Mr Martin né en 1915

De Remiremont à Paris

Monsieur M. né en 1915

Je suis né à Lepange, dans les Vosges le 11 janvier 1915 près de Remiremont. Je suis l’aîné de 6 enfants. Mes parents étaient commerçants dans un village de 6000 habitants, une grande commune en superficie essentiellement agricole. En Lorraine, les hommes étaient pour la plupart dans l’agriculture ou dans les usines de textile. L’Allemagne revendiquait la Lorraine parce qu’elle en valait la peine du point de vue économique.

J’avais 14 ans lors de la crise de 29. Les gens n’achetaient plus, ils gardaient leur argent. Il y a eu des faillites en quantité. Mes parents ont souffert de cette crise comme tout le monde. J’ai vécu dans mon village jusqu’à 16 ans et je suis parti en Faculté à Nancy.

J’ai commencé la Faculté en 1936 et j’ai suivi un cursus de 6 ans pour obtenir le diplôme de pharmacien. À l’origine, je voulais être médecin. Je suis tombé malade pendant un an. J’ai été réformé suite à ma maladie. J’ai regretté d’être réformé évidemment. Nos sorties estudiantines étaient le cinéma, la danse.

Mais ma principale préoccupation était d’avoir un métier, une profession. En 1938 pendant les accords de Munich, nous pensions que ces accords ne marcheraient pas et qu’Hitler continuerait ses esclandres. Nous en avions évidemment la crainte. En 40 on se demanderait comment ça tournerait c’est pour ça que je suis venu à Paris et ma famille est restée là-bas.

Quand les allemands sont arrivés, ils ont changé tous les noms des rues d’ailleurs. Ils défilaient dans les rues. Ils rentraient et dévalisaient les magasins, les grands magasins, Galeries Lafayette et le Printemps.

Je me suis marié en 1941 à Nancy. J’ai connu ma femme à une réunion où les étudiants étaient convoqués. Elle était en Faculté en Lorraine. Elle est devenue institutrice. J’ai été diplômé la même année et je suis venu immédiatement à Paris où j’ai acheté une pharmacie pour y œuvrer tout au long de ma vie, pendant 40 ans. Dans ce siècle, j’ai été marqué par la bombe atomique, l’arrivée et le défilé des américains à Paris, devant la pharmacie et la grande liesse qu’il a entraîné. Les filles couraient après les militaires.