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Adama Sanogo né à Sarcelles dans les années 80

Je connais les grandes lignes de l’arrivée de mes parents de Côte d’Ivoire

je suis acteur de la vie de mon pays, la France, de ma ville

lundi 5 juillet 2010, par Frederic Praud

ADAMA SANOGO

Je connaissais dans les grandes lignes les conditions d’arrivée de mes parents en France, vers quelle année mon père était arrivé. Il avait sa femme et quelques enfants au pays. Il était arrivé avec son frère dans un foyer. Il a travaillé chez Dunlop. Je connaissais les grandes lignes, sans plus.

Connaître ses origines

Quand on est jeune, il y a un tas de questions qu’on ne se pose pas ; savoir comment nos parents sont arrivés, pourquoi. En tous cas, moi, je ne me posais pas ces questions. A ce moment là, je préférais sortir, déconner avec mes copains. Après quand tu grandis, que tu prends de la maturité ou que tu as des projets de famille dans ta tête, que tu as des valeurs, et que tu as envie de les transmettre à tes enfants, alors peut-être, tu te poses ces questions là.

Histoires de mariage

Jeune, je parlais avec mes parents sans plus. Nos parents nous disaient : « il faut se marier avec une Ivoirienne ». Mes parents avaient envoyé mes deux sœurs pour choisir des maris. C’était une histoire de mariage comme dans la coutume : « tu emmènes tes filles et nos cousins amènent leurs enfants ». Nous, on a dit à nos parents, k6 et moi : « écoutez, que vous emmeniez nos sœurs au pays, pas de souci. Vous leur proposez de se marier mais si vous leur imposez… nous, on est plus vos enfants ! On quitte la maison et on connaît la loi française… On sait que l’on pourra récupérer nos sœurs ! ». Elles auraient dit oui tant mieux, mais ça ne s’est pas passé comme ça. Après ce clash avec nos parents, mes sœurs sont revenues. Elles ont dit qu’elles ne voulaient pas : « à cause de vous, on a eu la honte de la famille ! Toutes leurs histoires ! ». Après, ils étaient un peu mal vus là-bas, mais à la rigueur, ils s’en foutaient. Ils préféraient avoir leurs enfants, que d’être mal vus de l’autre côté ! Du coup : « … puisque nous on vous a proposé des personnes, mais que vous n’en voulez pas, alors ramenez nous quelqu’un, mais ramenez nous quelqu’un qui soit musulman ! ».

On est sorti avec des filles non musulmanes, certaines oui, certaines non, et au final, c’est passé. Nos parents ont accepté. Ils ont dit, comme ils sont vachement croyants : « Devant le bon dieu, vous ne pouvez pas dire qu’on n’a pas tout fait pour que vous soyez des Musulmans, des Musulmanes. A un moment donné, on a essayé, on ne peut pas vous forcer. Vous avez du caractère ! - ça on le tient de vous ! ». Maintenant ça passe. Il n’y a plus aucun souci de ce côté-là. Maintenant ma mère s’entend très bien avec ma copine et toutes les belles-sœurs et les beaux-frères.

On avait des arguments. Mon grand frère et ma grande sœur qui se sont mariés avec des personnes du pays, sont nés au pays. Ils sont beaucoup plus imprégnés que nous des traditions et des coutumes. Pour les parents, les plus grands sont les modèles. Ils ont accepté de se marier et ils ont divorcé ! On avait donc nos arguments, mais eux aussi avaient leur arguments : « ça fait quarante neuf ans que l’on est ensemble ! ». Ça se valait donc ; après chacun voyait midi à sa porte, mais ça s’est relativement bien passé.
Identité et traditions

Etre ivoirien ou d’origine ivoirienne à Sarcelles, était une question qui ne se posait pas dans ma jeunesse. Aujourd’hui, beaucoup plus, parce que l’on a des regroupements ethniques. J’en suis la preuve vivante, avec des vêtements marqués « Côte d’Ivoire », des vêtements marqués « Mauritanie », d’autres marqués « France Chine. ». Il n’y avait pas ça quand on était jeune, sauf peut-être dans la famille quand il y avait des fêtes. Mais il n’y avait pas de différence. Je n’ai aucun souvenir à part : « t’es ivoirien, tu vois rien ! ». On rigole… ok ! A part ça aucun souvenir de : « t’es ivoirien… ça représente quelque chose ». J’étais plus petit mais je le vois plus maintenant que je travaille dans le social. Je ne l’ai pas ressenti au quotidien.

