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SOGNOLLES - réquisitions des chevaux, du blé...

Monsieur MIGNOT Gilbert né à Sognolles, le 15 octobre 1924

mercredi 21 novembre 2007, par Frederic Praud

Mes parents étaient agriculteurs. Ils avaient une ferme de quarante hectares. Ils n’étaient pas propriétaires, enfin, en partie. Mon père avait des terres en location, celles de la famille Gauthier des Ormes, les Marot.

Le fonctionnement des exploitations agricoles avant-guerre

En général, les exploitations de l’époque étaient petites et vivaient en autarcie. La répartition des cultures se faisait comme suit : à peu près un tiers de blé, un tiers d’avoine et un tiers de betteraves fourragères, de luzerne, de trèfle et de nourriture pour les animaux, ce qui constituait le carburant.

Le lait faisait vivre la maison, ainsi que les lapins et les poules. Le lait était ramassé par les « Fermiers Réunis ». La laiterie était à Leudon, où se trouve la gare de Maison Rouge. Le père Duvernet, qui habitait dans le bois du pays, faisait la tournée de ramassage du lait avec ses deux chevaux et des bidons en métal de vingt litres.

Actuellement, la coopérative agricole, anciennement la Scaneb, se trouve là-bas. Une certaine année, les « Fermiers Réunis » ont commencé à faire un petit peu d’histoires, en nous collant un réactif dans le lait. Ils ont remplacé les établissements Jeunot.

Au départ, les livraisons de blé s’effectuaient sous la halle de Donnemarie, en sac de 100 Kg, transportés par des voitures à chevaux.

Les lapins et les poules servaient à se nourrir. Nous n’achetions pratiquement pas de viande à l’extérieur ! Nous mangions les lapins, les poules et parfois du cochon, lorsqu’on en tuait un. Mais c’est tout… Le lait et les œufs faisaient tourner la maison.

La jachère était pratiquée, parce qu’à l’époque, il n’y avait pas de désherbant. En principe, les jachères étaient basées sur un roulement de trois ans. C’était l’assolement triennal.

On produisait uniquement du lait. Seules les bêtes de réforme étaient utilisées pour leur viande. Il y avait les marchands de veaux et des gens se promenaient pour essayer d’en faire engraisser. A Cessoy, Monsieur Blanchot avait cette activité, en plus de sa culture. De temps en temps, quand une bête vêlait, il s’arrangeait pour élever un veau gras, au lieu de vendre son lait au laitier

Avant 1914, le village comptait douze exploitations et deux fermes. Les fermes comme Courtemont et les Verrines étaient excentrées du pays, tandis que toutes les autres propriétés étaient ici, au village. La ferme de Courtemont correspond au territoire d’une ancienne abbaye qui avait déjà la même superficie et la même forme, avant le cadastre de Napoléon. Je me rappelle qu’au bois Verron, une borne avec une clef marquait la limite de cette abbaye. Après, cela a changé.… Quant à la ferme des Verrines, elle se trouve à 3 kilomètres d’ici.

Avant la coopérative, il n’y avait peu d’entraide entre particuliers. Si l’on recule davantage dans le temps, deux fermes d’avant 1939 étaient déjà assez grandes. Bien avant, la plupart des gens ne possédaient seulement qu’un cheval et un âne ou alors deux chevaux. Par exemple, à Sognolles en 1870, mon arrière-grand-père n’avait qu’un âne et un cheval.

En moyenne, les fermes faisaient vingt ou trente hectares. Mais les plus grandes du pays, Courtemont et les Verrines, s’étendaient sur cent vingt ou cent trente hectares ! À l’époque, il n’y avait pas de gros propriétaire. Lorsqu’une famille avait deux enfants et que les parents s’en allaient, on coupait alors le champ en deux. C’est pour cette raison que certains numéros ont disparu du cadastre. Avec les remembrements, certaines parcelles se sont retrouvées un petit peu mélangées.

Il y avait des différences sociales entre les saisonniers, les ouvriers agricoles et les exploitants qui n’étaient pourtant pas bien riches.

A l’époque, tout se faisait à la main, que ce soit le démariage des betteraves, la moisson, le bois, l’échardonnage…

Les maçons couvraient les meules de paille pour les protéger contre la pluie. Ces protections ressemblaient à un toit de chaume.

