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Paroles de femmes : les Aînées Parisiennes

un enfant est passé près de moi et a crié maman....

jeudi 1er avril 2010, par Frederic Praud

Vous pouvez vous procurer l’intégralité des témoignages de femmes dans l’ouvrage réalisé par Frédéric Praud. Il est disponible sous sa version PDF à cette adresse internet :http://www.lettresetmemoires.net/ainees-parisiennes-content-leur-vie-et-leurs-combats-femmes-au-cours-20eme-siecle.htm

Ma mère était femme de ménage et concierge à Paris. Mon père travaillait en usine comme chaudronnier. Née en 1926 à Paris 14ème, je suis fille unique. Je nais alors que ma mère a 37 ans. Elle n’était pas mariée avec mon père et je ne le savais pas. C’était caché. Ils ont été obligés de me l’expliquer parce qu’on me le demandait à l’école. Les profs se demandaient pourquoi il était indiqué sur mes papiers qu’ils m’avaient reconnue. J’étais une enfant naturelle parce que ma mère était encore mariée à Lyon quand elle a connu mon père pendant la guerre de 14. Elle s’est séparée de son ancien mari et s’est installée à Paris avec mon père. Ils ont appris la mort du premier mari et se sont mariés bien plus tard alors que j’étais adulte. Je leur ai servi de témoin alors que j’étais mariée

Je continue mes études jusqu’au brevet. Ma mère travaillait et ne pensait qu’à me faire entrer dans l’administration, dans l’enseignement. La directrice de l’école m’a conseillé de faire plusieurs demandes dans l’administration et j’entre à la Caisse des Dépôts et Consignations comme auxiliaire le 16 juin 1943, à 17 ans.

Je me marie en 1945 avec un gardien de la paix. J’étais enceinte lors du concours pour passer titulaire de la fonction publique. Je restais donc auxiliaire. Le ménage ne fonctionnait pas bien mais nous avons quand même eu un deuxième enfant, (un garçon puis une fille). Mon mari n’était pas sérieux économiquement, des dépenses, des dettes, des disputes donc violence conjugale. Cela a duré pendant nos 14 ans de vie commune. Je dois quitter mon domicile pour fuir la violence. Je n’avais pas d’autre moyen. J’espérais trouver la force pour aller en justice et reprendre mes enfants. Un jour de dispute, il m’a forcée à divorcer avec le revolver sur la table. Il m’a dit, "on va se séparer mais je ne veux pas avoir tort". J’avais tellement envie de partir que j’ai accepté. J’ai pensé, "on verra bien après. J’irai voir un avocat quand il n’y aura plus le revolver" ce que j’ai fait… Je ne pensais qu’à reprendre ma liberté. Je n’ai jamais recherché d’aide extérieure car je savais que je pouvais y laisser ma vie.

Les enfants sont restés avec le père gardien de la paix. Il a eu la garde des enfants L’avocat m’a dit : « Vous n’avez aucune chance car il y aura enquête sociale, mais étant donné que l’enquête sera faite par un collègue du mari….. Vous ne gagnerez pas !" Ce qui s’est produit. Le service social de la Préfecture de Police de Paris est donc venu me voir en cité d’urgence en faisant en sorte que je ne sois pas là pendant les visites.

Mes enfants venaient me voir en cité d’urgence après le procès. Leur père est venu une fois chercher les enfants un dimanche en brutalisant ma mère. J’allais voir mes enfants quand le père n’était pas là. Leur père se remarie et part en province. Le temps passe, sept ans d’éloignement et les enfants reviennent vers moi, vers 15/16 ans, mon fils en premier… J’ai réussi à le faire entrer à la Caisse des Dépôts.

Pendant les 7 ans d’éloignement, je roule un jour en vélo. Une petite fille est passée près de moi en criant "maman"… J’en suis presque tombée de vélo. J’en ai encore des frissons. C’est très dur à vivre pour une mère.
J’ai été seule un temps avant de revivre maritalement pendant 25 ans avec mon mari actuel.

Vie professionnelle

Je travaillais dans un environnement essentiellement féminin, sauf pour l’encadrement assuré par des hommes… Je passe des concours pour monter dans la hiérarchie jusqu’à "secrétaire administratif en chef". J’ai dû faire face à certaines difficultés relationnelles avec mes supérieurs, les mêmes difficultés qu’un homme aurait rencontrées. J’étais trop directe et on me l’a fait payer.

Mon parcours professionnel aurait pu être celui d’un homme. Je me suis toujours efforcée d’être comme un homme. Il le fallait pour s’en sortir.

Je suis grand mère et j’ai poussé ma fille à informer sa propre fille sur les modes de contraception. Elle ne l’avait pas mise au courant, pas aidée. Je ne voulais pas qu’elle soit piégée. Il a fallu que j’intervienne car il y avait danger alors elle a terminé ses études sans entrave. Elle est aujourd’hui majeure et libre…

Vous pouvez vous procurer l’intégralité des témoignages de femmes dans l’ouvrage réalisé par Frédéric Praud. Il est disponible sous sa version PDF à cette adresse internet :http://www.lettresetmemoires.net/ainees-parisiennes-content-leur-vie-et-leurs-combats-femmes-au-cours-20eme-siecle.htm


Voir en ligne : La Bande Dessinée : Les Migrants

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