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Mme Rosez née en 1923 à Armentières

la femme a pu occuper des postes importants à partir de la guerre

lundi 15 février 2010, par Frederic Praud

J’habitais dans le Nord , dans une petite ville "la Chapelle" près d’Armentières, une ville de 10/15000 habitants. Armentières était à l’époque plus prospère grâce au textile. La Chapelle était plus rurale, avec des grandes fermes. On allait quelquefois chercher le lait à la ferme avec le pot que l’on faisait tourner plein et très vite pour ne pas que ça tombe. Nous allions chercher le beurre, les œufs à la ferme. Beaucoup de commerçants passaient avec leurs voitures et les chevaux, le laitier, le boulanger qui faisait sa tournée, le marchand de charbon, le marchand de légumes, le marchand de poisson qui passait le vendredi. On achetait comme ça aux marchands qui passaient. Personne ne passait vendre de la glace à la campagne car tout le monde avait une cave.

En 33/34, il commençait à y avoir pas mal de voitures. Nous habitions près d’un passage à niveau et quand il était fermé nous regardions les premières queues de voitures. Plus tard, ils ont construit un pont pour passer par-dessus la ligne de chemin de fer.

J’étais une enfant unique. Je m’amusais chez moi mais pas tellement à la poupée. Je m’amusais avec des coquillages. Je faisais des classes et je faisais l’école. J’aimais m’amuser avec des jeux de cubes, les mécanos. À l’école, on jouait à la marelle, à la corde. On faisait des rondes. Je n’ai jamais fait partie d’un patronage car j’étais vraiment couvée. Nous étions d’une grande famille alors le dimanche nous allions chez l’un, chez l’autre.

J’ai entendu mon père parler de la guerre de 14. Il était beaucoup plus âgé que ma mère. Il avait été blessé à Verdun. Il avait eu une blessure à la jambe. Il avait reçu des éclats d’obus dans tout le côté gauche, la jambe, le bras et le ventre. Il a été mis sur une civière et ramené à l’arrière. Les docteurs sont passés. Le docteur a eu l’air de dire, "bon celui-là je ne sais pas si on le tirera de là". Pour faire partir ses éclats d’obus, on lui a donné un lavement à l’essence de térébenthine. Tous les éclats sont partis. Il est resté un an à l’hôpital surtout pour sa jambe. Les frères de ma mère sont également partis à la guerre mais à la fin. On envoyait des colis aux prisonniers. On leur faisait des petits gâteaux.

Mes grands-parents d’Armentière étaient partis pas loin de Saint Omer. Roubaix était occupé. Ils ont connu le pain noir. Il fut époque à Roubaix ou après chaque repas l’habitude n’était pas de remercier le seigneur mais de dire "encore un que les prussiens n’auront pas". Les allemands sont arrivés dans les maisons et ont fait sortir tout le monde. Ils se sont alors mis à manger.

Ma mère se trouvait à Roubaix quand la guerre de 14 s’est déclarée. Elle n’a pas pu revenir à Armentières. Elle avait 18 ans. Elle a eu l’occasion de partir par la Belgique, la Hollande, l’Angleterre avec d’autres personne. Elle a passé la frontière hollandaise avec des passeurs et un mégot de cigarette la nuit pour se repérer. En Hollande, ils ont pris le bateau pour l’Angleterre, pour revenir après libre en France et rejoindre ses parents.

Scolarité - enfance

Je suis allée à l’école à 4 ans et demi. J’ai commencé à l’école privée. C’était bien surveillé. Je suis aussi allée au collège laïque à Armentière. Nous avions des tabliers de différentes couleurs selon les classes. Les jeunes avaient un tablier rouge, l’enseignement secondaire avait un tablier bleu, l’enseignement primaire supérieur qui préparait au brevet portait un tablier violet. On y allait pour 8h30. Nous avions un professeur par cours. Arrêt à 11h30, on partait chez soi et on reprenait de 13h30. À 16h30, on avait une petite récréation et l’étude. Après notre déménagement, je suis allée à l’école laïque, près de Roubaix. Certains enfants de l’école laïque avaient des parents pas catholiques mais il n’y avait pas beaucoup de protestants dans le nord.

