizaines de mètres de notre groupe !

Commença alors, le saccage total des pièces d’habitation, avec meubles, ustensiles et toute literie jetés par les portes et les fenêtres ! Toute bouteille contenant du liquide, était portée à la bouche, craché, si le contenu était imbuvable, entièrement avalé, s’il s’avérait être de l’alcool ou similaire ! Dans ce déchaînement , les deux cadavres des officiers gisant là, furent traînés dans la neige, entièrement détroussés et encore, criblés de rafales de mitraillettes par ces mongols, poussant leurs cris de guerre !

Déjà à la limite du concevable, ( même dans la guerre ), tout cela, n’était encore que : « le prélude du spectacle à venir » ! Pour commencer, les quelques hommes ( vieillards ou infirmes ) se trouvant là, furent brutalement extraits du groupe, traînés contre un mur et froidement abattus de quelques rafales, couvrant les cris de douleur poussés par les membres de leur famille présents sur le lieu et assistant ainsi à de telles exécutions sommaires sur des êtres innocents sans défense ! ( Il se découvre aujourd’hui, la propagande faite à ces troupes, dans l’encouragement de tels actes, avec la connaissance des articles publiés dans cette armée, par le journaliste : Ilia Ehrenburg, exhortant ces soldats, à tuer les Allemands sans retenue, leur déniant toute humanité ! Les ayant vu à l’œuvre, je reste convaincu, qu’aucune propagande ne leur était nécessaire ! Ces Mongols traînaient avec eux la barbarie de leurs ancêtres les Huns, conduits, non plus par Attila, mais par Staline lui-même, approuvant leur instinct de saccages et de tuerie sur un peuple vaincu ! )

Continuant leur œuvre, ces hommes « sortis d’un autre âge « , que l’on aurait pu croire tombé dans les « abysses » de l’histoire, entreprirent d’assouvir leur instinct sexuel et bestial sur les femmes présentes ! Poussées sans ménagement et de force dans les locaux, toutes ces femmes, ( de 15 à 70 ans ) furent soumises aux viols collectifs par « cette soldatesque », se succédant sur chacune d’elles, les uns après les autres !

Sans défense, n’ayant pour toute riposte que leurs cris de terreur, toute tentative de fuite était suivie d’une rafale de mitraillette, véritable « jouet de mort » entre les mains de ces barbares ! Poussant au paroxysme de l’horreur, des enfants s’accrochant aux jupes de leur Mère dans ce supplice, étaient tués, le crâne fracassé d’un coup de crosse ou d’une rafale à bout portant, poussant pour ces Mères, la douleur et le désespoir au paroxysme de la démence ! Comment décrire pour ceux qui n’ont pas vécu de telles ignominies le récit de ces témoignages ? « Ces nostalgiques de l’Urss, de son Maître Staline et de son armée Rouge, n’ont-ils déjà pas dit : que tout cela était exagéré sinon même, mensonger ! »

En quelques heures, ce lieu sur lequel tombait toujours la neige et considéré la veille au soir, aire de repos avant poursuite de la route, dans cette fuite devant l’envahisseur, se trouva transformé en scène de torture et en tableau d’apocalypse, où se mêlaient : vociférations sauvages des uns et cris de terreur des autres ! Parmi ces derniers, la majorité se comptait par des femmes affolées, à demi dévêtues, pleurant et hurlant implorant un secours, que personne, en de telles circonstances, ne pouvait leur apporter !

Complétant tout cela, c’était aussi, des cadavres épars de femmes, d’enfants et de vieillards, abattus sans défense, marquant du rouge de leur sang , la blancheur de la neige ! « Le peintre Espagnol Goya, en aurait là, couvert ses toiles pour la postérité et afin que nul n’ignore » ! En son absence, je n’étais moi, que simple témoin d’un tel « spectacle » à ne pouvoir graver tout cela, que dans ma tête et à me poser les questions :

« Qu’était réellement cette armée Rouge ? Quel sort me réservait-elle ? Ces hommes devant moi, pouvaient-ils être considérés : mes libérateurs ?

Méditant sur ces questions sans réponses, j’étais là, parmi les autres dans ce groupe, piétinant dans cette neige qui ne cessait de tomber, secouant ma capote qui en était recouverte, avec en plus, « l’écœurement et la trouille au ventre » devant ce qui s’étalait devant moi et sous la garde de deux de ces « Mongols », leur pistolet mitrailleur toujours prêt à cracher sa rafale et ricanant entre eux, sur notre état et sur ces femmes désemparées par le supplice qui leur était imposé et auquel eux aussi, avaient participé, « en parfaits soldats de cette armée Rouge et de son chef Staline ! »

Dans une telle situation et témoins de tout ce qui venait d’avoir lieu devant nous, nul ne pouvait occulter la crainte de chacun, sans pouvoir l’exprimer ! Après des moments interminables, arriva dans le lieu, un officier « vraisemblablement, d’un grade supérieur » et de type Européen ! D’un large regard, il inspecta les lieux dévastés, comme certainement après chacun des passages de ses troupes en région conquise !

Un de nos hommes de garde, s’adressa à lui,( sans le moindre salut ) ; dans les quelques mots prononcés, nous désignant du geste, nous pûmes entendre le mot : « Franzouskis » ! Venant alors vers nous, l’officier saluant de la main, dans un français compréhensible, nous posa des questions, telles que : « depuis quand étions-nous là ? D’où venions-nous dans la région ? Avions-nous vu passer dans le secteur beaucoup de troupes Allemandes ? »

Après réponses succinctes à ses demandes, le dialogue semblant favorablement établi, nous crûmes bon de lui poser aussi, à notre tour, les questions qui nous préoccupaient et en premier lieu : « Quelle était notre situation ? » A cela, il nous répondit : « Vous venez d’être libérés des Allemands, par l’armée Soviétique ! » Question suivante : « notre destination ? » Réponse carte en main : « centre de concentration des français libérés : Gumbinnen ! » Lieu que nous pûmes situer sur sa carte à la frontière Lituanienne et distant d’environ 150 km. de là !

Questions suivantes : « moyens de transport et ravitaillement ? » C’était là, ne rien connaître encore de cette « armée Soviétique » ! Car, la réponse fut : « Route à faire par nos propres moyens et ravitaillement à se procurer sur le terrain ! »

Sur ces déclarations, que chacun de nous put supposer « réconfortantes » ( après ce que nous avions vu ), et après un nouveau salut à notre égard, l’officier se retira, non sans avoir encore jeté un large regard sur ce « camp de désastre » et échangé quelques mots avec certains de ces « Mongols » apparemment sous ses ordres !

Après cela, « étions-nous libres de nos actes ? Pas encore ! »

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8 - DANS LES GRIFFES
DE L’OURS SOVIETIQUE

Vous êtes « Libérés des Allemands, ( sous entendu ) de Hitler » avait déclaré l’officier ! Il semblait avoir oublié ( ou occulté : ) « Mais non encore de Staline ! »

Nous préparant à quitter ce lieu de désastre, de mort et de torture, ce ne fut pas l’avis de quelques-uns de ces « énergumènes au faciès asiatique » ! Toujours sous la menace de leurs armes pointées, ils nous firent comprendre que nous étions encore à leur disposition ! Non seulement, nous devions encore attendre, mais chacun de nous, dût se soumettre à une fouille complète de son sac ou de sa valise, dont le contenu était à vider dans la neige ! Là, avec l’avidité des rapaces, chacun d’eux se servait dans les objets divers, certainement découverts pour la première fois et en ignorant même leur utilisation !

Après quoi, fouillant dans toutes nos poches, ce fut la « razzia » des couteaux, des briquets, des étuis à cigarettes, des stylos à plume ou à mine, des bagues aux doigts (alliances ou autres ), des montres de poche ou de poignet ! Tout cela, dans des ricanements et des éclats de rire, tels des gamins ayant gagné : « une partie de billes ! » Sauf qu’ici, le jeux se déroulait sous la menace des mitraillettes entre les mains de ces « dingues avides de tueries ! »

M’étant avisé très naïvement, d’avoir tenté de cacher ma montre bracelet, au plus profond de la manche de ma capote, l’un d’eux, ayant vu mon geste, venant vers moi, appuyant le canon de son arme sur ma poitrine, me débita quelques mots, pour moi incompréhensibles, mais que je traduisis immédiatement par : « ta montre, tu me la donnes, ou je la prends ! »

Je venais presque, de passer cinq années « à sauver ma peau ! »
« Pouvais-je donc, la mettre ici en péril pour une montre, qu’il aurait d’ailleurs eu le plaisir de s’approprier, avec ma mort en plus ! » Je la lui remis donc, non sans un sentiment de dégoût et de mépris, qu’il me rendit par une violente bourrade sur l’épaule accompagnée des mots : « Dawaï ! Dawaï ! » ( dégage ! dégage ! ) Expression, que je devais souvent entendre par la suite et en de nombreuses circonstances ! Elles me rappelaient d’ailleurs : « les Los ! Los ! et les : Schnell ! Schnell ! de ces autres sbires, durant les marches forcées et les ordres dans l’enclos du « Stalag » ! Autrement dit : « A ce jour, rien de changé ! »

Ainsi, débuta en ce 31 janvier 1945, mon « semblant de libération ! » Car, à vrai dire : « rien encore n’était terminé, avant que ne s’ouvre la sortie ! » Fouillé et détroussé par ceux que j’attendais depuis longtemps en libérateurs ! Je ne l’avais jamais été par ceux qui m’avaient capturé ! Aussi, ma déception n’en fut que plus grande et je me fis là, une bien piètre opinion de cette « armée Rouge » ! Opinion, qui en moi n’a jamais changé, même si pour certains nostalgiques, adeptes du communisme et de Staline, elle reste à glorifier, la portant au « pinacle ! »

J’eus d’ailleurs l’occasion au cours des jours et des semaines qui devaient suivre, d’avoir confirmation de mes opinions, non seulement sur l’attitude de cette armée en pays conquis, dont je venais non seulement d’être témoin, mais en partie : victime, mais aussi, par le constat de la très importante aide matérielle et économique fournie à cette armée ( sous régime communiste ) par le ( capitaliste Oncle Sam ! ) Aide, dans son ampleur, tenue occulte par les commentateurs et historiens relatant ce conflit ! « La gloire de cette armée Rouge, devait rester intacte dans l’histoire ! A elle seule, devait être attribuée la victoire ! On peut cependant affirmer : Sans cette aide massive Américaine, l’armée Rouge, n’aurait pu vaincre l’armée Allemande, qui après seulement quelques semaines de conflit, était arrivée en vue des tours du Kremlin et dans les faubourgs de Leningrad ! »

Détaillant cette aide, je cite y avoir vu : matériel roulant comprenant : ( camions lourds, fourgons d’ambulances etc. ) En matériel ferroviaire : ( de grosses machines à reconstituer les voies, des rails, des sacs contenant des tire-fonds des sections d’aiguillages et même des paquets de fil de fer, ainsi que des wagons pour transport de marchandises.) En armement :(des chars de marque « Sherman type M4 » des munitions de tous calibres, pour toutes armes ) En alimentation : ( des viandes en boites, des sacs de grains Orge, Seigle et un genre de Millet qui était consommé cuit ) ! Tout cela, en très grande quantité, était estampillé : « Made in U.S.A. » !

Seule, était de nature Soviétique au sein de cette armée : ( la masse humaine inépuisable venue des steppes de Mongolie, véritable réserve de « chair à canons » jetée dans la « fournaise » avec pour compensation : « carte blanche en pays conquis » ! Ainsi : déferlait sur l’Europe : « les nouvelles hordes des Huns du XXe siècle, conduites, non pas par Attila, mais par leur nouveau chef : Staline ! »
Au constat de cela, j’imaginais alors, une rencontre entre ces deux protagonistes : « Staline et Roosevelt », l’Américain, faisant au Soviétique, la proposition suivante : « J’apporte le couvert et tu apportes la viande ! » Dans ce pacte conclu, l’Oncle Sam faisait tourner ses industries d’armement, d’équipement et agroalimentaires servant à l’autre pour le massacre en masse, d’hommes recrutés dans un autre monde, avec pour les survivants : « le droit d’user de leur sauvagerie ancestrale sur des peuples vaincus ! »

Cela dit : et il est bon de le dire !

Je reprends ici le fil des événements à dater du 31 janvier !
Enfin libérés de ces sbires, après leur razzia accomplie, chacun de nous se mit en demeure de récupérer tant bien que mal, ses affaires éparses dans la neige, qui avait cessé de tomber ! Par une fin d’après midi de cette journée tragique, d’un commun accord, il fut décidé de quitter ces lieux où déjà tant de drames s’étaient déroulés et où apparaissaient encore les traces de dévastations et de mort, par le nombre des cadavres gisant là, à demi recouverts de neige et tout cela, en quelques heures seulement !

La direction à prendre vers le lieu indiqué par l’officier, s’orientait : cap Nord-Ouest et la distance approximative évaluée sur la carte, était : de 100 à 120 km. ! Distance à couvrir à pied, par des routes ou chemins enneigés, sans ravitaillement assuré et avec le risque en plus, de mauvaises rencontres avec des troupes de même « acabit », que celles dont nous venions de faire « connaissance », ne faisant aucune distinction entre : « Germanskis et Franzouskis ! »

Face à ce triple risque, augmenté même par le froid à affronter, sans carte ni boussole, avec pour seule orientation, la position du soleil, le groupe « libéré », se mit en route, jusqu’à atteindre un premier « bivouac », avant la tombée de la nuit ! Après quelques kilomètres seulement d’une marche pénible, un hameau évacué par ses habitants, constitua la première halte !

Inutile de préciser : « que les Mongols étaient passés par là, y laissant leur empreinte ! » Saccage total de toute habitation, dont certaines même, incendiées ! Un coin de hangar laissé pour compte et une botte de paille dans un coin furent les bien venus ! Par hasard, sinon même, par bonheur, un des nôtres avait réussi à sauver son briquet de la « razzia » ! Le bois étant l’élément le plus facile à se procurer, un grand feu fut très vite allumé, permettant non seulement de nous protéger du froid, mais aussi, de sécher nos vêtements ayant supporté la neige depuis le matin de cette journée !

Un repas frugal, constitué avec les provisions dont chacun disposait encore et mises en commun, loin de nous rassasier, nous évita les affres de la faim pour cette première nuit : « de liberté ! » La question déjà, pouvait être : « Qu’en serait-il par la suite ? » Ayant établi un tour de garde, afin d’alimenter le feu qui devait nous protéger du froid, chacun fit sa place dans la couche de paille, afin d’y trouver : sinon le sommeil ( pour moi, difficile à venir ) au moins, le repos du corps !

La tête sur mon havre–sac, en guise d’oreiller, comme toujours en pareil cas, les yeux fermés, je repassais dans ma tête et dans mon esprit, les épouvantables scènes d’horreurs et de mort, dont j’avais été témoin au cours de cette journée, avec la hantise, non seulement de les voir se reproduire, mais aussi, d’en être moi-même victime ! Car : je me posais les questions : « Tombé dans les griffes de l’Ours Soviétique, quand et comment, allais-je pouvoir en sortir ? Sorti du carcan Nazi, que me réservait l’accueil de ce Paradis Soviétique !( Ce que déjà j’en avais vu, me laissait perplexe pour la suite ) Avec ces questions sans réponses et perplexité en prime, sans avoir trouvé le sommeil, le jour pointait déjà, accentuant sa lumière sur l’étendue blanche du paysage couvert de neige ! Contrairement à la veille, le ciel était d’un bleu limpide et le gel, malgré le soleil, faisait crisser la neige sous les pas ! ( cinquième hiver passé dans ce pays, de cela, j’avais pris l’habitude !)

S’orientant à l’astre du jour et lui tournant presque le dos, le groupe mit le cap direction Nord-Ouest, en vue de cette première étape pour la journée ! En cette saison, compte tenu des conditions climatiques, de l’état des routes et chemins et surtout, de l’état physique de chacun, diminué par le manque certain d’alimentation, les étapes furent fixées à environ 10 km. par jour ! Comme toutes prévisions théoriques, avec les imprévus et les aléas rencontrés, la distance fixée, ne fut pas tenue tous les jours !

Premier jour de février ! Comme tous les ans à pareille époque dans cette région, l’hiver marquait avec force, sa présence ! Température approximative ( faute de thermomètres à disposition ) :Moins 20° ! Ruisseaux et lacs figés sous d’épaisses couches de glace !Epaisseur de neige maintenue au sol par le gel permanent ! Bise du Nord cinglant le visage, transformant les vapeur d’haleine à l’expiration, en paillettes de givre sur la moustache ( pour celui qui en avait une ! Ce n’était pas mon cas ! ) Telle était la situation présente à affronter pour atteindre le but fixé !

Dans cette nouvelle aventure, nous était fixé, quelque part au Nord-Ouest, un nom : « Gumbinnen » ! Avec ce lieu à atteindre, une question me venait à l’esprit : « Devais-je trouver là, la clef de la porte s’ouvrant sur la France ? » Seul cet espoir pouvait me donner la volonté et le courage à franchir les obstacles que je voyais se dresser sur cette route tracée dans l’étendue de cette plaine recouverte de neige glacée et brillante sous les rayons du soleil matinal, y découvrant encore et toujours, l’étendue du désastre causé par les combats qui s’y étaient déroulés au cours des jours précédents !

Prenant la voie à suivre, le groupe ( 30 hommes ) tantôt par routes, tantôt par chemins le plus souvent défoncés par de profondes ornières, prit la direction de cette première étape ! Dans un sol durci par le gel, franchissant, les ruisseaux gelés, les voies de chemin de fer, traversant les hameaux aux habitations désertes, premier gros bourg atteint, son nom lisible sur un panneau criblé de tirs : « Barten », traversé par une grande route ! Sans étonnement, tout y était dans une totale dévastation ! Inutile de chercher là, âme qui vive, pas plus que d’y découvrir une quelconque denrée alimentaire !

