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ASFAD

Association de Solidarité avec les Femmes Algériennes Démocrates

dimanche 15 février 2015, par Clare Mearns

L’ASFAD est un lieu d’information et d’aide aux femmes immigrées ou issues de l’immigration lorsqu’elles sont confrontées à des difficultés administratives, des problèmes de violence conjugale, de divorce, de répudiation, de garde d’enfants, de mariage forcé, aux conséquences de l’application des Accords bilatéraux, aux retombées discriminatoires des Codes de statuts personnels des trois pays du Maghreb

L’ASFAD est engagée dans la lutte pour le droit des femmes et contre toutes les formes de discriminations

L’ASFAD a été créée le 5 juillet 1995 par des Algériennes et des Françaises vivant en France. Elle est issue du Réseau International de Solidarité avec les Femmes Algériennes (RISFA), réseau informel qui s’était constitué sur la base d’un élan spontané de femmes féministes suite aux massacres perpétués sur des femmes en Algérie et à l’exode d’Algériennes qui arrivaient en France totalement démunies.

L’ASFAD amine une permanence d’accueil, d’écoute et d’orientation des femmes en difficulté avec accompagnement et suivi administratif et juridique.

Du RISFA à L’ASFAD : l’histoire de l’association

L’Algérie vit une situation de déstabilisation politique grave, dramatique pour la population.

Après le succès du FIS aux élections législatives de décembre 1991 et la perte d’influence du FLN soutenu par les chefs de l’Armée, ceux-ci obtiennent la démission du président Chadli Bendjedid. Ils constituent un Haut Comité d’Etat présidé par Mohamed Boudiaf, assassiné en juin 1992 et remplacé par Liamine Zéroual en janvier 1994.

Face à ce pouvoir de transition sans légitimité populaire, qui accentue la répression, le mouvement islamiste se renforce. Le FIS ne maîtrise pas les GIA dirigés par des émirs autoproclamés qui redoublent de violence dans leurs actions armées contre les civils.

Dans ce contexte politique où l’Etat ne protège plus ses citoyens, des journalistes, des enseignants, des chercheurs, des artistes sont menacés, enlevés, assassinés. Des femmes et des jeunes filles sont violées, torturées, massacrées. Toute une partie de la population, déclarée « apostate » par les islamistes, vit dans l’angoisse, harcelée, menacée de mort. Les médias français rapportent ces tragédies quotidiennes. Des familles s’exilent, arrivent en France pour se protéger ou protéger leurs enfants, demandant l’asile.

En novembre 1993, des femmes françaises et algériennes participent, à Oran, à un colloque sur la violence. Là, se forge une conviction ; il faut créer un réseau de solidarité pour les femmes menacées qui se réfugient en France, mais également pour aider celles qui restent et continuent à crier, courageusement, dans la rue, leur révolte. Le 8 mars 1994, leur marche dans les rues d’Alger bouleverse le monde entier. Les Algériennes sont debout malgré les menaces terribles des terroristes.

A Paris, un fil se tisse, une cinquante de militantes françaises et algériennes se réunissent le 17 mars. Une action prioritaire est décidée : envoyer un message de solidarité aux femmes algériennes et le diffuser à la presse.
Il faut également organiser rapidement un rassemblement. Un extraordinaire bouche à oreille aboutit à une manifestation sur le parvis des Droits de l’homme au Trocadéro, cinq jours plus tard !… le 22 mars 1994. On attendait une cinquantaine de personnes. Elles sont au moins deux cents qui crient leur colère, à travers des témoignages bouleversants. Les dernières femmes arrivées d’Alger racontent l’horreur.

Immédiatement naît l’idée d’un réseau de solidarité :

Le RISFA, Réseau international de solidarité avec les femmes algériennes des Françaises et des Algériennes exilées et immigrées, se mobilisent.

Une assemblée générale est décidée.

