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Mme Gamant née en 1939

les poinçonneurs faisaient partie du quotidien

lundi 15 février 2010, par Frederic Praud

Madame G, née en 1939

Je suis née à Saint-Leu la Forêt. Mon père était entrepreneur en maçonnerie, et ma mère, mère au foyer. Saint Leu c’était la campagne. J’avais un très grand jardin, avec toutes sortes de fleurs et puis à l’arrière un potager. Il y avait même un petit coin poulailler, mon père l’avait fabriqué en béton. Les poules, les coqs avaient leur ouverture dans le ciment pour rentrer et sortir comme ils voulaient dans un enclos. Ils étaient en semi-liberté. Il m’arrivait d’aider un petit peu ma mère à faire des plates-bandes de fleurs. J’ai toujours été habituée. Des agriculteurs habitaient beaucoup plus loin. Il y avait effectivement quelques fermes, où on allait d’ailleurs chercher notre lait, tous les soirs.

J’ai bien senti Saint-Leu s’agrandir, mais pas trop rapidement quand même. Ça s’est fait vraiment progressivement. Saint-Leu La Forêt était une ville assez agréable, en ce sens que c’était assez verdoyant et ça a pris de l’extension les trente dernières années surtout avec les constructions modernes.

Tous les jeudis, j’allais au patronage. On apprenait à faire des crêpes, des goûters, des recettes de cuisine, une semaine à faire ci, à faire ça. Des promenades étaient organisées, dans la forêt évidemment. C’était intéressant. On apportait de la couture à faire. On apprenait à tricoter pour celles qui ne savaient pas, des crochets. C’était organisé par les sœurs. La plupart des enfants étaient catholiques, mais enfin il n’y aurait pas eu d’inconvénient à accepter des non-pratiquants.
Si l’occasion s’était présentée de gens non-pratiquants auraient très bien pu inscrire leurs enfants en patronage. Il n’y avait pas d’inconvénient à cela.

J’ai continué mes études, j’ai passé mon brevet et je suis allée jusqu’en troisième. J’aurais bien aimé continuer mes études supérieures, mais mes parents m’ont dit de prendre un cours de secrétariat commercial. Chose que j’ai faite d’ailleurs. Mes parents décidaient beaucoup pour moi, plus que les enseignants finalement. J’ai fait ça, mais j’ai toujours eu un petit regret quand même. Mon idée était de devenir botaniste surtout j’ai la main très, très verte. Les plantes réussissent bien avec moi…

À 16 ans, j’étais encore élève au cours de secrétariat. J’ai commencé à travailler plus tard, à 17 ans. Le franchissement de l’étape scolaire au monde du travail, c’était assez glorifiant quand même, c’était agréable. J’ai travaillé dans une compagnie d’assurance sur Paris, la Zurichoise. J’aurais pu y rester, mais enfin après j’ai préféré changer un petit peu d’air. Le contexte de la compagnie d’assurance était intéressant, tout en n’étant pas trop stressant, des bonnes conditions de travail.

Ça faisait un grand changement d’arriver sur Paris, même pour travailler. Ce qui m’avait le plus frappée, quand je prenais le métro, c’était les poinçonneurs. Ils faisaient partie de notre petite vie quotidienne, mais la première fois que j’ai vu cette image ça m’a fait drôle. De plus dans le métro, les messieurs se faisaient toujours une gloire de faire une petite cour. Les gens se parlaient dans le métro, pas des conversations à loisir mais enfin il y avait quand même des échanges.
J’étais domiciliée chez mes parents, à Saint Leu, donc ça ne posait pas de problème particulier. Je partais le matin et je rentrais le soir. C’était facilement faisable.

Pour mes sorties, je venais à Enghien, au pavillon du lac. Il y avait un orchestre le dimanche. On venait danser là. Je venais de Saint-Leu le dimanche après-midi. Il y avait alors une aire de verdure. Le jardin des roses n’était pas comme aujourd’hui. Ce n’était pas la même composition. Il y avait des arbres et puis des petits murs cimentés le long du lac. C’était plus fermé, davantage abrité que ça l’est maintenant, c’est tout ouvert maintenant avec beaucoup de béton.

Mes parents me laissaient sortir où je voulais le dimanche après-midi, de toute façon on ne rentrait pas très tard. On dansait jusqu’à 6 heures, et voilà, on rentrait à 6 heures et demie. J’étais le genre de fille assez sérieuse, un petit peu timide, un peu introvertie. On allait souvent à ce bal-là, à Enghien. C’était bien fréquenté. Les habitants d’Enghien avaient une petite pointe d’accent justement. À l’intérieur du Val d’Oise, vous avez des endroits comme Pontoise où il y a également un accent particulier.

Je n’ai pas tellement eu l’occasion de sortir à Paris. Quelquefois je suis allée au théâtre aussi, à la Comédie Française, voir un film au Rex. Je suis allée danser à Paris pour la première fois dans les années 70 au club des Champs Elysées. Je n’ai jamais eu l’occasion de sortir vraiment sur Paris. Et puis après, après il faut reconnaître que je me suis mariée donc… On travaillait dans la même entreprise, c’est là qu’on s’est connus.

Chez mes parents, on ne nous a jamais parlé de sexualité ou de repères quelconque. C’étaient des sujets tabous encore. Il n’y avait aucun moyen pour avoir plus d’information, même les contraceptifs, on n’en parlait pas. C’étaient des choses inconnues. Ça existait peut-être, mais personne n’était au fait de la chose.

Le planning familial on en a entendu parler beaucoup plus tard. Tout ça parce que pendant les années de guerre, on était obnubilé tellement par le conflit. Il n’y avait rien d’autre. C’était tellement prédominant qu’on ne parlait plus que de ça. Je crois qu’il y a eu plus d’ouverture pour les femmes après la guerre.

Vus de la campagne les événements de 1968, c’était assez bouleversant. On écoutait les informations à la radio, et c’était vraiment par moments stressant, presque incroyable. À un moment donné, on se demandait si ça allait finir quand même. Parce qu’il y a eu quand même beaucoup de dégâts. C’était un mouvement fort. Je l’ai vécu d’une façon quand même assez stressée. Je m’occupais de ma fille à ce moment-là. On était très distant de ça.

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