Comité national de lutte contre la pratique de l’excision ( CNLPE )
Partenaires : UNICEF, Coopération des Pays-Bas, Comité Inter-AFricain (CIAF) sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants, GTZ, CECI/Droit et Citoyenneté des Femmes en Afrique Francophone, OMS, Etat burkinabé (pour les frais de fonctionnement)… En 2008, l’appui de l’UNICEF a permis à l’association d’acquérir du matériel de bureau et 3 véhicules pour effectuer les missions de sensibilisation.
Le CNLPE agit afin de mettre fin à la pratique d’excision à Burkina Faso.
L’association publie des études afin d’éduquer le peuple sur les vraies origines de la pratique et travail avec ce dernier pour protéger les jeunes filles de l’excision.
Son histoire :
L’adoption de la loi interdisant les mutilations génitales féminines (MGF) en 1996 a été une grande victoire pour tous ceux qui luttent contre l’excision. La journée du 18 mai a été déclarée "Journée nationale de lutte contre la pratique de l’excision". Mais plus que la mobilisation étatique, c’est l’engagement de la société civile (à travers l’implication des leaders d’opinion, tels les chefs coutumiers, religieux ou traditionalistes ou encore les ONG) et la prise en compte des MGF comme d’un problème de santé publique qui montrent le véritable changement des mentalités. Désormais, l’excision n’est plus un tabou et la lutte contre l’excision a même été intégrée dans les programmes d’enseignement du Primaire et du Secondaire.
L’excision a des justifications floues et diverses, variant selon les ethnies et les régions. De nombreuses légendes entourent cette pratique. Ainsi, l’on peut entendre que si lors de l’accouchement, la tête de l’enfant touche le clitoris, ce dernier meurt, ou encore que si un homme a des relations sexuelles avec une femme non excisée, celui-ci devient impuissant. Pour certains, les origines de l’excision proviennent d’une mauvaise interprétation du Coran en certaines langues régionales. En effet, dans ces langues, un même mot désigne circoncision et excision, et tandis que la circoncision est bien recommandée par le Coran, il n’y est fait aucune mention de l’excision. C’est de cette confusion que quelques extrémistes ont pu tirer parti pour justifier cette pratique.
Le CNLPE a ainsi organisé en 2005 une étude réunissant des experts du Coran afin de prouver que le Coran ne préconise pas les mutilations génitales féminines.
Le rôle du CNLPE dans la lutte contre l’excision :
Un des rôles primordiaux du comité est de coordonner toutes les actions de lutte contre la pratique de l’excision sur l’ensemble du territoire burkinabé. C’est pourquoi le comité est en étroite relation avec près d’une quinzaine d’associations et d’ONG, réparties sur tout le pays, œuvrant contre la pratique de l’excision. La déconcentration de la structure en comités provinciaux permet d’identifier des personnes ressources qui soutiennent les actions en milieu rural et rend efficace ce partenariat.
Le comité participe également à des études et des recherches sur les pratiques liées à l’excision, menées parallèlement à un travail de collecte et de publication de toutes les données relatives aux dites pratiques, et peut ainsi étayer ses activités de plaidoyer/lobbying. Il est enfin en charge du suivi et de l’évaluation de toutes les actions.
Le CNLPE n’a pas qu’un rôle de coordination, de recherche ou de suivi mais il organise et réalise lui-même des activités d’Information, d’Education et de Communication (IEC), des causeries éducatives, des cinés débats, des représentations de théâtre-forum, des émissions radiophoniques et télévisées, des jeux-concours, des articles de presse… qui permettent de toucher un large public.
Parallèlement à ces activités, des patrouilles de sensibilisation ainsi que des séminaires et ateliers sur l’excision ont été mis en place par le CNLPE, qui est aussi en charge de l’animation de stands lors de grandes manifestations et de conférences sur le sujet.
En ce qui concerne les femmes déjà excisées, le comité sert de relais entre celles qui souffrent de séquelles liées à l’excision et les médecins et hôpitaux. C’est un des programmes de l’OMS qui prend en charge tous les frais liés aux opérations consécutives aux dommages causés par l’excision. Le CNLPE travaille en partenariat avec une trentaine de médecins, sages femmes et infirmières, qui partent tous les mercredis dans les provinces. Le Comité mène également depuis quelques années des activités de plaidoyers auprès des décideurs pour une meilleure protection des droits de la femme et de l’enfant, notamment le droit à l’intégrité physique, en rapprochant la notion de lutte contre l’excision de celle du combat contre les violences faites aux femmes et pour un meilleur respect de leurs droits. Ainsi, le thème du plaidoyer de 2007 était « Excision, genre et droits ».