A la maison on parlait ivoirien. Dehors, à l’école, on parlait français. On arrivait à lier les deux. Au niveau de l’éducation, un petit exemple concret : à la maison en Côte d’Ivoire, quand un adulte te gronde, tu baisses la tête, pour montrer la soumission et dire « ok j’ai tort ». À l’école quand la maîtresse te gronde, elle te dit : « regarde-moi dans les yeux ! ». Il y a ce choc des coutumes, des traditions, de tout ce qui est éducation pure et dure. Nous, ça c’est relativement bien passé. Je me souviens quand la maîtresse m’a dit : « regarde-moi dans les yeux ! ». Mes parents m’ont toujours dit : « les adultes ont raison, donc tu les écoutes quand ils te disent : regarde dans les yeux, tu regardes dans les yeux ! ». Je me sentais mal de la regarder dans les yeux, mais à la maison c’était « baisse les yeux ! - ok je baisse les yeux… ».

Je discutais avec une enseignante tout à l’heure et je parlais de ce problème là. Quand je le lui ai dit, elle a répondu : « oui c’est pour ça, je ne comprenais pas ! Chaque fois je disais aux enfants : Regarde-moi dans les yeux ! Je m’énervais encore plus et l’enfant, n’osait pas ». Je lui ai dit de faire attention… Je ne dis pas de se renseigner sur les cultures de chacun, mais un minimum d’essayer d’avoir ces éléments pour pouvoir mieux gérer.

Le regroupement communautaire

Il n’y a pas eu du tout de regroupement communautaire des Ivoiriens ou des personnes venant des pays voisins de la Côte d’Ivoire à Sarcelles. Il n’y a pas de regroupement ethnique ou d’origine. Pas à ma connaissance en tout cas. Nous avons toujours été un peu avec tout le monde. Quand j’étais petit je traînais avec des Chaldéens, mais pour moi un Chaldéen c’était : « Ah oui, t’es Turc ! ». On n’a pas eu de regroupements entre Ivoiriens, Maliens ou Sénégalais entre eux. Il n’y avait pas de structures associatives.

Rapports avec la Côte d’Ivoire

Mes parents sont allés au pays avec tous leurs cousins, frères, sœurs, grâce à la tontine. Il y a la tontine des hommes et celle des femmes. Mes cousins en font une. Ils m’ont demandé si je voulais entrer dedans. Dans la tontine, on est tous de la même famille, soit cousins ou mariés. Les femmes se réunissent un dimanche par mois ; chacun met cinquante euros par exemple et chacun ramasse la cagnotte par mois à tour de rôle. Chez les femmes et chez les hommes. Ça permet d’avoir de grosses rentrées, de pouvoir subvenir à ses besoins s’il y a un coup dur. C’est un peu la solidarité qu’ils ont apportée de là-bas.

Les hommes, ça ne m’intéresse même pas. Je sais qu’ils le font. Ils y trouvent certainement leur intérêt sans cela ils ne le feraient pas. J’ai des cousins de mon âge qui en font une. Ils m’ont demandé d’y participer avec quelques frères à moi, mais je n’ai pas envie ! Si on voulait foutre le bordel sur terre, les gens n’auraient pas mieux fait que de mettre l’argent ! Alors je ne veux pas rentrer dans des histoires d’argent avec des cousins et des cousines pour qu’après ça tourne en conflit ! Il y a peut-être eu des conflits pour mes parents. C’est vrai je ne participais pas. Ils arrivaient le dimanche chez mes parents parce que ce sont les vieux du village, les « sages » on va dire. Je voyais mes oncles, je rigolais, mais je n’écoutais pas ce qu’ils disaient. J’allais faire le thé ou le café quand ma sœur en avait marre et qu’elle voulait sortir un peu. Apparemment ça se passait bien parce que ça rigolait souvent, mais je préférais ne pas rentrer dedans.

En Côte d’Ivoire on aide comme on peut. Moi je fais confiance à tout le monde et je me méfie de tout le monde. A un moment donné, mettre des sous ou mettre quelque chose dans une association qui dit : « on va ramener là-bas », c’est très bien. Je ne dis pas que ça ne se fait pas. Les gens aiment trop l’argent. Les gens sont plus basés sur le matériel que sur l’humain. Du coup je préfère faire les choses moi-même.

L’année dernière, mes parents ont été à la retraite, ils ont quitté la France pour aller s’installer au pays où ils avaient construit plusieurs maisons. Ils ont acheté, des camions. Ils ont mis du matériel pour distribuer au pays et ils ont soudé la porte pour aller distribuer au pays. Là, j’ai donné des livres. L’espace d’animation nous avait donné des livres. Nous avions récupéré des vêtements dont les gens ne voulaient plus. On prenait tout ce qui était baignoire, frigidaire, mes parents allaient les faire réparer et les donner aux gens là-bas. Ils ont mis tout cela dans le camion et les ont emmenés.

Avec mes parents il n’y a aucun souci. Ma mère est là-bas. Moi-même je vais monter au mois d’août pour faire découvrir le pays à ma femme et à ma fille. J’ai une fille de sept mois. J’apporterai des choses, mais après le faire en association, je n’ai pas confiance. Il y a des associations, des structures villageoises.

