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Réfractaire au STO à Sarcelles

Mr Hacquin né en 1919

dimanche 9 décembre 2007, par Frederic Praud

texte Frederic Praud


MONSIEUR HACQUIN

Je suis né en 1919 à Sarcelles, au 82 bis rue de Paris (au premier étage de l’agence du Crédit Lyonnais).
  Les ancêtres de mon père, des Parisiens depuis Louis XVI.
  Ma mère, une sorte d’immigrée, car Basquaise. Personne à Sarcelles ne la comprenait à cause de son accent du Sud, et elle surprenait par sa manière de faire la cuisine à l’huile. Mes parents sont venus s’installer à Sarcelles en 1912. Ils retrouvaient un autre ménage Hacquin, et des oncles et des tantes. D’autres proches parents habitaient Groslay.

Mes beaux-parents, eux, sont venus habiter Sarcelles, pour le grand air, à Chauffour. Ils ont quitté le 18ème arrondissement de Paris sur les conseils d’un médecin. Beaucoup de gens étaient un peu dans leur cas dans le quartier de Chauffour, notamment des gens tuberculeux et aussi des d’anciens combattants de la guerre, encore jeunes, mais qui avaient été gazés.

En 1923, aucune route n’était praticable en hiver jusqu’à Chauffour, que des chemins vicinaux pour la culture. Les camions de déménageur s’arrêtaient avenue de Chantilly, actuelle Max Dormoy, et le mobilier était porté à bras d’hommes, pour le reste du trajet, sur les petites routes pour tombereaux, aux profondes ornières.

Sarcelles avant guerre (entre 1918 et 1939)

Les Sarcellois d’origine étaient des petits cultivateurs maraîchers qui arrivaient à faire trois récoltes par an ; choux-fleurs, petits pois (la spécialité de Sarcelles), poireaux, céleris etc. Ils livraient par groupage chaque soir, aux Halles de Paris (à seize kilomètres) avec des voitures à cheval. Leur costume se composait d’une sorte de blouse noire, et d’une casquette, très spéciale en tissu noire également.
Ces cultivateurs étaient presque dans le quartier du Chaussy, rue des Noyers, rue Parmentier. Rue de Chaussy (qui commence place du Pont), chaque maison avait sa grande porte cochère, à deux battants, pour laisser entrer les charrettes. Deux grosses bornes en pierre, de chaque côté de la porte, protégeaient les murs, et remettaient les charrettes dans l’axe de la porte si le cheval avait mal visé.
Aucun tracteur : les chevaux étaient très nombreux avec maréchal-ferrant, bourrelier, charron, etc.
Toutes les opérations de culture se faisaient avec du matériel simple, tiré par un cheval : charrue, presse, rouleau, faucheuse, etc. Mais beaucoup d’opérations ne pouvaient être faites qu’à la main ce qui employait de nombreux ouvriers agricoles. A la belle saison, ils dormaient dans des abris en dur construits dans les champs. Deux ouvriers agricoles ont ainsi été surpris pendant leur sommeil et noyés lors des inondations de 1926 dans la plaine de Chauffour.

En dehors du centre village, « le pays », deux lotissements importants sont créés après 1920.

Chauffour. Le « foyer de Sarcelles » à Chauffour.

Les habitants de ce lotissement groupés en une association H.B.M. (habitations à bon marché) se sont équipés d’un château d’eau à éolienne, et chaque habitation avait l’eau courante ce qui n’était pas le cas au centre du village.
L’électricité fut installée par la Société Nord Lumière dont l’agence était à Ecouen. Les poteaux en sapin qui supportaient la ligne, ont été payés par les habitants. Lorsque ces lignes ont été modifiées, pour passer de 110 Volts à 220 Volts, ces poteaux ont été remplacés par des poteaux en ciment, et les vieux poteaux en bois distribués aux gens du lotissement qui les avaient payés. Ils finirent ainsi en bois de chauffage.

Ce lotissement commençant au bout de la route Giraudon par l’actuelle Gabriel Péri, et allant jusqu’au bois d’Ecouen, fut vendu par lots ou parcelles, des terrains en pente et sans arbres, sauf la rue André Vassord qui s’appelait alors rue des Vergers. Il y avait encore des cultures maraîchères, on y faisait la moisson et paître des troupeaux de vaches.

Sarcelles avait sa propre usine de fabrication de gaz, avec trois grands gazomètres, mais je ne me souviens pas à quelle date le réseau de distribution est arrivé à Chauffour.

Le Mont de Gif.