Avec les premières batteuses, produire cinquante quintaux par jour paraissait déjà bien ! Les entreprises de battage venaient trois ou quatre fois dans l’année, pour faire les semences, pour battre le blé à livrer et l’avoine pour les chevaux.

L’administration de la commune

Avant 1940, mon grand-père était le maire du village. A partir de 1920, il avait rempli les fonctions d’adjoint de Monsieur Barbant. Une fois devenu maire, il fallait qu’il essaie d’administrer la commune avec ses moyens. Il fallait qu’il tente de faire tourner la machine !

Les routes étaient entretenues par la commune grâce aux impôts fonciers. Il y avait un cantonnier, ainsi qu’un garde-champêtre. Les routes secondaires et vicinales étaient pierrées et non goudronnées. Elles étaient toutes entretenues par la commune. Les gens devaient consacrer une journée par an, à l’entretien des fossés de drainage. Mais c’était limité…Je l’ai fait jusqu’en 1940. Ces activités s’appelaient des prestations communales.

L’arrivée de l’électricité et de l’eau courante

L’électricité est arrivée en 1928 et l’eau en 1936. En 1928, on a commencé à tourner le bouton. Mais il a fallu plusieurs années pour que tout soit installé entre les lignes, le transformateur… La société s’appelait « Est Lumière ». Je revois encore le premier moteur électrique ! L’électricité allait jusque dans les étables et les écuries ! Avant cela, j’ai connu la lampe à pétrole. Mais lorsque l’électricité a été installée, on a enlevé les éclairages à pétrole qui se trouvaient dans les rues.

En 1936, mettre en place l’adduction d’eau était assez compliqué. Tout le monde ne l’a pas pris tout de suite à la maison. D’ailleurs, certains ne l’ont pas pris du tout, parce qu’il fallait payer le branchement et l’installation.

L’amélioration pour les femmes est venue progressivement. Beaucoup de personnes avaient construit des petits lavoirs. Il n’y avait pas de puits avec source, mais plutôt des réserves d’eau de pluie alimentées par les gouttières.

La vie quotidienne à la ferme et la répartition des tâches

Dans les fermes, les femmes s’occupaient des vaches, de la maison, de pratiquement tout… L’homme s’occupait des chevaux et des travaux à l’extérieur. On travaillait sept jours sur sept, même les jours de fêtes ! La traite, c’était tous les jours ! Les femmes trayaient à la main.

Il fallait que tout le monde fasse sa petite part de travail pour que la ferme tourne. Même les enfants devaient exécuter certains travaux en rentrant de l’école ! Ils devaient par exemple soigner les poules et les lapins, préparer les betteraves pour les vaches etc.

Nous n’allions pas au marché. Les anciens peut-être… Mais il n’y avait pas de grand marché ici.

Autrefois, dans des temps beaucoup plus reculés, les gens faisaient du chanvre. Les rouets se trouvaient vers la source. C’est ainsi que mon arrière-grand-mère a filé elle-même son trousseau… C’étaient des draps solides ! D’ailleurs, j’en conserve encore…

Les gens faisaient eux-mêmes leur pain une fois par semaine. J’ai moi-même détruit le four à pain dont se servait mon arrière-grand-mère…

La forêt n’était pas exploitée. Chacun avait son petit bois pour se chauffer. Les petits saules étaient étêtés pour faire la « bourrée », pour allumer le feu dans le four à pain. Un fagot mesurait 1,50 mètre de long, alors que la bourrée ne mesurait qu’un mètre.

La place de la religion

Il n’y avait plus de curé au village. Alors, allaient au catéchisme ceux qui voulaient.

L’école

A l’école, il n’y avait aucun bruit. Les mouches volaient… Personne ne disait rien. Les grands apprenaient aux petits et c’était chacun son tour. Il y avait tous les âges et tous les niveaux. Depuis l’âge cinq ans jusqu’à douze ans.

Dans l’unique classe du village, nous étions au moins 47 élèves. Le jeudi et pendant les vacances scolaires, nous travaillions à la ferme.

Personnellement, j’ai quitté l’école à 12 ans, mon certificat d’études en poche, mention « bien ».

Ciron était dur, alors que Brodard, c’était le contraire. Alors, tout le monde suivait cet instituteur. Il savait prendre les enfants. Il pouvait en faire n’importe quoi, sans jamais rouspéter, ni rien dire. Il ne donnait pas de coup. Par la suite, il est parti pour Gastin où il est resté vingt-deux ans.

