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Firouze Ephreme

La petite goutte d’eau et l’océan

lundi 27 juin 2011, par FIROUZEH EPHREME

La petite goutte d’eau et l’océan

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À la mémoire de mon père, et pour tous les élèves du collège « La Justice » de Cergy Préfecture, en particulier pour les élèves qui nous ont reçus.

Firouzeh Ephreme

Il était une fois une petite goutte d’eau qui vivait sur un petit nuage. Un jour, alors qu’il traversait le ciel, le nuage lui parla de l’existence d’un grand royaume couleur azur, peuplé de millions et de millions de gouttes d’eau et d’innombrables créatures de toutes sortes et de toutes tailles. Ce royaume était si vaste que sa traversée d’un bout à l’autre prenait plusieurs levers et couchers de soleil.
Le récit était tellement beau que la petite goutte d’eau eut envie de partir à la découverte de ce merveilleux royaume. Dès lors, elle ne vécut plus que pour voir l’océan. Elle imaginait les vagues se fracassant sur les rochers et atteignant le ciel, galopant le long des rivages, ou progressant vers les terres.

Un soir, en traversant le ciel au-dessus du désert, le nuage croisa ses semblables. Prise dans les discussions, la goutte d’eau tomba soudain sur le sol dans un coin du désert.

« Aïe », cria-t-elle.

Elle jeta un rapide coup d’œil autour d’elle.

– C’est toi, l’océan ? demanda la petite goutte.

– Non. Je suis le désert, et je te souhaite la bienvenue, répondit Sahara de sa voix posée et profonde. Cela fait longtemps que j’attendais ton arrivée.

– Es-tu sûr qu’ici, ce n’est pas l’océan ?

– Oui ! dit le désert en riant. Regarde le sable : il est de couleur ambre, tandis que l’océan est bleu.

– Absolument sûr ?! insista la goutte d’eau.

– Certain.

– Alors, c’est ici, le désert ! rétorqua la petite goutte.

– Comme je viens de te le dire.

– Alors, je ne peux pas rester, je cherche l’océan. Il faut que je parte.

– Comment, par quel moyen ?

– Je ne sais pas !

Le désert tenta de l’en dissuader en lui expliquant que le voyage serait long et semé d’embûches. Il indiqua que l’arrivée de son invitée était un événement extraordinaire et que personne d’autre sur terre ne pouvait apprécier sa présence comme lui. Il lui parla de son royaume, de ses mystères et de ses merveilles, de ses ciels étoilés, mais en vain ! La petite goutte d’eau rêvait de l’océan.
– Reste avec moi cette nuit, et je te ferai partir dès les premières lueurs du jour, promit finalement le désert.

Ce soir-là, une promesse de paix régnait sur le désert tel un parfum suave. En l’honneur de l’invitée surprise, un doux vent venu du lointain veillait sur le royaume. Scintillantes, les étoiles dans le ciel du désert s’approchèrent du sol, s’invitant à la fête. Ici et là, les files des caravaniers fascinés par la nuit s’avançaient paisiblement, néanmoins intrigués par les grains de sable qui, en descendant les collines, semblaient chuchoter des mots. Les hommes croyaient que le désert livrait ses secrets.

– C’est drôlement beau ici, reconnut la petite goutte d’eau.

– Tu trouves ! s’exclama le désert, fièrement.

– Oui, mais je parie que l’océan doit être encore plus beau.

– Puisque tu le dis, murmura le désert.

Le désert décida alors d’offrir à la petite goutte d’eau tout ce qu’il savait sur le monde.

Le lendemain, à l’aube, un typhon se leva. La petite goutte d’eau soulevée dans l’air s’accrocha à un nuage, et ce fut à son bord qu’elle quitta le royaume. De son côté, le désert avait du mal à dissimuler son chagrin et sa déception.

– Je comprends que tu agisses de la sorte, mais il est temps de te calmer. Je t’en prie, ordonne au sable de mettre un terme au typhon, osa un vieux lézard.

Mais la tempête reprit de plus belle.

– Pourquoi ? demanda le vieux lézard.

– Parce que je ne veux pas ! souffla le désert. Parce que je ne l’ai pas encore décidé ! Parce qu’il ne me reste que mes cris pour soulager mon cœur. Parce que je n’ai pas eu le cœur de lui dire que selon notre loi, désormais, elle fait partie des nôtres, puisqu’elle est tombée et née ici, et qu’elle est devenue l’enfant du désert.

– Qui t’en aurait empêché ?

– Elle avait un rêve ! se déchaîna le désert.

