Sarcelles : Alicia née en 1991

En travaillant autre part, on peut s’évader de Sarcelles.

la séparation entre les quartiers...

Alicia

Je m’appelle Alicia. Je suis née à Gonesse en 1991. Mes parents sont originaires des Comores et sont arrivés en France en 1973 et à Sarcelles en 1981. Ils sont venus pour travailler. Mon père était éboueur à la ville de Paris. Il est venu plus tôt en France. Mes parents ne m’ont pas parlé de leurs conditions d’arrivée en France et à Sarcelles. Je n’ai pas pensé à leur demander. Dans quelles conditions ont-ils vécu en arrivant ici ? Je n’ai jamais pensé à poser une telle question.

Sarcelles

Les gens viennent de partout dans le monde. C’est mélangé. Il y a beaucoup de cultures. L’immeuble, c’est pareil, il y a beaucoup de nationalités. Là où je vis il n’y a pas de différences. C’est dans un appartement à St Exupéry. Tous les jeunes se parlent entre eux.

Il y a quand même une différence entre ceux qui suivent l’école et ceux qui ne la suivent pas. On peut suivre l’école, et ensuite être avec des gens qui ne sont pas venus en cours. Ça dépend des personnes. Je ne sais pas.

Les bagarres au collège

Avant on disait que Chantereine était un des meilleurs collèges de Sarcelles, que les professeurs étaient mieux que dans les autres collèges. Mais dès la rentrée, il y avait déjà eu une bagarre. C’est la première fois que je voyais une bagarre avec autant de monde. Après, c’est tout le quartier. Les bagarres dans le collège, c’est la routine. Je regardais comme tout le monde, mais je sais que si je rentre dedans, je vais prendre un coup. J’attendais que les autres le fassent. Il y en a qui le font : « Laisse tombe ! Il y a une baston ! », après les gens regardent, crient. Ce sont les surveillants qui séparent. Ils veulent arrêter ça. Matin, midi et soir on se bat. C’est pour des raisons bêtes.

Partir de Sarcelles

Mon parcours professionnel, j’aimerais le faire dans un pays anglophone. Mon rêve c’est l’Angleterre, le Canada, l’Australie, les Etats-Unis. Mais ma terre, c’est les Comores. J’aimerais terminer mes jours là-bas.

Sarcelles, c’est une ville comme les autres pour moi, c’est bien. Mais j’ai vécu dans le même appartement pendant seize ans. On a envie de changer, voilà. On a envie de s’évader. En travaillant autre part, on peut s’évader de Sarcelles.

Plus tard, je veux être médecin généraliste. J’aime bien aider les gens. Je vais les soigner. Je suis au lycée Jean Jacques Rousseau. Mais là ça va changer. Je vais rentrer en 1ère ES et je ne pourrai pas faire S. Il y a peut-être des possibilités de faire du bénévolat à Sarcelles, comme par exemple faire une action au sein de l’association en direction des Comores. Mais je ne vois pas ce que je peux faire.

La réussite, c’est ce qu’on est arrivé à faire, comment on a pu le faire, c’est-à-dire avec du travail. Après on est content. J’épouserai un comorien. Si je tombais amoureuse d’un non comorien, c’est serait un énorme problème.

L’âme de Sarcelles

Je ne sais pas ce qu’est l’âme de Sarcelles. Ce qui m’a marqué dans cette ville, c’est qu’il y a une séparation entre les Juifs et les autres communautés. Il y a un quartier où il y a beaucoup plus de Juifs que dans le reste de la ville. C’est coupé. On peut aller là-bas, ce n’est pas interdit et ils peuvent venir ici. Je regrette cette séparation. Je ne sais pas si cette séparation partira avec le temps.

Message aux anciens

Aux anciens je dirais : « Donnez la possibilité aux jeunes de travailler. Augmentez les opportunités de travail. »

Messages

  • Bonjour Alicia, je suis touchée par ton article. Je suis d’origine comorienne et je partage ton point de vue concernant le retour au pays. Il ya pas mieux que de finir ses jours dans sa terre natale. Tu est une des rare fille nait en France qui pense à son pays, les autres se dises française et n’ont rien avoir avec la culture commorienne. Je te souhaite bon courage dans la poursuite de tes études, et beaucoup de bonheur dans ta vie profesionnelle. Si tu t’accroche tu peu t’évader de sarcelles.

    Hadi