EGLIGNY - ouvriers agricoles Tchèques
Madame BOURGOIN Louise née en 1932
Madame BOURGOIN Louise née en 1932, à l’hôpital de Montereau.
Parents....
Mes parents étaient ouvriers agricoles à Egligny. Ils travaillaient dans les champs pour les betteraves, les foins, les moissons, etc. Mon père travaillait toute l’année dans la ferme de monsieur Bisson.
Mes parents sont tchécoslovaques. Ils sont venus dans la région parce qu’il y avait un manque de main d’œuvre. Ils ne parlaient pas français en arrivant. Je suis née en France donc je n’ai appris que le français.
On commençait à travailler avant d’aller à l’école. On débutait l’école vers l’âge de cinq ans. Le soir, en revenant de l’école, on allait aux pommes de terre ou biner les betteraves.
Ecole
On n’avait pas intérêt à passer sans dire bonjour aux gens même si on les croisait deux fois par jour.
Les élèves faisaient le ménage à l’école : ramasser les papiers, nettoyer les bureaux, etc. Quand on faisait des bêtises, l’instituteur nous donnait un coup de règles sur les doigts. Mon dernier instituteur nous tirait les cheveux en nous traitant de « sales Pollack ». Il ne faisait pas la différence entre Tchèques et Polonais. Cela se passait après la guerre.
Déclaration de guerre
Personne n’a été mobilisé dans notre famille parce que mes parents n’étaient pas français.
1940, exode
Nous avons mis toutes nos affaires sur une charrette tirée par des chevaux et nous sommes partis ainsi dans les rue, à l’aventure. Les plus grand marchaient et les plus jeunes étaient sur la charrette. On dormait où l’on pouvait, par terre et au clair de lune. Maman a accouché une dame sur la charrette car aucun docteur ne nous suivait sur les routes.
Occupation
Nos parents avaient peur des Allemands mais, nous, ils nous donnaient un bout de chocolat et nous étions contents.
Les Allemands étaient tous installés dans le château d’Egligny. Ils en avaient fait une Kommandantur. Quand ils sont arrivés, ils ont mis deux chars dirigés vers La Tombe.
Les Allemands étaient très nombreux au château où les enfants allaient parfois les voir. Ils nous donnaient des poissons qu’ils pêchaient à la grenade.
Nous étions dix enfants et nous n’avions que trois pièces. Donc, les Allemands n’allaient pas venir s’installer chez nous ! Parmi les Allemands présents à Egligny, il y avait les enfants du boulanger de mes parents en Tchécoslovaquie. Les Allemands les avaient enrôlés de force. Ils en parlaient parfois avec mes parents.
Le couvre-feu nous était imposé. Il commençait à dix heures le soir et finissait à six heures le matin. Les gens respectaient le couvre-feu. Ils avaient peur. On devait mettre des rideaux noirs aux fenêtres pour cacher la lumière. Les volets n’étaient pas suffisants. Aucune lumière ne devait filtrer sinon attention ! Les Allemands patrouillaient toute la nuit.
La présence des Allemands au château créait la peur. On craignait que les alliés ne le bombarde. Notre maison touchait le château. S’ils étaient bombardés, nous aussi. Il y avait juste la rivière à traverser pour atteindre notre maison.
Nous ne manquions pas de grand-chose car même si mes parents n’étaient qu’ouvriers agricoles, ils cultivaient également quelques produits. En plus, on avait des tickets pour le pain, le chocolat, etc.
Les Allemands vadrouillent beaucoup plus à partir de 1943. Ils sont devenus beaucoup plus sévères avec la population. Ils ne nous parlaient plus et nous prenaient nos vélos.
Mon frère a été déporté à Buchenwald. Il avait dix-huit ans. Il a été pris quand il voulait rejoindre De Gaulle en Angleterre. Il a été déporté en 1942. Il est revenu dans un état pitoyable. Il ne pouvait pas boire un demi verre de lait : son estomac ne supportait plus. C’était vraiment un squelette à son retour. Il n’avait que les os sur la peau. Il était blanc comme un linge. Il nous en a parlé. On les frappait jusqu’à leur faire sauter les dents pour les faire parler. Dans les camps, on les faisait travailler et s’ils n’y arrivaient pas, on les fouettait. On a appris l’existence des camps de concentration bien après la guerre.
Mon frère est revenu fin 1945. Il travaillait dans une ferme en Allemagne. Il ne s’est jamais plaint.
Les jeux d’enfants
On jouait à la marelle, à chat perché, à la corde, au ballon, etc…
Les instituteurs ne nous parlaient pas de Maréchal Pétain.