Tout va très vite : il le faut. Les réunions succèdent aux réunions. Les dons arrivent, permettant au réseau de fonctionner. L’association RUPTURES nous permet de mettre sur pied un fonctionnement financier.. Radios, télés, journaux s’intéressent aux projets du RISFA, créé le 17 mars 1994.

Comment va évoluer ce réseau ? Les objectifs au sein du groupe sont multiples, parfois antagonistes Quatre commissions s’organisent qui souhaitent se mobiliser sur des actions précises :

« soutien juridique » (aider les femmes à obtenir des titres de séjour), « relation avec les associations féministes en France » et à l’étranger (sensibiliser sur la résistance des Algériennes et susciter des solidarités), « relation avec les associations d’Algérie » (établir des contacts avec toute femme démocrate qui, à titre personnel ou au sein d’une association oeuvre pour les droits des femmes).
Cette dernière commission sera particulièrement attentive à un travail de recensement des associations féminines existantes, à la prise de contact avec leurs responsables, à l’évaluation de leurs besoins et à la mise en oeuvre des solutions appropriées.

Une commission « Information » sera chargée d’une revue de presse algérienne et internationale afin d’en tirer les éléments utiles aux autres commissions. Cette commission recueille également des témoignages afin d’en faire un livre noir (ce projet ne verra jamais le jour ; des craintes se manifestent quant à la sécurité des femmes interviewées). Des débats, des soirées sont organisés. Le 9 décembre 1994, un colloque auquel s’associent Danielle Mitterrand et la Fondation France Libertés, réunit au Sénat (malgré une grève mémorable) un grand nombre de participants.

Les militantes algériennes étaient alors souvent liées à des partis politiques.
Des débats parfois houleux s’instaurent au sein du réseau et opposent les « éradicatrices » aux « dialoguistes ». « Les éradicatrices » ainsi nommées parce qu’elles refusent tout dialogue avec les islamistes et ne sont pas hostiles à la Répression à leur encontre. Par ailleurs les « dialoguistes », souvent très opposées au projet de société des islamistes, pensent qu’au nom de la démocratie on ne peut les exclure du débat politique.
Dans ce réseau un groupe de Françaises et d’Algériennes, récemment arrivées ou immigrées de longue date, décide de s’engager concrètement et immédiatement sur des actions d’accueil des Algériennes en France et sur le soutien à celles qui luttent là-bas en créant une association. En mai 1995, les statuts sont déposés à la Préfecture.

Ce sera l’ASFAD : Association de Solidarité avec les Femmes Algériennes Démocrates. Une page se tourne.

Les objectifs de l’ASFAD :

 En France, Elle est engagée au sein du réseau de solidarité des associations féministes, à la lutte menée contre l’exclusion, l’obscurantisme, l’intégrisme…

 L’ASFAD soutient les femmes étrangères qui sont en exil dans leurs efforts d’adaptation et d’insertion dans la société d’accueil…

 l’ASFAD met tout en oeuvre pour aider les femmes organisées ou non, qui luttent contre l’exclusion, pour les droits des femmes, le respect de la personne humaine et pour la démocratie…

 Elle s’associe à toutes les initiatives qui, depuis plusieurs années, ont été menées pour les droits des femmes maghrébines, ici et là-bas.

 Elle participe également à la réflexion et au débat sur la situation des femmes maghrébines immigrées ou issues de l’immigration, victimes des discriminations liées aux Codes de statut personnel en vigueur dans leur pays d’origine et en France. Elle s’associe aux luttes pour la défense de la laïcité…

 En Algérie, elle soutient les associations qui militent pour les droits des femmes, l’abrogation du Code de la Famille (remanié en 2005), l’égalité entre les femmes et les hommes et pour la démocratie…

Les permanence d’accueils :

L’ASFAD assure deux permanences grâce à sa médiatrices juridique et sociale, et deux membres bénévoles.

