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engagé résistant juif 1939/1945

Serge Bac, croix du combattant volontaire

mardi 28 septembre 2010, par Frederic Praud

De son prénom, selon les diverses pièces administratives, Ovsei ou Ovche ou Govche ( prononcer Guevchê ), auquel s’ajoute, dans sa filiation juive, Yeshoua Ben Abel, et de son nom Bâc, naît le 13 février 1906 à Tighina (initialement ville russe de Bender ou Bendery, nom roumanisé en Tighina après la première guerre mondiale lorsqu’elle devient roumaine, puis à nouveau nommée Bender ou Bendery lorsqu’elle devient soviétique après la seconde guerre mondiale, nom qu’elle conserve toujours aujourd’hui au sein de la région sécessionniste de Transnistrie située dans la république de Moldavie), celui qui, en France, s’appellera Serge BAC. Partageant les idéaux de la révolution de 1917 qui marqua sa vie, ce fils d’une famille de trois garçons et de quatre filles, dont l’une meurt accidentellement et dont le père décède au début des années vingt, part pour la France en 1924 rejoindre ses deux frères déjà sur place. Sans permis de séjour, il est expulsé et retourne en Roumanie.

Il revient en France en 1928 et, suite à sa rencontre avec un entremetteur qui lui procure des faux papiers de commerçant, il s’établit à Paris. Govsii ou Govsec, selon la fantaisie des papiers officiels, se fait appeler Serge et travaille alors comme ouvrier tailleur, métier qu’il a appris chez un patron à Tighina. Ayant franchi clandestinement les frontières, ses trois sœurs et sa mère arrivent en France. L’une de ses sœurs sera déportée en juillet 1944.

Il se marie en 1937 avec une juive polonaise qui exerce le métier de vendeuse, Zysla (prénom francisé en Gisèle) FINKELSZTEJN. Ils ont un enfant, Abel, né en 1938.

Après un premier engagement avant Munich, il s’engage au moment de la déclaration de guerre. Après un court séjour en Alsace à partir de mai 1940, son 22ème régiment de marche des volontaires étrangers est envoyé sur le front de la Somme, près de Péronne. Malgré leur résistance farouche, ils finissent par se rendre le 6 juin 1940 sur l’ordre de leurs officiers. Cette résistance, constituant la dernière ligne de front organisée, permet à des dizaines de milliers de soldats de l’armée française de pouvoir s’échapper.

Fait prisonnier, Serge est envoyé en Allemagne près de Furstenberg. Une partie du trajet se fera à pied, souvent sous des jets de pierres lorsqu’ils traversent des villes allemandes. Juste avant de partir, ses compagnons et lui enterrent leurs papiers d’identité dans la cour d’une caserne où ils sont emmenés et ce, afin que l’on ne découvre pas qu’ils sont juifs. Finalement, ses camarades et lui décident de se dénoncer comme tels afin d’éviter de graves représailles. Bien donc que juif, il est protégé par son statut de prisonnier de guerre (convention de Genève) alors que les espagnols sont envoyés à Mathausen et Buchenwald. Durant cette période, il survit à la dysenterie alors qu’il n’y a pas de médicaments. Il fait partie d’un réseau de résistance interne au camp, le « Front patriotique » du stalag III B, à direction communiste, qui effectue divers sabotages et diffuse un journal clandestin pour combattre la propagande vichyste et nazie grâce, notamment, à l’écoute de Radio Moscou.

En 1945, alors que les russes arrivent, Serge et ses compagnons sont mis sur les routes où ils sont surveillés par de vieux soldats allemands qui les abandonneront pour aller vers les américains. Serge et ses compagnons marchent, eux, tout près de Berlin, dont ils voient les bombardements, vers les soviétiques, dont ils protègent d’exactions possibles des femmes allemandes et leurs enfants. Après quelques temps dans le secteur russe, dont il gardera un bon souvenir, il est transféré dans le secteur américain, puis est rapatrié au Bourget par le pont aérien.

Lorsqu’il entre chez lui, le 6 juin 1945, la concierge lui annonce que sa femme et son fils n’y sont plus. Ils ont été arrêtés (Abel avait à peine quatre ans), internés à Drancy puis, séparément, envoyés à Auschwitz. Pourtant il avait reçu, tout au long de sa captivité, des courriers provenant de sa femme. En fait, ces courriers provenaient de sa belle-famille qui, réussissant à survivre à Paris, et pour ne pas faire flancher son moral de prisonnier, avait décidé d’endosser l’identité épistolaire de son épouse. Cependant, il retrouve son appartement non occupé par des « aryens », alors que c’était le cas pour de nombreux logements juifs, et retrouve aussi ses meubles, ses outils, sa machine à coudre : en tant que prisonnier de guerre, ses biens étaient protégés sous scellés !

Serge reprend son métier de tailleur pour hommes chez un patron, puis ensuite à son domicile. Naturalisé français en 1947, il se remarie la même année avec Rose HALPERN, roumaine venue de Jassy dans les années 1930 et, elle aussi, veuve après la guerre durant laquelle, avec sa fille, après avoir été associée à des actes de résistance, elle a vécue cachée, son mari, juif polonais et résistant communiste, ayant été arrêté et déporté. Quelques mois après ce mariage, Arnold naît.

Serge BAC, Croix du combattant volontaire 1939-1945, décède le 29 octobre 1994 à son domicile parisien dans le 18ème arrondissement, 146 rue Ordener.

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