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Le Matriarcat et ses origines africaines

mercredi 20 octobre 2010, par Frederic Praud

Premier système social humain, il sort l’humanité de l’animalité. Dans la promiscuité de la horde primitive, seule la filiation maternelle pouvait être prouvée. Les premiers humains n’avaient d’ailleurs pas conscience des fonctions des deux sexes dans la procréation, et la maternité était perçue par les primitifs comme parthénogenèse relevant du surnaturel dont le corps de la femme était dépositaire.

Le fait de la certitude de la filiation maternelle est ce qui va déterminer l’émergence du matriarcat et sa fonction civilisatrice, et c’est par voie matrilinéaire que va se transmettre la civilisation.

Le matriarcat est à la base de l’organisation sociale en Afrique noire. Dans les régions où le matriarcat n’a pas été altéré par une influence extérieure (religion,...), c’est la femme qui transmet les droits politiques. Car pour les noirs africains l’hérédité n’est efficace que quand elle est d’origine maternelle.

Caractéristiques du Matriarcat :

Le matriarcat fût créé par l’homme qui menait une vie sédentaire et tirait ses subsistances de l’agriculture. Il pratiquait le culte des ancêtres, la cosmogonie ainsi que les rites funéraires, lors du mariage la femme reçoit une dot, elle a la possibilité de divorcer en conservant son nom totémique.

Il pratiquait l’exogamie de clan. La parenté par les hommes y était impossible, et la filiation et la succession sont matrilinéaires.

Ce système permettait une augmentation démographique dont les terres étaient propriétés collectives et divinisées et accentuait le communautarisme. Le frère de la mère a droit de vie ou de mort sur son neveu, mais les principes moraux étaient appliqués dans le clan.

L’historien BACHOFEN en fut le premier à étudier le matriarcat sur le sol africain. Il constata que la femme était l’élément phare de la société et du foyer familial, on lui accorde facilement la découverte de l’agriculture. C’est elle qui reçoit lors du mariage les dots, et qui gère les biens familiaux. C’est aussi par elle que se transmet l’héritage.

Cette conception matrilinéaire de la société sera diffusée à travers le monde lors des grandes migrations des peuples noires.

L’Éthiopie est le premier pays au monde qui fut gouverné par une reine (la reine de Sabah). La reine Candace qui gouverna aussi ce pays, fut reconnue pour sa bravoure et son courage face aux armées de César AUGUSTE. C’est pour cela que les reines qui ont régné après elle, ont tenu à garder le nom de Candace en souvenir de cet acte glorieux. "Cette omniprésence des femmes de cour dans les cérémonies et documents officiels était liée à leur poids politique. Ce dernier rend compte de la dévotion matrilinéaire du pouvoir monarchique".

La monogamie primait chez les Égyptiens, seuls les dignitaires pratiquaient la polygamie. Dans le régime matrilinéaire égyptien, seul le neveu hérite de l’oncle maternel, par contre ses propres fils n’héritent pas de lui. Dans la famille royale, les intérêts de la nation primant les mariages avaient lieu entre frères et s˛urs.
La femme chez les noirs Égyptiens jouissait d’une liberté totale, elle était honorée, le respect dont il fallait l’entourer était le plus sacré des devoirs, elle circulait sans voile contrairement aux femmes grecques, romaines et asiatiques qui elles étaient séquestrées pendant la période classique.

On retrouve aussi au Ghana la présence du matriarcat particulièrement chez les ashanti dont Radcliffe- BROWN et FORDE dans leur livre : Systèmes familiaux et matrimoniaux en Afrique nous donnent les détails suivants :

 Les ashanti considèrent le lien entre mère et enfant comme la clef de voûte de toutes les relations sociales...Ils le considèrent comme une parenté morale absolument obligatoire. Une femme Ashanti ne lésine pas sur le travail ou sur les sacrifices pour le bien de ses enfants...

 Chez les Bantous de l’Afrique centrale, le mariage appelé matrilocal détermine la filiation matrilinéaire plutôt que patrilinéaire.

La plupart des peuplades bantou de l’Afrique Centrale déterminent la filiation selon la ligne matrilinéaire plutôt que patrilinéaire et beaucoup d’entre elles pratiquent une certaine forme de ce que l’on connaît habituellement sous le nom de mariage matrilocal.

En fait, c’est ce caractère matrilinéaire de l’organisation familiale qui les distingue si clairement des Bantou de l’Afrique de l’Est et du Sud et c’est pour cette raison que le territoire s’étendant des districts de l’Ouest et du Centre du Congo belge jusqu‚au plateau nord-est de la Rhodésie septentrionale et des monts de Nyassaland est parfois mentionné comme la "Ceinture matrilinéaire" de Radcliffe-BROWN et Cheikh ANTA DIOP dans l’unité culturelle de l’Afrique Noire
Nous constatons l’évidence similitude de ces peuples avec l’Égypte à travers leurs us et coutumes. Le Matriarcat disparaît en parti avec l’arrivé de l’islam et du Christianisme en Afrique noire, il est remplacé par un régime patriarcal pur et dur qui laisse peu de place à l’épanouissement de la femme noire.
L’islamisation de l’Afrique Occidentale débute au Xè siècle avec le mouvement Almoravide, la religion traditionnelle disparue peu à peu sous l’influence islamique, les m˛urs et les coutumes également.

C’est ainsi que le régime patrilinéaire s’est substitué, partiellement et progressivement, au régime matrilinéaire depuis le Xè siècle...l’adoption du nom du père pour les enfants semble provenir de cette même influence arabe ;...

(Cheikh ANTA DIOP dans l’unité culturelle de l’Afrique Noire).


Voir en ligne : Parcours de migrants Exposition

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