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DONNEMARIE avant guerre

Mme Gervais Geneviève née en 1923 à Donnemarie

mardi 20 novembre 2007, par Frederic Praud

Nous habitions vers la rue de Melun, porte de Melun, dans la rue aux huiles. Maman ne travaillait pas. Papa née à Sensis les Provins était berger. Il travaillait en usine avant la guerre 1914 mais, gazé, il n’y a plus retravaillé après. Il ne travaillait plus. Il nous a eus vieux. Nous étions neuf enfants. Je n’ai pas connu les deux aînées décédées d’une rougeole rentrée pour l’une d’elles. Elles sont mortes à huit jours d’intervalle. Nous sommes restées à sept enfants vivants.

Nous sommes ensuite allés habiter dans la rue des Sureaux, à la limite de la rue Champeaux

Donnemarie ne côtoyait pas Dontilly. On ne sait pas pourquoi. C’était réellement séparé… du moins les écoles ne se mélangeaient pas. Les gens se connaissaient quand même. Les garçons se bagarraient un peu surtout quand on vendait les timbres anti-tuberculeux. Il ne fallait pas voir les gars de Dontilly sur Donnemarie. Comme jeux, les garçons s’étaient fabriqués des chariots avec des roulements à billes et descendaient les ruelles.

On ne connaissait pas les noms des rues. On disait, « on va aller chez Barbier, chez untel » sans connaître les noms de rues… le nom des gens était notre repère. On connaissait tout le monde, « tu vas aller chez la Minette », l’agence dans la grande rue, un marchand de légume. « On va chez Lemire » à la porte de Provins où l’on trouvait du poisson le vendredi.

Il n’y avait pas l’eau courante dans Donnemarie, uniquement des puits. Les bornes-fontaines ont été installées à l’arrivée de l’eau, vers 1933, 1935, au moment de la fête des eaux. Les pompiers y participaient. Ils faisaient la manœuvre alors qu’ils étaient pompettes ! Le chef des pompiers, Laprée dit « Calot » buvait un petit coup et quand il ne pouvait plus marcher, ils le mettaient dans la charrette à Pompiers. Les travaux, les tranchées dans la grande rue ont duré longtemps. Ils ont découvert des souterrains qui allaient presque jusque sur Provins.

Il n’y avait pas d’eau dans les maisons mais nous allions la chercher à la borne. Il nous fallait monter ou descendre. Maman y allait avec ses deux seaux en bois qui étaient déjà lourds vides. Elle se reposait souvent…

Handouche a précédé Lecointre et Rosenthal comme maires. Mr Rosenthal était notre docteur.

Pour sept nous avions deux pièces. Nous couchions à trois dans un lit, deux dans un sens et l’autre au pied. Nous avions une petite cabane dans la cour qui servait de chambre des gars l’été. Tous les enfants couchaient dans la chambre l’hiver dans deux lits et nos parents dans la cuisine où se trouvait le feu. Nous dormions dans des lits-cages tout en fers, des lits pliants, avec matelas en plumes… Nous avions une table et des bancs dans la cuisine.

Les jeunes allaient chercher des écrevisses dans l’Auxence. Au 14 juillet, les gamins se promenaient avec des lampions allumés par le garde champêtre. On faisait le tour de Donnemarie avec. Les pompiers allumaient des feux de Bengale dans leur charrette.

Au moment de Pâques, quand les cloches partaient, les gamins passaient avec leurs crécelles pour nous dire l’heure. Les cloches partaient aux rameaux. Elles ne sonnaient plus. Les enfants de choeur de l’église passaient avec leurs crécelles en chantant. Ils passaient jusqu’au retour des cloches à Pâques, jour où ils récupéraient les roulets, des œufs, de l’argent, des dons…

J’ai quitté Donnemarie à 15 ans pour Paris où ma sœur travaillait. Elle venait de quitter sa place d’employée de maison chez une institutrice. J’ai remplacé ma sœur à partir du 15 décembre 1938 et je suis toujours restée chez cette dame, boulevard Diderot. Je suis toujours restée chez la même personne qui est venue ensuite finir sa vie chez moi, cours de Vincennes. Elle faisait l’école au 49 rue de Charenton, vers la Bastille. Je ne me suis pas mariée mais j’ai eu ma fille étant jeune. Nous l’avons élevée toutes les deux.

J’étais à paris lors de la déclaration de guerre… au boulevard Diderot vers la nation. A la déclaration en 1939, nous sommes allés à Crielle vers Dieppe en Taxi. Nous y sommes restés un mois avant de revenir à Paris. Nous n’avons pas fait l’exode en 1940. Nous sommes restées à Paris car la personne avait son père âgé de plus de 80 ans. Nous avons vu un petit groupe de soldats arriver et la demoiselle m’a annoncé, « ha, ce sont les allemands ! ».

J’ai passé la guerre à travailler chez la dame. Je ne sortais pas… Nous nous débrouillons pour la nourriture.

…………………
Message aux jeunes :

Les jeunes d’aujourd’hui sont trop gâtés. Ils ne désirent plus rien. Nous étions contentes avec peu… Ils auront du mal à comprendre notre vie… On respectait nos parents même s’ils ne savaient pas lire ou écrire…

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