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Le Secours Catholique-Mayotte
Entretien avec Christophe VENIEN, délégué à Mayotte
jeudi 26 avril 2012, par
LE SECOURS CATHOLIQUE A MAYOTTE
Repris d’un entretien avec Christophe VÉNIEN, délégué du Secours Catholique à Mayotte
Présentation / Historique
Association loi 1901 à but non lucratif et reconnue d’utilité publique depuis 1962, le Secours Catholique fédère un réseau de 62 000 bénévoles sur l’ensemble du territoire métropolitain et des DOM-TOM pour « apporter, partout où le besoin s’en fera sentir, à l’exclusion de tout particularisme national ou confessionnel, tout secours et toute aide directe ou indirecte, morale ou matérielle, quelles que soient les options philosophiques ou religieuses des bénéficiaires »
Présente sur Mayotte depuis 2002, notre association, s’attache à combattre toutes formes de pauvreté sur l’île en aidant les personnes à se relever par elle-même grâce à l’engagement de bénévoles venus d’horizons divers.
Membre de la fédération Caritas Internationalis, le Secours Catholique/Caritas France s’engage également à travers les 5 continents par le financement de projets internationaux tant dans les domaines de l’urgence que du développement. Présente dans l’océan indien par les délégations de Mayotte et de la Réunion, notre association s’investit dans un partenariat étroit avec les Caritas de la région et notamment la Caritas Comores.
Equipe :
L’équipe de salariés se compose de trois membres à temps plein ; les bénévoles sont au nombre de quatre-vingts environ.
Les bénévoles, demandeurs d’asile, sans papiers, ont une volatilité certaine. D’autre part, les m’zungus (les « blancs », à Mayotte), travaillent, bien souvent, et ont une « durée de vie limitée » sur le territoire. « Nous avons fait le choix d’être une association de bénévoles parce que la solidarité doit pouvoir se vivre à travers n’importe qui » souligne notre interlocuteur.
Public /Actions
1. Quelques demandeurs d’asile, d’origines comorienne et africaine, accueillis lors d’une permanence au cours de laquelle le SC assure le suivi des dossiers OFPRA ou CNDA. La permanence constitue également un lieu d’écoute quant à leurs difficultés.
Note relative au parcours du demandeur d’asile :
a) Dépôt du dossier à l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides, structure censée statuer positivement ou négativement lors d’une demande d’asile.
b) Si la demande est reçue négativement, la Cour Nationale du Droit D’Asile réexamine le dossier.
Lorsqu’un demandeur d’asile dépose une demande d’asile auprès de la préfecture, il reçoit un récépissé d’une validité de 3 mois, renouvelable durant la procédure, ce qui lui permet de rester légalement sur le territoire durant tout ce temps. S’il est débouté par la CNDA, il devient clandestin.
2. Des jeunes natifs des autres îles de l’archipel des Comores : anjouanais principalement, quelques mohéliens et grands comoriens. Le Secours Catholique accueille 120 jeunes non scolarisés de 16 à 25 ans dont 99% sont originaires d’Anjouan. Ces jeunes peuvent suivre des cours d’alphabétisation, de mathématiques, d’histoire-géo, de philo, Des activités culturelles ou pédagogiques à but éducatif leur sont également proposées comme la participation à une troupe de théâtre ou à des excursions à travers l’île.
3. Des personnes en difficulté, essentiellement des migrants adultes comoriens auprès desquels les bénévoles du Secours Catholiques effectuent un suivi sous forme de visites à domicile. Les gens se signalent directement ou sont amenés par les travailleurs sociaux, du CHM notamment, ou d’autres structures.
Rendez-vous est pris avec la famille, les bénévoles dévolus à ce type d’action se déplacent alors et analysent ainsi de visu l’environnement et la situation de ces personnes en difficulté.
La relation instaurée avec les familles importe davantage que l’aide en elle-même car les bénévoles doivent les accompagner dans la durée pour les aider à s’en sortir par elles-mêmes, si c’est possible. Bien souvent cela passe par une régularisation. « Nous ne sommes pas des acharnés de la régularisation mais nous sommes des acharnés de l’accès aux droits. Au niveau de nos jeunes, quasiment tous devraient avoir un titre de séjour régulier ou même la nationalité française dans certains cas », précise Christophe VÉNIEN, et ajoute-t-il : « un des gros problèmes de Mayotte, c’est le manque d’information et la mauvaise compréhension de l’information. »
Perspectives, projets d’avenir : 4 enjeux importants
1. Renforcer le centre d’accueil qui fonctionne actuellement avec 120 jeunes et une petite dizaine de bénévoles. Renforcer ce centre puisque l’avenir de Mayotte passe par sa jeunesse. Donner quelques clefs pour s’en sortir par la maîtrise suffisante du français et la formation, même si le Secours Catholique n’est pas un organisme de formation professionnel. « Nos formations sont plus informelles, alphabétisation, mathématiques, mais ensuite pourquoi ne pas initier à une formation technique même si elle n’est validée ni par l’éducation nationale ni par la Dieccte (Direction des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation et du Travail) ? »
2. Poursuivre le travail autour de l’accès aux droits d’une manière générale, aussi bien pour les étrangers que pour les mahorais. Faire de la sensibilisation avant tout et proposer une aide concrète à la constitution des dossiers. Les gens issus de la société traditionnelle ne maîtrisent pas du tout l’administration de la république.