Seule découverte dans sa périphérie et à proximité de locaux d’exploitation agricole : « un silo intact, dans sa carapace isolante contre le gel » ! Sans aucun doute, il y avait là, réserve de pommes de terre ! Une pioche trouvée dans un coin à rangement d’outillage, nous permit de défoncer cette carapace protectrice, dont nous connaissions la structure ! Il n’y eut plus qu’à faire provision de ces « bien-venus tubercules » ! Estimant avoir approximativement couvert la distance fixée pour cette première étape et trouvé là aussi un coin de toit pour nouveau bivouac, première préoccupation, faire du feu, dans les braises duquel devaient cuire les pommes de terre !

Mon estomac, rassasié pour l’instant, dans une couche de foin trouvé dans un coin de grange, je décidais ( au même titre que les autres ) de m’y étendre pour la nuit et trouver le sommeil réparateur en attendant le lendemain à devoir y affronter les mêmes problèmes ! Le jour venu, ayant repris la route, chacun commenta la trouvaille du silo intact, nous ayant permis de nous restaurer ! Ce fait, eut pour effet de nous tranquilliser sur les soucis d’alimentation ! Nous savions d’ors et déjà, que d’autres silos identiques, contenant hors gel : pommes de terre et betteraves, pouvaient se trouver sur notre route ! Avec possibilité, de faire du feu le risque de « famine » était écarté !

Outre cela, une volaille ou un lapin cerné dans un coin et abattu à coups de pelle, constitua de temps en temps une amélioration du menu, rendant les kilomètres à parcourir, déjà moins pénibles ! L’eau potable cependant, restait un problème à résoudre ! Les puits rencontrés, étaient à éviter, par crainte d’empoisonnement toujours possible par ces « Mongols » et nous ne pouvions risquer les infections intestinales ou la dysenterie, pouvant en ces circonstances, s’avérer mortelles ! Seul moyen : les blocs de glace fondue dans des seaux ou autres récipients trouvés dans les habitations désertes, où l’on se procurait aussi : couteaux et fourchettes échappés de la « razzia » ou des incendies !

Ainsi, après trois jours et couvert trois étapes, je pus lire sur les panneaux indicateurs : « Nardenburg » ! Grosse agglomération que d’un commun accord, il fut décidé de contourner, par crainte toujours de mauvaises rencontres avec : « des hommes égarés de cette armée éparse sur le territoire et toujours armés de leur joujou dévastateur prêt à cracher la mort » !

Depuis le 31 janvier, la neige n’avait plus fait son apparition, par contre, celle qui était tombée, restait intacte, figée au sol par le gel qui se maintenait largement en dessous de zéro ( approximativement, entre moins 15 et moins 20° ! ) Aussi loin que portait la vue, on découvrait dans ce paysage blanc, les traces des combats ! Ici, un char brûlé d’identification Soviétique, à l’intérieur duquel, on pouvait voir les hommes de son équipage « ratatinés » à demi calcinés ! Quelques dizaines de mètres plus loin, c’était un amalgame de chair, d’os et de terre ensanglantée, le tout écrasé et pétri par les chenilles des chars passant sur les corps des hommes tués ou blessés !

Sur toute l’étendue du paysage traversé, on ne pouvait dénombrer les cadavres ( Allemands et Soviétique ) tombés au cours des combats, avec cependant, pour ces derniers, le plus grand nombre tombé là, devant la résistance Allemande ! D’un seul coup d’œil, on ne pouvait confondre la nationalité du cadavre, ainsi : « vêtements ouverts, les pieds nus, les doigts des mains coupés et les mâchoires fracassées », aucun doute, il était Allemand ! On lui avait retiré ses bottes et ses chaussettes, ainsi que ses bagues aux doigts et ses dents en or, si ses mâchoires en étaient garnies !

Devant un tel comportement et un tel constat, je pus en déduire, sans erreur possible : que les « Mongols de Staline », étaient non seulement des « pillards, des violeurs et des assassins », mais qu’ils étaient en plus : « des détrousseurs de cadavres ! » Soit : quatre des plus lamentables qualificatifs à mettre à l’actif de cette « armée Rouge déferlant sur l’Europe sous commandement de Staline ! » Cette immense plaine à traverser, ressemblait à un vaste cimetière dans lequel, on aurait éventré les tombes et éparpillé les cadavres ! Les seuls êtres vivants en ces lieux, étaient les corbeaux, s’abattant par vols entiers sur ces cadavres « congelés », s’attaquant à leurs yeux, dans leur sinistre « croassement », rendant encore plus insoutenable le « spectacle » A ce tableau déjà sinistre, à travers cette plaine, s’ajoutait celui encore plus abominable, rencontré dans les villages et hameaux traversés !

Hommes ( des vieillards ), pendus aux arbres par les pieds ! Enfants de tous âges exécutés sinon même massacrés ! Femmes également de tous âges à demi dévêtues, sans aucun doute violées, avant d’être exécutées ! Comble de l’insoutenable et de l’abomination, pour certaines, le corps attaché contre un portail ou une porte, la tête en bas, les jambes écartées et un manche d’outil ou un goulot de bouteille enfoncé dans le sexe ! « Actes de vengeance ? De cruauté ? De sadisme bestial ? A ces question, les deux dernières resteront pour moi, les mieux adaptées à ces mœurs venues d’un autre monde et portées par des hommes d’une tout autre espèce, inconnue dans notre monde civilisé !

« Incontestablement : les quatre cavaliers de l’Apocalypse désignés par : la Guerre, la Peste, la Famine et la Mort étaient passés par là, y marquant chacun son empreinte ! »

De découvertes en découvertes, chacune plus lamentable que la précédente, tout au long de cette « route » suivie jour après jour, sans la moindre rencontre de l’être humain à qui pouvoir demander sa route, je me posais parfois les questions : « Où allions-nous ? Qu’allions-nous trouver ? Quel serait notre sort ? » A ces trois questions, aucune réponse ne pouvait être donnée ! Seule certitude : « marcher et avancer, le plus souvent péniblement vers ce but portant ce nom mythique : Gumbinnen ! »

Après ainsi, des jours de marche pénible ou plutôt : « d’errance », dans un paysage de désolation et de mort, avec pour seule alimentation ( et heureusement encore ), des pommes de terre et des betteraves cuites, ( que ces Mongols n’avaient pu emporter !) Passant les nuits, de « bivouac en bivouac », le plus souvent dans des lieux dévastés, couchant dans de la paille, que l’on pouvait encore trouver non incendiée, y dormant d’un sommeil alterné, sans cesse troublé par tout bruit suspect nous mettant en alerte, je pus lire sur un panneau indicateur le nom le l’agglomération atteinte : « Ebenrode ! »
En même temps, je relevais sur mon calendrier de poche : la date du 10 février !

Ainsi : après 10 jours de marche, me vinrent les questions posées, (comme elles le furent aussi pour mes compagnons de galère )
Quelle distance avions-nous couverte ? Où étions-nous ? Où se trouvait ce lieu indiqué sur une carte, dix jours auparavant : « Gumbinnen ? » Un détachement militaire ( unité de blindés ) se trouvait dans le lieu ! Apercevant notre groupe certainement d’apparence douteuse, un des hommes ( gradé ) vint vers nous, auquel l’un des notre déclina le mot de passe habituel en pareil cas : « Franzouskis » !

L’homme fit alors appel à l’un de ses collègues, qui lui, s’adressa à nous dans un français correct ! De type européen , comme d’ailleurs tous les autres, il s’informa de notre situation ! Après explications données, qui nous semblèrent l’étonner, s’étant lui même entretenu avec d’autres officiers, il nous informa, devoir rester dans ce lieu, jusqu’à plus amples instructions à venir ! Lui ayant parlé de « Gumbinnen », il déploya sa carte, sur laquelle nous pûmes convenir, que nous nous étions égarés, de quelques 15 kilomètres vers l’Est !

Confirmant ses instructions à attendre sur place, il nous indiqua pour hébergement, une maison à proximité, dans la périphérie de l’agglomération et paraissant : « en bon état ! » La partie en rez-de-chaussée, étant un atelier remise, ce fut dans l’appartement situé à l’étage et accessible par un escalier extérieur, qu’il fut décidé de nous installer et cela, dans la grande pièce d’entrée ! Là, se trouvait une grande cheminée, ainsi qu’une grande table et des bancs ! C’était d’ailleurs tout ce qu’il y avait d’utilisable dans la maison ! Comme partout ailleurs, au passage des « hordes », tout y avait été saccagé, sinon même jeté par les fenêtres !

Deux balles de paille trouvées dans un hangar proche, échappé des incendies, devaient nous servir de literie ! En définitive, rien d’aussi confortable, ne nous avait été permis jusque-là ! Un grand feu rapidement allumé, il restait à nous mettre en quête de ravitaillement et pour cela, trouver les silos contenant les réserves de pommes de terre et betteraves à sucre ! Nous les découvrions, à quelques centaines de mètres seulement, intacts et de grande capacité !
Il ne nous en fallait pas plus pour l’instant ! Munis d’une pioche, nous fîmes rapidement provision, de « patates et betteraves ! », Recouvrant les silos à l’abri du gel ! Nous devions veiller à la protection de notre seule réserve et de notre seul produit d’alimentation !

Après ce repas du soir, ( au Menu invariable depuis dix jours ) et à la nuit tombante, je m’allongeais sur ma « nouvelle litière » que je trouvais peut-être un peu plus épaisse que les nuits précédentes ! Cherchant toujours un sommeil difficile à trouver, contrairement à certains de mes compagnons, la quiétude du lieu fut troublée au cours de la nuit, par des vrombissements de moteurs et des grincements de chenilles ! Cette unité de gros blindés, stationnée là, en colonne, prenait la route en direction de l’Ouest ! Nous devions apprendre quelques jours plus-tard, que sa destination était : le port de « Königsberg » sur la Baltique !

En effet : en ce jour du 10 février, nous nous posions la question : « où en était cette guerre ? » Nous n’avions pour le savoir, aucun moyen d’information ! En cours de route jusque-là, nous avions bien rencontré par endroits, des éléments de troupes, plus ou moins encadrées, allant nous semblait-il un peu à l’aventure, ( ce qui dans cette armée, n’avait rien d’étonnant ! ) A leur approche, nous déclinions immédiatement notre état de : « Franzouskis – Towaritchkis » ! Toujours dans la crainte de devoir se soumettre à une fouille, nous leur montrions l’état de nos poignets « sans montre » leur faisant comprendre, que d’autres avant eux, s’étaient déjà servis !
Avec des ricanements des éclats de rire et leur : « Dawaï ! Dawaï ! nous n’en demandions pas davantage ! Surtout pas, le moindre renseignement, n’ayant aucune connaissance de leur langue !

Dans une totale ignorance concernant la situation du conflit, et compte tenu des ordres qui nous avaient été donnés, nous prîmes les dispositions afin de nous installer ( le plus confortablement possible ) dans ce lieu, en attendant la suite des événements ! Compte tenu de ce que nous avions supporté durant les dix jours précédents, ce nouveau lieu, « était un palace » ! Comme partout ailleurs dans les lieux que nous avions traversés, il n’y avait là non plus, « âme qui vive » et cette ville, nous paraissait entièrement déserte de tous ses habitants, ayant fui devant l’envahisseur !

Sans aucun doute aussi, tout avait dû y être entièrement saccagé, pillé et en partie incendié ! Dans cette certitude, inutile pour nous de s’y aventurer, au risque d’y rencontrer ces « dingues de la gâchette » pouvant surgir à tous moments en quête de rapine et « crachant leurs rafales de mort » ! En quête cependant nous aussi, de denrées d’alimentation, pouvant modifier notre menu quotidien : ( volailles, ou lapins abandonnés ), que l’on pouvait capturer après course, le hasard, vint à notre secours !

Un pauvre cheval égaré, abandonné, ou ayant fui ses maîtres, sentant là, présence humaine, arriva tout proche de la demeure, en quête certainement, d’une botte de foin ! Le manque de nourriture sans aucun doute, depuis quelques jours, avait fait de lui, « une haridelle » aux côtes saillantes de maigreur, mais dans la situation présente, chacun de nous y vit malgré tout, quelques belles tranches de viande à rôtir sur les braises, dont nous étions privés depuis longtemps, à en avoir même perdu le goût !

Jugé, condamné et sacrifié pour notre survie, l’un des nôtres, le nommé « Micoulet », ayant des notions d’abattage, se chargea de la besogne ! Assommé à l’aide d’une masse de forgeron trouvée dans l’atelier, vidé de son sang, dépouillé et vidé de ses entrailles, les tranches de viande tant convoitées, furent très vite déposées sur les braises du foyer où le feu brûlait sans arrêt ! Au risque d’une indigestion ou même de troubles intestinaux pour changement brusque de nourriture, le repas fut « pantagruélique » !

Estomacs rassasiés, la viande restant fut mise en réserve, dans un caisson trouvé là et rempli de glace encore facile à trouver ! Cela, dura trois jours, car déjà la température commençait à marquer des degrés printaniers, rendant problématique et même dangereux la consommation d’une viande avariée ! En pareilles circonstances, nous ne pouvions courir de tels risques ! Mieux valait encore se contenter de « patates et de betteraves » dont nous avions provision et c’était déjà bien ! C’était d’ailleurs, à ces deux denrées, trouvées dans des silos intacts en cours de route, que nous devions notre alimentation depuis le début février ! « Sans cela, c’était la famine assurée, l’impossibilité d’avancer et peut-être la mort ! »

Ce problème d’alimentation en partie résolu, les jours s’écoulaient dans ce secteur, sans jamais y voir : « âme qui vive » ! Au loin, sur une voie de chemin de fer, on pouvait cependant voir circuler de temps en temps, un train en direction de l’Ouest, transportant du matériel et des hommes ! Ce qui nous laissait supposer, que les combats dans la région n’étaient pas terminés ! Dans l’autre sens en direction de l’Est, ces convois roulaient à vide ! Au constat de cette activité dans le voisinage et de notre situation ambiguë, d’état et de sécurité me venaient les questions :

« Que faisions-nous dans ce lieu ? D’où venaient les ordres de nous y maintenir ? Combien de temps, cela devait-il encore durer ? De quel service devions-nous dépendre dans cette armée ou de cet Etat dont elle dépendait elle même ? Quel devait être le rôle de l’Etat Français vis à vis de nous ? Abandonnés au pouvoir de Hitler en juin 1940, étions-nous en 1945 abandonnés au pouvoir ou aux décisions de Staline ? Dans ce dernier cas : quelles étaient les conditions ou l’enjeu ? Etions-nous, comme en 1940, les sacrifiés d’une politique aberrante, s’appuyant sur des compromis internationaux de tous ordres ? Enfin : quelle était notre réelle situation : Otages ou Libérés ? Dans ce dernier cas, qui devait assurer notre sécurité sans cesse menacée par ces hordes incontrôlées jouant de leurs mitraillettes, sans distinction de nationalité et usant ainsi de leur liberté de razzia et de rapine, de viols et de mort ?

Cette dernière question à laquelle, on ne pouvait répondre, devait encore se trouver être d’actualité dans ce lieu qui nous avait été assigné « à résidence ! »

En effet, au cours de la cinquième ou sixième nuit, cette tranquillité toute relative, nous fut sérieusement et même dangereusement troublée par l’une de ces « bandes écumant la région avec l’aval attribué en haut lieu leur donnant droit, sans restriction, de massacres, de viols, d’assassinats et de razzia en pays conquis ! » Ayant toujours eu un sommeil léger, je fus réveillé au cours de la nuit par des bruits suspects aux alentours de la demeure !

Dressant l’oreille, avant même de les avoir identifiés, dans un violent craquement de bois brisé, la porte d’entrée fut enfoncée, ( tout comme à l’habitude par ces énergumènes ! ) Apparurent alors dans la pièce, vaguement éclairée par le feu maintenu dans l’âtre, un groupe au nombre de six ou sept « de ces Mongols au faciès aplati » toujours mitraillette pointée et vociférant leurs mots « barbares, avec entre autres, les seuls certainement appris dans leur formation militaire succincte : Germanskis ! Germanskis ! »

Dans un tel vacarme, tous réveillés en sursaut, debout les bras levés, chacun de nous leur rétorquions : ces seuls mots « salvateurs : Franzouskis ! Franzouskis ! Tovarichkis ! Etaient-ils en mesure, de faire la distinction ? Cette question était toujours sans réponse ! Si oui, on n’échappait pas à la fouille ! Dans le cas contraire, la parole était donnée par eux, à la mitraillette, crachant sa rafale ! Autrement dit, la vie de chacun de nous, dépendait de l’interprétation faite par ces Mongols ou plutôt même de leur seule décision et au plaisir de « jouer de leur pistolet mitrailleur sur l’homme se trouvant devant eux, sans défense et considéré à abattre ! »

Pendant que nous étions dévisagés un à un, toujours les bras levés, face au canon de leur « sulfateuse », et la peur aux tripes, un des leurs, campé sur la porte grande ouverte, montait la garde ! Les autres alors, entreprirent la fouille, non seulement du lieu, mais aussi, de nos propres affaires et cela, même en essayant par gestes, de leur faire comprendre, que d’autres avant eux, s’étaient déjà servis et que aucun de nous, ne disposait de montre !

Fouillant avec l’avidité du rapace dans mon sac, un de mes mouchoirs blancs, soigneusement plié, fut pour l’un d’eux, « sa prise de guerre ! » Sans aucun doute, non seulement il n’en avait jamais vu jusque-là, mais, en connaissait-il l’usage ? J’en ai toujours douté ! Toute la demeure, fouillée de fond en comble, pestant contre les bouteilles déjà vidées par d’autres avant eux, ( et de la même espèce ), vociférant des mots ( jurons certainement à notre encontre ) avec pour nous, « la trouille au ventre » ils quittèrent le lieu, disparaissant dans la nuit !

Encore une fois, ce fut pour nous : « un Ouf ! de soulagement », avec les questions toujours les mêmes : « combien de temps encore, cela devait-il durer ? Quelles devaient en être pour nous les conséquences ? Me remémorant alors « V. Hugo » évoquant la retraite de Russie, je me posais à mon tour, la question : « sortirais-je vivant de ce funeste empire ? Sauvé du Nazisme après cinq années, allais-je périr par le Bolchevisme ? » Qui détenait la réponse ?..

