Jean

Mes parents sont arrivés de la Côte d’Ivoire. Ma plus grande sœur a vingt-cinq ans, et l’autre a quinze ans. Les deux sont nées ici. Je ne suis pas allé en Côte d’Ivoire. Mon frère si, quand il était tout petit ; la plus grande, Estelle, y est allée il y a longtemps. Mon père est de l’ouest et ma mère du Sud. Je ne connais pas leur parcours parce que je ne leur ai pas demandé. Ma mère a quarante-six ans. Mon père a cinquante ans.

Identité

Je me revendique ivoirien. J’ai eu la nationalité française à la naissance, mais pour moi je ne suis pas français. Je suis ivoirien, sarcellois et français. Je représente Sarcelles parce que je vis ici.

Loisirs

Sortir c’est basket, basket, basket ! Et danse hip hop. Je le fais dans la rue. Là, j’ai arrêté parce que je dois travailler. C’est après l’école. Shopping sur Sarcelles, St Denis, St Brice, aux Flanades. Je sors soit avec mon pote, soit avec mes cousines maintenant. Des fois je demande l’autorisation à mes parents. Je dis : « Je sors ! ». Quand j’oublie l’heure, c’est vingt-deux heures, vingt-trois heures la semaine… vingt-trois heures c’est rare, c’est plus vingt-deux heures. Sans cela je rentre à vingt heures trente et j’arrive à faire mes devoirs le temps qu’il me reste, jusqu’à minuit. Mais pour l’instant je ne rentre pas trop tard parce que je dois travailler pour étudier. Mon objectif à l’école, c’est de passer en classe supérieure en troisième.

Mon rêve

Mon rêve, c’est être basketteur professionnel, si je peux. Il y a un club à Sarcelles mais je n’en fais pas partie. Le basket, je le fais aussi dans la rue. Nous avons des paniers dans notre école, au « synthétique », au petit terrain. Je n’ai pas besoin d’aller dans un club. J’y arriverai, comme ça ! A quatorze ans, on rêve à ce que l’on va devenir. La réussite, c’est avoir trouvé un travail, avoir des enfants, une femme.

Règles de vie

Moi, je ne vois pas l’heure. C’est normal d’avertir ses parents, mais j’oublie. Quand c’est ma mère ça va, quand c’est mon père, ça ne va pas. Je mange chez moi, je rentre à dix-sept heures. Je mange jusqu’à dix-sept heures trente, après je fais mes devoirs, je sors, je dîne tout seul. Je dois obéir à mes parents jusqu’à ce que je quitte ma maison.

Le collège

Le collège, c’est pourri ! J’aime le basket là-bas ; les profs ne sont pas trop gentils, ils n’apprennent pas bien ! Ils sont normaux. Cours, cours, travail, travail. Dans certains cours, je m’ennuie. Je me suis déjà battu à l’école pour rigoler. Certains profs, on n’attend pas qu’ils nous disent de nous asseoir. On n’a pas besoin de marques si on s’habille bien. Si on s’habille tout en noir, ou un haut noir avec des chaussures noires. On parle de Pupponi. Je suis en sécurité ici.

Logement

Nous sommes sept à la maison. Nous avons quatre chambres, une cuisine, un salon. Nous n’avons pas de problèmes d’exigüité de logement.

Message aux anciens

Aux anciens je dirais : « Il y a des personnes, elles sont trop racistes ! ». L’autre fois dans le bâtiment de mon copain, il y a des personnes qui habitent juste en dessous de chez eux et ce sont des noirs, le voisin de mon copain a pris un marqueur ; il allait écrire : « attention les noirs rentrez chez vous ! ». Ça ne se fait pas ! Alors que le gars qui a écrit ça, il est à moitié noir, c’était un métis ! Ça ne se fait pas ! Il traite les personnes de couleur différente ! Par exemple, il y a un blanc, il dit espèce de sale noir !...c’est comme s’il traitait tous les noirs, ça ne se fait pas !