En ce qui concerne le Mali, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, on a à peu près les mêmes habitudes, en termes de famille surtout. Ma mère est d’origine malienne. Le nord de la Côte d’Ivoire et le Mali, c’est pareil.

Courage au quotidien

En Afrique, j’ai vu ça avec mes oncles et mes tantes, on a l’habitude de ne pas se plaindre. On habitait tous dans un F5. Ce n’était pas si petit que ça. Mais en même temps, même si c’était petit, tant que nos parents ne nous faisaient pas percevoir que c’était la misère… Tu te dis que ce n’est pas normal, mais que c’est bien. Mes parents étaient souvent contents. Ils étaient joyeux, ça rigolait, ils ne se plaignaient pas. Pour nous c’était normal. On était dans de très bonnes conditions. On ne le sentait pas.

Aujourd’hui je me dis, c’est vrai, c’est petit, pour mes enfants je voudrais plus grand ceci, cela… mais quand j’étais plus jeune, je n’avais pas ce besoin de plus d’espace. Je trouvais cela très bien. Je n’en ai pas souffert. Je n’avais pas conscience de l’exiguïté du logement et du travail dur des parents. Ils ne nous ont jamais montré qu’ils avaient souffert de ces difficultés en tous cas. Après tout, c’est peut-être le fait d’être fort devant les enfants, pour leur inculquer cette valeur. Peut-être que quand nous n’étions pas là il y avait des coups moins bien, je suppose, mais en tous cas, je n’ai jamais vu mon père se plaindre.

Une fois il est parti à l’ANPE parce que sa boîte avait fermé. Il a demandé à la conseillère : « je veux travailler », il était déjà âgé.
« - dans quel secteur ?
 Non, moi j’ai une famille, n’importe quoi, vous me donnez, je le fais.
 Il faut choisir un secteur
 j’ai besoin de travailler. Ce que vous avez, vous me donnez.
 Il faut choisir un secteur !
 Ok je veux être footballeur professionnel au Paris St Germain !
 oui mais ce n’est pas comme cela !
 N’importe quel travail, je le fais ! »
Du coup on lui a donné un emploi. Il distribuait les prospectus dans les boîtes aux lettres. Il a fait cela. C’était dur. J’allais parfois avec lui, ma mère allait avec lui. Je ne l’ai jamais entendu dire : « c’est difficile ! ». Il prend, il fait !

Etudes / Boulots

Les études, ça ne m’a jamais intéressé. Je suis allé jusqu’en bac pro, parce qu’il y avait des filles à l’école ! J’avais des copains. C’est la vérité ! Mais j’ai toujours su que je travaillerais. Quand j’étais jeune je me suis dis, il me faut mon permis, je veux faire chauffeur-livreur. Mine de rien, j’ai ces valeurs de travail en moi, n’importe quel travail. On me donne, je fais ! Je pense que dans la famille on est comme ça.

Mon frère n’avait jamais fait de cuisine et il avait besoin d’un emploi. Maintenant il est directeur adjoint d’une maison de quartier à Watteau. Il a lu dans le Parisien qu’ils cherchaient à St Ouen un cuisinier. Il est parti. Il a menti, il n’avait jamais fait de cuisine, mais il a été embauché. Il faisait bien son travail. Un autre frère a fait de la livraison. Il devait avoir trente-cinq, trente-six ans quand il est parti dans le sud. Maintenant, il est maçon et il construit des maisons. Dans la famille on a ça. Tu nous donnes n’importe quel travail, nous on fera ! On ne va pas venir se plaindre !

Ma grande sœur qui a un an de plus que moi était une intello. J’avais les capacités, mais je ne voulais pas travailler. « Toi, tu vas terminer clochard et elle, elle sera bien ! ». Un jour, j’ai dit à mes parents : « au niveau d’étude où ma sœur ira, moi j’irai à ce niveau d’études ! ». Elle a été jusqu’en bac pro, j’ai été jusqu’en bac pro ! Elle aurait fait bac +5, j’aurais fait bac+5 ! Je m’en foutais ! J’allais à l’école, j’étais un peu le cancre ; quand il fallait avoir des bonnes notes, j’avais des bonnes notes ! Mais l’école ne me disait rien.

Frères et sœurs

Le garçon avait plus d’obligations. Nous avons toujours été très proches avec nos sœurs, donc on manigançait pour que nos sœurs sortent. Je disais à mes parents qu’elles étaient avec moi ! Elles allaient en boîte entre copines ! Je restais dans le hall avec des copains. Je les attendais toute la nuit. On rentrait le matin à six heures. Par contre ils ne nous ont jamais forcés à aller loin à l’école. « Nous on veut que vous alliez loin à l’école. Maintenant si vous ne voulez pas… vous travaillez ! », disait mon père, « il est hors de question que vous arrêtiez l’école pour glander ! ».

