Sarcelles : Lotus... assyro chaldéenne née en 1991

Il y en a plein qui se marient jeunes chez nous.

Lotus

Je suis née en 1991. Mon nom est assyro-chaldéen. Mes parents sont nés là-bas. Ils se sont connus ici. Ils se sont mariés quatre ans après leur arrivée. Ils se sont mariés un peu par famille et par village. C’était le même village et les parents ont proposé…voilà !

J’ai des amis à sarcelles mais c’est sûr je me marierai avec un Chaldéen. On peut en trouver partout ! Je ne crains pas le refus parental, c’est mon choix. Je parle français avec mes parents. Ils sont assez jeunes, mais mes grands–parents parlent chaldéen.

La communauté assyro-chaldéenne

Maintenant tout le monde connaît le terme « assyro chaldéen », mais c’est un mot. Pour mes parents qui sont plus jeunes ça ne les dérange pas. Ils peuvent bouger partout. Ils ont déjà quitté Sarcelles pour habiter à Villiers le Bel. On est trop regroupés. Nous ne sentons pas que les autres sarcellois disent : « ils se regroupent, ils ne sont pas obligatoirement ouverts vers les autres ». Non franchement, non. J’ai déjà entendu ça : « Vous êtes trop entre vous, toujours ensemble ! ». Moi aussi j’ai des amis étrangers ! C’est la même religion, c’est la même tradition, mais après chacun a son réseau différencié. Le langage change un peu, après peut-être sont-ils plus modernes que nous…

Scolarité

Je suis au collège Martin Luther King, à Villiers le Bel. Les parents veulent toujours que l’on continue, mais si je ne veux pas, ils ne vont pas me forcer. Nos parents ne veulent pas que l’on arrête l’école. J’ai besoin d’arrêter parce que j’ai besoin d’argent vis à vis de la famille.

Pour être collégienne à Sarcelles aujourd’hui il faut travailler. On va à l école pour travailler, donc il faut travailler, mais moi par exemple, j’ai envie d’arrêter l’école. On me dit d’arrêter l’école parce que mes parents savent que j’y vais pour rien. J’y vais mais je n’ai pas envie d’étudier. Je n’aime pas étudier. Ils me disent aussi d’arrêter l’école pour travailler en alternance. Il faut chercher. Pour moi le brevet des collèges n’a pas d’importance. Je n’ai jamais aimé étudier, depuis que je suis toute petite, pas comme ma sœur cadette, elle adore l’école. Elle travaille super bien. Je n’ai jamais aimé l’école. Mes copines, tous ceux qui me connaissent, me disent d’arrêter. Je pourrais aller vers tout. C’est ouvert. Esthéticienne, coiffeuse, ça ne m’intéresse pas du tout. Secrétariat ça m’intéresserait un peu plus.

Être adolescente

On peut être adolescente, partout de la même manière. C’est pareil. Il y en a plein qui se marient jeunes chez nous. Un adolescent à Sarcelles aujourd’hui va à l’école, il travaille, il pense à son avenir. Ils n’ont jamais été sans travail, ils étaient ou à l’école ou en train de travailler, donc c’est déjà ça. J’ai un peu une crainte de l’avenir, du chômage.

Ça m’arrive de me promener à Sarcelles. Je peux aller partout si je demande à mes parents et qu’ils sont d’accord. On ne parle pas avec tout le monde, mais il y a moins de crainte peut-être à notre génération. Moi aussi j’ai grandi ici. Quand j’étais petite, j’étais ici. J’étais chez mes grands–parents aux Chardo. Moi aussi je suis née là. Je me sens française. Je suis née en France.