Depuis bientôt vingt jours, nous « croupissions » dans ce lieu de fortune, sur ordre donné, sans autre ravitaillement, que nos réserves de patates et betteraves ( heureusement d’ailleurs car l’intendance Soviétique, se foutait pas mal de nous ! Suivait-elle seulement son armée ? on pouvait en douter ! ) La chasse aux poules, lapins et même pigeons, était le plus souvent : bredouille ! Les seuls volatiles en nombre, étaient les corbeaux ! Par vols entiers, profitant du dégel, ils se gavaient des cadavres étendus dans ces plaines qui jusque là, étaient restés raidis dans leur congélation !Avec le radoucissement marqué, de la température, il n’était plus nécessaire de voir les cadavres ! Leur présence était dévoilée, par les odeurs pestilentielles qui se dégageaient de ces charniers putrides en décomposition « véritables germes de Peste ! » De jour comme de nuit, dans cette puanteur permanente, sans moyens de s’en protéger même à l’intérieur de l’habitation, l’atmosphère était irrespirable ! En plus des risques encourus jusque-là, ( rencontres dangereuses, fatigue physique, manque de nourriture, ) devions nous encore, affronter l’épidémie !

Cela, devenait possible, à la fois dans notre état de faiblesse, par l’air que l’on devait respirer dans cet atmosphère, et surtout, par l’eau de toilette et de consommation, que toutefois, par précaution nous traitions par ébullition ! Contracter là, le moindre germe à maladie infectieuse, c’était la mort assurée et ce risque, devenait latent en ce lieu, où nous étions pour ainsi dire : « consignés ! Par qui ? Pourquoi ? Par quel ordre ? De quel droit ? Et jusqu’à quand ? »

Englués dans ces questions, nous étions là, trente Français en situation « ubuesque », avec encore, une autre question : « où devait se trouver, la majorité de ces autres français peuplant depuis cinq ans cette Prusse Orientale, dans la région où nous étions nous même et eux aussi, sans aucun doute capturés par ces Mongols ? » Nous savions, que trente des nôtres, avaient pris « leur liberté » au cours de la halte d’exode avant l’arrivée des Mongols ! Que sont –ils devenus ? Depuis ce jour, je ne les ai jamais revus espérant bien, que en définitive, tout s’est bien déroulé pour eux, aussi bien que pour moi, n’excluant pas cependant, que le pire aussi était possible !

A ces multiples questions, arriva, avec le jour du premier mars, une partie des réponses ! Dès les premières heures de la matinée, notre attention fut attirée, par des vrombissements de moteurs dans un nuage de poussière, bientôt suivis par les grincements des chenilles ! Une unité de chars, se rangea à proximité de : « notre lieu de séjour ! » Après arrêt total des engins et des moteurs, quatre officiers, observant le lieu, découvrant la présence d’hommes en cet endroit, vinrent vers nous ! Avec la promptitude habituelle en pareil cas, nous déclinâmes aussitôt nos « identités nationales : Franzuskis ! »

Dans un étonnement apparent chez ces quatre gradé, de physique Européen, l’un d’eux dans un français approximatif et compréhensible, s’informa du nombre d’hommes dans le groupe, ainsi que du motif de notre présence dans le lieu ! Nanti de l’ordre donné par ses prédécesseurs et du temps que nous avions passé là, il nous fut simple d’imaginer, par l’entretien qu’il eut avec ses collègues, leur transmettant les informations, qu’ils n’y comprenaient eux même absolument rien ! Après quelques instants d’entretien entre eux et à l’écart de notre groupe, l’officier interprète revint vers nous ! Déployant une carte de la région, il nous y indiqua le lieu de rassemblement, à savoir : Sulingkemen à proximité de : Gumbinnen, en direction de l’Ouest et distant d’une quinzaine de kilomètres ! Aucun des panneaux de signalisations trouvés sur notre route depuis le départ, ne nous ayant indiqué ces lieux, nous avions dérivé trop à l’Est ! De là, la route à suivre pour atteindre le lieu indiqué, était parallèle à cette voie ferrée, sur laquelle on voyait de temps à autre, passer un train !

N’ayant fait là, qu’une courte halte ( bien venue pour nous ), cette unité, reprit la route, toujours en direction du Nord-Ouest, certainement encore, zone de combats ! Sur les informations données, chacun de nous, se mit en mesure de quitter également ce lieu, où malgré tout, nous avions durant ces quelques jours, rétabli un peu nos forces physiques ! Fin de matinée, Sac au dos, pour certains valise à bout de bras ou à l’épaule, cap à l’Ouest sur cette route indiquée !

Qualifier cette voie, de route, était non seulement « péjoratif, mais illusoire ! » Difficilement identifiable dans son tracé, cela ressemblait beaucoup plus, à un champ labouré de profonds sillons, qu’à une vois carrossable ! Son revêtement de macadam, n’était plus qu’un « magma » pétri dans une boue gluante et liquéfiée par le dégel amorcé depuis quelques jours ! Marchant dans ce « cloaque » où mes pieds s’enfonçaient jusqu’à mi-mollets, la boue entrant dans mes chaussures, je sentais à chaque pas, défaillir mes forces !

Ces quelques jours « de repos » ne m’avaient pas permis, totale récupération de mon état physique altéré ( comme d’ailleurs pour mes compagnons ), par un manque de nourriture normale, ( ce qui il faut bien l’admettre, était le cas depuis près de cinq années, même si les rations avaient été plus copieuses, mais non variées !) Luttant contre les difficultés et la fatigue, je me revis en cette période , « juin – juillet 1940 » avec le constat que la situation n’avait nullement changé ! « Captif par les uns ! Soit disant libéré par les autres ! Mon estomac criait toujours famine et mes forces étaient en déclin ! »

Après quatre à cinq heures d’une marche, non seulement pénible, mais harassante , où l’on avait du mal à extraire ses pieds enfoncés dans une boue collante, nous arrivâmes enfin dans ce lieu, dit : « de rassemblement ! » Premier constat : nous n’y étions pas les premiers ! Un grand nombre de « libérés » s’y trouvaient déjà, depuis plusieurs jours, venant de la région Ouest !

Il fallut reconnaître là, que notre erreur de parcours engagé trop à l’Est, nous avait fait perdre tout ce temps passé à « Ebenrode » A la réflexion, pouvions-nous cependant qualifier cela, de « perte de temps ? » Il ne fallut pas longtemps, pour s’apercevoir : « que ici ou là-bas », rien n’était encore clair ni décidé sur notre sort !

Une certitude était indéniable : « Après le drapeau à Croix Gammée flottant au dessus de ma tête durant bientôt, cinq années, j’étais à présent, sous le drapeau Rouge marqué de la Faucille et du Marteau ! » Ce dernier en effet, était déployé sur la façade de l’un des immeubles du lieu, dans lequel siégeait me dit-on : « l’état Major de la place ! »

« Plus de doute, j’étais bien là, sous autorité Soviétique ! »

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9 - MONNAIE D’ECHANGE
POUR STALINE

Il devait être aux environs de midi ( démunis de montre depuis plusieurs jours, l’évaluation du temps était approximative ! Seul repère : la position du soleil ) lorsque nous pûmes déposer nos bardas et décrotter nos pieds ! Après quoi, une femme ( fièrement sanglées dans la tenue de cette armée Rouge ), nous indiqua par signes ( étant, beaucoup plus compréhensibles que ses paroles ), notre nouveau lieu « d’hébergement sous le drapeau Rouge » !

Une habitation, restée en assez bon état : ( à croire, que les incendiaires-pilleurs de cette armée, n’étaient pas passés par là !) A l’intérieur, se trouvait : deux bottes de paille pour literie ainsi qu’une table de grande dimension et des bancs ! Pour la première fois, il nous y fut distribué, des rations de nourriture, à savoir : « environ trois cents grammes d’un pain noir au goût aigre, une boite de viande de un kilo pour quatre hommes, ainsi qu’une gamelle devant être des flocons d’avoine cuits ! » Mise à part ce pain infect : « tout le reste était estampillé : Made in U.S.A. ! »

Ce premier repas ( à peu près correct depuis le mois de janvier )
Devait être l’exemple de l’alimentation à recevoir par la suite : « totalement basée sur : le Made in U.S.A. ! » Sans aucun doute d’ailleurs, dans l’intendance de cette armée, c’était aussi sa base d’alimentation, n’y trouvant en produit Soviétique, que les graines de « tournesol » grignotées sans arrêt par ses hommes ! Preuve s’il en fallait, que ce pays, basé sur l’idéologie « Socialo-Communiste », était tributaire, non seulement pour son armement mais aussi, pour l’alimentation de ses troupes en campagne, de cet autre pays à « structure capitaliste ! »

« Comment ce pays, aurait-il pu, sans cette aide capitaliste, prétendre à lui seul, mener et gagner cette guerre ? Il lui a fallu pour cela : l’aide de l’Oncle Sam ! »
Après ce repas pris et avoir étendu la paille dans la partie « dortoir » où je marquais ma place dans ce local attribué, je passais le restant de cette nouvelle journée, à prendre contact avec ces « autres libérés, une cinquantaine » arrivés là depuis quelques jours ! Tous, venaient des régions environnantes et avaient passé ( comme moi, ) le temps de leur captivité, dans les grosses exploitations agricoles, dépendant : ( du canton de Goldap ) distant d’environ 60 kilomètres du lieu dans lequel j’avais passé mon temps et dépendant lui : (du canton de Rastenburg !)

Bien entendu, ( le contraire m’eut étonné ) le contact avec les « Mongols » ne différenciait nullement du notre ! ( mêmes actes de barbarie sur la population civile et même razzia sur les Français, avec pour ces derniers, les mêmes incertitudes à sauver leur peau devant les menaces de ces hordes avides de tueries sur tout homme devant elles ! )

Aux questions posées, sur la situation et le traitement réservé aux « Franzuskis » dans ce « cantonnement », les réponses étaient évasives et circonspectes ! ( Liberté de mouvements dans une enceinte délimitée, interdiction formelle d’en sortir, sous peine de tirs après brève sommation par les gardes en faction, des femmes en tenue militaires, la mitraillette sur l’avant-bras ! ) Autrement dit : « le mot Liberté, n’avait là encore, aucun sens ! » En ayant été privé depuis presque cinq années, j’en avais même : « oublié le mot et sa signification ! »

« Camp de prisonniers d’un coté, ou camp d’internés de l’autre, je ne voyais entre les deux, aucune différence ! Autorité Nazi ! Autorité Communiste ! pour moi : même famille, avec application des mêmes règles et des mêmes sanctions ! »

Sur ces méditations et ces commentaires, certains : ( avec un optimisme chimérique ) parlant déjà là, de « rapatriement », arriva l’heure du repas du soir à savoir : « distribution d’une gamelle d’avoine ou millet cuit, ( de quoi me faire regretter déjà, les patates laissées dans le silo à Ebenrode ) ! Et en plus, cette alimentation nous venait des Américains, même pas des Soviétiques ! » Après ce repas avalé, harassé de fatigue, je m’allongeais à ma place, dans la couche de paille, la tête toujours sur mon sac, dans l’attente d’un sommeil, qui avec les nombreuses questions se mêlant dans ma tête, tardait à venir !

La fatigue y aidant, je sombrais tout de même, emporté dans des rêves, qui ne pouvaient être : « que liberté et France retrouvée ! »
Réveillé dès les premières lueurs de l’aube, retrouvant hélas, les réalités, j’avais pour satisfaction, le fait d’avoir dormi sous un toit et surtout :« à l’abri de ces pillards et des risques encourus face à eux ! » Ayant repéré la veille, un abreuvoir alimenté d’une eau limpide, je m’empressais d’y faire au maximum ma toilette !

Après distribution : « d’un jus chaud nommé pompeusement thé, qui en réalité, n’en avait que la couleur », on nous avisa, de la visite d’un officier ! Le gradé, s’adressant à nous, en excellent français, nous déclara être : « auprès des français libérés », officier de liaison et de renseignement avec l’autorité Soviétique ! « Allait-on quelque part enfin, s’occuper de nous et nous informer sur notre situation et notre destination ? »

Pour le moment, « pas de précipitation » ! Il nous informa seulement de devoir nous rendre par groupes de quatre, dans l’immeuble sur lequel flottait le drapeau Rouge et où siégeait les services d’état-major ! Avec lui même pour interprète, se trouvaient, devant une table bureau et en uniforme, deux hommes et deux femmes, dont l’une d’elles inscrivait à la machine les renseignements que chacun de nous, donnait après questions posées et à savoir : « Nom, Prénom, date et lieu de naissance, situation de famille : marié ou célibataire, adresse du domicile en France, date et lieu de captivité en 1940, N° du Stalag en Allemagne, date et lieu de libération par l’armée Soviétique ! »

« Après avoir été inscrit en juillet 1940, dans les fichiers de l’Allemagne Nazie, je l’étais désormais, en mars 1945 dans ceux de l’Union Soviétique Communiste ! Quel périple pouvais-je dire alors, pour un sujet né en Espagne et naturalisé français, pour en arriver là ! »

Ces formalités accomplies, l’officier interprète, toujours s’entretenant avec nous, crut bon de nous parler : « du général De Gaulle, et de l’escadrille Normandie-Niemen ! » Vantant pour cette dernière, les prouesses de ses pilotes français, face aux pilotes allemands ! Sur le général français, il nous fit part de sa grande popularité au sein de l’armée soviétique ! Il resta cependant très évasif, sur notre question posée : « quels étaient les contacts entre la France et l’Union Soviétique concernant notre rapatriement ? Y avait-il seulement des contacts ?

Les réponses, furent : « Pour le moment, vous devez vous considérer libérés du Nazisme par l’armée Rouge ! Les autorités soviétique, mettront tout en œuvre, pour votre rapatriement ver la France ! » Poursuivant dans cette ambiance apparemment favorable, il nous vint encore, la question suivante : « Que pensez-vous, du traitement imposé sur nous par vos troupes ( dépouillement de nos objets personnels sous menace de leurs armes ?) »

Réponse faite, tout aussi ambiguë : « Cela n’a pu être possible, que par des groupes isolés et indisciplinés, qui sur dénonciation seraient passibles de graves sanctions ! » Jugeant cette réponse, d’un officier soviétique totalement mensongère et dénuée de bon sens , rien n’était plus en mesure de changer mon jugement concernant ces Mongols de Staline et son armée Rouge !

Demandant à être informés sur la situation du conflit pour lequel, nous ne savions rien, il nous répondit : « De toute part les frontières du Reich ont été franchies par les différentes armées alliées
poursuivant les combats à l’intérieur du territoire ! Les villes allemandes, sont sans arrêt bombardées, notamment la ville de Dresde, prise pour cible le 13 février par les bombardiers Anglo-Américains ! » Il se garda bien là, de nous dire, que cette grande ville, sans la moindre situation stratégique, avait été écrasée et anéantie par des bombes incendiaires, y faisant 250000 victimes, principalement des réfugiés civils fuyant de Prusse-Orientale devant l’avance des « hordes Mongols ! » Ainsi, même par les Anglo-Américains, dans le but de satisfaire à Staline, aucune rémission ne devait être consentie à ce peuple vaincu, fuyant les « hordes sauvages ! »

Trouvant satisfaction à nous informer ainsi que nous, à l’être, poursuivant l’entretien, l’officier nous informa encore, d’une conférence tenue à « Yalta sur les côtes de la mer Noire », le 4 février, à laquelle participèrent : « Staline, Roosevelt et Churchill ! » Conférence qui devait être qualifiée plus tard dans l’histoire au seul avantage de Staline et par l’écrivain « Arthur Conte » dans un livre portant le titre : « Yalta ! Le partage du monde ! »

A noter déjà à cette conférence : « un absent, De Gaulle pour la France ! » y étaient présents : « pour les Etats Unis, Roosevelt, en état physique d’infirmité et porté dans un fauteuil roulant ! Pour l’Angleterre : Churchill, imbibé de Vodka ! Trônant face à eux : un Staline triomphant, caressant voluptueusement sa moustache dans une expression de satisfaction étalée ! Imposant sa loi sans difficulté à ses deux interlocuteurs, l’un sans la moindre force physique, l’autre dans les vapeurs de l’alcool et la fumée de son cigare, il se savait déjà là, imposant son idéologie sur la partie Est de l’Europe y compris, partie de l’Allemagne considérée vaincue ! »

« Résultat : le drapeau Rouge Soviétique, devait flotter sur ces pays d’Europe, durant 50 années y imposant son idéologie Communiste ! »

En attendant : je reprends ici le fil de la situation en cette période de mars 1945 ! Ce territoire de la « Prusse-Orientale », était totalement investi et coupé du reste de l’Allemagne ! Seul résistait encore : « le bastion de Königsberg », Solidement défendu par des unités retranchées dans la « citadelle » ! Cela expliquait bien, ces unités, « hommes et matériel ( chars lourds ) » que nous avions vu passer, allant dans cette direction : Nord-Ouest, les jours précédents !

Cela eut pour effet, trois jours après notre arrivée dans ce centre « d’internement » d’y être rejoins, par de nombreux autres groupes venant de cette région Nord-Ouest ! Par eux, nous apprenions, que de très violents combats se déroulaient dans ce secteur stratégique, mettant en œuvre par les Soviétiques, de très gros moyens contre d’importantes forces Allemandes, les uns s’acharnant à la conquête de la ville et du port sur la Baltique, les autres s’accrochant dans la défensive du secteur !

Avec ces « nouveaux libérés », nous fumes également informés des énormes difficultés rencontrées au contact des « Mongols, cette avant-garde, chair à canon de Staline ! » Confrontés là, au cœur même des combats acharnés, certains y trouvèrent la mort ! D’autres, dans l’incompréhension du dialogue et surtout, dans la fureur déchaînée de ces hordes, furent exécutés au même titre que les allemands, sans distinction aucune ! Tout homme devant eux, étant considéré à abattre par les rafales de leur mitraillette !