Mon petit frère a arrêté l’école en cinquième. Il a fait un CAP mécanique, pizzaiolo. Il a toujours fait quelque chose de sa vie, mais il a arrêté super tôt. Mes parents lui ont dit : « Tu veux arrêter… t’arrêtes… ça sert à rien que tu ailles en cours… tu casses les pieds à tout le monde là-bas ! Certes, t’arrêtes, mais tu fais quelque chose de ta vie ! Avant d’arrêter, tu nous dis ce que tu veux faire ! ». Il a trouvé un truc en alternance où il était un peu payé. Après il a voulu arrêter : « certes tu veux arrêter mais trouve autre chose avant d’arrêter ». Il a trouvé pizzaiolo. Il l’a été jusqu’à sa majorité. Ensuite il est entré à Air France, dans les sociétés d’études où il y a les badges qui font la « sécu ». Il travaille à l’aéroport. Il a dit : « je m’arrête ! ». Il s’est engagé. Il est parti le mois dernier dans l’armée… Il va passer par l’armée pour être gendarme. Quand K6 a voulu arrêter l’école, mes parents ont dit : « il n’y a pas de souci. Tu fais un truc… tu travailles ! ». Mes sœurs, c’était pareil. A notre époque, c’était plutôt mal vu. « Si tu arrêtes l’école tu vas être clochard ! ». De toute façon c’est au cas par cas, on ne peut pas généraliser. K6 et moi on a grandi ensemble, on a trainé ensemble, mais on n’entend pas forcément les mêmes choses.

Ma fille

Sa mère est institutrice, donc elle est allée loin à l’école, professeur des écoles. Elle dit : « ma fille, il faut qu’elle aille loin à l’école ». Moi je dis « si tu vas loin à l’école, tant mieux… si tu as plus d’instruction » ; maintenant, si elle ne va pas loin à l’école, mais qu’elle fait quelque chose d’intéressant de sa vie, moi ça ne me dérangerait pas du tout. Sa mère la pousse à fond, tous les soirs elle lui lit des livres, comme ça elle va prendre l’habitude de tourner les pages du livre. Elle a sept mois ! Vu qu’elle a sa maman, je me repose ! J’aurais effectivement poussé à aller plus loin à l’école.

Adolescence à Watteau

Adolescent, le quartier Watteau c’était les bandes. On ne pensait qu’à s’amuser. Certains buvaient un peu d’alcool. Moi je n’ai jamais bu, jamais fumé quoique ce soit. Ça ne me disait rien. C’était l’âge où les gens commençaient à boire et à fumer des cigarettes ou du shit.

On était tous ensemble au quartier. J’allais à l’école. Certains avaient arrêté l’école, y allaient une fois, à l’occase… c’était à peine s’ils connaissaient leurs profs ou leurs camarades de classe ! J’étais au collège Jean Lurçat, après je suis allé au lycée de Fosses derrière Louvres, Gonesse. Je ne voulais pas un lycée de Sarcelles. Il n’y avait pas de filles au lycée de Sarcelles. Je voulais un lycée où il y avait plein de filles ! C’est moi qui ai décidé dans quel lycée j’irais ; ma sœur était partie au lycée de Fosses avant, et j’étais allé la voir plusieurs fois. J’y ai vu plein de filles, « c’est dans ce lycée que je veux venir ! ». Avant, Fernand Léger, il n’y avait que des garçons ! Mécanique, tout ça… et Rousseau c’était les filières générales. Eux disaient : « Pendant la récrée on est parti à Rousseau, il y avait les filles ».

Un jour j’ai entendu ma sœur à la maison, elle ne voulait pas aller à Sarcelles parce que toutes ses copines disaient qu’elles ne pourraient pas bosser. Elles voulaient aller dans un lycée où elles ne connaitraient personne. Le temps qu’elle commence à connaître les gens, elles pourraient vraiment étudier. Elle est arrivée à la maison : « Ah mon lycée ! Il est trop bien ! Ça se passe comme ci, comme ça ! ». Ça doit être le paradis là-bas ! Je suis allé deux, trois fois la chercher quand elle avait fini. J’ai vu plein de filles. C’est dans ce lycée que je voulais aller et je suis allé au lycée de Fosses.

Violences entre les bandes

Je n’ai pas évité les problèmes. Je connaissais tout le monde à Sarcelles. Mes copains étaient au lycée de Rousseau ; quand il y avait des bagarres, je séchais les cours et je venais au lycée me battre ! C’était les TMI contre les BTF. Ça commençait d’abord, au collège, avec le collège Malesherbes et le collège Chantereine. J’étais à Jean Lurçat. Je séchais la dernière heure de cours, je quittais, je courais et j’allais me battre.