Monsieur Brodard s’appelait André, comme sa femme. D’ailleurs, Monsieur Dumont s’appelait lui aussi André et sa femme également. Il y a des choses bizarres…

Aujourd’hui, tout le monde prend sa voiture pour faire cinquante mètres, pour aller chercher son pain. Mais à l’époque, Monsieur Brodard prenait sa bicyclette pour faire le trajet entre Sognolles et Thénizy. Il faisait 3 kilomètres quatre fois par jour, sur une route non goudronnée et qui monte !
L’image des Allemands avant 39

Mon père est mort des suites de la guerre 1914. Il était à Verdun. Son copain a été tué, mais lui est revenu. Seulement, il est mort à la suite d’une crise d’urémie en 1937, le 19 février. Il avait attrapé un coup de froid en Alsace, en partant pour l’occupation de Allemagne, alors que la guerre était finie. Il a eu les reins esquintés et il est mort à l’âge de quarante ans…

À l’école, nous apprenions l’Histoire de France, mais on ne nous disait rien sur les Allemands. Il n’y avait pas la télé et peu de postes de radio. Il y avait bien des journaux, mais on ne les achetait pas.

Le déclenchement de la guerre

La déclaration de guerre a été placardée sur tous les murs. Tout le monde se demandait ce qui allait se passer. Les anciens qui avaient fait la guerre de 1914 ont été plus choqués que nous par le fait.

Mon père était déjà décédé. Alors, j’étais tout seul, parce que le charretier qui était chez nous avait été mobilisé. Il n’était pas dans les forces actives, mais à l’arrière du front. C’est donc le père Lelu qui m’a aidé à finir de ramener l’avoine dans le dernier champ.

1940 et l’exode

Au moins de juin 1940, 80% des gens ont évacué Sognolles. Tout le monde fichait le camp ! On se demandait pourquoi. Il y a eu comme un vent de panique…

Nous ne sommes pas partis plus loin que Chatenay. Nous n’avons même pas passé la Seine ! Comme les ponts de Montereau avaient sauté, nous avons dû faire demi-tour. Nous sommes revenus la nuit.

Les voitures à cheval étaient chargées avec tout ce que l’on avait mis dedans, notamment le vélo qu’on m’avait offert pour mon certificat d’études. Mais lorsque nous sommes arrivés à Mons en Montois, il n’y était plus. Les Allemands me l’avaient piqué… Après ça, je n’ai plus jamais eu de vélo.

Nous nous sommes absentés une ou deux journées. A notre retour, des gens venus de la région parisienne occupaient tout le village. Ils étaient arrivés chez nous, parce que leur train avait été mitraillé et arrêté à Leudon. Tout le monde s’était alors répandu dans la région. D’ailleurs pendant longtemps, mon grand-père a gardé des contacts avec ces gens-là.

Mes grands-parents étaient restés, parce que mon arrière-grand-mère était presque mourante. Ils sont venus traire les bêtes.

Pendant l’exode, une personne a été tuée avec nous, lors d’escarmouches entre des escadrons anti-chars. Alors que nous revenions avec notre voiture que l’on traînait derrière, nous avons rencontré une tante qui se trouvait là, avec sa voiture en panne. Elle s’est jointe à nous, mais elle a pris un obus en pleine tête, alors qu’elle portait son petit-neveu de six semaines dans les bras. Nous avons eu juste le temps de lui enlever le sang pour éviter qu’il n’étouffe…

Nous avons ramené cette personne qui était la sœur de ma tante de Vieux Champagne. Son corps est resté chez nous, jusqu’à ce que nous l’emmenions au cimetière, dans le tombeau. Nous l’avons enveloppé dans des couvertures, puis nous sommes partis. Mais une patrouille d’Allemands a voulu nous faire déballer le paquet, parce qu’ils croyaient que nous cachions des armes ! Alors, nous leur avons dit : « Regardez si vous voulez ! »

Lorsqu’ils ont entrouvert, ils n’ont plus rien dit et ils ont fichu le camp. Nous l’avons donc ramenée au cimetière. Nous avons transporté cette personne qui n’avait plus de tête dans une voiture à cheval, de Montereau jusqu’ici. J’avais quinze ans…

Vivre sous l’Occupation

A l’époque, nous n’avions pas de rêves particuliers. Nous reprenions très jeune le travail des parents. On parle du travail des femmes qui s’occupaient des vaches, parce qu’il fallait quand même leur donner à manger ! Mais qui coupait les betteraves ? Qui faisait le mélange ? Qui remplissait les paniers ? Qui devait leur apporter ? Qui allait tourner le coupe-racine ? Les enfants !

