Sarcelles : Eugenie Da Costa Da Silva née en 1993

Sortir à quatorze ans ça veut dire sortir du quartier.

On avance tous ensemble, on est soudé et on va avancer vers l’avenir.

L’âme de Sarcelles, c’est mes amis, mon univers. J’aime ma ville, parce qu’il y a tous mes amis. La preuve mes amis sont ici. Il y a mon collège. Il y a tout. Il y a tout ce qu’il faut ici. Il y a tout aussi ailleurs, mais il manquera des personnes. Pendant les vacances je vais en dehors de la région parisienne mais pas systématiquement. Quelquefois, je reste à Sarcelles. Je reste avec mes amis.

Texte réalisé par Frederic Praud


Eugénie da Costa da Silva

Je m’appelle Eugénie da Costa da Silva. Mon père est d’origine portugaise. Je suis née en 1993. Mon père est né en 1964 et ma mère en 1970 ou 72. Mes grands-parents sont arrivés d’abord. Ils sont arrivés à Garges, ensuite ils sont venus ici. Je connais un peu l’histoire de mon père, mais pas celle de mes grands-parents paternels. Je connais mes grands–parents, ils habitent Sarcelles. Je ne leur pose pas de questions. Je ne veux pas savoir. Ça ne m’intéresse pas. Je m’en fous pour l’instant ! Ma mère est de France, de Bretagne.

Horizons familiaux

Je connais la Bretagne et je suis allée une fois au Portugal. J’avais six ans, je suis allée dans le village de mon père. Je m’en rappelle un peu. C’était bien là-bas. Je n’ai pas trop envie d’y retourner parce que mes cousins, ils ont taillé. C’était bien avec mes cousins. Ils sont venus en France. Certains en Alsace, d’autres à Marseille, en Espagne. Il en reste encore, mais ils sont trop grands, je ne les connais pas. Ceux que je connais sont tous partis.

En Bretagne dans les côtes d’Armor, à côté de St Brieuc dans un trou perdu, j’y suis allée, mais je ne connais pas le nom. Il y a longtemps que j’y suis allée. Je connais ma grand-mère, et ce qu’elle me raconte, ça m’intéresse encore moins parce que je n’aime pas là-bas ! Sa vie n’est pas passionnante. C’est la campagne. Là-bas je suis toute seule, il y a ma famille, mais je n’ai pas d’amies. Je n’y vais pas assez souvent. Je n’ai pas d’attaches, de cousins. Je n’ai que ma grand-mère là-bas. Mes parents sont arrivés à Sarcelles en 1990. Ils ne m’ont pas raconté le quartier quand ils sont arrivés.

Premiers souvenirs de Sarcelles

Mes plus anciens souvenirs de Sarcelles sont au centre, ici, aux Rosiers. Je faisais des petits spectacles ; moi j’étais à l’école à Curie. On était tous solidaires, comme maintenant. S’il y a des problèmes on se range dans un coin et puis on le lâche pas. En primaire, il y avait des problèmes de gamins, des petites bastons, la guerre pour un rien, même à la petite école. À Curie ça n’existait pas, mais c’est à peu près pareil. Nous aussi on faisait des clans, c’était à nous d’être plutôt avec les forts qu’avec les intellos. Nous les filles on ne jouait pas aux barbies ! Celles qui jouaient aux barbies, elles étaient éjectées ! Nous, on jouait au foot ! On était des garçons manqués. Ça faisait des clans classe contre classe, puis à l’intérieur de chaque classe, des clans se formaient. Les garçons sont dans un coin, après les filles se dispersent, les garçons se dispersent, parfois des garçons et des filles se regroupent. Il y a plein de clans après. EN CM1, CM2, ça se faisait déjà.

Sortir du quartier

Je reste chez moi souvent, mais je sors quand même. Je fais des grandes sorties avec mes amies. C’est prévu depuis deux jours. Moi je sors, je vais voir des amies autre part, chez elles, en dehors de mon quartier. Sortir à quatorze ans ça veut dire sortir du quartier. Ne pas rester au même endroit, faire un autre truc. Mais j’ai besoin de l’autorisation de mes parents pour y aller.

Déjà, je vais en cours pendant la journée, après le soir je reste chez moi, autrement si j’ai quelque chose de prévu, je sors. Le mercredi j’ai du sport donc je ne fais pas de sorties. Le mercredi après le sport je me repose, donc je ne peux pas sortir après. Je fais du basket et du foot. De quatorze à seize heures je fais du basket. De seize à dix-sept heures je fais du foot, et parfois, juste après, je vais à Mozart avec des garçons pour jouer encore au basket. Le samedi, je vais chez mamie et on fait des trucs. Je sors beaucoup, mais pas trop. Par rapport à Camille, je sors beaucoup.

Les grands frères dans le hall

Les grands frères, des clans de garçons, c’est partout. Ce n’est pas un danger chez moi le hall, pas à ce point là. Sur ma boîte aux lettres il y a marqué mon nom de famille. Sur les autres, il n’y a rien de marqué. Ils font des tags sur le bâtiment, mais ça s’enlève. C’est taggé un peu partout…J’aime bien mon bâtiment !

Réputation de Sarcelles

Sarcelles, c’est une ville de France, mieux que St Brieuc ! C’est normal. Pour les gens de l’extérieur, c’est une banlieue où tout est mal dedans. C’est des fous ! Par exemple ceux qui habitent Paris, ce sont des vicelards ! Ils disent que Sarcelles, c’est une banlieue, il y a rien à faire là-bas. Ils trouvent que là-bas tu te fais tuer ! Ce sont des adultes qui disent ça ! « Les enfants…ils parlent fort…ils parlent vite…ils se croient dans un zoo ! », ils croient qu’on est des fous !

On a rencontré des gens une fois en dehors du quartier. On était entre amies : « vous venez d’où ? », on a raconté notre vie, « on vient de Sarcelles », on leur a dit au revoir direct. Ils n’ont pas cherché à comprendre. Ils regardent comment on est habillé, ils se font des idées bizarres. Ils ont déjà une vision de Sarcelles et ils n’ont jamais vécu ce qui se passe dedans. Je m’en fous ! Moi personnellement je sais ce que je vaux ! Moi là-bas je ne connais pas, je ne juge pas. Pourquoi ils se permettent de juger ? Ça m’énerve !

L’âme de Sarcelles

L’âme de Sarcelles, c’est mes amis, mon univers. J’aime ma ville, parce qu’il y a tous mes amis. La preuve mes amis sont ici. Il y a mon collège. Il y a tout. Il y a tout ce qu’il faut ici. Il y a tout aussi ailleurs, mais il manquera des personnes. Pendant les vacances je vais en dehors de la région parisienne mais pas systématiquement. Quelquefois, je reste à Sarcelles. Je reste avec mes amis.

Caractéristiques de Sarcelles

Solidarité, amitié, respect, caractérisent la ville de Sarcelles. Si tu nous agresses, nous on a un contact. On avance tous ensemble, on est soudé et on va avancer vers l’avenir. On accepte les défauts et les qualités. Ça saoule mais peut-être au fond c’est important, juste on ne veut pas écouter sur le moment. On retient, ça dépend si on écoute ou pas. On discute. On ne dit pas, direct, que c’est une mauvaise idée.