Le soir même, les étoiles se retirèrent du ciel au-dessus du désert. Il valait mieux pour tout voyageur de ne pas devoir chercher son chemin. Le désert était de mauvaise humeur.

– Fais confiance à ton enfant, s’exclama le vieux lézard. Tu lui as transmis toutes tes connaissances.

Le lendemain, le désert était calme et silencieux.

– La journée est belle mais trop chaude. Aucune chance de rencontrer une bête ou de croiser un homme, dit le lézard.

– Désires-tu boire ? demanda le désert.

Curieux et vif, le lézard souleva la tête.

– Une oasis ! Avec un arbre et tout ! Un endroit où faune et flore accourent pour boire, pour se reposer, où nous pourrions tous deux bavarder, se confier et rire. Et encore mieux, j’en serai le gardien. Quel bonheur, une oasis, notre oasis en plein milieu du désert ! Jusqu’à présent, aux yeux du monde, le désert est connu pour sa grande sagesse et là, on parlera de sa générosité ! Ça doit être merveilleux, mais je ne t’en demandais pas tant ! se tut le lézard, arborant un sourire soupçonneux.

Un moment de silence s’installa.

– Je te savais adroit, mais en matière de flatterie et de ruse, tu es le maître, dit le désert en riant. Crois-tu que je la reverrai un jour ?

– Certainement, répondit le lézard, qui fit une grimace et continua dans un murmure : À l’instant même, je parlais de ta sagesse, et je constate qu’à part moi, personne n’est vraiment sage. Le problème, c’est que personne ne m’écoute, soupira-t-il.

La petite goutte d’eau était loin. La chaleur brûlante du désert laissait maintenant place à un air gorgé d’humidité. Devant elle, une forêt se dessinait à perte de vue. Pour elle, il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait de l’océan. Impatiente, elle se précipita pour explorer le lieu, mais heurtée par des millions d’autres gouttes, l’affaire semblait difficile. Déterminée et tant bien que mal, elle se fraya un passage jusqu’au sommet d’une branche d’arbre.

– Attention ! se lamenta une grosse goutte d’eau, bousculée.

– Ouste, s’écria une autre à l’autre bout.

– Désolée, s’exclama la petite goutte. Est-ce que je suis bien à l’océan ? demanda-t-elle.

– Tu ne connais pas la couleur verte de la forêt ! s’étonna la grosse goutte.

– Peut-être qu’elle est aveugle ! lança une liane.

– Ou bien qu’elle fait l’imbécile ? suggéra une baie sous sa robe noire violacée et luisante.

– Pardon de ne pas connaître la couleur verte, s’excusa la goutte d’eau, sans comprendre la raison de tant d’hostilité envers elle.

– Laissez-la tranquille ! gronda un grenadier solitaire.

La liane se redressa jusqu’au sommet de la branche et observa la petite goutte d’eau.

– C’est vrai qu’elle est jeune ! reconnut-elle d’un air compatissant. Je me propose de prendre son éducation en main.

Aussitôt, la liane entoura l’arbre vigoureusement.

– Pauvre petite ! soupira un figuier sauvage.

La liane rassembla toutes ses forces pour faire pencher la branche d’arbre au plus près du sol, puis elle la lâcha, ce qui projeta la petite goutte au loin.
Suspendue entre la terre et le ciel, la goutte d’eau attendit des jours avant de rencontrer une brise qui l’emmena vers de nouveaux horizons. Bientôt, chevauchant un vent glacial en direction du nord, elle découvrit le royaume de la neige. Tapissé de blanc, le silence y régnait, et la petite goutte d’eau ne put qu’attendre, mais le temps lui paraissait interminable. Seul le souvenir du désert lui réchauffait le cœur et lui donnait force et courage.

À l’apparition du premier rayon du soleil dans le pays du froid, la neige sembla s’enthousiasmer. Sous son air impassible, elle attendait impatiemment l’astre du jour. Celui-ci, derrière son aspect téméraire, se révéla fasciné. Depuis l’éternité, un amour secret les unissait tous les deux. La neige et le soleil au tempérament opposé brûlaient du même amour. Chaque année, à cette période, impatient, le soleil revenait, et la neige d’altitude, telle une jeune fille passionnée, descendait vers la vallée pour parcourir la terre avec lui. Sur leur passage, les fleurs sauvages sortaient de terre, et des gouttes d’eau venant des plus hauts sommets redonnaient naissance à un cours d’eau. Le soleil et la neige écrivaient l’histoire et le monde des vivants, année après année, avec la même ferveur et la même audace. Puis, limpide, le cours d’eau, le fruit de cet amour, s’avançait à petits pas, gambadant au milieu des terres et appelant toutes les créatures vivantes à lui. Sur son chemin, il peuplait la terre.