Projets :
Le programme intégré de communication ( PIC ) est un programme en partenariat avec les radios locales de 39 provinces du pays. Financé par l’UNICEF et l’ambassade des Pays Bas au Burkina Faso, il permet de diffuser à la radio des émissions de sensibilisation sur les dangers de l’excision en langue locale. Ce programme comporte également des séances d’animation dans les villages. Six villages sont choisis par province à l’occasion de cette opération, et le Comité y envoie 5 membres de l’association pour faire du porte à porte et dialoguer avec la population sur le thème des mutilations génitales féminines. Le 6 février, qui a été déclaré « Journée internationale contre l’excision », est aussi l’occasion pour le CNLPE de lancer des campagnes de sensibilisation à travers la diffusion de spots publicitaires à la télévision et à la radio.
Les résultats de leur travail
Concrètement, plus de six millions de Burkinabés ont eu accès à une des sensibilisations organisées par le CNLPE, et parmi eux les chefs coutumiers et traditionnels, les forces de l’ordre, les jeunes des lycées et collèges, les délégués administratifs villageois, les agents de santé communautaire, des responsables d’associations, des associations islamiques, des exciseuses et exciseurs, des journalistes, des enseignants, des agents sociaux…
Le comité a mis en place une ligne téléphonique : « SOS excision » (80 00 11 12) dont l’objectif est de maintenir un contact permanent avec les populations, ainsi qu’un site Internet (http://www.sp-cnlpe.gov.bf/) qui lui permet de diffuser à grande échelle les données collectées. Un centre de documentation est également à la disposition des usagers, de même qu’un centre de recherche sur les violences, les droits des femmes et des enfants, ainsi qu’une base de données bibliographiques, plus spécifiquement sur les pratiques traditionnelles néfastes et les mutilations génitales féminines.
Le résultat le plus marquant et le plus concluant tient en quelques chiffres : alors que le taux de prévalence de l’excision était de 55,3% pour les enfants nés en 1988, il n’est plus que de 5% pour les enfants nés en 2002. Aujourd’hui ce chiffre est de 3%. On peut donc dire que l’action du comité et des associations et organismes partenaires a été efficace.
Le CNLPE a aujourd’hui pour objectif la tolérance zéro d’ici 2011. Deux études sont actuellement menées par le Comité pour enrichir son plan d’action 2007-2011.
En 2008, le CNPLE a effectué de grands partenariats avec les médias, notamment avec la radio, pour promouvoir le travail de l’association. Cette dernière a travaillé avec des troupes artistiques et des leaders politiques dans ses projets de sensibilisation. Le CNPLE s’est deplacé dans plus de 15 regions et a mené des activités auprès d’à peu près 38 000 personnes. Ces animations ont été très populaires, grâce aux artistes et à la distribution d’eau et de tee-shirts. Aujourd’hui, le CNLPE affirme que 81% de la population burkinabé est conscient des implications et conséquences d’une excision.
Même si les mentalités évoluent peu à peu, des pesanteurs socioculturelles entravent toujours une véritable promotion des droits de la femme et son plein épanouissement. On observe également une certaine persistance du phénomène sous des formes plus pernicieuses avec la tendance à la « clandestinité » et la baisse de l’âge de l’excision, de même qu’une migration des exciseuses et des populations qui traversent les frontières pour pratiquer l’excision au Mali, où il n’existe pas de loi, ou dans d’autres pays voisins où elle est mal appliquée.
Les orientations du CNLPE :
Une des grandes orientations du Comité est de renforcer les actions de recherche à travers des études thématiques pour accroître quantitativement et qualitativement les données socioculturelles et anthropologiques sur la pratique de l’excision en tenant compte des spécificités régionales.
La poursuite de l’intégration du thème de la lutte contre l’excision dans les programmes d’enseignement de biologie à l’école primaire, dans les établissements secondaires et dans les écoles professionnelles est également une priorité.
Les futures missions de sensibilisation pour 2008-2009 du CNLPE ont été baptisées “Caravane”. Financée par l’UNICEF, ces déplacements artistiques et médiatisés semblent être très efficaces auprès des populations. Un objectif essentiel sera de faire des rencontres pour des efforts transfrontaliers avec les pays voisins ; l’association a ainsi un projet de réunir les premières dames des pays comme le Niger ou le Mali, qui participent à la perpétuation de l’excision.
Contacts :
01 BP 515 Ouagadougou 01 Burkina Faso
(226) 50 30 79 15 80 00 11 12
cnlpe@fasonet.bf