1. L’accueil, au siège de l’association :

L’accueil du public, au siège, se déroule du lundi au jeudi, de 10h à 18h, (le vendredi étant consacré à l’administration). Outre les appels téléphoniques, information, orientation, conseils, la médiatrice juridique et sociale accueille sur rendez-vous, celles qui sont en grande difficultés et qui souhaitent régulariser leur situation administrative.

La bonne conduite des entretiens ainsi que la constitution des dossiers sont la clef de l’aboutissement de la régularisation administrative. En effet, pour une seule demande, le nombre d’entretiens varient de 2 à 4, et peuvent durer plusieurs heures. La première rencontre est consacrée à la situation globale de la femme reçue. En effet, dans 90% des cas, les situations irrégulières s’accompagnent des violences physiques et psychologiques à l’égard du sujet, qui de fait se trouve systématiquement en position de vulnérabilité en toute circonstance. Les rendez-vous suivants sont dédiés à la constitution du dossier : plus le sujet à séjourné longtemps en France, plus le dossier est lourd est difficile à établir.

L’accompagnement et le suivi juridique avec constitution de dossier sont les opérations les plus lourdes en ce qui concerne l’accueil à l’ASFAD.

2. L’accueil au « Point Femmes » à la Mairie du 13ème arrondissement :

La permanence se tient tous les mercredis de 9h a 12h. Les femmes reçues en mairie sont soit des victimes de violences, soit des Françaises qui rencontrent des problèmes variés, liés à leur quotidien.

Les sources d’orientations des femmes victimes de violence vers l’ASFAD
Les femmes accueillies à l’ASFAD ont été au préalable orientées par divers canaux :

 les hôpitaux, dès lors qu’elles subissent des violences conjugales ou intrafamiliales

 les services sociaux

 les commissariats

 les mairies, grâce aux différents dépliants mentionnant notre existence

 les associations partenaires avec lesquelles nous travaillons en réseau

 les particuliers qui nous ont côtoyées dans le cadre ou hors cadre associatif
Analyses de l’accueil

Les femmes reçues à notre permanence sont de nationalités diverses avec des parcours tout aussi variés.

Nous avons remarqué une problématique pour celles qui viennent d’ailleurs : la majorité de ces femmes étaient venues dans le cadre du regroupement familial mariées à des résidents en France ou à des binationaux. Elles sont venues munies d’un visa long séjour d’installation qui leur permettrait d’avoir une carte de résidence dès leur arrivée.

Le problème auquel elles se retrouvent confrontées est que le mari refuse de les accompagner à la Préfecture de Police pour être en possession d’une carte de séjour.

L’accompagnement par le mari est obligatoire pour convaincre les autorités préfectorales de la réalité de la vie commune.

Bon nombre d’entre elles nous racontent qu’elles se retrouvent non pas au domicile conjugal du mari, mais chez la belle famille. Elles sont dans une situation d’esclavagisme, si on peut qualifier les actes comme cela, obligées à faire toutes les tâches ménagères pour tout le monde, privées de sorties, et pour
certaines privées même de nourriture, avec en plus séquestration de papiers – passeport, livret de famille, etc. – soit par le mari, soit par la belle famille. Lorsqu’elles osent parler de leur droit au séjour, elles se retrouvent jetées à la rue, et divorcées par le mari au pays d’origine.

Ces femmes ont peur de porter plainte contre le mari ou la belle famille pour violences suite aux menaces à leur encontre, et surtout lorsqu’elles se retrouvent en situation irrégulière.

L’ASFAD les accompagne dans leur démarches administratives, et avec son réseau les oriente vers les professionnels sociaux qui peuvent les aider matériellement et vers des centres d’hébergement pour qu’elles puissent vivre dignement.

Il faut savoir que retourner dans leur famille au pays d’origine, serait une honte pour elle et pour leurs parents. Elles le refusent donc. Elles sont aussi persuadées qu’une femme de retour après un mariage manqué trouve difficilement à s’insérer dans la société d’origine.

