Sarcelles : Joseph Lorna né en 1992

Un bon lycée, c’est des bons profs qui apprennent bien, qui nous donnent envie de travailler

Une adolescence à Sarcelles, c’est normal si on a la rend normale.

Lorna Joseph

Je m’appelle Lorna Joseph. Je suis né en 1992. J’ai toujours vécu ici. C’était au village. J’habite juste à côté d’un petit marché. Avant le théâtre, je ne connaissais pas, puisque j’ai déménagé ; je n’ai pas eu le temps de connaître Sarcelles par cœur. A dix ans, j’ai déménagé ; en 2002. Je suis revenu ici cette année en 2006. Le quartier était petit, j’entendais des méchantes choses. Il ne fallait pas y aller, j’allais me faire taper. Il n’y avait que des méchants. J’allais à l’école à Marcel Lelong.

Un collégien normal de chez normal

Il va à l’école, il s’installe et puis il travaille c’est tout ! Je ne sais pas… il y en a, ils foutent le bordel, ils embrouillent les profs.

J’ai toujours eu un ordinateur. J’ai eu internet à ses tout débuts. J’avais onze, douze ans, il y a quatre, cinq ans. Au début on va sur canal J, etc. ensuite on devient sérieux. On va chercher des trucs pour les exposés, MSN, on va chercher de plus en plus de trucs en fonction de notre âge. Je ne faisais pas mes devoirs tout de suite, je regardais la télé un peu. J’allais sur l’ordi, je faisais mes devoirs cinq minutes, je retournais voir la télé. C’était rare que j’aille dehors.

Il n’y a rien à faire à Chardo. C’est juste des maisons ; moi j’aime bien, je suis tranquille chez moi. Il n’y a pas de bruit. Ça ne chahute pas. C’est calme. Quand je sors, je vais juste vite fait devant chez moi et je parle avec des amis. Je ne sors pas à perpète ou des trucs comme ça…. Je suis au lycée J.J.Rousseau malheureusement ! C’est un vieux lycée tout pourri ! Il n’y a que des cours pas très, très intéressants, qui ne riment à rien ! J’étais en seconde, j’ai redoublé ma troisième.

Les professeurs

Les professeurs arrivent, ils font exprès de ne pas parler fort. Ils écrivent tout petit au tableau alors que la salle, elle fait je ne sais combien de mètres ! Et quand ils voient qu’on tourne la tête, ils deviennent parano, ils croient qu’on parle ! Ils croient qu’on ne les écoute pas. Après il y a des profs super cool ! Ils apprennent super bien, on a envie d’être dans leurs cours…et il y en a d’autres franchement, si on pouvait ne pas y aller sans avoir de problème, on n’irait pas ! Un bon lycée, c’est des bons profs qui apprennent bien, qui nous donnent envie de travailler ! Ils aiment ce qu’ils font et nous donnent envie d’aimer ce qu’ils font !

Sorties

Je sors tout le temps. Je vais au cinéma. Je vais voir des amis. Je vais à Paris. Ça fait deux ans que je vais à Paris.

Adolescence

Une adolescence à Sarcelles, c’est normal si on a la rend normale. Après on peut aller dans la rue, traîner, casser des vitres, passer des nuits au commissariat. C’est nous qui décidons. Cette année, trois classes ont été réunies en une même classe pour faire une classe d’allemand… et comme par hasard toute notre classe habite Chardo. Ils nous font : « ouais les Chardo c’est nul, il y a rien à faire, il n’y a que des maisons - Oui et vous, vous avez quoi ? Le franprix brûlé ? Est-ce que notre franprix à nous il est brûlé ? » ; ils ont leurs bâtiments, leur ambiance, plein de voitures. Du bruit toute la journée !

À Paris

A Paris, je ne parle à personne. Je ne parle pas de là d’où je viens. Pour eux c’est la banlieue sensible, il n’y a que des voyous ; après seize ans c’est sûr, on arrête l’école, je pense que c’est exactement ça l’image qu’ils ont de Sarcelles ! Je pense que dès que je les vois c’est ce qu’ils pensent, c’est ce qu’ils se disent. Les Flanades, c’est la ville, c’est là où on fait tout. C’est le centre commercial.

Plus tard je veux travailler dans le cinéma, c’est intéressant le cinéma. J’aurais voulu, mais je n’ai pas pu trouver un lycée spécialisé. Il fallait que je quitte Sarcelles. Il fallait aller à Paris. Je l’aurais fait. Je ne veux pas aller à J.J. Rousseau.

Sarcelles

Sarcelles c’est une ville comme les autres, les gens habitent et vivent. J’aime bien cette ville, j’ai plein d’amis ici. J’ai toujours été ici donc je n’ai jamais rien fait d’autre.

D’autres horizons assombris par la famille

J’ai vu la Martinique, j’ai vu la Guyane, je ne me vois pas aller là-bas tout le temps ! J’ai mes habitudes à moi. Je n’aime pas rester trop longtemps quelque part. En dehors de la région parisienne, je vais au Mans, parce que j’ai de la famille là-bas dans les quartiers. Ce n’est pas du tout pareil, ce sont de beaux quartiers. Mais je ne regrette pas. J’aime bien Sarcelles, moi ! J’évite les trucs qu’il faut éviter. J’ai vu la mer, mais aux Antilles, pas sur les côtes françaises. Je sais que j’irai quand je serai plus grand pour me donner mes idées à moi et pas celles des autres. Je n’irai pas en Martinique avec mes parents parce qu’on va là, on va là ! Moi ça me gave ! Je leur ai déjà dit…Ça me saoule ! Pourquoi on ne va pas autre part, je leur ai déjà dit. Il y a la famille ; la famille, je rattraperai ça tout seul, mais ce n’est pas grave.

Message aux anciens

Sarcelles a évolué. La sous-préfecture est arrivée. Il y a plein de trucs de nouveau. On va essayer de faire des trucs bien comme ça, pour valoriser Sarcelles, pour enlever l’idée que les autres, les gens de Paris, de l’extérieur ont de Sarcelles.