Difficile d’admettre, après cinq années d’attente et d’espoir, de devoir être ainsi « lâchement exécuté par les soi-disant libérateurs, à qui : suivant la pensée de ces idéologues du communisme, nous devions encore, toute gratitude ! » Il est vrai, que pour « Staline », ses hommes au combat, n’avaient que : « deux solutions : la victoire ou la mort ! » Tout prisonnier par l’ennemi, était : « porté déserteur » et donc, à traiter comme tel « autrement dit : à exécuter pour trahison ! »

Prisonniers des Allemands en mai – juin 1940, pour lui donc : « nous ne valions rien d’autre ! » Ceux qui tombaient devant l’avance de ses Mongols, n’avaient pour lui : « que le paiement de leur désertion ! » Pour ceux qui en avions encore la vie sauve : « Que pouvions-nous espérer ? » A cette question posée, Quelle peut être la réponse ?…

Sans aucun doute, tous ces « libérés ( dont j’étais ), avons été pour Staline, les bien-venus Otages, Monnaie d’Echange ! » Ayant fait main-basse sur une partie de cette « fantomatique armée Française » écrasée en deux semaines par l’armée Allemande et disséminée depuis cinq années dans les Stalags à travers l’Allemagne, il tenait entre ses mains, de quoi négocier ses conditions à l’échelon de la France, avec son président « De Gaulle ! » A ce titre, ne s’était-il déjà pas mis : « dans sa poche à Yalta Roosevelt et Churchill pour le partage de l’Europe, à son seul avantage ! ?

Que pouvait donc lui peser le président de cette France, dans les négociations à lui imposer ? En premier lieu, ce De Gaulle , étant déjà considéré dans son esprit : « déserteur en juin 1940, fuyant devant l’ennemi et se réfugiant à Londres ! » Aucune différence donc, avec : « cet autre déserteur ( communiste ) Maurice Thorez, se réfugiant à Moscou en septembre 1939 et auquel la France devait, non seulement dérouler le tapis rouge à son retour, mais également l’inclure en qualité de ministre dans son gouvernement ! »

En second lieu ( et non des moindres ), la France devait aussi reconsidérer tous ces « communistes hostiles à la guerre contre l’Allemagne durant le pacte Germano-Soviétique et qualifiés ensuite de résistants héroïques après l’agression de l’Union Soviétique par l’Allemagne ! ( ils devaient de ce fait représenter une majorité dans le nouveau gouvernement de cette république ! )

En troisième lieu, Staline exigea encore : « l’extradition vers l’U.R.S.S. de tous les Soviétiques se trouvant en territoire Français, en qualité à la fois de réfugiés politiques, de prisonniers de guerre par les Allemands et de ceux ayant combattu dans les rangs Allemands contre l’Union Soviétique dans l’armée Vlassov ! » Il réservait à tous ces hommes ( déserteurs ou ressortissants ), un long séjour dans ses terres du Goulag Sibérien ! »

Que pouvait « De Gaulle », contre les exigences de « Staline » ?
Ce « maître de l’U.R.S.S. avait parfaite connaissance du faible état de grâce dont il jouissait auprès de Roosevelt et de Churchill, lesquels, d’un commun accord venaient de lui accorder les avantages sur l’Europe ! Il était sûr de leur soutien dans ses vues sur la France auprès de son président ! De plus : en cas de refus, ses étendues Sibériennes, étaient assez vastes pour y accueillir tous ces Franzouskis, ex soldats de cette armée française mise en déroute en juin 1940 et considérés par lui : déserteurs ! »

Ils étaient en plus, une « Monnaie d’échange bon marché ! nourrie par l’alimentation de l’Oncle Sam et encore, parcimonieusement : à raison de un kilogramme de viande en boite pour quatre par repas et une gamelle de céréales cuites ! à ce régime, j’avais même perdu le goût de la pomme de terre jusqu’à mon retour en France ! Par contre, j’avais trouvé là, la graine de tournesol, que ces Soviétiques grignotaient à longueur de journées ! On pouvait les suivre à la trace, par les écorces de ces graines jonchant parfois le sol !

Dans ce jeu de hasard , avec la « pièce à pile ou face », Thorez comme De Gaulle,en 1939 – 1940, avaient eu le coté Face ! Ceux qui étions là, « avions eu le coté Pile » Non content de cela, nous étions encore l’enjeu de décisions politiques à l’avantage de Staline et soumis à : « son bon vouloir » en vue de ses exigences et cela : « pour combien de temps encore et en définitive, pour quel résultat ? ! »

Ces questions restant posées, dans l’attente de leur réponse, le nombre de « libérés » augmentant tous les jours dans ce premier camp d’internement, par les nouveaux arrivants venant de ces secteurs où se déroulaient les combats et apportant avec eux, les mêmes descriptions de leurs « libération par les Tovarich Staliniens ! » Les autorités décidèrent le 26 mars, d’une première évacuation du lieu !

L’opération fut organisée par transport ferroviaire, en partance de la gare de « Gumbinnen » située à proximité du camp ! Les wagons de marchandises ( au nombre d’une vingtaine ) formant le train, à notre arrivée, étaient à quai ! Leur intérieur, était aménagé de deux rangs de bas-flancs superposés, ce qui pouvait me laisser penser, que ces wagons avaient du déjà être affectés au transport d’hommes de troupes ! Un poêle à bois était même installé au centre de chacun de ces wagons !

Nombre fixé par wagon à l’embarquement : 50 hommes ! ( dans ces wagons, plus larges que le matériel des autres pays Européens, au nombre de 50 hommes, l’espace pour chacun était tout de même réduit, sinon même exigu ! Mais, comment là aussi, exiger du confort ? Opération d’embarquement terminée, au cours de l’après-midi, le convoi quitta cette gare, sans que nul ait donné le lieu de destination ! Toute question posée à ce sujet, recevait pour réponse de l’interlocuteur,( le plus souvent une de ces femmes-soldat ) « Niet Ponimayo ! » ( traduction : je ne comprends pas ) et en cas d’insistance, suivaient les injonctions classiques de : « Dawaï ! Dawaï ! suivis de mots incompréhensibles », traduits par : ( dégage ! dégage ! et n’insiste pas, je n’ai pas à te renseigner )

Cela dit, seule différence avec les transports Allemands, en juin 1940, les portes des wagons ici, pouvaient rester ouvertes ! Profitant de cela, certains à tour de rôle s’installaient à trois de chaque coté assis sur le bord, les jambes pendantes à l’extérieur ce qui donnait pour les autres, un peu plus de place disponible à l’intérieur ! En ces derniers jours du mois de mars, le temps était printanier et ensoleillé !

Aussi, par les portes grandes ouvertes du wagon, je pouvais contempler les paysages traversés ! J’y revoyais surtout, les traces des combats qui s’y étaient déroulés là, quelques semaines auparavant et semblables à celles déjà vues au cours des journées de marches à travers les plaines ! A ce tableau de guerre, le seul aspect bucolique et agréable à voir, étaient les premières floraisons des nombreux pommiers, ( seuls arbres fruitiers dans ces régions ! )

Ce train, roulait à très faible vitesse, sur une voie unique et même presque au pas, dans les franchissements des ouvrages provisoires sur les ruisseaux ou rivières traversées ! On y voyait, des équipes de femmes par endroits, occupées à l’entretien et aux réparations de la voie ! Il en était de même dans les diverses gares traversées, où parfois le train devait marquer un arrêt sur une voie latérale, attendant le passage d’un autre convoi, roulant en sens inverse sur cette même voie unique !

Ayant quitté le territoire de la Prusse-Orientale, peu de temps après le départ, le train avait atteint le territoire « Lithuanien » ! Après de nombreux arrêts et à vitesse réduite, le convoi arriva le 27 mars, en fin d’après midi en gare de « Kaunas » ( Kovno ) ex capitale de la « Lithuanie » ! Cette grande gare, était à la fois : un grand chantier, dans lequel, hommes, femmes et adolescents travaillaient à la remise en état des voies et à la reconstruction des bâtiments détruits, mais elle était aussi, un immense dépôt de matériel ferroviaire, hors d’usage ! ( locomotives et wagons de toute nature, encombraient le lieu ! ) Notre convoi, s’immobilisa à proximité, sur une voie de garage, établie dans un terrain vague ! Là, les autorités nous informèrent, que nous devions attendre le lendemain matin pour repartir ! Il nous y fut distribué des vivres : ( toujours de même nature,leur pain noir et mou et la ration Américaine : viande en boite de un kilogramme pour quatre et une gamelle de céréales cuites ! Pour boisson, toujours ce jus, n’ayant du thé, que la couleur ! )

Consignes données : sans interdiction de sortir des wagons durant le temps d’arrêt, interdiction formelle de franchir la limite d’enceinte de cette gare, dont les issues étaient sous la garde de ces femmes en uniforme et en arme, nullement disposées à première vue, à se prêter aux moindres tentatives de séduction ! La preuve en fut donnée à certains parmi nous, qui usant de cet esprit de zèle « bien français », avec les prétentions : « du Coq Gaulois », tentèrent quelques essais maladroits de conversation !

Non seulement, ces prétentieux « tombeurs de femmes », se virent très vite remis à leur juste place, mais ce fut aussi, par des ordres, qui sans les comprendre dans leur vocabulaire, leur laissaient entendre, qu’aucune familiarité n’était tolérée et que les distances étaient à respecter ! Deux seuls mots, toujours les mêmes : « Dawaï ! Dawaï ! » lancés par ces « Donzelles » accompagnés de leur arme pointée, le doigt sur la gâchette prête à lâcher la rafale, il n’en fallait pas plus à nos « Franzouskis », pour leur rappeler leur véritable situation : « en pays des Soviets ! »

Cette nuit durant, dans cette gare à trafic et activité intense, peu d’entre nous songions à dormir ( même à le vouloir, je n’aurai pas trouvé le sommeil ! ) A laisser ainsi passer le temps, comme en juin 1940, les conversations portaient sur le lieu de notre destination, avec comme toujours, les suppositions illusoires ! Pour les uns : ( dans leur imagination féconde ), tous les prisonniers français « libérés » devaient être rassemblés à Moscou ! C’était disaient-ils : « à la demande faite par le Général De Gaulle auprès de Staline ! » On peut aujourd’hui, se poser la question : « Quel pouvoir avait le Général français auprès du Maître du Kremlin ? Mais on pouvait y croire ! »

Pour d’autres :( apparemment mieux renseignés,) c’était à « Mourmansk » ( port de l’Océan Arctique ) que l’on nous conduisait, afin de là, être rapatriés par mer : ( Océan Atlantique et Mer du Nord )Dans ces prédictions ( sans fondements ), pour d’autres enfin, notre destination était : « Odessa » le port sur la ( Mer Noire ) pour rapatriement par bateau vers « Marseille » !

Parmi toutes ces « prétendus destination imaginaires », je me revoyais dans ces trains allemands en juin 1940, dans lesquels là aussi, ( même roulant cap plein Nord, » la destination ne pouvait être ( pour certains ) : que la France ! Or : presque cinq années depuis, s’étant écoulées, même soi-disant : « libéré », je ne m’y voyais pas encore ! Sur ce constat, me revenait la prédiction de ma « cartomancienne » en 1938 : « je vous vois faire un long voyage » ( elle avait vu juste ) car, déjà bien entrepris, il ne me paraissait pas encore terminé, même si j’en avais hâte, ( comme d’ailleurs, tous les autres dans mon cas ! )

Les préparatifs pour le départ du train, eurent lieu le 28 dès l’aube ! Après de nombreuses manœuvres dans l’enchevêtrement des voies de cette gare, le convoi roula bientôt à travers les quartiers périphériques de cette grande ville, où étaient apparents les gros dégâts, attestant de la violence des combats qui y eurent lieu durant les mois précédents ! En réparation de cela, malgré l’heure matinale, toute une population,( en majorité des femmes,) y était déjà au travail, effectuant les pénibles tâches de déblaiement au moyen de charrois à bras et reconstruction d’ouvrages !

Toujours sur voie unique et roulant à vitesse réduite ponctuée par de nombreux arrêts, ouvrant le passage aux convois allant en sens inverse, transportant : matériel militaire et hommes de troupe, notre train entra en gare de : « Vilno » ( Vilnius ), nouvelle capitale de la « Lithuani » ! Il devait être aux environs de Midi ! ( pas d’heure exacte possible ! Aucun, parmi ce millier d’hommes en transport « bêtalier » n’avait de montre en sa possession !)

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10 - CAMP D’INTERNEMENT VILNIUS

Après arrêt le long d’un quai ( que l’on pouvait penser toujours momentané ), un officier Soviétique nous informa ( en français ) d’avoir à quitter les wagons, avec notre barda ! Il précisa ensuite ( après rassemblement sur le quai ), que nous devions « séjourner quelques jours dans cette ville ! » Sur ces indications, la colonne formée, quitta la gare, pour bientôt s’engager dans les rues de cette cité ( une fort belle ville décrétée capitale de ce pays depuis 1939 ) !

Longeant ses rues, on pouvait y constater là aussi, que la guerre et ses combats y avaient laissés de profondes marques, que : comme partout ailleurs, femmes et enfants en grand nombre, s’affairaient ( péniblement ) à réparer ! Les tas de gravas entassés le long de ces rues, avant enlèvement, laissaient préjuger de l’ampleur des dégâts ! Les immeubles sur plusieurs étages, aux façades éventrées, témoignaient aussi du désastre laissé après combats !

Après environ, un quart d’heure de marche à travers cette ville et sous la conduite de quelques hommes ( militaires en arme ), la colonne arriva face à un vaste ensemble, clos par une enceinte de murs, d’une hauteur d’environ deux mètres ! On y voyait à l’intérieur, de grands arbres déjà verdoyants, ainsi que de vastes bâtiments à deux étages ! A première vue, j’imaginais là, « une grande caserne », avant d’y apprendre, que cela avait été d’abord, « un ensemble hospitalier », transformé dans l’immédiat : « en camp de regroupement » ( pour moi, d’internement ) destiné à tous ces prisonniers, « libérés » dans l’Est et Nord-Ouest de l’Allemagne ! ( autrement dit : plusieurs camps de Stalags ) !

Ayant franchi l’entrée du lieu, gardée par : « un planton Soviétique en arme » les nouveaux venus, furent « accueillis » par un officier français ( Grade ? je n’en ai pas gardé le souvenir ! ) Il était accompagné : « par un opulent personnage à la bedaine fort proéminente et caparaçonné de médailles sur toute la surface de sa poitrine » !

Après demande : « de mise en rang » par notre officier, ( sans aller toute fois jusqu’à l’ordre de garde-à-vous ) ce dernier nous présenta l’opulent personnage à savoir : ( Colonel de l’armée Soviétique, héros de je ne sais plus quoi, responsable du camp envers les hautes autorités militaires dont nous dépendions ) ! Cela dit, l’officier Soviétique « convoyeur du contingent depuis la gare », remit à son supérieur responsable, la liste des hommes constituant le groupe !

Notre officier français, prenant alors la parole, nous fit part au nom des autorités Soviétiques : « de ses vœux de bien-venue en ce lieu d’accueil » et où nous devions pendant notre séjour, nous conformer strictement aux règlements fixés par les autorités supérieures, dans : « toute leur sollicitude à notre égard » ! ( pour ma part, en matière de sollicitude, j’étais déjà largement fixé et je n’en espérais strictement rien ) !

Par cette « cérémonie de réception », je sentis déjà établi dans ce lieu, un esprit : « de caserne à la française » qui ne tarda pas à se confirmer, avec le zèle déployé par les quelques officiers ( trois ou quatre, je n’en ai pas retenu le nombre exact ) « libérés » eux aussi de leur « Oflag » ! Ils avait en effet, très vite « senti germer sous leur képi, l’occasion de reprendre là, du commandement sur ces loqueteux, débris de cette lamentable armée de 1940, qui, souvent par leur incapacité à leur avoir imposé la discipline et le devoir national, en temps de guerre, avaient peuplés les Stalags allemands durant cinq années » !

Dans leur esprit peut-être, la reprise en main de ces hommes qui cependant, n’avaient plus rien : « de militaires », était pour eux, un moyen de se racheter, surtout lorsque cela ne présentait plus, le moindre danger ! Alors, « le zèle du gradé, en caserne reprenait là, ses droits » ( personnellement, cela ne me gênait guère ! J’ai toujours en tout lieu déploré le manque d’ordre et de discipline ) !

Ce nouveau « camp d’internement » Soviétique, portait déjà un nom attribué par ses occupants : « Camp Français de Vilno » ! En justification à cela et au milieu de la grande cour centrale, en haut d’un grand mat, flottaient nos trois couleurs ( que j’avais perdues de vue depuis près de cinq ans ) aux cotés du drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau ! Autrement dit, « le français et le soviétique s’y étaient unis là, en bon voisinage, côte à côte » ! ( de cette union, que devais-je en espérer pour autant ? Je n’avais hâte pour ma part, que de voir flotter seul, le drapeau français ! )

Toutes formalités et entretien de « bien-venue au club » terminées, on nous indiqua : « notre lieu d’hébergement sinon de résidence » ! Au premier étage de l’un des grands immeubles, une grande salle, entièrement nue de tout semblant de mobilier, même le plus rudimentaire ! Pour literie, il fallut se contenter du plancher de bois ! ( même pas question de paille ! Voilà, pour la mansuétude des autorités soviétiques à notre égard !) Sans m’en offusquer le moins du monde, je marquais ma place à l’aide de mon sac, au pied de l’une des grandes baies éclairant la salle !

Première grande préoccupation ensuite, possibilité à pouvoir procéder à la toilette complète de mon corps et au lavage de mon linge entassé dans mon sac ! A ma grande satisfaction et contrairement au dénuement total de notre « habitation », ce lieu était parfaitement doté d’équipements sanitaires, ( certainement pas, d’origine soviétique ) ! « Lavabos, douches et W.C. » s’y trouvaient en nombre et à disposition, ( alimentés, d’eau froide seulement ) ce qui pour moi, ne présentait aucun désagrément !Après toilette faite ( rasage et douche ) Je fis lavage de tout mon linge, ( que je ne manquais pas de surveiller le temps de séchage au soleil, contre toute disparition possible ) !

Me sentant alors mieux dans mon corps et dans mon esprit, il ne resta, qu’à me poser la question ( toujours la même ) : « Avec un telle organisation dans ce nouveau camp, pour combien de temps étais-je là ? » Après le repas du soir, ( invariablement, toujours même nourriture en produits américains et même quantité ) Je m‘allongeais sur la « dure du plancher », avec pour seul confort, mon sac me servant d’oreiller ! La nuit écoulée, sans trop savoir si j’avais dormi, dès les première lueurs de l’aube, le dos et les côtes endolories, je me rendis aux lavabos ! ( aucune heure de réveil, n’était là imposée aussi, nombreux étaient les adeptes à faire la « grasse matinée sur les parquets de bois » dans le confort attribué par les soviétiques à ces Franzouskis !