J’ai quand même fait ma communion, la religion avait une certaine importance pour moi. Faire sa communion voulait dire croire qu’il y a un Dieu et tout ce qu’il y a autour. Quand on préparait sa communion solennelle, on lisait certains passages de la Bible. À l’époque nous ne pouvions pas lire tous les passages de la bible. Le prêtre qui nous faisait le catéchisme nous disait de lire tel ou tel passage et c’est tout. Nous n’avions même pas une bible entière chez nous. Avant la communion, nous avions une retraite de trois jours c’était très sérieux. J’étais à l’école laïque quand j’ai fait ma communion solennelle. Dans l’église, les élèves qui allaient à l’école libre étaient installés à l’avant, l’école laïque venait derrière. C’est un jour qui a marqué car nous avions fait la fête.

Mon père s’était remarié après la guerre avec ma mère. Il avait été réquisitionné pour travailler dans une usine près d’Isbergues, pour faire des ailes d’avions. C’est là qu’ils se sont connus. Je suis née quelques années après. Ma demi-sœur qui était plus âgée que moi avait passé son brevet. Généralement, on dépensait plutôt pour l’instruction des garçons que pour les filles. L’école ménagère, ça suffisait. Comme j’étais fille unique, il n’y avait pas de garçon à pousser en avant. Je suis allée au collège d’Armentière et la guerre est arrivée vers mes 16 ans. Il aurait fallu que j’aille à Lille pour continuer et ma mère ne m’aurait jamais laissée partir là bas pendant la guerre.

Ma sœur est venue accoucher chez nous j’avais à peine six ans cela ne m’a pas posé de problèmes. Quelqu’un est venu voir ma sœur et a dit : "Tiens voilà la maman". J’ai répondu "et ici c’est la Tante." Mais je ne me posais pas la question de savoir comment le bébé était venu. Vers 8 -9 ans, j’ai dû savoir comment les enfants venaient, c’est à ce moment-là qu’une voisine a accouché. Je ne sais plus ce que maman a dit et je lui ai répondu mais je sais comment ça vient. Je crois que les prêtres ont essayé de mettre les filles au courant.

Je suis allée au bal quand j’avais 4/5ans avec les frères et sœurs de ma mère. J’aimais ça. Mon père était beaucoup plus âgé que ma mère et elle n’aimait pas sortir alors finalement je ne suis pas sortie. Dans les grandes familles, il y avait des mariages et c’est comme cela que l’on pouvait rencontrer quelqu’un.

Une femme active

Il y a eu un changement dans la condition des femmes entre les deux guerres mais surtout après la guerre de 40. Les femmes commençaient déjà à réclamer des changements bien avant la guerre. Pendant la guerre, on a eu besoin des femmes dans les usines. Elles ont occupé des postes d’hommes.

J’avais appris la sténo dactylo quand j’ai quitté le collège parce qu’à l’époque c’était tout ce qu’il y avait à faire, ou alors la couture, la coiffure. Mais en fait, je n’aimais pas taper à la machine et je voulais avoir autre chose comme poste.

J’ai commencé à travailler pendant la guerre. J’ai travaillé avec des hommes beaucoup plus âgés que moi. J’étais la seule jeune fille. Ils ont été très gentils avec moi. Après mes parents sont tombés malades. Il n’était donc pas question de sortir. Pendant 7 ans, j’ai soigné ma mère et pendant 5 ans, j’ai soigné mon père. J’étais donc bien obligée de rester à Armentière. À cette époque, les enfants restaient chez leurs parents à les soigner. Je me suis retrouvée seule à presque 40 ans. J’ai donc recherché un autre travail et j’en ai trouvé car j’avais une expérience. Là, je suis devenue enfin indépendante.