Chez le grand-père de Monsieur Loiseau, il y avait un manège. Par contre, chez mon grand-père, nous utilisions la tripoteuse pour faire tourner et couper les betteraves. C’était une espèce de pan incliné mu par un cheval, qui avançait sur un tapis roulant.

Pendant l’Occupation, les Allemands ont réquisitionné les chevaux, les camions. Mais en 1939, l’armée française avait aussi réquisitionné les chevaux ! Alors, nous devions nous débrouiller, essayer d’en récupérer un autre. Nous utilisions un cheval qui était bancal ou vieux, qui avait le crapaud, c’est-à-dire une maladie du pied qu’il fallait quotidiennement nettoyer.

Il y a également eu des réquisitions de vaches, d’avoine…, sous les ordres des Allemands. C’est un gars de Nangis qui n’avait qu’un bras qui s’en occupait. Il passait dans les greniers et il disait : « Bon ! Et bien, vous avez tant d’avoine et nous en réquisitionnons tant ! » A ce sujet-là, il faut dire que certains étaient plus favorisés que d’autres. Quand il s’amenait et qu’il ne trouvait pas son compte, ils en prenaient un peu plus ailleurs…

Après-guerre, il y a encore eu des réquisitions jusqu’en 1950-1951. Comme j’étais producteur de lait, j’avais des bons de lait. Mais il y avait des bons pour tout !

Le père Berthelin était l’entrepreneur du coin. Il avait un tracteur à gasoil, de l’huile lourde comme on disait à l’époque. Il en touchait une certaine quantité simplement pour déplacer sa batteuse. Il a remis la machine à vapeur en route pour une campagne ou une demie. Après cela, il a utilisé des moteurs électriques branchés sur les lignes, sur les fils avec une grande perche.

Lorsque les Allemands réquisitionnaient, ils payaient. Mais ce n’était pas eux qui payaient ! C’était l’Etat français ! Quand ils étaient là avec leurs chevaux, ils demandaient du fourrage…

Les chevaux qui nous restaient devaient travailler un peu plus. Le problème se posait surtout dans la période des grands travaux : la moisson ou les betteraves. Un cheval en moins quand nous étions à la lieuse, alors qu’il en fallait trois et que nous n’en avions plus que deux, c’était un peu difficile… D’autant plus qu’on ne s’aidait pas entre exploitants ! Une coopérative de battage existait bien, mais il fallait fournir le personnel et le nourrir.

Les Allemands étaient installés au Moulin-à-Vent, sur la commune de Lizines. Là-bas, il y avait un mirador et des guetteurs. À Sognolles, ils ne sont restés que quelque temps, peut-être une semaine et demie. Ceux qui étaient à l’observatoire de Lizines n’étaient pas des SS. C’étaient des gens comme tout le monde. Ils étaient contents de ne pas se faire fusiller ailleurs. Ils étaient gentils, en principe…

Sous l’Occupation, mon grand-père était maire de la commune. Celle-ci donnait des stères de bois aux gens qui en avaient besoin.

En fait, les Allemands fréquentaient davantage les gendarmes que le maire. Les gendarmes étaient contre eux, mais ils étaient chargés de faire la police. Ils passaient pour contrôler le couvre-feu. Il fallait même mettre un cache sur le phare de nos vélos !

Une année, il y a eu beaucoup de neige et les Allemands nous ont réquisitionnés pour la déblayer les routes, afin que les camions puissent passer. Il y avait au moins deux mètres de neige ! Plus haut que les portes !

Monsieur Labergère, qui était carrossier à Fontenay-sous-Bois, ainsi que deux ou trois autres personnes, sont venus par ici à vélo pour chercher de la viande. Il est allé chez Jean Bléry qui voulait lui vendre une vache. Mais ce n’est pas commode à transporter à vélo !