Les gens du Mont de Gif, juridiquement Sarcellois, n’étaient pas considérés comme tels par les gens du village. Leur gare de chemin de fer était celle de Villiers-le-Bel. Aucun chemin carrossable ne reliait directement le centre de Sarcelles au Mont de Gif. Ainsi, lors des décès, les morts devaient être inhumés au cimetière de Sarcelles, mais le corbillard ne pouvait aller jusqu’au Mont de Gif et devait attendre rue des Bauves, au carrefour Montfleuris, Jean-Jacques Rousseau et être porté à bras d’hommes tout au long du chemin de terre. Et, à cause de l’éloignement et du manque de route, les enfants ne pouvaient pas venir à l’école à Sarcelles.
Les rues du Mont de Gif portent des noms de bataille de 1914-18. Des hommes qui avaient fait cette guerre ont su se grouper pour faire valoir leurs droits et obtenir des prêts et des terrains pour faire construire.
Maintenant, le Mont de Gif est bien intégré à Sarcelles.

Une ville cosmopolite dès avant-guerre

Lors de la guerre de 1914, de nombreuses familles du Nord de la France sont venues d’installer à Sarcelles, fuyant l’avance des troupes allemandes et la zone des combats. Eux aussi étaient « déjà » des personnes déplacées. Beaucoup sont restés à Sarcelles, leurs familles y sont encore.

L’installation des Arméniens fut la cause de petites joies pour ma mère. Voilà qu’un marchand arménien, au marché, vendait des aubergines, des poivrons, des piments et de l’huile d’olive ; ces produits que l’on trouve dans le Sud-ouest mais qui était alors à peu près inconnus des commerçants sarcellois.
Les Arméniens sont venus, en 1923-25, suite au génocide de 1915. Des gens très courageux ! Ils ont commencé par creusé à la bêche et à la pelle, dans leurs terrains pour faire les sous-sols et les fondations de leurs maisons. Ils ont d’abord habité ces sous-sols et tout en travaillant à Paris. Ils continuaient eux-mêmes la construction de leurs maisons.
Les rapports avec eux étaient faciles. Ils étaient très affables et de la même religion que la majorité des Sarcellois du moment. Ils voulaient vraiment s’intégrer, et les enfants étaient parmi les très bons écoliers.
Ils avaient aussi constitué des équipes de football. Des matchs amicaux internationaux avaient lieu entre Arméniens et équipe de l’association sportive de Sarcelles, sur un terrain rudimentaire, sur la route de Gonesse. Ils avaient aussi créé un groupe de boy-scouts reconnu par la fédération de scoutisme.

Les Italiens de Sarcelles avaient fui le fascisme. La plupart des maçons de Sarcelles étaient italiens.

Des Espagnols avaient fui le régime royaliste d’Alphonse XIII et lors de la déclaration de la première république espagnole, en 1932, certains sont repartis. Par contre des royalistes les remplacés, si l’on peut dire ! En 1936-37, d’autres mouvements dus à la guerre d’Espagne, et à Franco, ont encore provoqué des arrivées chez nous.
La Pologne avait quelques représentants.

Tous les enfants de ces nouveaux Sarcellois d’adoption allaient, avec nous, à l’école communale : trois classes de garçons, trois classes de filles, et une école maternelle.

Avakélian, Semedjian, Davidissian, Blablarian, Giovanelli, Bolzani, Carrosi, Martinez, Lahose, Marchoa, Vinas, etc… nos amis d’enfance.

Une adolescence avant-guerre

Une adolescence parmi d’autres, à Sarcelles.
J’étais le quatrième d’une famille de cinq garçons. Nous habitions rue de Paris, au cœur de Sarcelles. Une rue pavée, trottoir et chaussée, avec des chevaux qui passaient toute la journée pour le travail des cultivateurs. Déjà, quelques automobiles et camions. Mais à Sarcelles, les propriétaires de voitures particulières étaient rares, sans doute moins de cinquante pour tout Sarcelles. Les gendarmes eux-mêmes n’avaient que des bicyclettes (des vélos !) après avoir eu des chevaux. Les pompiers tiraient leur pompe en courant. Mais, il y avait quand même rue des Piliers une grosse Renault qui avait, paraît-il, déjà roulé 40000 kilomètres. Cela semblait extraordinaire, autant que le tour du monde !

Ma vie fut sérieusement perturbée en mars 1926. Je me suis pincé un doigt dans une porte pour que le chien ne se sauve pas. Mon père était préparateur en pharmacie et il y avait tout à la maison pour soigner un tel bobo, selon les critères de l’époque. Je suis reparti jouer avec des copains. Le panaris a enflé puis j’ai eu très mal à une jambe. Le docteur Castellan père, le seul médecin de Sarcelles, observe l’évolution de mon mal. Il avait été médecin dans les usines du Nord, suite à la guerre de 1914, il était venu exercer à Sarcelles, rue Alésia. Il demande à voir mon père lorsqu’il rentrerait du travail. Papa rentrait tous les soirs à minuit, c’est donc en pleine nuit qu’ils se retrouvent près de mon lit.
« Il faut le conduire d’urgence aux enfants malades de Paris. J’espère qu’on ne lui coupera pas la jambe. » Ce pouvait être le remède du moment.