Au cours de la matinée, chacun des nouveaux venus de la veille, se vit remettre un imprimé ( ronéotypé ) par lequel, on devait prendre connaissance des différentes règles et consignes à respecter dans le camp ! Il y était précisé, que les hommes rassemblés là, se trouvaient sous la responsabilité de l’officier français, qui lui même devait en rendre compte au colonel soviétique ! Les autres officiers français ( deux peut-être ), étaient chargés de l’application et du respect des consignes imposées : ( désignation des groupes de corvées au nettoiement des sanitaires, du réfectoire et des abords extérieurs, organisation de jeux de détente et autant que possible, tenue correcte des hommes et respect des règles disciplinaires !

Autrement dit : « application des consignes en caserne » ! (Tenue correcte et discipline) ! Deux règles, qui pour nombre de ces hommes, ayant passé bientôt cinq années dans les Stalags, étaient difficiles à faire admettre ! Aussi, cela se traduisait par de vigoureuses protestations et violentes critiques à l’encontre de ces officiers, dont l’autorité, n’était plus, non seulement tolérée mais même refusée ! L’antimilitarisme, l’une des grandes causes du désastre français de 1940, reprenait là, pour certains, toute sa vigueur ! Pour d’autres ( le plus grand nombre et dont j’étais ), il nous paraissait préférable entre français, d’être sous autorité de nos officiers, plutôt que sous autorité directe des soviétiques, qui certainement auraient imposé à tous ces « Franzouskis », des mesures beaucoup plus sévères à respecter !

Avec interdiction formelle ( sous peine de sévères sanctions )
de sortir de cette enceinte ( sortie d’ailleurs gardée à toute heure ), ce lieu n’était autre, « qu’un camp d’internement » et ceux qui y étions internés, y étions : « à disposition de Staline, au titre : d’otages monnaie d’échange », afin de régler à son avantage, les différents problèmes avec l’Etat français ! « Situation pour nous, ubuesque ! » D’ailleurs, à l’instar du « Nazisme », ce régime soviétique, avait lui aussi pris soin d’ouvrir à travers ce pays, plusieurs camps d’internement, en prévision déjà du nombre d’hommes ( de toutes nationalités ) qui devaient : « tomber dans les filets de son armée Rouge » Au nombre de ces « résidences staliniennes pour captifs », figurent les noms qui suivent : Berditchev ( en Ukraine )- Kalinine et Bronnicy ( région de Moscou )- Starye-Doroghi ( région de Minsk ) Kandalaksa ( région de la mer Blanche ) – Odessa (sur la mer Noire)Sans désignation de région, on trouve encore : Chepetovka – Berdichev – Tambou – et bien d’autres encore dont les noms manquent !

Dans chacun de ces camps, y compris le notre à Vilno, y furent internés un bon millier d’hommes, y attendant, dans l’incertitude la plus complète et dans des conditions précaires de nourriture et de soins, leur rapatriement vers la France ! Abandonnés au vainqueur, en 1940, par la lâcheté et l’incompétence, du gouvernement de l’époque, autant que de son Etat-major militaire, Ils étaient encore en 1945, l’enjeu ignoble des transactions politiques entre : « un Staline et un De Gaulle ! »

Parmi eux, j’étais du nombre et pour comble : « volontaire » par mon acte de naturalisation en 1937 !
N’avais-je pas motif à me répéter là, comme je l’avais déjà dit en 1940 : franchissant la porte du Stalag : « quelle connerie » !

Beaucoup plus lamentable encore, fut le sort de ces hommes, qui après cinq longues années d’attente dans leur retour en France, furent lâchement assassinés par ces « hordes Mongols sous commandement de Staline ! Celui-là même qui était attendu en libérateur »

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11- LE CHIENDENT DU COMMUNISME
DANS CE TERREAU FERTILE DE LA FRANCE

Seule consolation à cette situation « ubuesque », la saison printanière en ce début d’avril, s’annonçait clémente, malgré la latitude septentrionale de la région, avec de belles journées ensoleillées ! De plus, les possibilités d’hygiène, étaient satisfaisantes, pour ceux qui voulions les utiliser ( ce qui n’était pas le cas pour un certain nombre, avec l’habitude déjà prise dans les Stalags ! ) Par contre, la nourriture y était parcimonieusement distribuée, ( même étant de provenance américaine, le Made in U.S.A. étant lisible sur tous les emballages des produits : cartons, sacs et boites ! )

Si les Soviétiques manquaient de denrées pour l’alimentation de : « ces Fanzouskis » ( ce qui était indéniable ), ils se montrèrent par contre envers eux, très bien organisés dans leurs moyens de vaste propagande et d’informations parfaitement ciblées ! C’est ainsi, que s’agissant des informations, nous savions début avril : « que la puissante armée Soviétique » ( à noter, le qualificatif de puissante ), était aux portes de Berlin ! En outre : « que les autres alliés » ( à noter, la désignation : autres alliés ) progressaient en territoire allemand ! Poursuivant dans l’information : « la citadelle de Königsberg avait capitulé le 10 avril, sous la pression de la puissante armée soviétique et de son haut commandement » ( éloges ciblés, sur puissante armée et haut commandement ) !

Toujours en matière d’informations, quotidiennes nous fut publié le 26 avril la jonction sur les rives de l’Elbe, des troupes alliées, venant par l’Ouest et : « de l’armée Rouge ayant investi l’Est »( non seulement était donnée la précision : ayant investi l’Est, mais il apparaissait clairement, que l’Union Soviétique, s’attribuait déjà par la nature de ses informations , la plus grande part des succès sur l’armée allemande et cela, sous entendu : « grâce au génie de son chef prestigieux : Staline » ) !

Toutes ces informations, étaient suivies de musique militaire
à grand renfort des « cuivres » !Incontestablement, en ce printemps de 1945, « le Grand Reich », vivait ses derniers jours ! Avec sa disparition annoncée, apparaissait aussi pour certains : « le grand triomphe de cette armée Rouge, du communisme et la gloire de Staline » !

Aussi, ce camp de Vilno, comme d’ailleurs certainement tous les autres, y rassemblant chacun plusieurs milliers de français, présentait : « une occasion unique d’endoctrinement à l’idéologie communiste », rapidement mise à profit ! A cet effet et très rapidement, fut installé dans le camp, tout un réseau de câbles reliant des haut-parleurs, installés, non seulement dans divers angles de la grande cour centrale, mais également à l’intérieur des différents locaux ( pour ainsi dire : même dans les « chiottes » ) afin que, en tout lieu, chacun puisse ( malgré lui ) ne rien perdre des « slogans, discours et harangues prononcées au cours des meetings à venir » !

« Dans ce terreau fertile, allait bientôt germer et se propager le chiendent du communisme, déjà considéré triomphant ! »

Afin de compléter « la fête », dans une grande salle, requise à cet effet, fut installée une grande estrade du haut de laquelle : « les nouveaux orateurs, caciques du moment, devaient par leurs discours, haranguer les occupants du lieu et leur inculquer profondément la voie du communisme ! » Apparurent alors, les noms : « de Maurice Thorez, de Marty et autres leaders de la même trempe, déserteurs ou saboteurs de l’armée française en 1939 – 1940 et réfugiés à Moscou »

Ces « valeureux camarades » disait-on : « ayant défendu la juste cause », devaient avec les honneurs, qui leur revenaient de droit, regagner la France et y trouver place dans le nouveau gouvernement ! On faisait pour cela : « appel au Général De Gaulle » qui prétendait-on, devait s’en entretenir avec : « le grand Maître Staline » ! Incontestablement, ( de là, dépendait notre sort ) ! Les jours de ces meetings, étaient fixés à l’avance, par : « feuilles-annonce ronéotypées » distribuées dans le camp et mentionnant les noms : « des différents orateurs en herbe » qui devaient y prendre la parole ! Invariablement, chacun de ces « meetings » débutait par ces mêmes mots : « appel aux camarades » ! Le thème du discours, était lui aussi, invariable, mais la règle de : « saturation » était impérative, à savoir : « nous devions remercier la glorieuse armée Rouge et son prestigieux chef Staline, qui ayant vaincu l’armée allemande, et son Nazisme, nous avaient libérés des camps Nazis dans lesquels, nous étions détenus depuis près de cinq années ! »

Pour arriver, à m’inculquer cela, j’aurai du ne pas avoir été en présence de l’aide américaine apportée à : « cette glorieuse armée Rouge » ! J’étais persuadé, ( et je le suis encore ) que sans cette aide, elle n’aurait pu contenir, pousser à la retraite et enfin battre l’armée allemande, sur ses propres territoires ! Outre cette importante aide matérielle, est aussi intervenu à trois reprises : « le général Hiver » contre lequel, ( comme la Grande armée de Napoléon en 1812 ) l’armée allemande avait été mal préparée !

A cette aide américaine, j’ajoute : « l’inépuisable réservoir d’hommes recrutés dans ces régions asiatiques et sacrifiés aux combats, bravant la mort, non par patriotisme, mais par l’enthousiasme du gain à s’approprier dans ces régions occidentales, qui leur étaient offertes, à y assouvir sans restrictions, leurs mœurs ancestrales, de rapines, de razzias, de femmes à violer et à assassiner par plaisir ! » Les ayant vu à l’œuvre : « ces Mongols n’ont attiré en moi, la moindre sympathie ! Ajouté à cela, véritable chair à canon, ils ont couvert de leurs cadavres les champs de batailles ! » Quant aux autres, ceux qui se sont sacrifiés pour : « leur guerre patriotique ils ont droit aux honneurs que leur doit la nation ! »

Autres thèmes étalés, par ces « nouveaux orateurs, batteurs d’estrades », étaient : « le bien fondé du régime soviétique à prendre pour exemple, son organisation sociale, son sens du partage des biens pour tous, son organisation unique dans le travail, etc. etc. ! » Dans la liste inépuisable, j’en passe et des meilleurs ! Car, à bien y réfléchir, tout cela, dans ce contexte, tenait à la fois : « du folklore et du délire ! » Une certitude cependant y était prise objectivement en compte et que ces idéologues ne pouvaient manquer d’exploiter avec l’avantage de la situation, qui leur était offerte ! Dans ce « ramassis d’hommes », considéré par les soviétiques : « déserteurs en 1940 », parmi lesquels, un grand nombre d’entre eux, après cinq années passées dans les Stalags allemands, accusaient : « un état de délabrement à la fois : physique, moral et intellectuel », comment ne pas voir là : « Ce terreau fertile dans lequel devrait facilement germer la graine du chiendent communiste ? » Exploiter cette situation unique, était pour ces idéologues le but fixé et pour cela, ils devaient user de tous les moyens de propagande, même par le harcèlement !

Par comparaison à un grand nombre de ces hommes, je me voyais encore : « en assez bon état » ! De plus, n’ayant déjà pas eu dans ma jeunesse l’attrait du communisme, il m’était encore plus improbable de pouvoir y adhérer dans la situation du moment ! Aussi, je restais indifférent à tous ces « appels au ralliement à cette politique doctrinaire, ainsi qu’à ce régime et à tous ceux qui y étaient à sa tête !Pour moi déjà : « Nazisme-Communisme étaient classés dans la même famille : Cousins-Germains, à rejeter l’un et l’autre au plus profond des abysses océaniques ! »

Impossible cependant, à quiconque dans ce camp, d’échapper, les jours « de folklore » aux clameurs, portant : « les vivats à Staline » et clôturant toujours par le chant incontournable : « de l’Internationale et celui des Jeunes Gardes ! » Ainsi, dans ce nouveau contexte, ces « nouveaux doctrinaires », ceux-là même, qui en 1940, s’étaient refusés à défendre la France, qui ne voulaient mourir pour aucun idéal, se prétendaient là, à vouloir établir, non seulement en France, mais aussi en Europe, cette doctrine : « socialo-communiste », celle-là même qui ( par son incapacité à gouverner ), avait été à la base de la trahison et de la débâcle !

J’avais pour unique souhait : ne plus les revoir aux affaires du pays ! Les laissant « brailler » du haut de leur tribune, vantant : « les charmes du Paradis soviétique », mon indifférence à tout cela, m’amenait surtout à penser à ma famille ! Les dernières nouvelles qui m’étaient parvenues, étaient datées du 10 novembre et j’en avais eu connaissance aux environs du 15 décembre ! Avaient-ils reçu ma réponse écrite pendant la période de Noël ? Cela, me paraissait peu probable, compte tenu de la précipitation des événements dans notre secteur à cette date ! Partant de là, je n’avais eu depuis, aucune possibilité d’expédier du courrier, encore moins, d’en recevoir dans ce contexte d’internement ! ( malgré promesse faite, une lettre écrite et soi-disant expédiée de là, n’est jamais parvenue à destination ! Ainsi fonctionnait la poste soviétique ! D’ailleurs, certainement pour Staline, était-il nécessaire de s’encombrer d’un service : Poste aux armées ? Pour lui, le soldat en campagne, n’avait nul besoin d’être intéressé par du courrier ! Seul l’ennemi d’en face devait le préoccuper ! De plus, ces Mongols recrutés aux fin-fonds de la steppe, savaient-ils seulement lire et écrire ? Un tel service était donc inutile pour cette armée et encore plus inutile pour ces Franzouskis, dont le sort était encore à déterminer !

Dans cette situation, je m’imaginais donc les miens et surtout ma Mère, dans les mêmes états d’anxiété qu’au cours des mois de juin – juillet 1940 ! Ils étaient sans aucun doute, informés de l’évolution du conflit à l’Est et donc, en connaissance du lieu de ma détention, ils devaient se poser les questions que l’on se pose dans ces cas là : « sera-t-il sorti indemne de cette nouvelle phase dans la tourmente ? Et dans ce cas, où se trouve-t-il à présent ? Ils pouvaient aussi, comme dans ces cas là, imaginer le pire ! Ce qui pour certains hélas, avait été le cas !

En attendant, dans l’incertitude du sort qui nous était réservé, non seulement, par les dirigeant de ce régime, mais également par « l’imbroglio » des transactions en cours avec ce nouvel Etat Français et son président « De Gaulle »chacun, dans ce camp comptait les jours, avec un état d’esprit différent ! Optimisme pour les uns, assimilant bien les discours prononcés, leur assurant : « l’aire du renouveau, par l’instauration du communisme » Pessimisme pour d’autres, ( atteints dans leur état physique par les contraintes subies durant ces longues années passées ) et ne voyant leur rétablissement qu’à leur retour en France !

Indifférent aux discours ambiants « portant à la gloire, le communisme » Je recherchais ( parmi d’autres ) des contacts d’un autre ordre, basés sur l’avenir ! Espérant malgré tout, un prochain rapatriement, les entretiens portaient sur l’état de cette France retrouvée, perdue de vue depuis cinq années, avec ces questions posées : « quel y serait notre avenir ? Quel y serait notre mode de réadaptation ? Comment y serions-nous accueillis dans peut-être une nouvelle société ? Autant de questions, pour lesquelles, chacun, ne pouvait que supposer ou imaginer les réponses !

Dans cet état d’esprit, toujours à l’écoute des informations quotidiennement diffusées, ( avec les commentaires habituels bien ciblés dans leur partialité ), par un communiqué spécial, le 30 avril, tomba la nouvelle de la mort ( par suicide ), de Hitler et de Göebels ! Tous deux annonçait-on, s’étaient donnés la mort dans leur « Bunker » au sein même de la capitale Berlin ! Ils emportaient ainsi, dans leur disparition, le rêve promis au peuple allemand : « l’instauration d’un grand Reich, pour mille ans ! » Avec le slogan : Un peuple ! Une nation ! Un chef ! ( Ein Volk ! Ein Reich ! Ein Führer ! )

Avec l’écroulement probable à brève échéance, à la fois du « Reich et du Nazisme » ce premier mai 1945 ( fête du travail ) fut honoré dans ce camp, par des manifestations euphoriques, de joie et de gaîté ! Afin de donner à cette journée et aux événements annoncés, la marque « jugée : historique et absolue », Les autorités « françaises et soviétiques » responsables , firent appel dans le nombre de ces hommes, à toutes les capacités : « de peintres, portraitistes et décorateurs » !

Ces artistes, ( portraitistes ) eurent pour tâche immédiate, de reproduire sur de grandes toiles : « les figures de Staline, Lénine, Joukov, Sokolouski , Vassilievski » et autres maréchaux soviétiques héros « de l’armée Rouge triomphante » ! Aux autres artistes (peintres et décorateurs ), fut confié le soin de produire les grandes fresques décoratives, représentant : « paysages bucoliques et forêts » ! A cet effet, rapidement furent mis à disposition tout le matériel et accessoires nécessaires ( sortis on ne savait d’où ) ! Avec dextérité, rapidement, portraits et fresques terminées, l’ensemble fut installé dans le pourtour de la grande cour centrale ! « Avec beaucoup de zèle, nos artistes avaient déployé là, tout leur talent à la gloire de l’Union Soviétique » Allait-on pour autant, en être payés de retour ? Afin de couronner le tout, dans cet ensemble entouré de ces portraits à grand format au centre desquels « trônaient Staline et Lénine », une formation d’orchestre, composée de : militaires soviétiques et de français ( avec les instruments mis à leur disposition), donnèrent ensemble : « des airs patriotiques, ainsi que les hymnes nationaux de chacune des nations alliées sans oublier, l’incontournable Internationale » ! Dans la grande salle des « meetings », sur un grand écran, on nous gratifia d’une série de projection de divers films, montrant : « avec toujours les mêmes commentaires de propagande », les exploits de l’armée Rouge, sur l’armée allemande, depuis Stalingrad, jusqu’à Berlin ! ( Autrement dit : la période étalée de janvier 1943, à mai 1945 ! Pas les moindres commentaires, avant cette période ) !

