Sarcelles : Audrey M’bella née en 1989

Entre lycéens, je compare nos vies là-bas et ici

Il y a trois élèves d’origine « gauloise » sur vingt-huit élèves !

Audrey M’bella

Je m’appelle M’bella Audrey et je suis née en 1989 à Montmorency. Mes parents sont arrivés à Sarcelles en 1980, du Cameroun. J’habite en face de chez Jessica, dans le quartier Watteau. L’ambiance est joviale, fleurie. Il n’y avait pas trop de dangers par rapport à d’autres quartiers de Sarcelles, avant, parce que maintenant il y en a. Il y a des vols, des accidents.

Pas trop de danger !

Il y a eu une évolution, quand j’étais petite, je ne sentais pas le danger. Mes parents, à sept ans, m’ont fait comprendre que je ne pouvais pas descendre comme ça. Je descendais avec des amis. Ma mère me surveillait et faisait en sorte qu’il n’y ait pas de danger. Alors que pour le voir le danger maintenant, je le vois !

Je trouve qu’à l’hypermarché, il n’y a pas trop de danger à part quelques vols de sacs. Ce n’est pas une pression quotidienne. Si c’était un grand danger, je ne serais pas là, je serais chez moi ! C’est plus le soir, à la gare ; il se passe beaucoup de choses, à la gare de Garges-Sarcelles. C’est « craignos » ! Je n’aime pas trop traîner le soir. A la base, je ne sors pas trop le soir. Quand ma mère rentre du travail à vingt-trois heures, vingt-trois heures trente, elle ne craint pas. Ça fait des années. Je n’ai pas grandi dans la méfiance, c’est un bien grand mot.

Différences entre les lycées en France et au Cameroun

Entre lycéens, je compare nos vies là-bas et ici. Excusez-moi, mais on compare beaucoup ! Là-bas, le lycée est plus dur. Chaque année, ils ont un examen, le probatoire. Si tu le rates, tu ne peux pas le repasser ! Des redoublements, il n’y a que ça ! C’est un bac par année ! A la base, tout est facile ici pour eux. Dans ma famille, ils y arrivent sans problèmes. J’ai des amis qui n’y arrivent pas du tout. Ils ont la peur au ventre de passer cet examen. C’est la fin qu’ils redoutent le plus. La France, l’école, c’est simple, c’est facile.

Quand tu réussis là-bas et que tu viens ici, tu n’as pas de problème. Je connais des Africaines dans ma classe, elles n’ont aucun souci ! Je connais une Algérienne dans ce cas. Dans ma classe, il y a des élèves d’origine indienne, algérienne, guadeloupéenne, camerounaise. Il y a trois élèves d’origine « gauloise » sur vingt-huit élèves ! Tous sont français sauf une Algérienne. Ça correspond à la population. Là où j’habite, il y a des blancs, des noirs, de tout, c’est un mélange. Il n’y a pas de barrières entre populations.

Je vais aux Flanades uniquement pour faire des courses. Je ne vais pas dans le quartier des Vignes blanches. Sarcelles c’est grand, c’est beau, c’est de la verdure, des gens de toutes les origines, de partout, il y a la mixité. Sarcelles n’est pas la plus dangereuse des villes en comparaison à d’autres. Sarcelles est une bonne ville.

Message aux aînés

Aux anciens je dirais qu’il faut aller au-delà de ce qu’ils voient. Il y en a quand même qui ont certains préjugés. Il faut chercher à comprendre, à savoir. Une fois une dame âgée a voulu traverser. Il y en a une qui est partie pour l’aider et elle a dit : « qu’est-ce que vous voulez ? Laissez-moi, je n’ai pas d’argent, il y a rien dans mon sac ! ». Elle croyait qu’elle voulait l’agresser !


Texte réalisé par Frederic Praud