J’ai entendu cela. Mes parents aussi. J’avais six ans. Papa a trouvé dans la nuit un Sarcellois obligeant ayant une voiture. Et je me suis retrouvé dans une salle où nous étions trente-deux enfants, tous gravement atteints. J’y suis resté plusieurs mois, opéré cinq fois. Les antibiotiques n’existaient pas encore. Neuf malades sont morts autour de moi. J’étais marqué pour la vie.

Six mois auparavant, j’étais rentré à la grande école, l’école communale du village, la seule pour Sarcelles, exceptées deux institutions privées, surtout destinées à des Parisiens pensionnaires. En six mois on savait lire et je savais donc lire.

Cette école avait été construite sur un sol gorgé d’eau, comme tous les bâtiments du centre : elle a dû être démolie, elle risquait de s’écrouler. A sa place, ont été édifiés les bâtiments de l’école Lelong, place de Verdun. Nous nous amusions avec une bêche à faire des trous ainsi on voyait l’eau arriver.

Le directeur de cette école est venu souvent me voir à la maison, lorsqu’en semi convalescence je suis revenu de l’hôpital, sans pouvoir marcher. Il m’apportait des livres qui me permettaient d’apprendre chez moi. Je dois beaucoup à ce directeur, pourtant, je ne suis pas retourné à cette école. Vers neuf ans, alors que j’étais encore très fragile, mes parents ont pensé que je serais bien surveillé et ils me mirent à l’Institution moderne des jeunes gens, à Sarcelles, rue de Paris ( on disait « Chez Marcon »).
Cette pension accueillait surtout des garçons parisiens ou d’ailleurs, comme pensionnaires. Nous n’étions que très peu d’externes, environ une vingtaine pour cent vingt à cent quarante pensionnaires.

A onze ans, je passais le certificat d’études à Ecouen. C’était une base très sérieuse pour entrer dans la vie. A douze ans, les enfants pouvaient être embauchés pour travailler. Pour suivre des études, il fallait aller à Paris, ou pensionnaire à Pontoise, au collège.

J’ai participé autant que ma jambe me le permettait aux activités des jeunes de Sarcelles, hormis les jeux violents, notamment au patronage paroissial, passage Carnot, là où la Société de gymnastique l’Avenir de Sarcelles est toujours présente et active depuis quatre-vingt-un ans.

Les jeunes restaient à Sarcelles pendant les vacances, août et septembre. Le patronage était très fréquenté chaque jour. Les familles un peu fortunées allaient au Tréport ou à Mers.
J’ai fait avec les copains toutes les diableries des garçons de notre âge, tirer les sonnettes, passer par-dessus les murs, etc. mais sans aucun vandalisme ou détérioration de quoi que ce soit.

Mes frères aînés faisaient du tennis tous les jours en été. Le tennis Club de Sarcelles était pratiquement l’équipe seconde du Racing Club de France de Paris. Ce club avait trop de bons licenciés pour pouvoir les présenter tous aux compétitions, et sous la présidence de monsieur Brochot-Dommage s’était constitué le Club Sarcellois. Les fameux mousquetaires de la coupe Davis sont venus jouer à Sarcelles, j’ai ainsi pu voir Cochet, Borotra, Brugnon, Lacoste sur les deux courts de terre battue réservés aux vrais joueurs. Un court en ciment était pour les jeunes. Ce tennis avec ses belles installations était situé à l’extrémité des rues Jean-Jacques Rousseau et Beauséjour. Ce bel ensemble a totalement disparu.

Je ne pouvais pas faire de projet car toute la famille avec ses cinq garçons se « serrait la ceinture ». Mes trois frères aînés avaient pu poursuivre leurs études. L’un d’eux étaient même boursier pour avoir réussi le concours. J’aurais aimé devenir aviateur ou mécanicien. Avec mon copain Roland, le fils du boucher, nous allions souvent voir, à pied, les avions du Bourget ou de Moiselles (un petit champ d’aviation de loisir, petits avions à moteur et surtout le vol à voile).
Des petits planeurs, sans carlingue, étaient élevés dans le ciel dans le ciel par un treuil monté sur un châssis de voiture. Le pilote n’avait pas de cabine, il était assis devant l’aile, sur un siège, rien devant lui que les commandes de l’appareil. Roland et moi nous aidions à ramener les planeurs à leur point de départ.

La mécanique automobile m’intéressait aussi beaucoup. Une Peugeot à bout de souffle (on ne laissait pas une voiture) était, elle, garée dans la cour d’un café à côté de la gare. Après avoir disposé le moteur dans une brouette, nous l’avons rapporté où nous habitions alors, rue de Sources. Ce fut mon initiation aux mystères de l’automobiles : pistons, segments, soupapes, delco, etc.