Suivirent encore, des projections de films, montrant : « le camps de la mort d’Auschwits » dans lequel apparaissaient avec tous les détails, « des êtres squelettiques, tenant à peine sur leurs jambes » et libérés de cet enfer par les troupes soviétiques ! ( Rien par contre sur les autres camps du même ordre, mais dont leurs survivants, furent libérés : « par les armées capitalistes » ! Ainsi s’écoula dans ce camp d’internement, cette journée du premier mai, à la fois : « fête du travail et occasion de propagande à l’intention de ces Franzouskis » !

Tout cela, « bien orchestré et parfaitement ciblé », contribuait encore chez ces adeptes du communisme, à persévérer dans leurs discours, afin d’inculquer dans les têtes de ces hommes, la conviction que : « la libération des peuples opprimés, ne pouvait être obtenue, qu’avec l’aide de l’Union Soviétique et par son chef Staline !Là, était pour tous ces bien-pensants, la seule voie, non seulement à suivre, mais à faire suivre, sinon même, à imposer » Malgré leur persévérance et leurs affirmations dans les discours : « tous, dans ce camp, n’étaient pas convaincus ( et j’étais dans ce nombre ) » Il fallait cependant admettre ( avec pour mon opinion, une certaine crainte ) que cette « mayonnaise bien battue montait bien et prenait consistance dans certains groupes de ces hommes rassemblés là » ! Je le répète encore ici, « le terreau était fertile au chiendent et son ensemencement y était abondamment étalé » ! Dans la suite des événements, le 2 mai fut annoncée : « la capitulation de Berlin » après de violents combats menés : rue à rue et maison par maison, dans cette capitale du Nazisme, et uniquement : « par la glorieuse armée soviétique » ! Ainsi fut exactement diffusée l’annonce, par le « Speaker attitré au micro » Il est à y noter, les précisions faites : ( sur la nature des combats et le rappel sur : uniquement remportés par : la glorieuse armée soviétique ) !

Une telle annonce, fut suivie dans ce camp, par d’immenses clameurs et : « par de vibrants vivats à Staline et à sa glorieuse armée » ! A pleines voix y fut entonné ensuite, l’incontournable chant de : « l’Internationale » ( devenu : chant de gloire pour tous ces nouveaux idéologues en herbe germée déjà dans ce terreau fécond ) ! Nos officiers cependant, considérant que nous étions encore là : « entre français, non encore entièrement soumis aux règles soviétiques » et que, notre « hymne National, était encore, sauf imprévu, la Marseillaise, même en territoire soviétique » saisirent cette occasion, pour la faire « entonner », par une grande partie de cette assemblée !

Aux airs de cette Marseillaise, chantée là, au pied de notre drapeau ( même à coté du soviétique ), par un « chœur » enthousiaste, j’eus alors, l’impression, sinon même la certitude : ( que tout n’était pas encore totalement perdu malgré tout ce simulacre de chambardement utopique, sinon délétère ) Malgré cela, parfois seul, à l’écart des autres, je me prenais à méditer sur cette nouvelle situation internationale et sur son avenir ! Ce conflit, touchant à sa fin avait entraîné dans son sillage ( après cinq années ) la disparition de son principal antagoniste, ( tyran et ambitieux ), laissant son pays et son peuple, dans la ruine et la désolation !

Un autre par contre, « régnait depuis longtemps et encore » en grand maître, avec non moins de tyrannie et d’ambitions à vouloir lui aussi, dominer l’Europe ! Conforté au cours de ce conflit, par : « ses soi-disant succès militaires et ses accords obtenus des autres alliés », il allait à coup sûr, imposer son « règne totalitaire » sur ces pays voisins de l’Est et sur cette partie de l’Allemagne, dont il tenait déjà la capitale, investie par ses troupes ! « Après la Peste Noire éradiquée, menaçait sur l’Europe, l’extension épidémique du Choléra Rouge » Et : je ne cessais de me poser la question : dans cette situation : « Quel devait être non seulement mon sort, mais aussi, celui des autres internés dans ce camp » ! En effet, ( sans en connaître les sources ), des bruits se répandaient dans cette enceinte, portant : « sur le retour en France, du communiste ( déserteur ) Maurice Thorez » ! Retour réclamé là, par un grand nombre de ces « internés nouveaux idéologues attachés à Staline » !

Il était donc probable, sinon même certain, que des transactions étaient en cours, entre Staline et De Gaulle concernant les mesures de rapatriement de ce « leader » et sans aucun doute, non moins probable, que notre sort à tous, y était lié, ainsi que le sort des internés dans les autres différents camps ! ( Autrement dit : plusieurs milliers de français à disposition de Staline dans le plateau de la balance des transactions ) !

Ainsi : incontestablement, les conditions liées à la libération et au rapatriement de ces français ( dont j ‘étais ), se trouvaient : « sous le Képi de De Gaulle ! Accepter les impératifs de Staline, ou bien : « une fois de plus, comme en juin 1940, les abandonner à leur sort d’expatriés, non plus en Prusse-Orientale, mais en Sibérie » ! Avec cette menace suspendue sur nos têtes, chacun ne pouvait que laisser s’écouler dans ce camp, les jours et avec eux, les semaines où, mises à part les quelques occupations liées aux « corvées » sur désignation : à tour de rôle, ( désignation assez rare étant donné le nombre à y répartir les tâches ), l’oisiveté était pour un grand nombre, « le passe-temps favori » !

Quelques initiateurs de jeux, tentaient tant bien que mal, de mettre un peu d’animation parmi : ( les moroses, les anxieux, les taciturnes et surtout, avec beaucoup de difficultés, parmi ces hommes physiquement et par là même, moralement atteint ) ! Pour ceux-là, en grand nombre, le service d’infirmerie « très précaire » ne pouvait suffire à améliorer leur état, profondément détérioré par ces longues années passées dans ces camps ( soumis aux travaux forcés ou disciplinaires avec privation de nourriture ) ! Seul pouvait leur être salutaire dans leur état, des soins intensifs hospitaliers ! ( Autrement dit : leur rapatriement ) !

Au constat, de tels « délabrements physiques », je ne pouvais
( une fois de plus , et sans les moindres scrupules,) regretter d’être sorti, dès le 7 juillet, de cet « univers concentrationnaire », qui certainement, m’aurait tout autant détruit, physiquement et moralement ! En passe-temps et occupation des loisirs, je restais en contact de mes compagnons du temps de captivité, et compagnons de route, depuis le 31 janvier, faisant : « bloc solidaire » !

Cela, ne m’empêchait pas, la recherche d’autres contacts parmi ces hommes de tous milieux, de toutes conditions et de toutes idées politiques et religieuses ! Avec certains d’entre eux, j’échangeais, nos idées, ( parfois divergentes ), sur les perspectives d’avenir liées aux situations internationales ! Les entretiens, portaient également sur ce régime soviétique ( communiste ), sur le système de propagande établie dans le camp, qui était loin de nous enthousiasmer tous, ainsi que sur les nombreux paradoxes liés à ce régime !

A devoir relater ces derniers, voici une anecdote des plus convaincantes, ( sinon comique ) relevée dans ce camp, ayant pour origine : « une dose du zèle français » ! En effet, l’officier responsable, ( avec toujours cet esprit de supériorité gauloise ), eut l’idée de se munir : « d’un de ces tampons humides » mentionnant sur une pièce officielle l’origine du service ou de l’entreprise ! A cet effet, après recherches faites, il trouva parmi ces hommes, « un graveur sur métaux et autres matériaux » ! Lui ayant fait part de son projet, ce dernier se mit à l’œuvre, dans la réalisation, d’un tampon rond, sur lequel serait inscrit : ( en cercle sur son pourtour : « Camp Français de Vilno » et en son centre : « une Croix de Lorraine » )

« L’œuvre » ayant été réalisée ( j’ignore sur quelle nature de matériau ), tous les documents, à dater de ce jour, faisant état de rapports à remettre à l’autorité soviétique, se trouvèrent « authentifiés » par ce tampon en plus de la signature de l’officier responsable ! ( Je suppose, que cet officier, a dû précieusement conserver ce tampon par devers lui à son retour en France ! Incontestablement, c’est une pièce unique, dans son contexte de réalisation ! )

Au constat de cela, « le ventripotent Colonel bardé de sa quincaillerie, certainement éberlué », s’informa de la provenance du tampon ! Informé et ne disposant lui : « officier supérieur », de cet accessoire, il fit convoquer le graveur, afin d’en obtenir le même travail ! Il lui donna pour cela, les inscriptions conformes à y graver, avec en plus, en son centre, l’indispensable emblème : « Faucille et Marteau » ! Fier de son nouveau « gadget » et ne voulant pas être en infériorité vis à vis de ces « Franzouskis », toutes les notes à paraître dans le camp, se trouvèrent : « authentifiées par ce tampon Soviétique, gravé par un Français » !

Malgré cela, ils prétendaient cependant, avoir à eux seuls, gagné la guerre ! D’ailleurs, quotidiennement nous était imposé par une propagande constante et ciblée, cette idée de supériorité mondiale pour ce pays, pour ses travailleurs, pour son système social ( axé sur le partage ), pour son armée et par dessus tout, pour son chef vénéré : Staline, en charge et porteur de cette idéologie, qui par son étendue, allait changer le monde !

Parmi une grande partie de cette « concentration d’hommes, libérés par l’armée Rouge », ce perpétuel matraquage, portait ses fruits ! Les convaincus à cette idéologie, apparaissaient chaque jour, plus nombreux, alors même que : « paradoxalement », il leur était difficile de ne pas dénoncer les méthodes de leur « libération, par les hordes de cette armée, auxquelles, pas un seul n’avait échappé » !

Après cinq années passées ( pour nombre d’entre eux ) dans les Stalags, sans autre horizon que les enceintes barbelées, comment ne pas être séduits et enthousiasmés par tant de promesses, pour un monde meilleur ! Toujours dans ce paradoxe, comment ne voyait-ils pas, que : « soi-disant libérés, ils étaient et que nous étions toujours bouclés, dans un camp d’internement », sans en connaître : « ni les conditions, ni la date de sortie, pas plus que la voie du retour vers leur pays, notre pays : la France » !
« A l’écoute, du chant des sirènes, pas un de ces nouveaux idéologues convaincus, compte tenu des négociations en cours , n’était capable de fixer le jour et l’heure de sa libération ! Et pour tout dire :(sans croire un seul instant au chant de ces sirènes) malheureusement, j’étais du nombre » !

En attendant : « ce jour hypothétique » dans ce calendrier tournant, les communiqués quotidiens, au cours de cette première semaine du mois de mai, ( anniversaire : cinq ans auparavant, de débâcle ), laissaient entrevoir la fin des hostilités et donc, de la guerre ! Le 4 mai, nous étions informés, que le drapeau français flottait : « sur le nid d’Aigle de Berchtesgaden » hissé là par les hommes de la « division Leclerc » ! En continuité, le 5 mai fut diffusé l’ordre : « du Maréchal Keitel », à cesser toute résistance contre ; « les troupes Anglo-Américaines » sur le front de l’Ouest ! Les 7 et 8 mai enfin, tomba l’annonce : « reddition sans conditions des troupes allemandes sur tous les fronts et signature des actes, à Reims d’abord, à Berlin ensuite » !

Cette longue et meurtrière guerre d’Europe, était enfin terminée, avec, cette question : « Cela changeait-il quoi pour nous ? En juin 1940, la guerre pour la France, était aussi terminée et l’armistice signé ! Dans l’esprit de chacun, nous rentrions au foyer ! Erreur nous dit-on, il faut payer ! En mai 1945, la guerre était enfin terminée ! Là encore, rien ni personne pour nous rapatrier ! Gouvernements français et soviétiques, comme en 1940, nous prenaient : pour des cons » !

Et, parmi « ces cons » retentirent dans ce camp, les clameurs et les hourras, avec en plus, toujours les « vivats portés à la glorieuse armée Rouge et à son chef Staline », leur attribuant à eux seuls, la victoire sur l’Allemagne et le Nazismes ! Les autres : « Anglo-Américains et Français y étaient laissés : pour subalternes » !

Ainsi, par le matraquage et la propagande, « était tracé dans le champ de l’Europe, le sillon dans lequel devait germer, durant 50ans la graine envahissante et nuisible du chiendent communiste »

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12 - PEUT-ETRE :
UNE ECLAIRCIE A L’HORIZON

Loin de me laisser aller, ( comme tant d’autres ), à toutes ces clameurs et à tous ces hourras, ( toujours portés à la gloire des mêmes ), bien d’autres paradoxes, me restaient encore à découvrir, dans : « ce Paradis Soviétique » montré en exemple : « de liberté et de partage égalitaire » !

En attendant, arriva le 9 mai et avec cette date, l’annonce d’un premier départ ( environ cinq à six cents hommes ), fixé au 11 mai, à destination : « d’Odessa » ! Mon nom figura dans le nombre, ainsi, que ceux de mon groupe au complet, après priorité donnée aux malades ! ( En tout état d’optimisme, pouvait-on enfin, parler d’espoir ? ) Dès le matin du jour fixé ( 11 mai ) après une nuit sans sommeil, avec seulement la hâte de voir arriver l’aube et avec elle, le jour d’une nouvelle étape ( peut-être la dernière avant la France ) toilette et sac bouclé ( pour la énième fois ), Il ne me restait plus, qu’à attendre les ordres !

Aux environs ( approximativement ) de huit heures ( pas une montre ne se trouvant dans le camp ), la colonne formée, prit à travers la ville, la direction de cette gare, où ( comme les autres ), j’étais arrivé le 28 mars ! Là, un train formé de 10 à 15 wagons de marchandises était à quai, devant lequel on nous informa de prendre place au nombre de : 40 hommes par wagon ! La superficie intérieure de ces wagons, étant plus grande que celle des wagons des autres pays Européens, chacun s’y trouva plus à l’aise, pour un voyage d’environ 1 200 kilomètres ! « Avec la générosité, d’un tel confort dans ce voyage, étions-nous enfin : dans les grâces de Staline ? »

Opération d’embarquement et formalités terminées, locomotive attelée ( un ancien modèle archaïque chauffée au bois ), le train, quitta la gare, pour bientôt rouler hors des faubourgs de cette grande ville ! Avec de nombreux arrêts pour approvisionnements en combustible, ( empilé en bûches, le long de la voie et chargé dans le tender, par des femmes ) à vitesse très réduite ( à la puissance de la locomotive poussive ), le train atteignit enfin, la gare de « Minsk », où il marqua un arrêt de quelques minutes !

Partant de là, ce fut la vaste plaine, à perte de vue couverte de maigres herbages, avec de temps à autre, un arbre squelettique à proximité d’un toit de chaume ! Plus loin une ou deux épaves de chars, vestiges des combats qui s’étaient déroulés là, au cours des mois précédents ! La nuit venue, allongé sur le plancher du wagon, ( les jambes entremêlées dans celles du compagnon d’en face, ) la tête sur mon sac et le regard au plafond, je me laissais « bercer » par le cliquetis régulier des roues à chacune des jointures des rails, avec toujours cette même question : « Pouvais-je espérer encore, qu’avec chacune d’elles franchie, je me rapprochait de la France ? »

Au cours de la matinée du 12 mai, le train entra en gare de « Kiev » ! Ce lieu, par sa situation stratégique, ayant été le « théâtre » de très violents combats, n’était plus : « qu’un champ de ruines », dans lequel s’affairait un grand nombre d’hommes, de femmes et d’adolescents, déblayant les gravas , dans le bruit permanent des différents engins ( perforatrices et autres ) ! Très lentement, dans un enchevêtrement de voies et d’aiguillages, le convoi fit halte à proximité de ce qui avait du être, un bâtiment de gare !

On nous informa là, d’un arrêt prolongé ( de quelques heures )
sans autres précisions ! Des vivres, nous y furent distribués, toujours de même nature :( avec cependant, un supplément de quantité, à savoir : une boite de viande pour deux et double ration de pain, ajouté à cela : un bidon contenant 20 litres de thé, par wagon ! précision faite : quantité et rations, à valoir, pour toute la journée ) ! La répartition entre nous, de ces denrées, ne manquait pas là encore de soulever parmi certains, des protestations !

Contestant leur part à revendiquer, ils étalaient encore là aussi : « cette habitude, bien française entretenue dans les Stalags, à s’approprier : si besoin par la force, la part de l’autre » ! Avec l’idée et l’espoir, que j’étais enfin sur le chemin de la France, peu m’importait, la quantité de mes rations, avec cependant un sentiment d’indélicatesse marquée, pour ceux qui par habitude et en ces circonstances, en réclamaient toujours plus !

Avec possibilité de quitter les wagons et ayant repéré un point d’eau à proximité, je m’empressais plutôt , d’y faire torse nu, ma toilette,( d’autant que, avec ce voyage, le soleil était aussi de la partie) ! Paradoxe là encore, en attente au pied des wagons, contemplant le déroulement des travaux, pour ces ouvriers ( hommes et femmes au travail, ces « Franzouskis » ne pouvaient être que des privilégiés à solliciter en nourriture et cigarettes ) !

Aussi, bravant les interdits de leurs « gardes-chiourmes » femmes et hommes, venaient à proximité des wagons, ( quémander, par gestes : pour elles, un peu de nourriture, pour eux : tabac ou cigarettes ) ! Immédiatement repérés ( par ces femmes en uniforme ), s’abattait sur ces gens, un ouragan de matraquages et jurons leur intimant reprise du travail ! Ainsi pouvait-on en déduire : « comme dans le Nazisme, le travail par la joie, était aussi, mis en pratique par le Bolchevisme » ( règle à méditer par ces nouveaux idéologues en herbe ) !

Après environ, une halte de trois heures, arriva le signal du départ ! Chacun reprit alors, sa place dans son wagon, duquel d’ailleurs, nul ne s’était guère écarté, sinon même l’avoir quitté pour certains, ayant préféré la position allongée sur son plancher ! Très lentement, dans les grincements des roues sur les rails au frottement des courbes et des nombreux aiguillages sur des voies nouvellement rétablie, le convoi quitta cette grande gare aux structures dévastées ! Quelques minutes encore et toujours très lentement ( pour ainsi dire au pas ), le train franchit le fleuve « Dniepr » sur un ouvrage, sans aucun doute provisoirement rétabli !