Cette année-là, le cours d’eau invita la petite goutte à venir avec lui. Descendu dans la vallée, il la confia à une rivière.

– Crois-tu qu’un jour, nous allons nous revoir ? s’écria la petite goutte d’eau balancée entre les vaguelettes.

– Fort possible, lança le cours d’eau. Prends soin de toi.

– Toi aussi, répondit la petite goutte tout en s’éloignant.

D’une rivière à l’autre, la petite goutte d’eau parcourut les pays, commença à reconnaître les couleurs, et vit le monde tout en rêvant de l’océan. Elle voyagea à travers les plaines, rencontra des fontaines, croisa un marais mort et refusa d’être prisonnière de la terre. Elle fit même un passage chez les hommes. Ce fut durant un jour d’été où quelques bambins se rafraîchissaient autour d’un point d’eau. Pendant un instant, la petite goutte d’eau crut que c’était la fin, mais elle rassembla tout son courage et gaiement, elle chuchota à l’oreille d’une petite fille de tenir le tuyau d’arrosage en l’air pour le soulever dans le ciel aussi haut et aussi loin qu’elle pouvait. La brise fut au rendez-vous pour la conduire jusqu’à un nuage qui partait en direction de l’océan. À son arrivée, elle n’eut pas besoin de demander quoi que ce fût : l’océan était tel que la goutte d’eau l’avait imaginé, et plus encore.

– Bonjour, dit-elle. Enfin, je vous rencontre.

– Qui es-tu ? demanda l’océan.

Après un moment de silence, la goutte d’eau répondit :

– Je suis l’enfant du désert. Le grand et indéfinissable désert !

– Bienvenue, enfant du désert, répondit humblement l’océan, mais dans toute sa splendeur.

Derrière la goutte d’eau, un courant se dessina sur l’océan. Pour elle, le voyage ne faisait que commencer…

Fin

Bonjour,

Je voudrais remercier le personnel enseignant ainsi que tous les élèves pour leur accueil et leurs lettres.

C’est en lisant vos courriers que le conte intitulé « La petite goutte d’eau et l’océan » m’est venu à l’esprit, et s’est construit mot après mot. Par la suite, il est possible qu’il soit développé, car il est encore jeune – à peine un jour au moment où je vous écris.

Merci à tous,

Firouzeh Ephreme

Bonjour Romain,

Merci pour votre lettre. Je commence par vous, puisque votre lettre est la première. Oui, l’Iran est un beau pays qui, par sa grande superficie, abrite aussi bien des déserts que des forêts. Cela varie d’une région à l’autre, sans oublier que l’Iran est un des pays exportateurs de pétrole les plus importants.

Concernant mon parcours et mon arrivée en France, c’était un peu le hasard. Par ailleurs, je définirai l’immigration de la manière suivante : si la naissance est un train en marche dans lequel on saute, alors l’immigration, c’est lorsqu’on change de wagon. On laisse derrière soi sa famille, tous ceux qu’on connaît et qu’on aime, on quitte sa place, on abandonne sa langue maternelle et ses habitudes. On va voyager avec des gens que l’on ne connaît pas, qui parlent autrement, qui pensent autrement et qui raisonnent autrement, et les coutumes ne sont pas pareilles. Tout est à construire. Cela dit, malgré nos différences, les principes sont les mêmes partout dans le monde, car nous sommes tous des êtres humains. Nous avons les mêmes souhaits, les mêmes rêves et les mêmes obligations.

En vous souhaitant beaucoup de réussite,

Firouzeh Ephreme

Bonjour Antonella,

Les vêtements que j’avais apportés sont les tenues traditionnelles des Turcs de Perse, car ils habitent tout simplement dans la région de Perse (Fars). Il existe plusieurs grandes tribus.

Au moment de la fête, les femmes sont vraiment belles avec leurs tenues pleines de couleurs, leurs merveilleux colliers et d’autres accessoires. Quant aux hommes, ils possèdent leurs propres costumes, plus sombres.
Ici, parfois, lors d’un mariage, de fêtes ou de cérémonies au collège ou au lycée, mes enfants aiment se déguiser. J’avais justement pensé qu’une jeune fille volontaire de votre classe pourrait revêtir la tenue que j’avais apportée, mais ce jour-là, votre professeur était souffrante et en son absence, nous avons essayé de faire notre maximum.
Concernant mon parcours professionnel, je suis auteure d’une quinzaine de contes. J’ai écrit quelques romans pour la jeunesse et une pièce de théâtre (confiés au CDI de votre collège). Après ces années de travail acharné, je cherche à faire connaître mes écrits. J’ai essayé de les écrire de telle sorte qu’ils soient universels, à la fois nouveaux et intemporels, même pour celui qui les découvrira dans cinquante ans. Aujourd’hui, avec mes expériences et davantage de maîtrise de la langue française, je suis en mesure de mieux m’avancer et de travailler plus sereinement.