Ma scolarité finit à treize ans. Un peu après, je commence à travailler, le premier mai 1935, chez un huissier comme « saute-ruisseau ». Mon travail consistait surtout à porter des plis, me rendre à la porte, à l’enregistrement, faire du classement, et recopier des textes de procédure. J’ai ainsi appris à me servir d’une machine à écrire tout à fait correctement. Je gagnais vingt-cinq francs sur lesquels étaient prélevées les cotisations sociales. Les assurances sociales venaient d’être créées (1932 ). Il est difficile de comparer ce tout petit salaire aux valeurs actuelles, un simple vélo coûtait environ cinq cents francs. J’ai dû attendre jusqu’à dix-huit ans que par mon travail, mon salaire ait beaucoup augmenté et me permette d’acheter mon premier vélo, à crédit. Entre-temps, j’avais changé d’emploi et quitté Sarcelles pour Paris, avec toute ma famille.

Les scoutisme : un état d’esprit

Les activités au grand air, camper ! Une organisation entre garçons un peu mystérieuse, des garçons qui se voulaient propres et loyaux – serviables, la fameuses B.A. !
Un rêve. A treize ans, je voulais être boy-scout. Le groupe le plus proche était à Enghien. Je devais y aller pour les réunions, les sorties et souvent faire le trajet à pied. Le scoutisme était une forme complémentaire d’éducation qui permettait aux jeunes de prendre très tôt de vraies responsabilités, et aussi de prendre confiance en eux. A dix-huit ans j’avais le droit, comme chef breveté, d’emmener camper trente scouts de douze à seize ans pendant quinze jours, en assurant les charges matérielles inhérentes aux camping : emplacement, sécurité, hygiène, ravitaillement, etc. Ce droit était reconnu par les autorités civiles de l’époque.
Nous devions être assez sérieux car les parents des garçons les confiaient sans réserve à ce jeune chef – on dirait aujourd’hui un animateur.
Nous espérions que notre mouvement de scoutisme servait la base d’une grande fraternité internationale. En 1937 près de Harlem, en Hollande, 35000 scouts de tous pays, toutes races et religions campaient ensemble. Nombreux sont passés par Paris, sur le chemin du retour, le jamboree terminé. Heureuses rencontres nostalgiques des beaux rêves.
L’hôpital m’avait marqué, le scoutisme encore plus.

L’arrivée de la guerre

Nous sentions la guerre venir. La presse quotidienne, les informations à la radio relataient tous les événements internationaux. Dans la vie de tous les jours, on commencer à se soucier de la défense passive. On essayait les sirènes d’alerte. On prévoyait quels seraient les abris en cas de bombardements. Les signaux de chemin de fer étaient dotés de grande visière pour n’être pas visible de nuit. J’ai dû acheter un masque à gaz que j’ai payé soixante-dix francs. C’était obligatoire à Paris dès le début de 1939. Mes frères aînés n’en avaient pas car ils étaient mobilisables. L’armée leur fournissait. Je dirigeais alors le groupe scout de Ménilmontant à Paris 20ème. Alors que j’étais au camp d’été, en août 1938, nous avons appris les accords de Munich. Un répit sans doute, mais aussi la honte et la tristesse.

Au camp de 1939, au mois d’août encore, nous étions dans les Vosges, près de Donrémy, et notre groupe joyeux côtoyait des militaires déjà sur le pied de guerre. Le 23 août fut signé le pacte germano-soviétique assurant à l’Allemagne qu’à l’Est elle ne serait pas combattue. En France, le 24 août au matin, les affiches de mobilisation générale étaient placardées. Nous étions assommées.

Nous avions immédiatement levé le camp et sommes rentrés à Paris. Tout au long du parcours, le triste parcours des hommes mobilisés, disant au revoir à leur famille. Avec d’autres scouts, j’ai passé six ou sept nuits à la gare de l’Est à accueillir et aider les réfugiés d’Alsace qui passaient par Paris.

Très jeune, encore petit garçon, j’entendais les conversations des adultes, et dans ma famille on avait certainement un ressentiment envers les Allemands. Ma grand-mère qui vivait chez nous, j’avais douze ans lorsqu’elle est décédée, me racontait les événements qu’elle avait vécus en 1870-71 : le siège de Paris, la capitale encerclée sans aucune forme de ravitaillement. Mon grand-père volontaire national sur les fortifications – les jours terribles de la Commune la guerre entre Français. Avec elle, j’ai appris le respect du drapeau français. Un jour, que j’avais osé jouer avec les décorations du grand-père, je me suis fait sérieusement admonesté. Elle me disait comment un homme, à moi le futur homme, doit se conduire dans la vie pour les autres et pour le pays. Des leçons de civisme, en somme.

