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Madame Lethien, née en 1915

Débarquement des troupes américaines au Maroc le 8 novembre 1942

lundi 15 février 2010, par Frederic Praud

Histoire du débarquement des troupes américaines au Maroc le 8 novembre 1942. Au Maroc, nous n’avions pas de soldats allemands mais une commission d’armistice, composée d’hommes en civils, qui se chargeaient surtout de faire envoyer en Allemagne des produits alimentaires, fruits et agrumes. Il nous restait de toutes petites mandarines que mon père appelait des billes. Cette commission était logée dans le plus bel hôtel de la ville de Mohammedia.

Nous n’entretenions guère de rapports avec ces messieurs, parfois rencontrés sur la plage. Ce que nous ignorions, c’est le fait que les résistants locaux envoyaient des renseignements à la résistance générale, surtout pour préciser les lieux possibles de débarquement.

Donc ce samedi soir 7 novembre 1942, Fédalah s’endormait paisiblement tout en connaissant malgré tout les rumeurs qui circulaient et le fait que l’on avait fait creuser des tranchées de secours, le long de la plage, au milieu des arbres du parc du Casino.

Dimanche 8 novembre 1942 : Je faisais du scoutisme. J’étais cheftaine. Il était convenu que nous ayons une sortie ce jour et j’avais rendez-vous avec mes filles à 8 heures. Vers 7 heures, j’étais presque prête. Tout à coup, j’entends gratter aux volets notre chien, un beau et fort berger mi-allemand, mi-belge, au pelage magnifique. Je m’interroge sur le fait. J’ouvre les volets et à ma grande surprise, je vois une immense projection de signaux lumineux, que je ne connaissais pas, envahir le ciel.

Une amie dont le mari faisait un stage de parachutisme en Algérie, était hébergée chez moi. Elle vient me retrouver et me dit, "ça y est, c’est la guerre ! Mais avec qui ?"

Nous nous précipitons dehors. Nous entendions des sifflements et des crépitements de toutes parts. On nous prévient par sonorisation que nous pouvons nous réfugier dans les tranchées. Une de mes amies attendait un bébé pour la semaine suivante. Elle essayait de se réfugier au fond de la tranchée mais mon chien pris de panique voulait aussi rendre la place. J’ai réussi à le sortir, ce gros, et à le ramener à l’appartement tout proche…Incident risible au milieu de la tragédie de l’histoire !

Quant à moi, étant donné mon uniforme que je ne voulais pas trahir, je me suis mise à la disposition des secours. C’est là que j’ai connu l’horreur de la mort des petits marins. Les tortillons d’obus, ce n’est pas rien !. J’avais un ami, officier du contingent de l’armée de terre. Il a ordonné à ses soldats de ne pas tirer, qu’il prenait cette responsabilité sur lui. Les marins ont donc été les seuls à tirer.

Pendant la nuit du dimanche au lundi, un grand sous-marin dont on n’a jamais connu la nationalité a torpillé un navire américain. Presque tous les hommes ont pu regagner la côte. L’église leur a offert un lieu de repos, chez nous, nous en avons hébergé deux, réfugiés dans l’escalier.

C’était bien le débarquement d’unités américaines. Les soldats arrivés pendant la fin de la nuit en commando avaient pour mission d’empêcher les allemands de sortir de l’immeuble où ils étaient installés, l’hôtel Miramar, le plus beau et le plus confortable de la ville. Encerclés, ils ont tenté de rejoindre leurs véhicules, mais les pneus ayant été mitraillés. Les allemands n’ont pas pu fuit et ont été pris par les commandos américains.

Un jour de guerre comme cela, on aurait dit que tout Fedalah était par terre, fils télégraphiques, électriques, poteaux enchevêtrés, crevasses dans les rues. Ce qui semblait extraordinaire, c’était qu’il n’y ait pas eu davantage de morts.

A Fedalah, deux personnes seulement ont été tuées. Un couple demeurant non loin de la falaise d’où l’on tirait. Ils ont voulu traverser leur jardin. S’ils étaient restés dans leur maison, ils auraient été saufs. Au sud de la ville, dans la kasbah, quartier marocain et juif, il n’y eut pas de mort dans la population, mais peut-être plus près de la fin de la plage, quelques animaux, chameaux ou bovins.

Le mardi, je suis partie à Casablanca à bicyclette pour retrouver ma sœur, à une trentaine de kilomètres. Tout le long de la route, les contingents américains, surtout des noirs, rejoignaient Casablanca afin de les répartir sans trop gêner la vie du pays. Une autre partie de ce contingent est restée quelques temps à Fedalah. Les gradés prenaient leurs repas dans un restaurant au bas de notre immeuble. Ainsi, mon chien qui avait eu une si grande peur du bruit des armées, s’est régalé en ce temps là de tous les restes de ces messieurs.

Une partie de l’armée française se reformait clandestinement en Afrique Noire. Elle était commandée par le Général "Leclerc", son nom de guerre, ce qui a permis la liaison après le débarquement américain et renversé l’avenir de la guerre ;

Dès 1943, les forces armées françaises s’organisèrent en Afrique du Nord. C’est à ce moment que ma sœur s’est engagée dans le corps des ambulancières. Leur formation s’est faite au Maroc puis en Agérie et avant l’embarquement pour la France, en Tunisie, après les événements tragiques de Mers el Kébir en Algérie.

L’amiral Darlan, à la tête de la marine, s’est fait acheter par les anglais. Cela s’est passé en Algérie, donc hors des territoires en protectorat. Ces événements ont séparé la marine de l’armée française de terre. A ce moment-là la marine était plutôt fidèle à Pétain. Il y avait beaucoup de résistants dans l’armée de terre au Maroc, seulement nous ne le savions pas. L’armée était interdite de mouvement et d’action.

A Casablanca, dans le port, la riposte de la marine a produit de sérieux dégâts. Des marins et leurs officiers ont été blessés ou tués. Certains civils du port ont également été blessés. Un grand navire de guerre français occupait le port. Il était arrivé inachevé, pour ne pas être pris dans les chantiers de Saint-Nazaire. Heureusement, les débats et décisions entre les Etas-Unis et le gouvernement français ont été vivement menés et le mardi 10, tout était définitivement réglé. Après l’arrêt des actions militaires, il était cependant nécessaire de rétablir les communications et de réparer les dégâts.

La conséquence immédiate de ce débarquement a été l’occupation complète de la France et le sabordage de la flotte française à Toulon. L’armée française regroupée a commencé sa stratégie du débarquement prévu le 15 août 1944, après celui tellement célèbre du 6 juin 1944 en Normandie. Cette armée reconstituée fut celle qui de Tunisie est passée en Tripolitaine puis en Italie où eut lieu la fameuse et sanglante bataille du Mont Cassino. Toutes ces troupes ont remonté le Rhône et le Rhin sous l’impulsion de généraux célèbres, le Général Leclerc et le maréchal Delattre de Tassigny.

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