Les gens étaient soulagés que Pétain demande l’armistice

Mme Lemaire née en 1921 à Sarcelles

texte Frederic Praud


Je suis née à Sarcelles le 19 janvier 1921, d’une famille sarcelloise. Mon père travaillait à la graineterie et ma mère faisait de la couture avec ma grand-mère. Ses clients habitaient Sarcelles.

J’allais à l’école privée au Saint Rosaire, pas à l’école communale. On nous conduisait à l’école. On nous raccompagnait en rang à 11h30 et 16h30. Un rang descendait jusqu’à la place du pont et un autre allait presque jusqu’à la gare.

Le Saint Rosaire était une école de fille. Il n’y avait pas de garçon. J’étais externe mais l’école accueillait des pensionnaires qui sortaient tous les quinze jours. On les emmenait à la gare en uniforme pour qu’elles rentrent chez elles, beaucoup de Parisiennes, des enfants de Saint-Denis, d’Ecouen. L’établissement, très renommé, était dirigé par des sœurs habillées en civil mais en noir. Il n’y avait pas d’Arméniens à l’école privée.

La ville comptait également une école libre de garçon, presque en face du Saint Rosaire, l’école Marcon.

Je suis allée à l’école jusqu’au brevet avant de travailler dans la couture. Je n’avais pas tellement de choix. On ne donnait pas le choix aux jeunes. Les parents décidaient. Il fallait faire ce qu’on nous disait.

J’habitais allée Chabrier. Nous n’avions pas l’eau courante. Nous avions une citerne d’eau pour le lavage mais elle ne servait pas pour boire. Nous allions à la fontaine avec le broc pour l’eau à consommer.

Il y avait des bagarres entre les gars de Sarcelles et de Villiers-le-Bel. Les garçons de Sarcelles n’aimaient pas que ceux de Villiers-le-Bel descendent au bal !

Mon mari était garde républicain à cheval. Nous habitions Paris quand j’ai appris la déclaration de guerre. Les Allemands n’ont pas occupé la Garde républicaine.
Elle n’était pas sous les ordres des Allemands. C’était surtout un service de parade. Mon mari a continué à s’occuper de son cheval !

Je ne travaillais pas et je m’étais marié à dix-neuf ans. Il ne s’est rien passé pour moi… Je me suis mariée en 1940 à Sarcelles, un mariage à pied. Les Allemands nous ont pris en photo… Ma famille du Pas de Calais avait emmené des dindes, des oies.

Certains Allemands ont occupé des maisons vides sur le boulevard de la gare de Sarcelles Saint Brice.

Mon mari venait en tenue de garde républicain à Sarcelles pour récupérer de la nourriture chez les agriculteurs. Il venait avec une valise que la police ne faisait pas ouvrir car il était militaire. Les contrôles se faisaient à la gare du Nord. Tout notre ravitaillement se faisait à Sarcelles ;

Les propriétaires relouaient à des particuliers les appartements des juifs déportés. Tout était déménagé. Nous avons changé d’appartement comme ça !

Les gens étaient soulagés que Pétain demande l’armistice…

Il s’est passé des choses bizarres. Une femme du passage à niveau à Sarcelles a dénoncé son mari aux Allemands en disant qu’il écoutait la radio anglaise. Il a été déporté !

Lors de la libération de Sarcelles, il y eut un soldat allemand exécuté alors qu’il montait sur Ecouen, et un autre qui allait sur Pierrefitte.