Je n’ai pas connu de cas de femme qui ait eu un poste plus important que les hommes. Au moment où j’ai commencé à travailler en 43, tous les hommes avaient les postes à responsabilité. C’était une filature de lin chanvre. Les ateliers les plus durs employaient uniquement des hommes, après quand la mèche commençait à se faire on employait des femmes, des ouvrières, des embrocheuses, après venaient les fileuses sur les métiers à filer et celles qui enroulaient sur les bobines. Les contremaîtres étaient tous des hommes.

Par la suite, je suis rentrée après aux ascenseurs X. J’ai eu un poste de secrétaire plus intéressant. Je suis rentrée dans une petite agence concurrente où j’étais vraiment au paradis. J’ai eu affaire à un directeur et à deux contremaîtres. Cette maison n’employait que des hommes pour monter des ascenseurs et les entretenir. Je m’occupais un peu de tout et c’était intéressant. Comme on a fusionné avec X, on m’a demandé de prendre en charge le service après vente. Là, j’étais avec deux ingénieurs qui m’ont vraiment laissée libre. Ils me donnaient leurs lettres. Je les rectifiais et en faisais ce que j’en voulais. Par la suite tout ce qui était mécanique m’intéressait, j’aurais voulu être ingénieur. Ils m’ont laissée avoir des contacts avec les contremaîtres pour pouvoir rédiger les devis.
Un des ingénieurs a eu un grave accident, et pendant ce temps-là je me suis occupée de ses affaires. Deux autres ingénieurs étaient également chargés de s’occuper de ses affaires mais toutes les affaires qui sont sorties étaient celles que j’avais traitées. Pour eux c’était du travail supplémentaire, cela les intéressait donc moyennement. Alors j’ai demandé un poste plus intéressant à Paris mais à l’époque les femmes n’étaient pas encore admises. À la fin, je faisais presque le travail d’ingénieur des ventes, car ils n’avaient pas besoin de sortir d’une école d’ingénieur pour faire ce travail. Quand il y avait une affaire importante à traiter, quelqu’un de Paris venait pour les aider. Au début des années 60, il était hors de question qu’il y ait un ingénieur de vente femme. Vers 1965, il commençait à y avoir quelques femmes. J’étais finalement secrétaire et assistante d’ingénieur. Le directeur avait quand même reconnu le travail que j’avais fait quand mon chef était tombé malade. Jusqu’en 60 chez X, tout en faisant un travail égal, les femmes étaient moins reconnues.

Nous avons essayé de comprendre 68 avec un peu de peur quand même. Il y avait du pour et du contre. Tout le pays était paralysé. Nous avons trouvé cela violent. Cela a quand même servi a quelque chose dans le travail. Les changements ne sont venus qu’un peu à la fois. En 68, il y a eu des piquets de grèves à la porte des bureaux pour nous empêcher de rentrer. Et plus d’essence pour ces messieurs qui devaient aller voir les clients. Cela a entraîné une paralysie dans les affaires, dans le courrier.

Elément technique :
La femme s’est mise à la voiture, pour moi cela me parait ce qui peut le plus émanciper une femme mais pour celle qui sont chez elles c’est le confort ménager. J’ai passé le permis à 40 ans mais je n’aimais pas conduire.

En 36 mon père s’occupait un peu de politique. Il avait toujours dit « il y a une guerre qui se prépare ». C’est ce qui fait que j’ay ai fait attention.
J’ai eu 20 ans pendant la guerre et il n’était pas question de sortir. Il n’y avait rien à Armentière.

Ma soeur et mes cousines le dimanche lors des réunions de famille quand mon père arrivait à table, les enfants taisez vous, vous aurez le droit à la parole après l’extinction des feux.

En 45 j’avais 22ans on a voté tout de suite.

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