Libération
J’étais trop jeune, je ne me souviens pas des fêtes au moment de la libération. Nous étions contents. Nous allions voir les Américains défiler…
Après-guerre
Après mon certificat d’études, j’ai travaillé chez ma sœur cultivatrice au Plessis Châtenay. Son mari et elle étaient locataires. Je devais traire les vaches, soigner les cochons, les lapins et la basse cour. L’après-midi, on travaillait dans les champs. Au moment des fourrages, on le raclait avec les chevaux puis on le mettait en tas. On démariait les betteraves à la saison. Pour la moisson, on faisait les bottes. On ramassait ensuite les pommes de terre. On coupait les betteraves, etc. On travaillait tout le temps.
On allait tous les dimanches au bal. Il y avait tout le temps des fêtes foraines dans les villages. L’été, il y avait tout le temps de fêtes et de l’amusement.
Mes parents étaient tchèques et j’ai dû payer pour devenir française. Je suis allée chez le greffier à la mairie de Montereau pour opter pour la nationalité française. Je me suis faite naturaliser française avant le mariage. Peut-être nos parents, avaient-ils peur que nous soyons renvoyés en Tchécoslovaquie ? Je me sentais française en ayant grandi ici. Egligny comptait beaucoup de personnes d’origine étrangère. Il y avait alors du travail dans les fermes.
Certains Tchèques sont repartis après la guerre parce qu’on leur avait promis monts et merveilles. Mais arrivés là bas, il n’y avait rien du tout ! Nous n’avons pas eu de nouvelles d’eux parce qu’ils n’avaient pas le droit d’en donner. L’un d’entre eux est revenu clandestinement en France et il nous a expliqué la situation. Certains Polonais sont partis de la même manière puis sont revenus.
Les gros cultivateurs étaient vraiment pieux. Les riches avaient souvent leurs places à l’avant, à l’église. Dans toutes les églises, des noms figurent sur certaines chaises.
Message aux jeunes
Les jeunes sont vraiment heureux par rapport à nous. Ils doivent profiter de leur bien-être. Nous avons travaillé pour que nos enfants puissent avoir des possibilités que nous n’avons pas eues. Ils sont allés à l’école jusqu’à vingt-deux ans et ils n’ont jamais dû travailler avant.
Messages
1. EGLIGNY - ouvriers agricoles Tchèques, 18 juillet 2011, 01:02, par benoit SCHVOCH
bonjour je suis le petit fils d’une des personnes d’origine tchèques dont madame BOURGOIN Louise a parlé dans ce texte ..... J ’aurais telement aimée en savoir plus ... mon grand père a étéé réfugier lui même et est aussi revenu dans un état pitoyable ... Il ne voulait pas nous raconter tout ce dont il a subit et je le comprend car ressasser de mauvais souvenir n’aurait pas été bon pour sa part .... madame BOURGOIN dit vrais, nous ne voyons vraiment pas le bonheur que l’on as aujourd’hui a se comporter comme des enfants gatée .. j’aurais aimée rencontrée cette personne , mais il est maintenant trop tard , et j’aurai dû me renseigner auprès de monsieur SCOTTY damien ... ancien combattant et meilleur amis de mon grand père. a présent la jeunesse est dans le village . Toute l’histoire de notre village est dans des archives et plus dans des paroles mais ces personnes reste a jamais gravée dans nos mémoires et je les remercie car grace a eut nous en sommes la aujourd’hui .. sans eu je ne sais ce que le monde serait . cordialement benoit SCHVOCH
1. EGLIGNY - ouvriers agricoles Tchèques, 30 novembre 2013, 03:56, par Schvoch dylan
RIP à nos chère ancêtre qui se sont battu et qui on dût travailler dure pour garder leur terre. Je me rend compte aujourd’hui que de génération en génération on détruit tout se que nos ancêtres on construit. Pas seulement la nouvelle génération (15 25ans) mais nos parent aussi peut être même nos grand parent.1ere cause:l’héritage. 2ème cause le mensonge(et le non-dit). Je suis le petit cousin de benoit SCHVOCH et je me rappelle que mon père me disait souvent : tu sait ne rien dire ne fait pas avancer les choses. Je peut maintenant affirmer que se n’est pas forcément en en parlant que les choses avancent mais en créeent des actes. Conclusion : on peut toujours rester la à en parler jusqu’à la fin de l’hiver que les chose n’auront pas bouger. J’aurai aimer rencontrer cette personne aussi lui raconter les erreurs commises jusqu’à présent pour que cette personne du passer puisse éviter certain désagrément