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le quotiden d’un taxi parisien à travers la diversité de ses passagers
"Un taxi nommé Nadir"
Actes Sud, Arles, France
samedi 20 mars 2010, par
"Cette fiche fait partie du répertoire de la bande dessinée migrante créé par Paroles d’Hommes et de Femmes. Ce répertoire est destiné aux enseignants, éducateurs, associations, collectivités qui souhaitent utiliser la BD ayant pour thèmes la migration, l’altérité, l’intégration, comme une source de lien social et d’action éducative"
Auteur : Romain Multier
Illustrateur : Gilles Tévessin
Editeur : Actes Sud, Arles, France
Planches : 60
Parution : 01/09/2006
Thèmatiques : Diversité, Tolérence
4ème de couverture : Nadir a du bagout. Le bagout, on l’a ou on ne l’a pas. Le bagout, ce n’est pas l’éloquence, ce n’est pas le bavardage, c’est vraiment l’écriture parlée. D’une personne qui a du bagout, on est en droit d’attendre, à chaque causerie, l’équivalent d’une bonne tranche de lecture. Avec du style, de l’inattendu, du pittoresque, du fin, du trivial, une dose d’ennui et de déception, comme dans les meilleurs romans, et des mots soudains et frappants qui ouvrent directement sur la vie, comme dans les plus beaux poèmes. Les gens qui ont un vrai bagout ne sont pas légion. Il faut les aimer, leur tenir la porte et leur retaper l’oreiller, parce que notre bonheur leur doit beaucoup. Ils habitent ce qu’ils disent. S’ils ne sont plus des enfants, ils ont souvent la ferveur, la verdeur et la cocasserie de l’enfance. En parlant, ils font une œuvre. Le simple procès-verbal d’une conversation avec une personne à bagout enterre les deux-tiers de la littérature. Pour écrire mieux que ne parle une personne à bagout, il faut se lever tôt. Les inflexions de la voix, la gestuelle, les mimiques sont pour beaucoup dans la qualité du bagout. Une personne à bagout est un spectacle. Elle enchante l’instant présent. On l’applaudirait, si ça ne rompait pas le charme. Le plus souvent, on rigole, on opine, on relance, on fait valoir. C’est agréable de servir la soupe à une personne à bagout. D’être son Monsieur Loyal. Encore meilleur d’être son scribe.
Ce bouquin est remarquable. C’est le bouquin de trois personnes qui aiment leur ville, leurs métiers et les gens. Nadir tient bon le volant et le crachoir. A l’arrière, on imagine Romain Multier qui tend l’oreille et ne perd pas une miette de son bagout. Dans son coin, Gilles Tévessin regarde intensément, par la vitre, Paris qui défile.
Emmanuel Guibert
Source : http://www.passagedulivre.com/livre-32337-un-taxi-nomme-nadir.htm?couleur_choisie=1
Ce n’est pas parce qu’on est assis toute la journée (ou la nuit) devant un volant qu’on n’a rien à raconter. Quadrillant toute la ville, embarquant des clients d’origine et de conditions différentes, les chauffeurs de taxi ont au contraire beaucoup à dire sur tout, sur rien, sur la vie quoi.
"Un taxi nommé Nadir" est né d’entretiens avec l’un d’eux, Nadir, un vrai chauffeur de taxi parisien d’origine algérienne. Ses propos ont été recueillis en 1991 dans son véhicule par deux auteurs, Tévessin et Multier, qui signent ici leur premier album.
Des bourgeois, des voyous, des astrophysiciens arrogants, des prostituées, des mamies qui avouent pour la première fois leur infidélité... La faune éclectique qui peuple Paris la nuit ne cesse d’étonner Nadir qui l’observe et en fait profiter le lecteur. Car Nadir a ce qu’on appelle du bagout. Emmanuel Guibert ("Le photographe") qui a écrit la préface ne tarit pas d’éloges pour les personnes ainsi dotées par la nature : "En parlant, ils font une œuvre. Le simple procès-verbal d’une conversation avec une personne à bagout enterre les deux-tiers de la littérature". Quand Nadir parle, c’est donc le spectacle qui commence avec son lot de pittoresque, de suspense et d’inattendu, de bons mots.
Techniquement, cette "BD-reportage" se situe à mi-chemin entre une bande dessinée et un roman : ici pas de bulles mais le monologue de Nadir qui court sous des cases aux ambiances nocturnes réussies.
Le propos du chauffeur de taxi est parfois moins intéressant, parfois un peu long également, d’autant que certaines pages sont composées presque uniquement de texte et que l’album fait quand même une centaine de pages. Même avec du bagout, difficile de ne pas perdre en route quelques lecteurs.
Reste que cet album à paraître le 1er septembre est une vraie bonne idée dans la lignée de "Striptease", la série belge de documentaires télévisuels qui montrait sans fioritures des tranches de vie de gens ordinaires.
Source : http://www.toutenbd.com/article.php3?id_article=1658
Avis de Florian Grand : Un taxi nommé Nadir permet de faire un tour d’horizon des personnes que nous côtoyons tous les jours dans la rue mais que nous ne connaissons pas du tout. Cette œuvre nous donne la possibilité de mieux connaître ces gens de la rue (qui au bout compte ne sont pas si différents de nous). Cette BD est un outil pour mieux comprendre la nature humaine, et ainsi pouvoir réfléchir sur nous-même.
Voir en ligne : La Bande Dessinée : Les Migrants