Les femmes immigrées ou issues del’immigration victimes de violence conjugale :

Plusieurs situations se sont présentées à nous :

 Le mari est violent lorsqu’il est au chômage, alcoolique, impuissant…

 Le mari est sous l’emprise de sa famille lorsqu’il vit avec elle.

 Le mari a une double vie avec une autre femme et des enfants…

Echanges d’info

A la demande d’assistantes sociales et autres socioprofessionnels, de jeunes chercheuses, d’étudiantes, etc., de très nombreux entretiens – de deux heures en moyenne pour chacun – ont eu lieu à notre permanence avec la médiatrice juridique et sociale sur les droits des étrangers, les mariages forcés, les femmes victimes de violences conjugales et familiales, les Codes de statut personnels des trois pays du Maghreb, etc.

Toute l’année se succèdent les appels téléphoniques de personnes en difficulté, d’assistantes sociales ou d’éducateurs confrontés à des cas délicats, des services de mairies ou encore de médecins de collèges et lycées.

Ainsi pour la seule année 2005 il y a eu :

 au niveau de l’accueil téléphonique :
400 appels ayant donné lieu à des conseils juridiques, renseignements divers,

 620 rendez-vous et étude de dossiers de régularisation, recours…

 162 orientations, accompagnements, conseils

La permanence de l’ASFAD est ouverte du Lundi au Jeudi de 10h à 18h et le Vendredi matin.

Il faut au préalable prendre rendez-vous par téléphone.

La permanente, formée aux droits des étrangers en France, reçoit des femmes confrontées à des problèmes juridiques et les aide à accomplir les démarches nécessaires notamment pour leur régularisation : entretiens, constitution et suivi des dossiers, accompagnement auprès des instances administratives, conseils juridiques, orientations, etc.

Contacts :

94, Boulevard Masséna – 9 Villa d’Este

75013 Paris

Téléphone/Fax : 01 53 79 18 73

Email : asfad@free.fr

Messages

  • Je suis francaise d origine algerienne je suis nee a paris 10 eme quand javais 15ans mon pere ma laisse en algerie chez ma gr mere .J avais que le niveau ’’4eme et apres plus rien car en algerie jallai ni a lecole ni je sortais .Quand jai ateind 17ans mon pere ma mariee avec soit disant un medecin a (OUARGLA) sa se trouve a 800 km d alger .De se mariage forcer on a conçue 6 enfants dont 3majeurs qui sont actuellelment mariee et de 3 mineurs .Puis en 2006 mon pere a ete gravement malade donc je suis desendue en france pour rester a son chevet. Puis au bout de 3 mois mon fils hainer m apelle en me disant qui c est mariee1 mariage religieux bien sur car on etait pas divorcee donc en aprenant sela j etais boulverser et j ai decider de ne plus repartir en algerie cest moi meme qui a entamer une procedure de divorce le divorce a ete fait en algerie et a ete prononcer en 2008 .Maintenant je suis fonctionaire jai mon logement car avant je travaillet pas et j abitais chez ma maman.Ma question c est comment faire pour recuperer mes 3 ENFANTS mineures qui sont avec leurs pere et qui soufre sans leurs mere je ne les ais pas vue depuis 2007 car a chaque fois que je desand en algerie il ne me laisse pas les voir alors AIDER MOI SVP AIDER MOI A FAIRE LES DEMARCHES NAICESAIRES CAR JE SAIS PLUS OU ME RETOURNER EN ESPERANS AVOIR UNE REP DE VOTRE PARS LE PLUTOT POSSIBLE VOILA MON ADRESSE EMAIL samred95@hotmail.fr merci a bientot

  • Bonjour
    je suis travailleur social et formatrice dans l insertion depuis 30 ans en region parisienne
    j aimerai mettre. Mon experience et mon savoir faire à disposition des femmes algeriennes
    ou autres
    si vousvoulez m integrer a votre association je peux peut etre vous rendre service
    Bien Cordialement
    Aicha

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