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Madame Caby née en 1924

papa avait la Légion d’Honneur

samedi 29 mai 2010, par Frederic Praud

Madame C. née en 1924

Je suis originaire du nord, de la région de Valenciennes, à 8 km environ de Saint Amand les Eaux. C’est le lit de la famille. Mon père a connu celle qui allait devenir sa femme à 6 ans. Elle venait de naître. Il allait en classe avec un des frères de ma future mère, qui lui a dit : « tu sais Louis, j’ai une belle petite sœur, elle s’appelle Yvonne et si tu veux, tu viendras la voir quand tu voudras ». Mon père est né en 1884. On a fêté ses 100 ans à la Mairie d’Enghien le 15 septembre 1984.

Ils se sont donc rencontrés. Naturellement maman était sentimentale, d’autant plus sentimentale qu’à ce moment-là les filles étaient très serrées. Son futur mari est devenu ami avec un de ses frères et c’est la grande guerre qui les a rapprochés. Mon grand-père maternel était médecin. Son fils aîné était également médecin. En 1914 il est venu chercher son père : « Vous ne pouvez pas rester ici, les allemands sont à quelques kilomètres. Il faut que vous y alliez, par exemple, en Normandie ». Ils sont allés à Deauville, et puis un beau jour où ils prenaient un verre, ils voient un taxi arriver et un capitaine en descendre.

Mon grand-père dit : « Mais c’est Léni … Tu vois ce que je vois ? Je vois un capitaine qui ressemble à Louis Caby ». Alors ils l’ont appelé et puis c’est comme ça que ça s’est fait. Ils ont invité mon futur père à dîner chez eux. Il est arrivé à 10 heures du soir parce qu’il était très fatigué et s’était endormi. Il avait loupé la correspondance. Trois mois après mes parents se sont revus. Ils se sont fiancés au bord de l’océan et ils se sont mariés le 12 février 1918.
Mon père était ingénieur des travaux publics. Mon grand-père paternel était brasseur. Il avait deux fils. Il voulait que le troisième qui était papa soit aussi dans l’affaire. Il habitait Mortsel. Il avait créé lui-même l’affaire. Le fils aîné était mon parrain. Papa s’est trouvé propulsé dans les travaux publics après la lecture d’un livre que lui avaient prêté les voisins. Alors il insistait : « je ne ferais plus Polytechnique comme je voulais faire, mais je ferais l’école des travaux publics ». Alors son père n’était pas content. Son fils n’allait pas rester dans l’affaire. L’école des travaux publics était en construction.

Papa a écrit à celui qui s’en occupait. Monsieur Erol, qui avait 80 ans à ce moment là, recevant une demande d’inscription de la part d’un jeune homme de 17-18 ans, a trouvé ça incroyable. Il a alors répondu à papa, et écrit à son père aussi, parce qu’il lui fallait son autorisation. C’est comme ça qu’il est entré à l’école des travaux publics.

Il avait une chambre à Cachan. Ils étaient trente par chambre. Ils se mettaient une ficelle autour du bras de façon à ce que le premier qui se réveille n’ait qu’à tirer sur la ficelle pour réveiller les autres. Il est jamais sorti un seul soir pendant ses cinq années d’études. Il est sorti premier de sa promotion.

A la fin de ses études, il s’est engagé et a été envoyé à Rio de Janeiro pour construire le port. Il est rentré pour la guerre de 14-18. Il était du quatrième génie. Il est rentré à Paris et il a demandé à voir l’officier supérieur. L’ordonnance est allé chercher le général : « mais quel est cet énergumène ? » Il lui a donné tous les renseignements et il a reçu papa qui lui a expliqué : « Mon général, je sais bien qu’il est de bonne heure, mais je reviens exprès du Brésil pour me battre et j’entends le faire le plus vite possible. » Il était chevalier de la légion d’honneur, il l’a gagnée en se battant, c’était au début de la guerre. Il est devenu capitaine.

Un beau jour alors que papa était dans une brasserie, il a vu un officier allemand avec ses décorations, et lui tout de suite il avait sorti la croix de la légion d’honneur. L’allemand a vu ça, il a appelé le garçon et a montré papa.

Le garçon est venu et demanda : "mon capitaine cet officier qui est en face de vous voudrait que vous retiriez votre légion d’honneur".
Papa lui a répondu : "qu’il vienne donc la chercher sil en a le courage".
Le propriétaire de cette brasserie, affolé, dit : "mon capitaine, je vous en prie…"
Papa continue : « Vous pouvez m’en prier, si cet homme a le toupet de venir enlever ma décoration, il aura de mes nouvelles. J’en ferais une histoire politique ».

Je suis née en 1924. Nous habitions à Enghien les Bains, et mon père travaillait dans une entreprise de travaux publics. J’ai toujours vécu à Enghien, sauf quand papa a été envoyé en Alsace, pour le barrage de Bosère Montabon. Il est allé également dans le midi pour créer le barrage de Mondragon, et ensuite nous sommes revenus à Enghien.

J’étais une petite fille très docile. J’étais assez fragile. Mes parents avaient eu trois enfants. L’aîné était un garçon. Il est né avec une hernie et s’est étranglé. Neuf mois après est née une petite fille, Thérèse, qui est morte à six jours du tétanos par le nombril. La dernière était Colette, la petite Colette, qui est morte à 3 ans et demi, d’un phlegmon à l’œil. Elle l’a attrapé en jouant avec le fils d’une amie de ma mère. Il l’avait fait sortir avec 39 de fièvre, le phlegmon s’était envenimé et puis…

Donc j’étais la quatrième enfant. Ils n’en ont pas eu d’autre. J’ai été beaucoup trop protégée, gâtée, choyée. J’étais un peu étouffée, d’autant plus que ma sœur avait une personnalité assez dominatrice. Je suis allée en classe. J’avais des amies, on se recevait mutuellement. Nous avons eu une vie très agréable.

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