Être adolescent à notre époque, c’étaient les bandes. Il y avait de tout dans notre bande. Ceux qui allaient dépouiller les gens, je leur disais : « il ne faut pas dépouiller les gens. Tu ne sais pas comment la personne a eu son blouson ». J’étais dans le groupe, mais honnêtement, je ne faisais que les bagarres avec les policiers ou avec les autres jeunes. C’est ce que je faisais. En étant un peu plus grand, en réfléchissant un peu plus, j’ai volé, mais dans les magasins ; je me disais le gars, il a une assurance, on va lui prendre pour cinq mille francs et il va dire qu’il a pris dix mille francs ! C’est con comme raisonnement, mais je volais dans les magasins. Je ne volais jamais à quelqu’un, à autrui ou une voiture.

Mes parents me disaient de ne pas voler. Je ne les ai pas trop écoutés sur ce point. Mais je disais « je ne sais pas comment la personne a fait pour avoir ce manteau. Je ne peux pas venir lui prendre comme ça. Dans le magasin, il y en a plein, il va se faire rembourser ! ». C’est con ce que je disais, mais je réfléchissais comme ça.

Les ados d’aujourd’hui

Les ados d’aujourd’hui ils sont bêtes. C’est vrai. Je le dis clairement. Ils sont bêtes et ils sont cons ! Je me souviens quand j’étais jeune, il n’y avait pas de maison de quartier, ni de truc qui s’appelle le terrain de l’aventure. C’étaient les grands qui allaient là-bas. Nous, quand on arrivait au terrain de l’aventure, les grands allaient en « Tchécoslovaquie » ! On nous foutait sur le bac à sable, on avait un marteau, des clous, des planches et on s’amusait. Je me souviens, quand on était jeune, on n’avait pas tout ça.
Les grands frères

Les grands de mon quartier me disaient : « oui, hier on s’est pris la tête avec les gars de Villiers le Bel, allez les frapper ! ». On allait dans les poubelles, on prenait des bâtons, on prenait le train, on allait se battre. Alors qu’aujourd’hui tous les grands, même ceux qui font encore des conneries, je connais tout le monde à Sarcelles ; tous les grands disent aux petits : « faut pas faire de conneries… faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais ! Essayez de vous en sortir, il y a les maisons de quartier, il y a ceci, cela ».

Je pense qu’aujourd’hui on leur donne tellement qu’ils sont trop assistés ! Moi-même le premier, je travaille dans le social, je le fais. Je suis ici, je suis dans cette maison de quartier… des jeunes m’ennuient et je les aide quand même. Je leur tends la main. C’est abusé ! A un moment donné, on en fait trop pour eux ! On ne m’en a pas donné autant. Les grands de mon quartier achetaient des 1664 et les faisaient goûter aux petits. « Allez goûte un peu ! ». Ça les faisait rire ! Aujourd’hui un grand qui va voir des petits boire, il va leur faire la morale. Même des petits jeunes, quand ils voient un grand, ils cachent leurs cigarettes ou ils cachent leurs bières. Je n’avais pas tout ça. Mon grand frère ne m’a jamais dit : « Ne traîne pas dans le quartier... ». Il ne voulait pas que je sois un voyou.

Moi, j’ai dit à mon petit frère, pourtant je traînais dans le quartier, je traînais dans le hall : « Le jour où je te vois - et je montrais les petits jeunes - avec eux, je te casse la gueule ! ». Mon petit frère s’est une fois battu à l’école Anatole France et pourtant il n’avait pas tort, je l’ai frappé quand même ! En plus il avait pris une bombe lacrymogène : « si j’entends encore une fois que tu as touché un truc comme ça ou que tu t’es battu, je te cogne ! ». Depuis mon petit frère, c’est lui qui apprend à faire du roller à tous les petits dans le quartier… Il n’a jamais fait une seule garde à vue, jamais un seul problème avec la police. Les policiers, ce sont ses copains ! Moi aujourd’hui, je discute, je m’entends bien avec eux, mais lui ce sont ses copains ! A un moment il voulait être flic, tous les jours il était au commissariat, il parlait, il rigolait. Ils lui disaient : « toi, c’est bizarre, ton frère c’est l’inverse de toi ! ». Il répondait : « Ah ! Non vous ne connaissez pas mon frère. Il est trop bien ! C’est lui qui m’a interdit d’aller dans le quartier ! ».

A notre époque, c’est vrai, il y a eu de réelles bagarres, de réels coups. Il y a eu des meurtres. Mais j’estime que des jeunes qui disent : « oui ! On n’a pas de travail, on n’a pas ceci, cela », qu’on leur trouve du travail… c’est déjà pas mal ! Qu’on aille sonner chez eux le matin pour qu’ils se réveillent, parce qu’ils ne sont pas allés au premier entretien, et qu’on essaye de les faire habiller, et qu’au deuxième entretien…Non ! Si ça, ce n’est pas de l’assistanat ! A un moment donné quand on trouve du travail à quelqu’un, si vraiment il veut travailler, il se lève et il va à son entretien.