Mon père avait fait Verdun. en 1916, il avait été fait prisonnier, près de trois ans en Sibérie. Il disait souvent, « Je recommencerai bien toute ma vie, mais pas Verdun. »
Il devait faire partie des membres fondateurs de l’Union nationale des combattants de Sarcelles. Autour du monument aux morts, place de Verdun, où sont inscrits tous ces noms de souffrance pour le petit village qu’était Sarcelles, les invalides manchots, jambes de bois et autres infirmités ainsi que le veuves de guerre tout de noir vêtues et les jeunes orphelins participaient à toutes les manifestations du souvenir.

Les Allemands n’étaient-ils pas venus jusqu’à Luzarches, en 1914 ? Le pays avait trop souffert.

Les partis politiques étaient forcément marqués par tout cela. Les jeunes de dix-huit, vingt ans s’intéressaient aux idées émises de l’extrême gauche à l’extrême droite et portaient les insignes de leur parti, pleins d’espoir. Ces jeunes dont j’étais alors, sont heureusement toujours pleins d’espoir et d’idéal. Il leur manque souvent parce qu’ils sont jeunes, la tolérance et la sagesse.

Le mal que j’ai contracté, lorsque j’avais six ans, m’ennuyait encore de temps à autres et lors des conseils de révision, j’ai été réformé deux fois. Aussi, je n’ai jamais été militaire. Aux premiers jours de la guerre, la société où je travaillais a quitté Paris et mon emploi a été supprimé.

Toujours avec des boy-scouts, volontaires et bénévoles j’ai participé trois semaines aux vendanges en Champagne puis encore trois semaines près de Vermoutiers, à ramasser les pommes. Nous voulions ainsi replacer, un peu, les hommes mobilisés à la guerre.
Pensant être tout de même rappelé comme militaire, je suis allé rejoindre mes parents, eux-mêmes partis en Normandie, en attendant.

C’est donc en Normandie que j’ai vécu la première partie de la guerre 1940 : les communiqués de victoire sans suite, les discours merveilleux des hommes politiques, « Nous vaincrons, nous sommes les plus forts. », etc.

L’occupation au quotidien

Au lieu de cela, en mai 40, j’ai vu arriver à Balleroy dans le Calvados, le gens du Nord et de Belgique en exode, ils fuyaient les combats. Puis, ce furent des soldats français rescapés de Dunkerque, qui revenaient par Cherbourg via l’Angleterre. J’ai fait partie d’une espèce de garde civile anti-parachutistes. Quelle ironie vite dissoute. Et sont arrivés les premiers side-cars montés par des soldats allemands.

J’étais alors commis quincaillier. Un sous-officier allemand, sorte d’adjudant, est rentré dans la cour de la quincaillerie, regardant partout et est tombé en arrêt devant un ensemble qui servait une fois par mois à faire la grande lessive. Il a réquisitionné cet ensemble et la cour. Einrick, leur cuisinier, faisait alors chaque jour la soupe dans une lessiveuse de cent cinquante litres et toute la compagnie venait manger dans la cour, après avoir entendu le discours du capitaine ponctué de « Heil Hitler ! ».

Quelle humiliation pour nous, quelle tristesse. Mon père en pleurait et nous étions sans nouvelle de mes trois frères mobilisés. Deux vois s’élevèrent alors le 18 juin : celle d’un jeune général que l’on ne connaissait pas et le 24 juin, celle du trop vieux maréchal que l’on connaissait. Quel dilemme. Nous étions anéantis, nous n’existions plus. Comment s’imaginer aujourd’hui la douleur des Français du peuple en ces moments ?
Il a fallu longtemps pour se réveiller.

Le contact d’un jeune avec les soldats allemands.

Dans ce petit pays paisible du Calvados, on ne pouvait imaginer les horreurs de la guerre que d’autres avaient déjà vécues. La vie de tous les jours reprenait son cours pour les cultivateurs et les habitants du bourg. Nous étions même surpris, et aussi humiliés, devant la belle tenue de cette armée, son comportement tout à fait correct envers la population. Les ordres venus d’en haut voulaient faire de nous des alliés.

J’ai donc vécu au milieu de jeunes soldats qui occupaient la maison, plusieurs y logeaient même jour et nuit. Ils avaient à peu près mon âge, même des plus jeunes. Apparemment, ils n’aimaient pas la guerre, ils étaient nostalgiques de leur pays et soucieux de leur famille. Des sentiments honorables. Comment ne pas essayer de se connaître mieux alors que nous n’avions aucune idées des horreurs que nous connaîtrions par la suite et dont ils n’avaient eux-mêmes aucune idée ? Tout allait bien mais s’arrêtait dès que l’on abordait la question du grand Reich. Leur fierté pour ce qu’avait réussi l’Allemagne en remontant de très bas, l’industrie, le niveau de vie, les succès sportifs, etc. et l’orgueil des victoires militaires mettaient un terme à toute conversation. Ils supportaient quand même en riant les plaisanteries voire les moqueries que je leur adressais. Plus tard, j’aurais eu de gros ennuis pour ces légèretés. Ces jeunes hommes étaient comme hypnotisés, envoûtés par la propagande nazie, et leur discipline faisait d’eux des serviteurs dociles : que sont devenus les jeunes qui auraient pu être des copains ? Heureux, ils avaient l’argent facile et pour cause, c’était le gouvernement français qui finançait. Ils achetaient tout et l’envoyait en Allemagne qui devait quand même manquer de beaucoup de choses.