En vous souhaitant beaucoup de réussite dans tous les aspects de votre vie,

Firouzeh Ephreme

Bonjour Kapnba,

Je ne sais pas si j’ai bien écrit votre prénom. En tout cas, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire votre lettre. Merci beaucoup pour votre courrier.

Je vous souhaite plein de bonnes choses.

Firouzeh Ephreme

Bonjour Nancy,

Merci pour votre lettre. Parfois, la vie nous emmène là où on ne pensait pas. Certains réussissent incroyablement bien ; pour d’autres, c’est le contraire, mais pour la majorité, la vie est un effort de tous les instants.

En Iran, il y a bien eu une guerre avec son voisin, l’Irak.

Je vous souhaite beaucoup de réussite et un beau parcours.

Firouzeh Ephreme

Bonjours Hanâa,

Je voudrais vous remercier pour votre lettre. Les progrès en médecine et en matière de greffe de moelle osseuse sont considérables en France, sauvant chaque année bien des vies. Il est vrai que j’ai une tendresse particulière pour les enfants qui ont des problèmes de santé (leucémie), car ma famille a été touchée de près...

Bien à vous,

Firouzeh Ephreme

Bonjour Ousman,

Chaque individu a sa propre histoire, et vous êtes encore très jeune ! Cela étant dit, notre histoire commence bien avant notre naissance. On voit le jour au sein d’une famille déjà établie, d’une société déjà existante et qui a ses propres codes, ses valeurs et ses coutumes.
Par ailleurs, une des particularités qui distinguent l’homme des autres êtres vivants, c’est le jugement qu’il porte sur telle ou telle chose. Cette capacité de jugement évolue durant toute sa vie et se construit grâce au système de valeurs apporté par le milieu dans lequel il vit et tout au long de son existence. Si ces valeurs sont fausses, alors le jugement est faussé, d’où l’importance de l’humanisme comme une balance (de justice) pour nous empêcher toute dérive.
Vous avez raison de rester prudent et de ne pas porter de jugement tant que vous ne savez pas de quoi il s’agit exactement. En revanche, quand vous entendez un récit, cela doit piquer votre curiosité. Posez des questions, demandez à la personne si elle agirait de la même manière avec le recul, quelles étaient ses raisons, et pourquoi.

Je répète souvent à mes enfants : observez, examinez, et faites-vous votre propre avis.
En vous souhaitant le meilleur de la vie,

Firouzeh Ephreme

Bonjour Sandra,

C’est avec plaisir que j’ai lu votre courrier. La jeunesse reste sûrement la plus belle chose de la vie. Celle qui respire le bonheur, celle qui essaye, et celle qui avance en emportant en elle l’espoir pour dire que la vie continue, comme la petite goutte d’eau.
À l’instant même et avant de vous répondre, j’étais en train de discuter avec ma fille, et là, je vous écris ! Je pense que le bonheur n’a pas d’égal et que la réussite peut jouer un rôle important dans la vie.
Lorsque nous avons un but, la vie se trace comme elle se doit, semblable au lit d’une rivière… D’ailleurs, c’est en lisant votre courrier et d’autres que le conte est né.

Bien à vous,

Firouzeh Ephreme

Je voudrais également saluer Dalil, Rméno, Claire et Hemma.

Pour tout vous dire, concernant la question de Claire, je suis maman de trois enfants, et chacun d’eux porte un prénom composé, l’un français, l’autre persan. Une fois, mon mari a pu voyager en Iran, un pays qu’il adore. Les gens sont gentils, et le pays est chargé d’histoire.
Pour répondre à Hemma, concernant nos coutumes en Iran, saviez-vous que le nouvel an iranien tombe le premier jour du printemps et qu’il s’appelle « Norouz » (nouveau jour) ? Et le dernier mercredi de l’année, on allume le feu… C’est vraiment beau.

En vous souhaitant à tous les quatre la réussite et le bonheur,

Firouzeh Ephreme

P.S. : je m’excuse auprès des filles. Normalement, j’aurais dû commencer par leurs prénoms ! Et puisque j’ai commencé dans l’ordre en répondant à Romain, j’ai terminé par Hemma.

Merci à tous.


Voir en ligne : Les Migrants

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