Positiver

En 2005 ça n’a pas pété à Sarcelles, pourtant ce n’est pas une ville plus gentille ou plus méchante que les autres. Mais c’est grâce au travail fait par la municipalité, les associations, par les habitants qui sont investis, par tous ses acteurs positifs qui tirent dans le bon sens.

Il y a des jeunes qui ne font rien parce qu’ils sont assistés et c’est une réalité. Il ne faut pas se leurrer, aujourd’hui si on veut s’en sortir en étant jeune, on peut s’en sortir. J’ai énormément de cas. Après il y a ceux qui viendront vous dire : « oui je veux m’en sortir ! ». Au niveau de l’école, il faut s’en donner les moyens. Il y a ceux qui disent « oui j’ai envie de m’en sortir… », ils viennent, ils ont de bonnes paroles, les actes ne suivent pas ; ils n’essayent même pas un minimum.

Tous les trois, Steve, mon frère et moi, on faisait trois boulots différents. On livrait le Parisien le matin, on travaillait à la mairie, le soir on allait faire la plonge. Je suis d’avis de dire que c’est vraiment une question de volonté.

D’une part, on essaye d’instaurer un dialogue pour établir une confiance entre les deux parties, parce que je trouve que c’est super important ; après, à partir de là on essaye de leur trouver des formations qualifiantes. On leur propose, on passe par le dialogue, on leur explique : « t’es jeune, il ne faut pas dire aujourd’hui, je veux un travail ; tu travailles à dix-huit ans et trois ans après t’arrête parce que ce n’est pas l’objectif. Aujourd’hui il faut que tu te poses la question toi-même. Qu’est-ce que tu as envie de faire ? Par quels chemins tu peux passer pour arriver à tes objectifs ? ». Honnêtement c’est un travail de fond. Parfois certains jeunes ne sont plus dedans. Certains réceptionnent bien et d’autres sont complètement déconnectés : « Le système ne veut pas de nous. La vie on s’en fout !... ». Je ne dis pas que c’est faux, je ne dis pas que c’est vrai. Je dis qu’il y a un travail profond et qu’il faut tout reprendre à la base. Ces jeunes ne sont même plus en discussion avec leurs parents. On est donc pratiquement leur seul interlocuteur et par moment, quand on leur fait la morale, ça les saoule.

Nous on ne venait pas nous dire ça, on ne nous disait pas : « Arrêtez de foutre le bordel ! ». Les grands du quartier nous disaient : « oui hier on s’est pris la tête avec les gars de l’autre quartier, allez les frapper ! ». Et Nous, on courait ! « T’inquiète… je suis grand ! ». On allait se battre !

Accompagner

On est là pour un accompagnement, il faut être bien clair, on n’est pas des professionnels de la recherche d’emploi. On est une structure municipale. Je parle des maisons de quartier. Effectivement on connaît socialement et on a des partenaires institutionnels qui existent tels que l’ANPE, le CIO. On assure un accompagnement des jeunes ; le jeune qui vient, est complètement déstructuré, il n’a plus de repère familial, on ne peut que prendre du temps à lui parler, à dire ce qu’il n’entend pas, s’il ne peut plus entendre. On en tire de temps en temps ; quelqu’un qui a compris et que l’on peut aider.

Les autres c’est par volonté de ne rien faire et de se donner bonne conscience qu’ils font quelque chose. Ils viennent, ils prennent les CV, ils cherchent du travail parce que le père les a mis dehors. La semaine suivante les CV sont posés là, ils n’ont pas bougé.

Question d’ambiance

Dans les milieux pauvres comme on dit, les parents ne sont peut-être pas forcément derrière les enfants à voir ce qui s’est passé. Parce que leur souci est d’abord de payer la facture avant que l’huissier ne vienne. « S’il y a un choix à faire, je préfère avoir un toit ».

Deuxièmement, souvent dans ces quartiers on écoute du rap. Moi-même je rappais. Certains rappeurs disent « oui, faut tout casser, on s’en fout du système ! ». A un moment donné quand on est dans le hall et que l’on écoute ça tout seul, que l’on commence à chanter, cette réalité on s’y fait, on croit que c’est la réalité. J’ai grandi avec. Des copains aujourd’hui sont enfermés dans ce truc là et y croient vraiment !

Le Travail

T’es de l’autre côté de la barrière parce que tu travailles, d’accord, mais on a grandi au même endroit. A un moment donné je me suis donné les moyens. Je suis entré en tant qu’emploi jeune. Il faut le savoir. Quand il y a eu les emplois jeunes je leur ai dit : « On va tous aller postuler ». On est tous allé voir Nicolas Ruvet à la mairie, tous ! Certains venaient, d’autres ne venaient pas. Certains étaient embauchés, d’autres pas, bien que Sarcelles ait pris beaucoup de monde.