Je reviens à Paris et je commence à connaître les vraies servitudes de l’occupation : restrictions alimentaires et vestimentaires et nombreuses autres interdictions, couvre-feu, rafles, jusqu’à l’immatriculation des bicyclettes ! Tout cela n’a rien à voir avec mon mariage bien sûr. Mais que de changements avec ma vie en Normandie et ma vie parisienne d’avant-guerre. Je tenais malgré mon jeune âge, un magasin « Marchands de couleurs » en gérance, et à dix-neuf jours près, par ma date de naissance, je faisais parti du STO (service de travail obligatoire). Je devais me présenter en personne pour obtenir mes cartes de ravitaillement. En 1943, paraît un nouveau décret ou décision préfectorale, stipulant que les hommes astreints au STO doivent présenter une carte de travail pour obtenir leurs tickets.

J’étais pour quelques jours absent de Paris lorsque cette décision fut publiée et je n’avais pas de carte de travail. Je me présente à l’annexe de la mairie vers huit heures du matin, pour percevoir les fameux tickets et l’on me demande la fameuse carte de travail. Deux imperméables gris, français, m’ont mis les menottes et conduit au poste de police. Enfermé. Vers 10 heures, un commissaire de police me juge de bonne foi et m’indique comment et où régulariser ma situation. Je vais en vélo faubourg Saint Martin, 10ème arrondissement, où une foule d’hommes dans mon cas espèrent aussi régulariser leur situation. Je passe sur toutes les pérégrinations de la journée, dont une sorte de passage à tabac anti-émeute, et à 16 heures je suis presque ne règle pour pouvoir enfin recevoir mes tickets. Et pour rendre la journée mémorable, ma femme est partie à la maternité. Notre fils devait naître le lendemain, 27 juin 1943.

Par la suite, j’ai répondu à dix-sept convocations émanant des services de la main d’œuvre et passer chaque fois une visite médicale devant un jury franco-allemand. J’avais décidé de tricher, le docteur Castellan fils de Sarcelles m’avait fait un certificat attestant m’avoir soigné dans ma jeunesse pour une ostéomyélite tuberculeuse. Ostéomyélite : oui, tuberculeuse, non. Il disait qu’à la simple vue de mes cicatrices, on ne pouvait vérifier rapidement l’origine du mal. A ce mot de « tuberculeux », j’étais classé catégorie 4 et indésirable en Allemagne mais pouvant aller en Norvège, en Grèce, sur le mur de l’Atlantique, etc. Il y avait le chois avec l’organisation Todt. Trois fois, j’ai reçu un ordre de me rendre à la gare de Paris Cardinet avec de bonnes chaussures, une couverture et des vivres pour quarante-huit heures. Je n’y suis pas allé et suis revenu dormir chaque soir à Sarcelles.

La résistance des scouts

J’étais recherché à Paris et deux gendarmes allemands accompagnés de deux imperméables noirs, sont venus me chercher à mon domicile. Ma concierge a fait devant eux l’ignorante et m’a vite prévenu par téléphone de ne pas revenir chez moi. Un ami s’y cachait, il aurait pu être emmené à ma place. C’était fin juin 1944.

Je voulais rester à Paris parce que je ne voulais pas travailler pour les Allemands et autre forme de résistance, je dirigeais encore un groupe scout bien que ce fut interdit depuis 1941, clandestin, sans uniforme et avec beaucoup de prudence pour ne pas être reconnu et dénoncé (et oui). Nous voulions que ce mouvement avec son idée soit une espérance morale de formation pour les adolescents.
Certains groupes ses sont mis du côté des maquisards et aidaient ceux-ci lors de la Libération. D’autres comme nous les Parisiens étions plus portés à aider la Croix-Rouge.

Je venais très souvent, je m’y cachais même chez mes beaux-parents à Chauffour. Le ravitaillement à très peu de choses près n’était pas meilleur qu’à Paris, mais le jardin, environ 1000 mètres carrés, était tout cultivé. Lors de mon mariage en 1941, je pesais soixante-dix-huit kilos, en 1944, à Sarcelles, soixante-cinq kilos, mais je tenais une forme de cycliste, extraordinaire.

