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je me suis fait beaucoup d’amis en travaillant aux tickets d’alimentation

Mme Tarlez née en 1920 à Sarcelles

dimanche 9 décembre 2007, par Frederic Praud

Texte : Frédéric Praud


Je suis née en 1920 à Sarcelles. J’allais à l’école Marcel Lelong, l’école publique. L’école privée était destinée aux enfants dont les parents avaient les moyens. Nous étions catholiques, mais mes parents n’avaient pas les moyens. Les enfants de l’école privée étaient souvent admirés par ceux de l’école publique. Mes petits-enfants sont par la suite allés au Saint Rosaire à partir de 1986. Les garçons avaient leur propre cours de récréation ainsi que les filles. Elles étaient séparées par un mur.

Ma mère était d’Aubervilliers et mon père de Pont Sainte Maxence dans l’Oise. Mon père travaillait chez Alsthom et ma mère élevait ses trois enfants. Nous avions un pavillon avec l’eau courante. Mon père faisait un bon jardin et il me réveillait parfois à cinq heures, avant d’aller à l’école, pour planter des petits pois ou autre chose !
Le terrain de tennis était situé en face de chez nous. Mon père en a profité pour faire installer l’eau dans notre maison quand il a acheté le terrain.

Nous nous promenions autour du terrain de tennis. Je m’occupais de ma petite sœur de dix ans de moins que moi. Nous faisions beaucoup de bicyclette.

Le jeudi quand nous n’avions pas école, nous allions cueillir des poires jusqu’à l’orée de Pierrefitte. Nous étions payés pour cela et nous donnions l’argent aux parents.

Les Arméniens étaient adorables. On s’entendait très bien avec ceux installés rue Jean Jacques Rousseau. Ils étaient très bien intégrés, ils ont été tout de suite adoptés. Je m’en suis fait de vraies copines à l’école. Elles parlaient les deux langues, l’arménien et le français. Les enfants jouaient ensembles sans question de communauté.

Le quartier de la gare de Sarcelles Saint Brice était habité par des gens plus aisés. L’usine de coton était très importante à Sarcelles, la cotonnerie. Mon grand-père y travaillait, rue Montfleury. Tout le monde à Sarcelles était à peu près du même niveau social, des travailleurs…

J’ai quitté l’école après le certificat d’études pour prendre des cours de dactylographie à Pierrefitte. On y allait à pied. J’ai fait ce que j’ai voulu. Le principal était de travailler.

J’ai donc travaillé comme dactylo rue de Trévise, à Paris, jusqu’à 1939 où je suis rentrée à la mairie de Sarcelles, au moment où on donnait les tickets d’alimentation. J’y suis restée quarante ans. Mon père m’avait parlé des Allemands de manière très dure. Nous n’avions des informations que par la radio. Je n’ai pas fait l’exode et je suis restée à la mairie.

Un matin, les Allemands ont fermé les volets de la gardienne de la mairie et ont occupé la loge pendant quarante-huit heures. Tous les employés ont eu peur. Le maire nous a dit de rentrer chez nous le temps qu’il trouve une solution pour loger les quatre Allemands. Ils sont finalement partis…

La guerre n’a pas apporté beaucoup de différence dans la vie des Sarcellois. Je me suis fait beaucoup d’amis en travaillant aux tickets d’alimentation. La vie continuait. J’aidais mon père dans le jardin…

Il fallait faire la queue, surtout pour les familles d’ouvriers. Les gens venaient demander des tickets supplémentaires ; le chef de bureau décidait si nous leur en donnions. Le maire de l’époque allait chercher les tickets nécessaires pour la commune à la Préfecture.

Récit collecté par :

frederic.praud@wanadoo.fr

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Voir en ligne : La Bande Dessinée : Les Migrants

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