Héritage

Certains se disent, on est de Sarcelles, on ne réussira pas. Mon frère plus âgé que moi a deux enfants. Il travaille, sa femme travaille. Il me dit : « Mon grand-père était pauvre, mon père était pauvre, moi je suis pauvre ». Lui le dit clairement. Est-ce qu’il peut réussir à être mieux ? Peut-être qu’il n’en a pas la volonté ; est-ce qu’il peut réussir à être mieux en se disant ça ? C’est peut-être en souriant, mais il le dit quand même. Je l’ai aussi pensé à un moment. « Déjà que je suis noir, ceci cela ». C’est vrai que ça existe. Si on dit qu’il faut qu’il y ait des quotas de noirs à la télé, cela veut bien dire qu’il y a un problème et que ça existe.

Je ne sais pas si j’aurais pu avoir ce parcours en dehors de Sarcelles. Je ne suis pas sorti de Sarcelles. Je n’avais pas lieu de sortir de Sarcelles. Pour moi, j’avais tout ce qu’il me fallait. Après, ce qui m’arrive aujourd’hui est le fruit de tout ce que j’ai vécu. J’aurais été dans une campagne, peut-être que j’aurais été un junky. Tout ce que je pense n’est pas la réalité, c’est ma réalité.

Le premier mort aux rosiers, je crois que c’était en 1989, après c’était 1992-93. Nous, on a hérité de Ministère AMER qui disait à Radio Nova : « rendez-vous à quatorze heures à Paris, on va aller chercher des skins, on va leur rentrer dedans ! ». On se donnait rendez avec les Gargeois au Fort de Stains pour aller se taper dessus. Sarcelles est beaucoup mieux vu qu’à l’époque. On se tapait dessus avec les flics de la BAC. Ça commençait déjà à chauffer lorsqu’ils venaient nous contrôler dans les halls d’immeubles. « On sait que vous êtes chauds ! On termine à telle heure ! ». Ils nous donnaient rendez-vous au lac. On y allait avec nos poings et nos pieds. Ils venaient. Et puis on se bastonnait.

Je me souviens d’un qui a essayé de me frapper, je l’ai cogné ! On n’avait pas peur, on se rentrait dedans et à la fin on se serrait la main. C’était amical. Le lendemain si on se croisait, même s’ils étaient plusieurs, même si j’avais cassé la gueule à un, il ne se passait rien. On était plusieurs, lui était tout seul, il ne se passait rien non plus. On a un problème à régler le jour où l’on se chauffe un peu, on se donne rendez-vous demain telle heure au lac. Je viens, il vient, on fait ce que l’on a à faire. Ils rentraient dans le hall. Ils nous fouillaient, on se chauffait, on se donnait des rendez-vous au lac ou sur le terrain de foot. Lorsqu’ils arrivaient en voiture, on leur jetait des pavés, voilà sans plus.

Je n’ai pas envie de partir de Sarcelles. On m’a même proposé un emploi ailleurs. J’étais mieux payé et j’ai refusé. Je suis trop accroché à Sarcelles. C’est trop magnifique.

Vision de Sarcelles

Sarcelles c’est le mélange, le brassage, l’entraide, tout ce qui est festif. Sarcelles, tous les week-ends, il y a une manifestation culturelle ! Que ce soient les Chaldéens, les Maliens. Il y a de nombreuses fêtes de quartiers. J’étais encore en formation hier avec des professionnels d’autres villes, et quand je leur explique comment cela se passe à Sarcelles, ils tombent de haut : « Sarcelles t’es sûr ? » je leur dis : « venez ! ».

Un formateur avait fait un commentaire un peu déplacé sur Sarcelles, enfin il avait été envoyé à l’extérieur. Moi tranquillement : « moi Monsieur… je vous invite à Sarcelles. Je vous convie…vous venez le jour que vous voulez. Vous m’appelez et vous me dites : je viens à Sarcelles à tel moment ! On fait le tour de la ville ensemble et ensuite vous jugez, vous portez votre jugement ».

La région parisienne

Lorsque j’étais jeune, je sortais tout le temps de Sarcelles pour aller à Paris. On allait à Chatelet. En dehors de la région parisienne, on allait au pays avec mes parents, une fois ou deux. Ils ne pouvaient pas emmener tout le monde tout le temps. Les billets sont chers. Je ne sortais pas de la région parisienne. On allait à Chatelet, c’était le brassage de tous les jeunes. Quand on draguait des filles et qu’elles habitaient à Ivry, on prenait le train, on allait à Ivry. On ne sortait pas de la région parisienne.

Après quand on a eu dix-huit, dix-neuf ans, oui. On se faisait de l’argent, on se prenait une voiture, on allait en Espagne. Là on commençait à vivre un peu, à profiter, mais à quinze, seize, dix-sept ans… que la région parisienne.