Lorsqu’on semait des graines de trèfle, des graines de navette y étaient mélangées. Le père de Banceron, qui avait travaillé au chemin de fer dans l’Aube, nous avait expliqué :
« Il ne faut pas jeter ça ! C’est bon ! C’est de la navette et vous allez pouvoir faire de l’huile avec ! »

Nous la récupérions lorsque nous coupions le trèfle et nous la faisions sécher. Ensuite, nous la mettions sur des bâches pour la battre et faire de l’huile avec. Quand nous n’avions pas d’œillette, il fallait bien faire de l’huile avec autre chose !

Avant-guerre, beaucoup de particuliers faisaient de l’huile avec de l’œillette. C’était Monsieur Delettre de Thénisy qui la transformait.

Les carrières ont fermé le 18 août 1944. C’était la sucrerie de Bray qui l’exploitait. Elle prélevait des cailloux pour en faire de la chaux, qui servait ensuite à épurer le sucre, à enlever l’acidité. Mais la carrière était aussi un point de rendez-vous des résistants.

En fait, à part les réquisitions et les restrictions, nous étions tranquilles… Nous étions sur une petite route peu fréquentée.

Le Service du Travail Obligatoire

Quelques-uns sont partis au STO : Guyot, Raymond Moreau, Henri Granjean, René Villatte, Maurice Benoît aussi… Il est parti pour construire le mur de l’Atlantique, dans l’organisation Todd. Comme René était maçon, nous n’avions donc plus de maçon. Jacques Guyot travaillait quant à la glaise et Raymond Moreau était menuisier.

De nombreux réfractaires au STO de la région parisienne se cachaient dans les fermes alentour. Certains se sont même mariés ici.

Des fêtes étaient organisées dans les villages afin de récolter de l’argent pour les prisonniers.

La Résistance locale

Suite aux menaces du « Front National » de la Résistance concernant les battages, nous devions aller coucher à plusieurs près des batteuses, à tour de rôle. Servio le savait puisqu’il nous apportait un bout de pain. Il était boulanger à Sognolles.

Les réseaux de Résistance étaient un peu pris à la légère. Il faut reconnaître que le père Viennot du réseau « Vengeance » était un peu embêtant. Pour une question de politique, les gens ne le suivaient pas. Mais personne ne l’a jamais dénoncé alors que tout le monde savait ! Du coin, il y avait Petit et Viennot, mais les autres personnes avaient souvent de la famille dans la Résistance…

Les membres du Comité de Libération étaient tous dans la Résistance. Ils agissaient soit dans le cadre de leur travail, soit en protégeant ou en aidant les gens. Parce que c’était aussi une manière de résister ! Il y avait par exemple le père Lelu, qui était cultivateur, ou le père Benoît, qui était retraité de la guerre de 1914. Ils étaient tous deux sympathisants. Le père Chemin en faisait partie aussi, ainsi que Petit qui était boulanger et le père Piétri qui tenait un bistrot à Provins.

Le comité de Libération a remplacé mon grand-père qui n’avait pourtant rien fait de mal… A l’époque où trois personnes d’ici ont été susceptibles d’aller en Allemagne, à savoir Raymond Ochin, Robert Grognet et André Gervais, mon grand-père s’est débrouillé pour qu’ils deviennent employés communaux. Ils ne l’ont jamais réellement été, mais ils ont pu rester chez eux. Si mon grand-père ne s’était pas mouillé, ils auraient été prisonniers en Allemagne. Parce qu’ils étaient soldats ! D’ailleurs, ils devaient aller signer tous les mois à Fontainebleau.

Il n’y a pas eu de collaboration. Les gens se connaissaient tous… A Sognolles, il n’y a jamais eu de collaborateur nommément désigné par la population.

La Libération

Nous avons vu les jeeps américaines arriver. Nous avons vu plus de soldats français de la division Leclerc, que de soldats allemands… A Donnemarie, il n’y avait pas d’Allemands non plus. Par contre, les SS y sont passés en dernier. A Donnemarie et à Dontilly, ils ont rassemblé les hommes dans une église et les femmes dans une autre. A Donnemarie, ils ont mis des bidons de 200 litres d’essence Porte de Provins…

Nous n’avons pas vu d’aviateurs. Pourtant, en bas de la côte, un monument a été érigé en souvenir de certains parachutistes qui sont restés accrochés dans les arbres, vers le cimetière. Ils ont été tués…

Message aux jeunes

Que les jeunes pensent un petit peu à tout ce qui s’est passé et qu’ils aient conscience que ce qu’ils font aujourd’hui, ils ne le feraient pas s’ils étaient passés par là…

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