3. « « Mahoriser l’association en ce qui concerne les bénévoles et les personnes accompagnées par notre association ». L’appellation « secours catholique » constitue un frein pour une population traditionnelle musulmane. Et notre interlocuteur d’ajouter : « Une fois la mission expliquée, les gens ne sont plus dérangés. Une association qui se veut locale doit être en phase avec la société dans laquelle elle évolue. »
Outre la spécificité de l’association en terre musulmane, le mahorais en difficulté éprouve une certaine pudeur à demander une aide alors qu’il est chez lui. Il fait plutôt jouer la solidarité familiale, l’entraide, la "musada". Les comoriens ou africains vont plus facilement se tourner vers les associations caritatives, ils font abstraction du côté catholique puisqu’ils sont dans un système de survie.
Axer également l’action de l’association sur le « vivre ensemble ».
« Depuis longtemps, on le sent, et les événements d’il y a quelques mois n’ont fait que confirmer la chose, des germes pas très sains de développent entre communautés qui ne se connaissent pas. Ils doivent être combattus, il faut montrer que l’on peut vivre et travailler ensemble ». Pour ce faire, des volontaires civiques vont intégrer l’équipe. Ils travailleront en binômes « m’zungus-mahorais » et feront de l’animation communautaire dans les quartiers. « Discuter avec les gens, se faire connaître, dire qui ils sont dans un premier temps puis organiser des réunions avec les jeunes essentiellement, mais aussi les familles, leur demander quels sont leurs problèmes et les amener à s’interroger sur ce qu’eux-mêmes peuvent faire pour les régler .Qu’ils deviennent acteurs et non spectateurs de leur propre développement », telle est la démarche exposée par Christophe VÉNIEN.
4. Mettre l’accent sur la coopération régionale. Le Secours Catholique fait partie du réseau Caritas et ne conçoit pas le développement de Mayotte sans celui des autres îles de l’archipel, dans un premier temps. C’est un travail à long terme avec des partenaires locaux tel que Caritas, implanté en Grande Comore.
A propos du malaise de la jeunesse
« Le malaise de la jeunesse vient du fait que l’on ne s’en occupe plus. Autrefois, c’était les enfants de tout le monde et maintenant les enfants de personne ! Je suis effaré de voir que l’on construit des MJC à tout va, mais ça ne sert à rien si on ne met pas de quoi faire fonctionner ces MJC. Je préfère voir les jeunes dans les rues avec des éducateurs formés plutôt que construire des structures sans animation. Quasiment rien n’est fait en termes de prévention mais on laisse faire…Nous avons une démographie importante, un nombre de jeunes important, (environ 60°/° de la population a moins de 25 ans) sur un territoire minuscule avec des perspectives d’avenir quasiment nulle. Pour les mahorais, déjà, qui sont français de droit, c’est difficile et je ne parle pas des sans-papiers (estimés à 30 à 40°/° de la population totale)…Des décisions politiques sont à prendre. »
Une société en pleine mutation
« Nous sommes en pleine mutation. La société mahoraise devient individualiste et consumériste. Quand on lit quelques articles sur les vieux qui sont laissés de côté, les malades… Du fait de la départementalisation, de l’accès au droit commun, on va dire : "C’est pas à moi de le faire, c’est à l’état !" Cela va engendrer automatiquement une perte de la solidarité ancestrale.
Nous avons d’une part les personnes qui n’ont pas de quoi pallier aux besoins primaires c’est-à-dire se nourrir, se vêtir, se loger, être en sécurité et d’autre part celles qui ont tout cela et qui maintenant en veulent plus. Quand on me demande ce que je pense de Mayotte, pour moi, c’est une société traditionnelle confrontée de plein fouet à la société de consommation. Quand on voit le nombre de voitures toutes neuves qui roulent, les prix qui sont quasiment le double de ceux de métropole, les dossiers de surendettement vont fleurir d’ici quelque temps. Tout va très très vite ! »
L’avenir de l’île passe par les jeunes
« Les jeunes vont faire changer Mayotte, particulièrement ceux qui ont connu autre chose, à la Réunion en métropole ou ailleurs et qui reviennent au pays. Encore faut-il que les anciens leur laisse la place ! Il ne faut pas vouloir aller trop vite et attendre deux ou trois générations pour que Mayotte trouve un modèle de société qui lui convienne. »
Comment soutenir le Secours Catholique ?
Le Secours Catholique peut mener à bien ses différentes missions grâce à la générosité publique, issue de personnes faisant confiance à ses activités menées en France comme à l’étranger. Cela lui permet d’avoir une autonomie financière et donc une liberté de parole et d’actes vis-à-vis des pouvoirs publics ou de toutes autres institutions avec lesquelles on peut ne pas forcément être d’accord.
« Mais la principale richesse de notre association reste avant tout le bénévolat !
Des bénévoles qui consacrent du temps, selon leurs compétences et envies, à nous aider à accompagner les personnes les plus fragilisées de notre société afin de construire une société plus juste et plus fraternelle. »
Contacts : mayotte@secours-catholique.org
Tél de la délégation du SC à Mayotte : 02 69 62 10 10
www.secours-catholique.org
Messages
1. Le Secours Catholique-Mayotte, 27 janvier 2013, 17:57, par surna
cette adresse cest sur facebook .jaime vrement tous ceque vous aimré faire dans le monde aujourdhui je suis vrement heureux d avoir des gens comme vous aux quelle je peux parlé de mes probleme .pour moi jaimré vrement venir a mayotte parcque ici aux comores je suis seuls mes parents sont morts je suis dans la merde mais jaimré aceque vous trouvez une solution pour moi .
je conte sur vous .si vous voulez me repondre repondez moi sur mon adresse facebook ,bignass.antonio@hotmail.fr merci beaucoup