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Sarcelles : Lamia née en 1990

Depuis la troisième, je veux être préparatrice en pharmacie.

Je vais en classe, je travaille, je rentre chez moi, je fais mes devoirs. C’est mon quotidien.

mercredi 30 juin 2010, par Frederic Praud

Lamia

Je m’appelle Lamia. Je suis née en 1990 en Algérie, à Alger, près de la grande poste rue d’Isly. Je vais avoir dix-sept ans en septembre. Ma mère est partie là-bas pour accoucher. J’ai la double nationalité, française et algérienne. Mes parents sont de nationalité française. Ils ont été naturalisés ici en 2003.

Origines algériennes

Ma mère est arrivée il y a trente deux ans à Sarcelles, à l’âge de vingt-deux ans, en 1975. Elle parlait français. Elle a aujourd’hui cinquante sept ans. Mon père est arrivé avant. Il vient d’Alger. Il travaillait sur des chantiers, dans le bâtiment. Je suis fille unique. Je n’ai pas cherché à savoir quelles ont été leurs conditions d’arrivée en France. Je sais que ma mère, au début, habitait un petit studio à St Ouen. Après, elle est venue à Sarcelles. Mes parents ont eu un appartement par le 1% patronal.

Je n’ai pas connu mes grands-parents. Je pense qu’ils venaient de Kabylie. On parle tous kabyle chez nous, arabe et français. Quand je suis en Algérie, je parle arabe. Je n’ai pas suivi de cours. Je suis allée dans le village familial en Kabylie à Beniani. J’y vais chaque année. Là-bas, je vois d’autres villes. Je suis sur place un mois ou deux mois. J’ai ma famille. On me considère comme une Algérienne. Je m’y sens bien. Les vêtements sont les mêmes, ici et là-bas. La différence culturelle, filles, garçons, je la vois non pas par rapport aux cousins, mais par rapport aux amis. Quand c’est la famille, il n’y a pas de problèmes. Je ne peux pas sortir toute seule. Je pourrais continuer en Algérie, vivre ma vie et faire mes études là-bas. Dans ces villages, je pourrais vivre. C’est possible, et y rester… c’est possible.

Grandir à Sarcelles

Sarcelles, j’y ai grandi, j’y ai passé mon adolescence. Ce qui était nul, c’est qu’il n’y avait pas beaucoup de sorties. Les sorties, c’était le Futuroscope, le parc Hérouval, Thoiry, la piscine… Vivre son adolescence à Sarcelles, c’est vivre son adolescence du mieux possible. C’est vouloir s’amuser, sortir avec des jeunes, à pieds, à la piscine, au terrain de foot. Ce qui est regrettable, c’est qu’il n’y ait pas de cinéma à Sarcelles.

On peut rencontrer d’autres jeunes d’un quartier précis à la MJC, à la maison du quartier à Watteau. Nous y allons quand ils font des sorties. Ça sert à faire des sorties à l’extérieur. Quand on va à la piscine ou à l’école, nous rencontrons d’autres jeunes d’autres quartiers, ce sont les seuls lieux. Le quartier, on le détermine par rapport à la MJC et au garage Renault, mais pas par rapport au marché, ni au foyer des jeunes travailleurs.

J’habite à l’allée Rodin. Des fois, c’est calme, d’autres fois, non. L’année dernière, on a fait la fête des voisins dans l’allée Rodin. Parfois, il y a des animations en été. Il y avait une structure gonflable au parc. Au quotidien, c’est la vie normale ! Les halls d’immeubles, on peut y discuter tranquille. Mais ce ne sont pas des endroits de rencontre pour les filles.

Nous sommes allées au collège Anatole France. Ce n’était pas comme dans le primaire. Il y avait beaucoup de devoirs. Les horaires étaient variables. Les sacs étaient plus lourds. L’ambiance, c’est la même. Je suis suivie par mes parents à la maison, mon père et ma mère.

Envisager un avenir

Depuis la troisième, je veux être préparatrice en pharmacie. Je sais que j’en ai pour des années d’études. Réussir dans la vie, c’est avoir un bon métier, et gagner bien sa vie. C’est me faire plaisir à moi-même, pas seulement à mes parents. Cette réussite, je la vois en dehors de Sarcelles ; changer, voir de nouvelles choses. Je ne suis pas engagée dans une association.

Je suis au lycée Jean Jacques Rousseau. Il y a trop de monde et c’est en travaux parce que c’est trop petit. Je vais en classe, je travaille, je rentre chez moi, je fais mes devoirs. C’est mon quotidien.

La pression quotidienne

Je sors parfois de Sarcelles pour aller à Garges, Paris. Je ne suis jamais allée toute seule à Paris. Quand je dis que je suis de Sarcelles, on ne me dit rien. Il y a des bagarres mais pas au quotidien. La violence, je la vois, ce sont les bagarres, les gens qui se font tuer. Quelqu’un s’est fait tuer. On a peur un peu parfois quand, par exemple, on rentre le soir et que l’on voit plein de gens sur cette allée faire on ne sait pas trop quoi… Je ne suis pas concernée. On a un peu peur d’être agressées, surtout pour les personnes âgées ; parce qu’une fois, une personne âgée s’est faite agressée en sortant de la poste. Je ne me suis jamais fait agresser. De toute façon, on ne peut rien y faire. Il y a de la violence, peut-être ailleurs. Je ne sais pas. Je ne connais personne en prison.

Il ne faut pas séparer les quartiers comme ils le font. Par exemple, là-bas, ils ont mis un grillage ! Il faut entrer avec un code et tout ça ! Ce n’est pas bien. Il ne faut pas séparer les gens comme ça ! De plus en plus, c’est comme ça, on entoure un bâtiment. Il faut mélanger. Ça me choque ! Ça ne sert à rien. Non ! Cela ne peut pas se justifier par un souci de sécurité.

L’âme de Sarcelles

L’âme de cette ville c’est la population qui y vit. Il n’y a pas un Sarcellois, parce que c’est mélangé. Il y a pas mal de communautés.

Le message pour les aînés

Un repas, une activité ou une sortie pourrait regrouper les aînés et les jeunes, pour pouvoir discuter ; que les aînés parlent de leurs expériences, et les aident.

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