C’est ainsi qu’un dimanche de juin 1944, une rumeur court à Sarcelles. « On vend cinq kilos de sucre dans l’Oise, à Chamblis, avec le ticket X d’alimentation. » Lundi matin, avec un ami, nous partons à 6 heures du matin, et retrouvons à Chamblis des montagnes de vélos, d’autres gens qui attendaient. Nous continuons la route. A Mérée, tout venait d’être vendu. Nous poursuivons et devant la cathédrale de Beauvais, tout autour était détruit, mais chez un épicier, il restait du sucre. J’ai chargé soixante-cinq kilos de sucre sur mon vélo.

Inconscience de la jeunesse, mon vélo portait une plaque jaune d’immatriculation de Partis, et j’étais à Beauvais, à quatre-vingt kilomètres de Paris, avec un vélo chargé. Ma carte de travail faisait état de mon inaptitude au travail, bien merci, je n’ai pas été contrôlé ce jour-là.

Les bombardements alliés sur la route de la chapelle et la gare de triage, le 23 avril 1944, avaient fait beaucoup de dégâts. Les voies ferrées entre la banlieue et la gare du Nord étaient presque toutes détruites. Lorsqu’un train pour Sarcelles Saint Brice arrivait quand même à passer tout doucement, c’était le spectacle des rails tordus, des wagons renversés, des locomotives dressées debout roues en l’air. Le pilote d’un avion américain dont la queue avait été détruite par la DCA, pour ne pas tomber sur les habitations, avait réussi à écraser son appareil sur les voies de la gare de l’Est. Tout l’équipage est mort. J’ai vu évoluer cet avion en perdition. Boulevard Ornano, dans le 18ème, la chaussée était percée et l’on voyait le métro en dessous.

Pétain est venu peu de jours après à Paris. Je circulais toujours à vélo, boulevard Haussmann, lorsqu’un service de l’ordre m’a fait monter sur le trottoir. Une haie de gens applaudissait au passage de la voiture où il était. Cela ne me plaisait pas tellement. Que venait-il faire ? Les foules sont versatiles. Trois mois après, c’est par une foule beaucoup plus dense, il est vrai, que de Gaulle était ovationné. J’ai vécu ces instants. La libération de Paris approchait. Propagande. Les Allemands avaient fait défiler des soldats américains et anglais faits prisonniers, le jour du débarquement en claironnant qu’ils les avaient repoussés. La propagande marchait ainsi à Radio Paris.

Libération de Paris, de Sarcelles

Je n’ai pas vécu la libération de Paris. Le cinéma « Le Sabrice », boulevard de la Gare (de Gaulle, maintenant) donnait quelques séances. Le propriétaire de ce cinéma s’était équipé d’un groupe électrogène (charbon de bois) et pouvait même pendant les heures de coupures d’électricité faire fonctionner l’appareil de projection. Je suis allé voir « François 1er », avec Fernandel dans le rôle principal. Il nous a tout fait oublier pendant un moment.

Le matin de la libération de Sarcelles, de Chauffour où j’étais, j’ai entendu les clameurs et des bruits inhabituels qui venaient du centre du village. Je vais voir ce qui peut se passer, et rue Giraudon, j’entends un obus siffler devant moi. Je ne rencontrais personne. Arrivé boulevard de la gare, j’aperçois au loin des silhouettes de militaires dont je ne connaissais pas encore l’uniforme. Je longe les murs, à l’angle de la rue Carnot, un jeune homme avec casque américain frappé de la croix de Lorraine et fusil en garde. « Je surveille. »
Je m’intéresse à son épopée, il m’explique : « Je me suis engagé dans la division Leclerc, la 2ème DB, lorsqu’elle a traversé Saint-Hilaire du Harcourt, dans la Manche. » Il était soldat depuis un mois et demi. C’était un tout jeune combattant déjà soumis à l’épreuve du feu.
Un peu plus loin, devant la belle maison à tourelles de l’ancien maire de Sarcelles, il y avait une automitrailleuse à chenilles servie par des fusiliers marins de la 2ème DB, où le fils de de Gaulle n’était que lieutenant. Les gars de ce véhicule blindé faisaient le ménage après les combats de la veille au cours desquels leur compagnon d’équipage avait été tué.

De l’autre côté du boulevard, côté Rosaire, un char Somua de fabrication française d’avant 39, baptisé Sirocco, était également servi par des hommes au bonnet de marin à pompon rouge. Ce Sirocco était un char destroyer c’est-à-dire rapide mais peu blindé. Il avait plusieurs « victoires » à son actif. J’ai bavardé avec tout ce monde avant de descendre dans la rue de Paris. Un obus avait endommagé et percé une maison près de la place du Pont (11 novembre). Un autre obus avait démoli un mur passage Carnot.