Passé ce point délicat, la locomotive ( chauffée au charbon)tractait le train, à vitesse soutenue ( 80 kilomètres par heure environ ) avec toutefois, des passages au ralenti sur des ouvrages provisoires, ainsi que des arrêts pour travaux sur la voie ou dans des gares, laissant passage aux convois roulant en sens inverse ( sur cette même voie unique ) ! Autre paradoxe ici encore : Profitant de ces arrêts ( parfois longs ), à proximité d’habitations ou de hameaux, accouraient des femmes, le plus souvent vêtues de haillons, proposant à ces « Franzouskis », des galettes de pain, des fruits et même des œufs durs, contre des vêtements ! Par pitié pour ces femmes, beaucoup plus que par envie de leurs victuailles proposées, je « troquais », avec l’une d’elles, un de mes deux « pull-over pas en très bon état d’ailleurs », contre lequel, certainement ravie, elle m’offrit tout ce qu’elle avait dans son panier : ( une galette et trois œufs durs, dont depuis longtemps, j’avais perdu le goût ! Malgré cela, je n’eus pas l’audace de les déguster seul ! )

Là aussi, ces pauvres femmes prises :( en flagrant délit de commerce délictueux ), par ces « policiers en civil et chapeau mou », étaient traitées sans pitié ! Celles qui n’avaient pu fuir à temps étaient littéralement « assommées de coups de matraque et insultées de jurons » ! Dans ces quelques femmes risquant ainsi les coups, pour quelques vêtements ( même en mauvais état ), était visible, la misère de ce peuple terrien et asservi, que ces idéologues, prétendaient nous montrer : « vivant heureux et comblé dans ce Paradis Soviétique » Loin de les envier : « je préférais encore, l’Enfer de la France, que j’avais hâte d’atteindre » !

Après une seconde nuit passée dans ce train, cherchant dans le cliquetis régulier et monotone des roues aux jointures des rails, un sommeil, que je ne trouvais pas, dès l’aube du 14 mai, dans un magnifique lever du soleil, je découvrais les splendides côtes de la mer Noire que longeait le train, avant d’entrer bientôt en gare de ce port tant convoité : « Odessa » ! Je revoyais alors, dans mon enfance, mes livres scolaires de géographie, me situant ces lieux lointains, sans la moindre idée, de m’y trouver un jour !

Le destin cependant, m’y avait conduit, ( après un long périple et risques encourus ) ! Ce long voyage, prédit presque huit ans auparavant par ma « cartomancienne » semblait toucher à sa fin ! Il me restait cependant encore depuis là, à franchir la voie maritime avant d’avoir atteint les côtes de France, ( celles, que j’avais quitté depuis cinq ans déjà et de là, retrouver enfin les miens ! ) Avec toujours, cette même question en tête : « Arrivé à proximité du but, combien de temps devait s’écouler encore avant de l’atteindre ? » Ayant quitté ce train et cette gare, après environ une demi heure de marche à travers cette ville, nous étions rendus : « à ce nouveau camp d’internement, dit : d’Odessa » ! Comme à celui de « Vilno », on accédait à l’intérieur de son enceinte, par un large portail, gardé par : « un planton en arme » ! Arrivé là, on découvrait en alignement, de vastes bâtiments, construits sur les hauteurs de la ville dominant la baie et sa plage de sable !

Le « camp de Vilno », avait été auparavant : « un centre Hospitalier ! Celui d’Odessa, un grand Sanatorium » ! Nouveaux arrivants, on nous désigna un des grands immeubles à trois étages ! Là comme à « Vilno », les grandes salles y étaient totalement vides et les sols : « non plus de bois, mais de carrelages froids, sur lesquels, ma capote étalée serait mon matelas ! J’en avais l’habitude et cela présentait l’avantage : pas de lit à faire le matin au réveil » !

Depuis plusieurs semaines, ( comme certainement dans les autres lieux similaires ), ce camp avait déjà reçu un grand nombre : « de libérés », dont certains même, avaient été évacués par bateau vers la France, courant avril ( d’après le récit de Henri Laloux, dans son livre intitulé : « Avril 1945 : Libéré par l’Armée Rouge » Dans lequel d’ailleurs, il relate : « l’incroyable odyssée, au cours de ces quatre mois, depuis la Prusse-Orientale Stalag 1 B » ! Par cet acte de rapatriement aussi rapide, j’en déduits : « certainement, les difficiles transactions avec la France, n’étaient pas encore engagées et la situation d’Otages n’était pas encore à l’ordre du jour pour Staline ce qui hélas, ne fut plus notre cas » !

Parmi les récents arrivés là, se trouvait un grand nombre de : « libérés » en Autriche et sa région, dont encore parmi eux : « non pas des prisonniers de guerre, mais : des S. T. O. ( service du travail obligatoire ) employés par le Reich, dans les usines d’armement ! Comme nous tous, ils virent arriver l’armée Rouge, en libératrice » ! Confrontés : « à ces Mongols d’avant garde », ils avaient du, comme nous tous : « en payer le prix, contre la vie sauve » ! Incontestablement, quel qu’ait pu être le secteur atteint, par cette armée Rouge, ses hommes y étaient toujours en premier lieu : « les Mongols, pilleurs, violeurs, tueurs, détrousseurs de cadavres et j’en passe ! ( la liste serait trop longue ) »

Par quel miracle ou enchantement, avec notre arrivée dans ce camp, la situation « d’internés », avait changé pour tous ! En effet, dès le lendemain, les officiers français responsables, annoncèrent : « liberté pour tous, de sortir en ville ou à la plage », avec obligation de réintégrer : « le cantonnement à 18 heures, sous peine de sanctions ! ( à noter ici, les termes déjà militaires ! ) » La note, ajoutait encore : « n’oublions pas, que nous sommes tous ici sous contrôle de l’Etat et de la police Soviétique ! ( inutile pensais-je, de me le rappeler ! ) »

Quoi qu’il en fut, ( l’horizon semblait marquer une éclaircie )
Aussi, bénéficiant : « de ce statut de semi-liberté », je décidais d’en profiter, pour visiter cette ville, ainsi que sa plage, distante seulement de quelques centaines de mètres en contrebas du « cantonnement » ! Aussi : n’ayant pu prendre des bains de mer depuis mon temps passé à Nice, j’en profitais là, tous les matins dès le réveil, afin de retrouver dans cette eau tiède et limpide, la souplesse de mes membres raidis durant la nuit passée sur ce sol carrelé ! ( même avec l’habitude, les courbatures au réveil, étaient présentes, dans les côtes et les épaules )

Concernant : « les ballades en ville », il fut très vite conseillé et même constaté, de ne les réaliser, que par groupes d’une dizaine, et d’en éviter, les quartiers douteux à rues étroites ! En effet, déjà quelques « aventureux solitaires », se virent devoir regagner le « cantonnement », pour ainsi dire : « en tenue d’Adam » ! Force fut de constater alors, que même dans cette ville, « régnaient les pillards en razzia de vêtements de toute nature y compris les chaussures, sans oublier : montres et bijoux, ( sur ceux, très rares, qui les avaient encore, après la razzia des Mongols ) » !

Nanti de ces précautions à prendre, en groupe donc « et en touriste », je découvrais cette ville, dans son décor de rêve et par ses beaux jours du moi de mai, sous un magnifique soleil ! J’y parcourais ses larges avenues, tracées en boulevards bordés d’arbres et d’immeubles cossus, de style le plus souvent, « oriental », habités semblait-il, par une population aisée, à en juger par la tenue vestimentaire des personnes entrant ou sortant de ces immeubles !

Poussant visite hors de ces beaux quartiers, apparaissaient alors, tous les contrastes ! Vastes immeubles à trois étages, d’architecture sans style, uniformes et cubiques, dans lesquels devait « s’entasser » la population ouvrière de la ville ! Bâtiments en partie délabrés, rues et trottoirs ( ou semblant de trottoirs ) jonchés d’immondices fouillés par des chiens et des chats, tout cela laissait apparaître, autant l’état des lieux extérieurs, que celui des habitations et de leurs occupants, d’ensemble : « cosmopolite à la fois occidentale ( Européenne ) et orientale( Musulmane )

Contraste encore, dans la ville, au sein de la population avec laquelle : « aisance d’une part et grande misère de l’autre s’y côtoyaient » ! Y apparaissaient, à chaque coin de rue, dans les quartiers à immeubles cossus : « les mendiants en guenilles, les infirmes, les estropiés ( hommes, femmes et enfants ) tendant la main avec supplications, pour une aumône auprès des passants indifférents à cette misère » !

A cela, s’ajoutait encore : « un grand nombre de blessés de guerre, les uns défigurés, les autres amputés de différents membres et autres blessures profondes » venus là pour traitement ou en convalescence, dans cette région au climat idéal, mais pour lesquels : « les marques de la guerre et de l’armée Rouge seraient toujours présentes, leur rendant amère la victoire » ! Autre constat : « dans le grand nombre de ces blessés rencontrés dans les rues ou sur la plage, n’y figuraient que des hommes de type occidental (Européen) ! A croire, que les autres : les Mongols blessés ou estropiées (chair à canons de cette guerre), étaient soignés ou convalescents dans les steppes accueillantes de leur Mongolie natale !

Les estimant, largement payés par les razzias faites, dans les régions conquises, cet Etat peut-être, ne leur devait plus rien » !

Autre contraste frappant, dans cette ville ( Perle du Paradis Soviétique ) : les longues files, ( constituées surtout de femmes ) en attente, durant des heures, devant des boutiques ( principalement d’alimentation ), aux étals vides de tous produits et y attendant un approvisionnement « chimérique » ! Par contre ( là est le contraste ), déambulant plus loin, sur une longue esplanade et sous de grands arbres, on pouvait découvrir là : sous des abris de toile, de grands étalages, sur lesquels était exposé à la vente, toute sorte de marchandises et de produits, allant des vêtements de toute nature, à l’alimentation !

Tout cela, ( libre à la vente ), ne paraissait accessible par des prix élevé, qu’à la population aisée de cette ville ! Pour les autres, de condition modeste ( classe ouvrière ), ils n’avaient pour eux : « que les coopératives du peuple » à des prix accessibles, mais hélas : « désespérément vides de tous produits nécessaires » ! Au constat de cela, une fois de plus, je me posais la question : « Où était le partage et l’égalité pour tous dans ce pays, socle de la doctrine communiste et chanté dans les couplets de l’Internationale ? »

Dans : « ce Paradis Soviétique », tant vanté par les idéologues et cependant : ( semé de paradoxes ), me venait encore la question : Comment échapper à cette « propagande irréelle » sans cesse soutenue, par : « un matraquage constant du cerveau ? » Cela me rappelait : « une affiche publicitaire placardée durant mon enfance, sur laquelle, figuraient deux hommes, l’un tenant une masse, frappant sur un coin planté dans le crâne de l’autre, avec pour slogan : Enfoncez-vous bien çà dans la Tête ! » Je revoyais là, par cette propagande idéologique et mensongère : « cette même affiche avec cette même masse frappant sans arrêt ce coin à enfoncer dans les crânes et dans les esprits ! ( la masse étant la propagande, le coin étant l’idéologie ) » !

Poussant un jour, mes visites du coté du port, j’eus là aussi confirmation de : « l’énorme aide apportée à ce pays dans la guerre, par les U. S. A. » ! Non seulement, ce jour là deux cargos « Liberty-Ship » y étaient, en cours de déchargement, mais les quais et toutes zones alentours, ressemblaient à un immense parc de stockage, encombré de matériel de toute nature estampillé : « Made in U.S.A. » !

Dans un enchevêtrement indescriptible, des femmes manipulant les engins de levage et de manutention, levaient, poussaient ou empilaient le tout pêle-mêle et en vrac, afin de permettre, ( sous les invectives des hommes de bord ), le déchargement rapide des navires ! En présence d’un tel « bric à brac », les matelots accoudés au bastingage des navires, ne pouvaient retenir leurs ricanements ainsi que leurs interpellations narquoises à l’adresse de ces femmes, travaillant là dans une totale désorganisation !

Après avoir vu, sur le terrain même, cette aide étrangère apportée à l’effort de guerre de Staline et la constater encore de manière flagrante sur ce port de la mer Noire, je fus amené plus tard, à me poser la question : « Comment, les historiens narrateurs de ce conflit, ont-ils omis dans leurs récits, cette aide américaine apportée à l’effort de guerre de Staline ? La réponse : je la devine ! « Il fallait à tout prix, ( même par le mensonge ), garder intact le prestige et le génie de Staline, lui accordant à lui seul et à son armée Rouge, la victoire sur le Nazisme ! Aussi, pour ces historiens Staliniens, cette aide américaine, reste un Mythe ! »

De : « découvertes en découvertes » et de : « paradoxes en paradoxes », dans ce pays, que les idéologues par leur propagande quotidienne, prétendaient me montrer en exemple, sinon même en imposer son étendue à tous les peuples du monde, s’écoulait ce mois de mai, trop lentement à mon gré ! Même par un temps idéal : « Apte à de belles vacances, farniente sur la plage, bains de mer et visites de la ville », tout cela réuni en ces circonstances, ne pouvait compenser ma hâte du départ, vers ce lieu où l’on m’attendait : « loin de ce Paradis ! »

Aussi : dans l’attente de ce jour, qui devait enfin, me sortir de là, mon regard était souvent porté : « vers le large, vers cet horizon bleu, au-delà duquel je devinais Marseille et d’où devait surgir la longue silhouette de ce navire qui devait m’y conduire ! » Une telle « apparition » eut lieu le 3 juin, qui s’avéra être destinée à un premier embarquement « un millier d’hommes environ », avec en priorité : les malades et les handicapés ( déjà nombreux ) ! On compléta dans l’ordre par les premiers arrivés dans le camp ! Le compte atteint, je n’y fus pas du nombre ! Sans amertume, avec cependant, une petite déception et un pincement au cœur, je me résignais, comme d’ailleurs beaucoup d’autres, à l’attente du prochain navire ( qui était promis ) avec toujours cette même question en tête depuis des jours et des jours : « combien de temps encore, de jours ou de semaines, je n’osais dire : des mois, à patienter là, dans l’attente de la sortie ? »

L’attente pour moi, ne fut plus très longue ! le 6 juin en effet était en vue depuis le port, sortant de cette ligne d’horizon ( que je scrutais souvent ), ce second navire annoncé, pour un embarquement d’un deuxième contingent d’hommes, dont je devais faire partie ! « Six juin 1940, date fatidique ! Six juin 1945, date qui marquera ma réelle libération ! Entre les deux : cinq années Noires, à la fois sous régime Nazi et pour finir : 130 jours, Otage de Staline ! »

Depuis les hauteurs dominant le port et l’étendue bleue, j’observais l’approche de ce grand navire battant : pavillon britannique ! A grandes sonneries de trompe, il entra dans ce port, où, après de difficiles manœuvres, il s’y amarra à quai ! Sur ses flancs, je pus alors lire son nom en grandes lettres blanches : « Harawah » ! De retour au « cantonnement », je n’avais plus qu’à attendre les instructions pour le départ ! Il fut fixé au lendemain !

Embarquement donc, le 7 juin en cours de matinée ! Opération terminée, levée des ancres et largage des amarres 15 heures ! Manœuvres de sortie et cap sur la haute mer accompagné des sonneries de trompe ! Encore quelques encablures et je voyais enfin : ( accoudé au bastingage arrière du navire ), disparaître à ma vue : « cette perle de la mer Noire : Odessa, et avec elle : les côtes de ce Paradis Soviétique » ! Poussant alors : « un immense Ouf ! de soulagement, j’étais enfin libéré des Griffes de l’Ours Soviétique, sur lequel, six mois auparavant, j’avais fondé tant d’espoirs, pour hélas y avoir été confronté à l’incertitude, à la peur et à la terreur ! » Les pieds sur ce navire voguant vers Marseille, je pouvais considérer : que pour moi, le « cauchemar » était terminé et que le réveil était enfin bien réel ! Ce ne fut pas encore hélas, le cas pour tous ! Un grand nombre encore : « de ces libérés – internés », durent attendre des semaines et même, des mois, avant d’avoir été rapatriés, par voies aériennes ou par trains ! Le mois d’août, pour certains d’entre eux, était encore à venir, avant de revoir la France !

De ce dernier navire partie : « d’Odessa » le 7 juin, je débarquais à Marseille le 14 juin aux environs de 12 heures ! Après envoi d’un télégramme à ma famille : « suis à Marseille Stop ! Arrive demain Stop ! je me prêtais aux différentes formalités de rapatriement, suivant questionnaires à remplir ! Muni des documents délivrés, ayant pris congé de mes compagnons, je m’empressais de prendre mon train en direction de : « Castres via Toulouse » ! Le 15 juin, aux environs de 14 heures, j’étais dans les bras de ma Mère ! Elle était, sans nouvelles de moi, depuis plus de sept mois ! ( les lettres écrites à Vilno et Odessa, malgré promesses faites, ne furent jamais acheminées par : « les chimériques » services postaux Soviétiques ) !

A la fois, « le long voyage, l’anxiété, le doute et parfois aussi le désespoir », tout cela, pour moi était enfin terminé ! Il n’en restait pas moins, que j’avais vécu au cours de ces cinq années : « la débâcle de l’invincible armée Française, cause à la fois : de ma captivité sous régime Nazi et de ma situation d’otage au profit de Staline »

De toutes ces épreuves, revenu : « sain et sauf », je retrouvais ma famille au complet, dans une France : « déboussolée, cherchant ses marques et son orientation politique, économique et sociale » ! Sa quatrième République ( responsable de la débâcle ), était agonisante ! ( Elle devait attendre son remplacement par la cinquième, jusqu’en 1958 ) ! En attendant, son nouveau Président, « Charles de Gaulle », sous : « les fourche caudines de Staline, dictant sa politique d’expansion, sur la France, est contraint d’admettre les communistes dans son gouvernement ( Maurice Thorez : ministre du travail et 179 députés à la chambre en 1946 ) » !

Dans le cas de récriminations ou de refus coté français, « Staline » détenait encore dans ses camps d’internement et : ( afin d’imposer sa volonté ), un grand nombre de ces « Franzouskis libérés par son armée Rouge » ! Sous cette garantie, les derniers internés, ne devaient regagner la France qu’au cours du mois d’août 1945 !