Elargir l’horizon

Je suis d’accord avec le fait que les jeunes de ma génération ont souffert de ne pas pouvoir sortir de Sarcelles, Châtelet les halles, St Denis et le bled.

Ils font des parcs Astérix, mais il y a plein de gamins ici qui ne sont jamais allés à Paris. Dans les sorties l’année prochaine, il y aura découverte de Paris en bateaux-mouches. J’y suis allé avec l’école, mais en dehors de l’école, je n’avais jamais mis le pied au musée du Louvre. D’ailleurs il faut que j’y aille. Des personnes viennent de l’étranger, pour voir le musée du Louvre, voir la Tour Eiffel et nous on a ça à nos pieds et on n’y va pas ! C’est abusé ! J’en souffre un petit peu.

L’orientation pour les jeunes c’est d’emmener ces petits enfants découvrir Paris, les sous-sols de Paris, parce que c’est une histoire, ça fait partie de la culture. On a aussi l’idée de les emmener à la ferme. On emmène les jeunes en séjour. L’année prochaine ça va être un séjour camping, on va découvrir la campagne. Il faut qu’ils aillent découvrir autre chose, parce qu’à un moment donné on peut juger, avoir un autre regard dès que l’on a autre chose de proposer. Dès que l’on a vécu deux choses, on peut se permettre d’avoir une certaine vision. C’est la frustration des animateurs qui n’ont pas eu ça qui permet de l’amener aux jeunes.

C’est bien qu’on le fasse, mais quelque part ça ne répond peut-être pas à leur attente. Toute la difficulté est là. « Nous on ne veut pas faire ça, oui mais vous voulez quoi ? ». Je suis confronté à ça tous les jours. Tous les jours les jeunes, je leur propose des activités. Je leur propose tel projet, tel projet : « oh non on ne veut pas ! Ok t’as le droit c’est un choix. Mais qu’est-ce que vous voulez concrètement ? ». Ils n’arrivent pas à me répondre. Donc je pense à ce qui est bien pour eux, mais si ça se trouve, j’ai tout faux. Peut-être qu’ils le font parce qu’on ne leur propose que ça. Il n’y a rien d’autre, donc ils prennent.
Être Français

Etre Français c’est participer au développement économique… moi je paye des impôts ! Je contribue à faire évoluer la France. Des fois quand je ne suis pas d’accord, je vais manifester. Je suis français. Je me sens impliqué dans tout, pas en tant que consommateur, mais comme acteur de la vie de mon pays.

J’ai des origines ivoiriennes, mais je suis français. J’y ai été deux fois dans ma vie ; j’ai de la famille là-bas, certains que je n’ai jamais vus. Des personnes arrivent du pays, « tiens c’est le frère de ton père - Très bien. Bonjour ! ». Qu’est-ce que je peux lui dire de plus alors qu’ici il y a des personnes avec qui je vis des choses. On discute, on mange.

Je me souviens d’une dame, Mme Condamine que l’on avait rencontré, dans les mémoires croisées. Pourtant en Afrique, il y a des personnes, c’est ma famille. On va me dire de rester à côté, ça va me gonfler. Je ne reste pas à côté de ces personnes. Je n’en ai rien à foutre. Madame Condamine, je l’ai connu lors de mémoires croisées et demain je pourrais, si j’ai du temps, rester discuter avec elle.

L’image de Sarcelles

Une fois avec la maison de quartier Watteau, on est arrivé à Aurec sur Loire. Je bossais encore là-bas à l’époque. Un séjour, beaucoup de noirs etc. On est arrivé à Aurec sur Loire et l’on a vu deux dames posées sur un banc en train de discuter. On est allé au camp et une dame a demandé :
« Excusez moi, vous venez d’où ? Sarcelles…Mais c’est où ? quel pays ?
  Sarcelles c’est dans la France, Madame ! Dans le Nord de Paris.
  Mais vous êtes nés en France ?
  Oui !
  Vous tous ?
  Pour les autres je ne sais pas, mais pour ceux que je connais, oui, oui ! »

La dame était choquée ! C’est de la bêtise ; peut-être, c’est de la curiosité. Des jeunes l’ont mal pris, d’autres l’ont bien pris et sont allés discuter avec. Certains ont dit : « ça c’est des racistes ! ». Le soir on a instauré le débat autour de ça. Des jeunes nous ont dit : « on trouve ça super ! Parce que ça permet de changer l’image. On a réussi à discuter avec les gens. Maintenant, devant ces gens là il ne faut pas que l’on fasse n’importe quoi ! A Sarcelles, on dit des gros mots, mais devant ces gens-là il ne faut pas dire des gros mots, comme ça ils vont avoir une bonne image de nous ! ».


Texte réalisé par Frederic Praud

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