De retour au pavillon, dans l’après-midi, les claquements d’une mitrailleuse toute proche nous font nous cacher sous l’escalier. Le bruit passé, nous sortons. Le calme semblait revenu lorsque nous voyons l’un de nos voisins courir revolver à la main et casque sur le tête. « Il y en a deux là-bas, je vais les descendre. » La Croix-Rouge de son côté courait également pour donner des soins.

Les exactions commises de part et d’autre rendent les hommes fous. Ils ne se contrôlent plus. La Libération n’a pas été que joyeuse. Beaucoup d’hommes et de femmes se sont comportés dignement et méritent notre respect et notre reconnaissance ; alors que d’autres, par gloriole, volaient au secours de la victoire.

Le soir une rumeur, c’était hélas possible, mettait en garde les hommes des représailles éventuelles de la part de l’arrière-garde allemande. Alors, avec beaucoup de Sarcellois, nous sommes allés passer la nuit dans les caves et dans les sous-sols.
Le lendemain eut lieu le triste défilé des personnes suspectées de collaboration, hommes et femmes, dont certains étaient de petite notabilité sarcelloise. Puis, une division entière américaine a traversé Sarcelles, acclamée.

J’ai poussé un « ouf » de soulagement mais la guerre n’était pas finie. J’ai déchiré ma carte de travail qui serait aujourd’hui un document témoin de cette époque douloureuse.
Les administrations ont repris leur travail, et j’ai retrouvé à son même poste, ou presque, un homme qui voulait absolument que je parte en Allemagne. Il m’en avait fait baver, il était toujours là.

Après l’armistice, le 8 mai 1945, toujours avec les boy-scouts, nous aidions à l’accueil des retours d’Allemagne des prisonniers et déportés. Les convois arrivaient à la gare de l’Est. Ces gens ne savaient plus très bien où ils en étaient. Ils étaient conduits à la gare d’Orsay (le musée actuellement), sorte de grand centre de triage où nous aidions à faire passer les visites médicales succinctes et les décontaminations contre les poux, le typhus. Nous leur servions également à manger et à boire. Nous aidions aussi à la délivrance de papiers d’identité en remplacement des papiers perdus. Enfin, nous les accompagnions pour prendre le train vers leurs provinces.
Parmi eux, des gens squelettiques, en pyjama rayé, revenaient hagards de Buchenwald ou de Dachau ou d’autres camps de déportation.
Souvenir affreux.

Message aux jeunes

Dans un monde très différent de celui d’aujourd’hui, j’ai vécu à Sarcelles, une enfance et une adolescence très heureuse parmi des gens simples affables. On se connaissait presque tous. Malgré nos faibles moyens matériels, tout à fait disproportionnés avec les possibilités actuelles, nous avions une vie pleine d’intérêts.

Toutes les applications du progrès scientifique nous passionnaient ; nous voulions en être sans attendre que tout nous tombe du ciel. On ne savait pas ce qu’était une subvention. Si la route nous manquait, on la faisait. Si on n’avait pas de vélo, on allait à pied mais on y allait. Deux de mes frères ont fabriqué le premier poste de radio de la maison.

Je n’ai jamais complètement quitté Sarcelles. J’ai eu le bonheur d’y rencontrer celle qui est devenue mon épouse. Nous avions le même idéal, voilà soixante-trois ans que nous sommes d’heureux mariés. Ce n’est pas un message, ça !

J’ai commencé à travailler en 1935. En 1980, pour des raisons économiques, je me suis retrouvé en retraite anticipée, après quarante-cinq ans d’activité comme salarié. A treize ans, l’école était finie mais j’ai eu la chance de connaître le CNAM (conservatoire national des arts et métiers) où j’ai pu le soir après le travail ainsi que le samedi et le dimanche matin user beaucoup de fonds de culotte sur ses bancs.

Lorsqu’on a fêté mon départ, j’enseignais à l’école de l’industrie du caoutchouc parmi les ingénieurs de cette profession. Ce n’est pas un autre message, cela !

Depuis, à Sarcelles, avec tous les changements, je ne vais plus dans les champs attraper des papillons, je ne connais plus tout le monde, et je suis plus commun. J’y passe quand même des jours heureux.
Cependant, je comprends que le problème de l’organisation des retraites soit un vrai problème. La France est un beau et bon pays.

Alors je dis aux jeunes en plus de toutes ces lignes sur mon enfance et mon arrivée dans le monde adultes :

Réfléchissez beaucoup avant d’agir ou de voter, ne vous laissez pas tromper par des informations ou des publicités mensongères. Rien, rien ne vaut la paix. La paix est le plus grand des biens.

Malheureusement, souvent, on fait se battre ou s’affronter des gens qui ne se connaissent pas, pour servir la gloire ou le profit des gens qui se connaissent bien, pour des raisons économiques pour ne pas dire égoïstes.


Voir en ligne : La Bande Dessinée : Les Migrants

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