En attendant : ils ont encore été, jusqu’à cette période « cette honteuse et ignoble monnaie d’échange » en garantie de l’emprise du communisme en Europe, tel que décrété par Staline et avec : « le silence complice des Anglo-Américains, suivant leurs accords à la conférence de Yalta »

Non admis, sinon même exclu de cette conférence : « le Général de Gaulle » ne fut pas moins contraint de se soumettre aux exigences : « du nouveau Maître de l’Europe : Staline », en ce qui concernait essentiellement la France, Afin qu’y soit étendue là aussi : « son idéologie communiste » !

Pour sa main mise sur les pays Européens, Staline avait déjà l’accord : « de Roosevelt et de Churchill » !

Pour les accords avec la France, il tenait entre ses mains, une partie : « des hommes de cette lamentable armée Française, écrasée et mise à genoux en deux semaines, par l’armée Allemande, détenus durant cinq années dans les Stalags et enfin ( libérés par son héroïque armée Rouge ) J’étais du nombre » ! Et, pour lesquels en cas de refus : « il avait assez de place dans ses Goulags Sibériens » !..

« D’où mon titre : Otage de Staline »

***************************

EPILOGUE

Cette guerre, enfin terminée en Europe, par les armes, ne l’était pas encore dans le Pacifique, contre le Japon ( allié du Reich ), où elle devait encore se poursuivre jusqu’en septembre de cette année : 1945 !

Idéologiquement, l’Europe sortie du nazisme, allait se trouver : ( dans ses pays de l’Est, y compris partie de l’Allemagne ), sous l’emprise communiste, ( avec même, une très forte pénétration en France ) !

Ainsi, durant 50 années, il aura été : « de bon ton », dans une certaine classe : ( intellectuels, philosophes, acteurs, réalisateurs, chanteurs, journalistes et politiques ) d’adhérer : « au communisme », vantant : « ses prouesses et son bien-être dans le Paradis Soviétique », dans lequel au cours de leurs visites : « ils n’étaient admis à voir que ce que l’on voulait bien leur montrer, à savoir : le coté flatteur du régime ! l’autre face ! Camarades ! La vrai ! Etait : Niet visitable » !

Autant fut grande : « l’illusion du Paradis », autant fut brutale : « la chute » après l’éclatement : « de la baudruche gonflée, ne contenant que du vent » ! Adieu alors : « Union Soviétique éclatée, Armée Rouge délabrée, Structures : politique, économique et sociale sans bases ni assises ! D’un tableau mythique et chimérique, il ne resta à tous ces penseurs, intellectuels, philosophes et autres embrigadés dans le train des illusions, que le néant » !

Malgré cela, il reste encore : ( pour nos derniers nostalgiques, à la date où j’écris ces lignes, mai 2002 ) le reliquat agonisant : « d’un Parti Communiste Français ( P.C.F. ) » traînant : « dans ses basques putrides, les relents des crimes Staliniens, qu’il ne veut pas avouer, malgré leur découverte et leurs publications » ! Autre reliquat : le régime Cubain, avec à sa tête : « le Micro-Stalinien : Fidel Castro », lui aussi : « empêtré dans les ruines d’une ex Union Soviétique disparue ( à l’image de Carthage ) » !
Ayant ébauché : « ce démantèlement salutaire », je crois bon de faire ici, un retour à ce que fut : « l’immédiat après-guerre », au profit : « de Staline et de son armée Rouge », avec ( illusoirement ) tout le prestige qui leur fut accordé par les différents alliés ! Pour la première fois, dans l’histoire des conflits entre nations, les trois vainqueurs de celui-ci, décidèrent : « de porter jugement et condamnation envers le vaincu estimé responsable » ! Motif d’accusation : « crimes de guerre et crimes contre l’humanité, perpétrés par les dirigeants et les chefs militaires du régime Nazi ! »

Principaux accusateurs à ce procès de « Nuremberg : les Procureurs Soviétiques », réclamant et obtenant : « verdict de la peine de mort par pendaison, pour ces accusés responsables de tous ces crimes ! » Ils n’avaient certes, pas faite cette guerre « en dentelles et le verdict demandé : principalement par les Procureurs Soviétiques, fur exécuté à la lettre : la mort par pendaison ! »

A cela, me viennent les questions suivante : « où trouve-t-on dans l’histoire des guerres humanitaires ? Pillages, assassinats de tous ordres, viols des femmes, incendies des habitations, le tout en pays conquis, ne sont-ils pas aussi, à juger et à condamner aux motifs : de crimes de guerre et crimes contre l’humanité ? Ne cherchez pas les auteurs de ces actes ignobles ! Je les désigne : « les Mongols de Staline et de son armée Rouge, assassins même , de nombre de français tombés sous les rafales de leurs mitraillettes dont ils jouaient pour le plaisir de tuer ! » Y a-t-il eu un tribunal et des procureurs, pour condamner les responsables Soviétiques, « auteurs de ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité ? »

Aucun procès non plus : « afin de juger et condamner les dirigeants responsables des bombardements massifs, écrasant sous des bombes incendiaires les grandes villes allemandes, n’y faisant des dégâts, que parmi les populations civiles ! ( 250 000 victimes en deux vagues de bombardiers, pour la seule ville de Dresde, principalement des civils en exode, fuyant de Prusse Orientale, l’avance des hordes Rouges ! Pour couronner le tout : largage de deux bombes atomiques sur les villes japonaises : Hiroshima et Nagasaki résultat probant : 300 000 victimes civiles ) ! » Excuses pour ces dirigeants donneurs d’ordres : « ces millions de victimes civiles, étaient à mettre au compte des vainqueurs et au titre de : ( défenseurs des droits de l’homme ) ! » Leurs actes à eux tous, furent donc à ce titre, portés : « au crédit de l’humanité et non au crime contre cette humanité ! »

Partant de là, il fallut encore attendre quelques années pour voir : « dénoncer enfin les crimes du Stalinisme », en premier lieu : « par des dissidents courageux désertant le régime et dénonçant ses crimes par leurs ouvrages écrits » ! Tels que : en 1947 Kravchenko, avec son ouvrage paru en France : « J’ai choisi la Liberté » ( qui lui valut un procès intenté par le P.C.F. et perdu par ce dernier ) ! Dès cette même époque, nombreux furent : « les réfugiés en U.R.S.S. ayant quitté l’Espagne après la victoire de Franco qui après déception, quittèrent aussi ce régime, écrivant avec pour titre de l’un d’eux : J’ai perdu la foi à Moscou ! »( 1950- Enrique Castro Delgado )

Arrive : en 1973 Soljénitsyne, avec son ouvrage : « L’Archipel du Goulag » , dans lequel, il dénonce avec vigueur les déportations en masse, d’hommes et de femmes vers : « les Goulags Staliniens, ainsi que les famines imposées aux populations rurales de l’Ukraine, faisant des millions de victimes ! Il ne cesse alors, de mettre en garde les pays occidentaux contre le danger d’extension du communisme ! » ( ses écrits, sont alors qualifiés par les nouveaux idéologues en herbe, « d’exagération et de dénigrement » ) !

Confirmant cela, en 1989 : « survint : la destruction du Mur de Berlin » ( entraînant dans son sillage : la Réunification de l’Allemagne, disloquée par Staline aux accords de Yalta ) ! L’Union Soviétique et son idéologie communiste, « tremblait déjà sur ses bases » ! Aidant à cela , un Pape venu de l’Est : « Samson du XXe. Siècle » Ebranla tant les colonnes du Temple Rouge, que ce dernier s’effondra ne laissant après lui, que des ruines fumantes ! Il avait simplement dans son œuvre titanesque réintroduit dans ce temple : le Christianisme et la foi, dérobés depuis 70 ans par l’instauration Bolchevique de Lénine et aggravée par Staline ! »

Continuant : l’œuvre de dénonciation des crimes Staliniens, fut publié en 1997 : l’important ouvrage écrit par : Stéphane Courtois et cinq autres participants , avec pour titre : « Le Livre Noir du Communisme » ( portant le nombre de victimes, par massacres, famines et exécutions après déportations à : vingt millions de morts )à coté de cela : « les crimes contre l’humanité » perpétrés par les Nazis et condamnés à Nuremberg, « sont-ils seuls condamnables ? » comparés aux atrocités commise par le régime Stalinien ! Non seulement,( couvert par idéologie communiste ), on ne parla jamais de procès : « pour crime contre l’humanité », mais les communistes restant : « considèrent publiquement ses écrits mensongers ! »

« Mensonges » ! Oui ! voilà bien « l’épitaphe » qui convient : « sur ce tombeau de ruines ! » On retrouve cela : « même dans les archives de ce système, relatives aux traitements faits aux prisonniers français libérés d’Allemagne par l’armée Rouge ! » C’est la découverte qui a été faite : « par Catherine Klien-Gousseff et quatre de ses collaboratrices », membres : « du centre d’études au C.N.R.S. » le tout, édité dans un livre ayant pour titre : « Retours d’U.R.S.S. » paru en mai 2001 ! ( Je tiens à préciser, que c’est après avoir lu ce livre que je considère : « un monument de mensonges », que j’ai décidé d’écrire le présent récit, dénonçant ces aberrations trouvées dans les archives de ce régime ! )

Il est fait état dans ce livre, à la fois : « des prisonniers de guerre ( français ), ayant combattu aux cotés des allemands et capturés par l’armée Rouge, ainsi que des français ( libérés ) des Stalags allemands » ( ce qui a été mon cas ) ! Parlant de ces derniers, on les situe : « rassemblés dans des camps » ! ( premier mensonge ) je préfère déjà, nous situer : « internés dans des camps » ! Y décrivant les traitements : « nous étions logés confortablement et fort bien alimentés » ( la carte des différents repas : 3 par jours, y est également décrite : des hors-d’œuvre jusqu’au dessert ) ! « Tout cela serait digne d’un traitement pour touristes en Hôtel-Restaurant 3 Etoiles, si cela ne relevait en réalité que d’ignobles mensonges, que je m’empresse de dénoncer ici, précisions à l’appui ! »

Concernant les mesures d’hébergement : « Premier camp soviétique d’internement : Gumbinnen : logement dans une salle vide, préalablement dévastée, avec ( encore ) pour literie de la paille étalée sur le sol ! Deuxième camp d’internement : Vilnius : logement dans de très grandes salles entièrement nues, avec pour literie, le sol des planchers en bois ! Troisième camp d’internement : Odessa : logement : là aussi, vastes salles entièrement nues, avec pour literie : non plus les planchers bois, mais les sols carrelés ! » Voilà pour ce que les soviétiques appellent : « confort de l’habitat ! »

Passons aux règles d’alimentation : « deux fois par jour : 250 grammes environ d’un pain noir, mou et aigre ! 250 grammes de viande en boites ! Une gamelle de céréales cuites, orge ou seigle ! Viande et céréales : made in U.S.A.) ! Au matin, le quart d’un jus, vulgairement désigné : Thé ! » Voilà pour l’alimentation complète, à la carte ) trouvée dans les archives soviétiques ! Soumis à un tel régime quotidien, j’avais même perdu le goût de la pomme de terre ! Et, je reste persuadé, que sans l’aide américaine, nous n’aurions eu pour toute nourriture : « en produits soviétique : que des concombres et des graines de tournesol ! » Faute de cela, peut-être même, qu’un grand nombre de : « ces franzouskis », seraient morts de faim ( j’aurais pu être de ceux-là ! )

A croire : que les soviétiques rédigeant leurs archives mensongères, ont espéré, qu’à leur ouverture possible, aucun survivant ne serait plus là, pour en dénoncer le mensonge ! Effectivement, malgré déjà une mise à disposition prématurée de ces archives( due au bouleversement du régime ), en cette année 2002, très peu de ces français à pouvoir témoigner sinon même dénoncer les maltraitances supportées au cours de ces mois passés sous le pouvoir de Staline, lui ayant servi « d’otages » à satisfaire ses revendications internationales, afin d’étendre son emprise d’hégémonie idéologique, sont encore de ce monde !

Il s’en trouve certainement, encore moins, à avoir eu connaissance de ces mensonges et à les dénoncer par écrit !

« Eh bien : même s’il ne devait en rester qu’un, je serai celui-là ! »
« Quitte à devoir déplaire à tous ces nostalgiques déplorant, sinon même pleurant l’écroulement de leur : Paradis Soviétique » et arborant encore : « Drapeau rouge à faucille et marteau, emblème de leurs chimères, au chant de : l’Internationale ! »

A ma très grande satisfaction, je remercie le destin, qui : « retardant l’heure de mon train dans son arrivée à la station terminus, sans billet de retour » m’aura permis de vivre tout à la joie : « l’écroulement du mur de Berlin, la totale dislocation de l’union Soviétique, la disparition de son armée Rouge, le tout entraînant dans son sillage : l’évaporation de l’idéologie communiste en Europe ! » Déjà, m’estimant payé des traitement imposés et des risques encourus, il me reste encore l’espoir d’assister avant mon départ : « à la complète disparition du micro-parti-communiste français ! »

Satisfaction encore : pour avoir pu prendre connaissance des nombreux documents écrits, portant à la fois : témoignages et dénonciations : « des crimes et atrocités staliniennes » avec cependant, les regrets : « que les responsables connus, n’aient pas été jugés et condamnés, pour crimes contre l’humanité et exécutés par pendaison, comme l’ont été, les responsables Nazis, sous condamnation des Procureurs Soviétiques ! Au même titre que les Nazis : ces Staliniens, n’en méritaient pas moins ! »

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EN CONCLUSION

Nécrologie : Pour chacun : « des Hommes d’Etat et Dictateurs » Protagonistes du conflit et disparus les uns après les autres ! ( dans l’ordre : )

1945 - Roosevelt ( Etats-Unis ) décédé, peu de temps après sa participation à la conférence de Yalta !

1945 - Hitler ( Allemagne ) suicidé en mai à Berlin, sur constat de sa défaite, laissant son Reich et son peuple en ruines !

1945 - Mussolini ( Italie ) assassiné en mai et pendaison de son cadavre sur la place publique !

1951 - Pétain ( France ) décédé, après avoir été jugé et condamné à l’indignité nationale, pour avoir ( la corde au cou ), porté dignement après la débâcle française, les clefs de la France au vainqueur !

1953 - Staline ( U.R.S.S. ) décédé dans son lit, n’a pas eu droit au sépulcre de Lénine sur la Place rouge ( une simple pierre tombale derrière les murs du Kremlin !

1965 - Churchill ( Angleterre ) décédé dans son lit : Il avait partagé l’Europe à Staline l’ors de la conférence de Yalta !

1970 - De Gaulle ( France ) décédé dans son lit : Il avait en juin 1940, abandonné le pays laissant son armée face au Panzers allemands ! Il y reprit, malgré cela le pouvoir en 1944 après la libération de Paris et la défaite allemande !

1972 - Truman (Etats-Unis) responsable des deux bombes atomiques sur le Japon ( 300 000 victimes ) lui :en tout état de Grâce mourra dans son lit !

1975 - Franco ( Espagne ) décédé dans son lit : Il avait été l’instigateur de la guerre civile espagnole ( 1936-1939 ) marquant le prélude du conflit Européen et mondial !

******************************

Requiem ici : Pour les centaines de millions de leurs victimes (Militaires et Civiles ) : Pour les premières : « tombées aux combats sur les champs de batailles ! » Pour les secondes : « écrasées sous les bombardements des villes ! » Toutes, sans exception, sacrifiées par chacun de ces hommes d’Etats, dans leur seul but fixé :( issue en leur faveur de la guerre ou idéologie d’expansions territoriales et politiques ! )

In-Memoriam – Te Deum et Requiem aussi : Pour tous mes compagnons de captivité et d’épreuves imposées, disparus à ce jour, dont certains même depuis longtemps déjà ! Je n’y oublie pas : le grand nombre de ceux : « qui sont tombés, lâchement assassinés, par les hordes Mongols de Staline » et cela, les attendant : « en libérateurs » après cinq années de captivité dans les Stalags du Nazisme ! ( Ils avaient : comme nous tous, vécu la débâcle française, cause de leur captivité, pour au bout du compte : « mourir assassinés, sans motifs ni raison » ! )

Entré dans la ligne droite d’aboutissement à ma 85me. année, alors que : enfant d’un couple de réfugiés clandestins, ayant franchi la frontière Pyrénéenne en mai 1919, victime d’une violente gastro-entérite, j’avais frôlé la mort dans le premier village d’accueil en haute montagne ( Aragnouet ) au désespoir de ma Mère, non seulement de me perdre, mais de devoir m’ensevelir dans ce petit cimetière de village dans lequel les chèvres, venaient brouter l’herbe dont étaient couvertes certaines tombes ! Elle ne pouvait savoir alors : « que j’étais programmé » pour traverser le siècle et ses embûches, desquelles je m’estime satisfait d’être sorti sans séquelles, avec parfois : « la Camarde marchant à ma gauche et la protection divine me gardant sur ma droite ! » Satisfait aussi, d’avoir eu la force et la volonté ( sans capacités littéraires ) d’écrire pour ma postérité, toutes ces épreuves vécues au cours de ce « long voyage » dévoilé dans les lignes de ma main, par une « cartomancienne », un jour du mois de juin 1938 !

Elle avait cependant omis, de m’en décrire le parcours !
Elle n’en avait pas le pouvoir ! Et cela, a été préférable !

Fin ( Mai 2002 )

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Table des Chapitres

Page

Avant Propos--------------------------------------------------------- 1

Au tournant d’une Vie --------------------------------------------- 3

Le Citoyen au Service de la France------------------------------ 5

Les Sombres Perspectives ----------------------------------------- 9

Le Coq Gaulois dans les Serres de l’Aigle Germanique ----- 16

Pour un Long Séjour à l’Est ------------------------------------- 20

Le Temps au fil des Années --------------------------------------- 24

Face aux Hordes de Staline --------------------------------------- 31

Dans les Griffes de l’Ours Soviétique ---------------------------- 37

Monnaie d’Echange pour Staline --------------------------------- 51

Camp d’Internement : Vilnius ------------------------------------- 60

Le Chiendent du Communisme ------------------------------------ 64

Peut-être : Une éclaircie à l’Horizon ----------------------------- 74

Epilogue --------------------------------------------------------------- 84

En Conclusion :------------------------------------------------------- 89

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